Selon une étude IFOP datée du 9 Octobre 2018,
60 % des jeunes de moins de 25 ans, expriment un fort attrait pour un
retour aux campagnes. Dans le même temps, un quart des exploitants
agricoles actuels, a plus de 60 ans, selon les chiffres communiqués par la SAFER,
l'organisme qui gère le patrimoine foncier agricole. Autre chiffre très
parlant : il y avait en 1955, 6,3 Millions d'exploitants agricoles
contre... 448.500 seulement en 2018. La France, terre bénie des dieux
pour tout cultivateur qui souhaite vivre de sa production, ne parvient
pas malgré le désir de toute une jeunesse à revenir vers les campagnes, à
relancer sa dynamique agricole. Et pourtant, les solutions sont très
simples sur le plan politique...
Commençons
par imaginer un monde sans Union européenne, car cette institution est
le premier levier de contrainte dont il faut s'extraire. Imposant à la
fois un régime de libre échange et de productivisme intensif en
réduisant autant que possible la main d’œuvre, l'U.E nous coûte des
milliards d'euros à entretenir, tout en imposant des règles contraires
aux intérêts des producteurs français.
Voila,
c'est fait, nous sommes sortis de l'institution, mais cela ne suffira
pas à relancer l'agriculture française. Ajoutons donc quelques règles
supplémentaires, comme par exemple le prix minimal garanti de la
production agricole, INDÉPENDAMMENT DES COURS DES MARCHES. Et ajoutons
que ce ne sont pas les acheteurs de la matière première agricole qui
fixeront les prix, mais bien les producteurs. Comment faire ? Rien de
plus simple : il suffit de demander aux producteurs (et particulièrement
ceux qui gèrent de petites et moyennes exploitations), quel est le bon
prix de la matière première agricole pour qu'ils puissent se verser un
salaire digne, tout en pouvant honorer sans contraintes leurs charges
courantes et investissements. A partir de là, l’État n'a plus qu'à
suivre et imposer d'une part des tarifications douanières suffisantes
pour rendre concurrentielle au moins sur le territoire national notre
propre agriculture, mais aussi imposer aux acteurs du marché d'acheter prioritairement à nos producteurs
nationaux au prix minimum qui aura été fixé chaque année par le
ministère, une fois les éleveurs et agriculteurs
consultés.
Déjà,
nos producteurs commencent à souffler, ils ne sont plus soumis à la
sauvagerie spéculative des marchés internationaux. Nos éleveurs et
agriculteurs fixent désormais les prix et jouissent de débouchés
garantis au moins sur le territoire national. Poursuivons...
Puisqu'un
très grand nombre de Français aspire à revenir vers les campagnes, et
que plusieurs millions d'entre eux se verraient bien agriculteurs,
alors aidons-les. Mais pour cela, il va falloir revoir totalement notre
copie sur la gestion du foncier agricole. En premier lieu, assurons-nous
que les 36500 communes de France, soient à nouveau correctement dotées
de subsides publiques de L’État. Pour la raison bien simple qu'outre
assurer la relocalisation maximum des services publics dans les
territoires, nous allons confier une nouvelle mission à toutes les communes
rurales : lorsqu'un exploitant agricole cède son exploitation et/ou ses
terres, c'est la commune qui rachète le tout. L’État doit pouvoir
garantir et faciliter ces transactions. La suite s'expliquera mieux avec
un exemple concret :
Célia
et Jérôme ont 24 et 26 ans. Ils ont grandit dans l'agglomération
lyonnaise, mais comme beaucoup de Français, ils voudraient s'installer à
la campagne. Dans leur tête, ils s'imaginent déjà le modèle
d'exploitation idéal : des normes au plus près des principes de la
permaculture, avec 10 ha répartis entre prairies, bois, champs et
surface maraîchère. Ils veulent pouvoir gérer une micro-ferme à taille
humaine. Tout doit être "bio" autant que possible, la
mécanisation limitée et si possible via la traction animale, et ils
veulent être chez eux. On peut supposer que les réalités supposeront
quelques aménagements de leurs idéaux, mais au moins, ils ont un cap à
suivre. Le temps et l'huile de coude feront bien le reste. Seul problème
: Célia et Jérôme sont fauchés. Comme la majorité des jeunes de notre
pays, ils n'ont aucun capital à investir. Et quand bien même ils
auraient quelques milliers d'euros d'épargnés, ils n'ont strictement
aucune envie d'acquérir une énorme exploitation que ce soit sur le
foncier, les bâtis et les machines, totalisant un à plusieurs Millions
d'euros d'investissement. Leur rêve n'a rien à voir avec une activité
d'industrie. Non, Célia et Jérôme insistent : ils voient petit, et ils
n'ont que faire de ces grosses exploitations agricoles à céder. Ils
refusent par ailleurs de s'endetter.
De
l'autre côté, il y a Madame le Maire de cette petite bourgade du Massif
Central, qui vient de finaliser le rachat de centaines d'hectares de
terres de Monsieur Michu. Le paysan prend sa retraite, il a tout cédé à
part sa petite maison et quelques milliers de mètres carrés de terres
cultivables autour de chez lui. Il tient à entretenir son potager M.
Michu, et il n'a pas l'intention de déménager.
Madame
Le Maire via le site de la SAFER, fait donc savoir au grand public que
des terres sont disponibles dans sa commune, ainsi que quelques bâtis
et engins agricoles. Célia et Jérôme en consultant le site sont
intéressés par cette annonce, et contactent la mairie en question. On
les rassure : il n'y a rien à dépenser, ils pourront s'installer dans le
petit corps de ferme à rénover qui jouxte l'une des terres à exploiter.
L’État de son côté, garantit un revenu universel à hauteur du SMIC pour
Célia et Jérôme. Et comme la PACS a été remplacée par un fonds d'aide à
l'installation et l'investissement agricole national, ils pourront
acheter leurs semences, bêtes et ou outillages nécessaires dès la
première année d'exploitation. Autour du corps de ferme qu'ils occupent,
1 Ha de terre leur appartient en propre. Chaque mois, Célia et Jérôme
versent un loyer à la Mairie, qui au bout d'un certain nombre d'années,
les rendra définitivement propriétaires de leur domaine.
En revanche, les 9 Ha de terres qu'ils exploitent à leur gré pour produire céréales, fruits, légumes, bois de chauffage, viande et produits laitiers, ne leur appartiennent pas. Ces terres appartiennent à la Commune, et elles sont confiées en location à Célia et Jérôme. Et tant que le jeune couple les exploitera, la Commune n'aura pas le droit d'annuler le bail. Ni L’État, ni la Commune n'ont leur mot à dire sur les normes d'exploitation choisies par le jeune couple, même si des règles agronomiques plus soucieuses de l'environnement, auront été votées entre temps. Le coût de la location de ces terres ne représente pas grand chose en vérité, et il n'y a plus de fiscalité sur le foncier agricole.
En revanche, les 9 Ha de terres qu'ils exploitent à leur gré pour produire céréales, fruits, légumes, bois de chauffage, viande et produits laitiers, ne leur appartiennent pas. Ces terres appartiennent à la Commune, et elles sont confiées en location à Célia et Jérôme. Et tant que le jeune couple les exploitera, la Commune n'aura pas le droit d'annuler le bail. Ni L’État, ni la Commune n'ont leur mot à dire sur les normes d'exploitation choisies par le jeune couple, même si des règles agronomiques plus soucieuses de l'environnement, auront été votées entre temps. Le coût de la location de ces terres ne représente pas grand chose en vérité, et il n'y a plus de fiscalité sur le foncier agricole.
Si
jamais Célia et Jérôme souhaitent étendre la surface agricole à
exploiter, il leur suffit de demander à la Mairie quelles sont les
terres disponibles sur la Commune. Ou s'arranger avec un autre
exploitant agricole ayant trop de foncier en propre. D'ailleurs, si ce
dernier compte revendre de la terre, c'est vers la Mairie qu'il devra se
tourner. C'est elle qui achète, de telle façon à ce que le foncier
agricole relève du domaine public à terme. Tout le foncier agricole
national, sauf les parts dédiées à la jouissance privée exclusive des
producteurs, soit 1 Ha par ménage en plus du bâti, devra absolument
revenir sous giron public, et être géré par les Communes.
Évidemment,
d'autres Français aimeraient bien s'installer aussi dans le village. Mais si la terre ne manque pas, c'est le bâti qui fait défaut. Qu'à cela
ne tienne, la construction est autorisée dès lors qu'au moins 10
hectares de terres publiques sont exploitées. Et l’État subventionne.
Les primo-installants n'avancent rien, ils payent leur loyer à la Mairie
jusqu'à l'échéance ultime leur permettant de devenir à leur tour
propriétaires de leur maison, de leur propre hectare de terre qui
l'entoure, tout en continuant d'exploiter les terres environnantes.
Ce
modèle de politique agricole est extrêmement simple et incitatif, car
il tient compte des réalités de ceux qui veulent s'installer. Ce qui
leur manque, c'est du capital à investir et la garantie que leur
production se négociera à bon prix. Les exploitants qui cèdent leurs
terres, machines et bâtis auront la garantie de trouver la puissance
publique pour racheter la totalité ou presque de leur exploitation. Nous
ne sommes pas dans un régime à proprement parlé "communiste"
puisque le droit à la propriété privée est maintenu, de même
qu'indépendamment du prix minimum des matières premières agricoles
garanti par l’État, les négociations commerciales et débouchés sont du
ressort des producteurs. Nous ne sommes pas non plus sur un modèle
strictement capitaliste, puisque le foncier agricole devient public,
c'est à dire à l'abri des prédations capitalistiques. Il est réparti en
fonction des besoins fonciers des producteurs locaux, avec un minimum de
surface exploitable garanti à chacun. Et l'exploitant peut décider
librement du type de culture et des normes agronomiques qu'il souhaite
développer sur son exploitation.
La
seule chose que doit faire l’État, c'est d'une part protéger la
compétitivité de notre agriculture, et permettre via des dotations
financières importantes aux communes, que tout Français souhaitant
s'installer n'aura rien à dépenser, pratiquement aucune démarche
administrative à entreprendre, et qu'il pourra immédiatement se mettre
au travail. Il faut plusieurs années pour qu'une exploitation
nouvellement crée, puisse assurer un cycle de production suffisant pour
dégager des revenus stables à un ménage. Durant ce temps d'installation,
l’État doit garantir un revenu minimum à ceux qui s'installent. Et
lorsque leur exploitation dégage suffisamment de bénéfices pour les
rendre autonomes, l'assistance de l’État n'est plus nécessaire. Autant
que possible, les aides à l'investissement sur des machines-outils ou
des engins agricoles, doivent tenir compte de la saisonnalité des
rentrées d'argent (les récoltes) pour que les échéances de remboursement
soient exigibles.
Ce qui doit être encouragé, c'est la micro-ferme et les polycultures. Ce qui doit être découragé, c'est la chasse perpétuelle à celui qui fabrique sa cabane ou sa petite maison au milieu de sa terre, pour démarrer son activité en étant pourtant chez soi. Ce qui doit être garanti, c'est que le plus pauvre des Français n'ait strictement rien à débourser pour disposer d'un toit et de terres cultivables. Tout le reste sont des ajustements et des choix agronomiques généraux qui tiennent compte des besoins en matières premières agricoles de la nation d'une part, et de normes environnementales plus cohérentes avec les enjeux d'avenir, que ce soit sur le plan énergétique ou du maintien de la biodiversité encore survivante.
Ce qui doit être encouragé, c'est la micro-ferme et les polycultures. Ce qui doit être découragé, c'est la chasse perpétuelle à celui qui fabrique sa cabane ou sa petite maison au milieu de sa terre, pour démarrer son activité en étant pourtant chez soi. Ce qui doit être garanti, c'est que le plus pauvre des Français n'ait strictement rien à débourser pour disposer d'un toit et de terres cultivables. Tout le reste sont des ajustements et des choix agronomiques généraux qui tiennent compte des besoins en matières premières agricoles de la nation d'une part, et de normes environnementales plus cohérentes avec les enjeux d'avenir, que ce soit sur le plan énergétique ou du maintien de la biodiversité encore survivante.
Bien
sûr, le modèle présenté ici, mérite des réflexions particulières pour
chaque type de culture. Ce n'est pas la même chose que de développer une
exploitation maraîchère, et gérer de grandes cultures céréalières. Les
surfaces nécessaires diffèrent, les besoins financiers et matériels tout
autant. Ce qui compte est la vision générale pour d'une part mieux
gérer notre foncier agricole, mais aussi faciliter le retour aux
campagnes des Français. Il en va de notre Souveraineté alimentaire. A
bons entendeurs...