lundi 28 juin 2021

Procès d'Emmanuel Macron - Affaire Alstom : PARTIE III/IV


LA TRAHISON

Le procureur de la République :

Madame/Monsieur l’avocat de la défense nous a dressé ici une litanie de fusion-acquisitions d’un certain nombre d’industries, mais n’a pas jugé utile de conclure sa plaidoirie par le cas de la fermeture de Manufacture d’Armes de St Étienne en 2001, sur laquelle s’est pourtant appuyée la France durant plus de deux siècles lorsqu’il fallut résister aux poussées de fièvre germanique, cela sans jamais manquer de munitions. Bien évidemment, nous ne devons nullement cette fermeture à Emmanuel Macron, mais elle illustre parfaitement le désintérêt profond pour la chose qu’est l’État, de la part de ceux qui sont censés en garantir sa permanence dans le temps. M. Macron fait indéniablement partie de ces hommes.

M. Macron, puisqu’il se prétend « Président de la République », est tenu de se soumettre avec une vigilance extrême à l’article 5 de la Constitution qui précise qu’il est le garant de notre indépendance nationale, de notre intégrité territoriale et du respect des traités en cours. La question de l’indépendance nationale n’est pas seulement une obligation constitutionnelle, mais elle est aussi un aiguillon politique directeur, inscrit jusque dans le droit pénal au titre des intérêts fondamentaux de la nation. Il va de soi qu’un pays qui n’a plus le droit de battre monnaie, de définir sa politique de commerce, de maîtriser ses frontières, d’être libre de ses inflexions diplomatiques et voyant l’ensemble de son indépendance industrielle et technologique démolie à petit feu, n’a que peu de résilience à opposer face à tous les efforts de guerre auxquels nous pourrions être un jour soumis. Ce pays-là, quoi qu’en dise sa constitution, n’a plus d’indépendance nationale tout court à revendiquer. Pourtant les règles constitutionnelles comme le droit pénal n’ont pas été abrogés. Or, si l’indépendance de la nation ne devait plus être une règle intangible, il suffisait pour le législateur de modifier la Constitution pour évincer définitivement la question. Dès lors que ce ne fut pas fait, c’est que M. Macron se doit toujours de respecter les textes à la lettre. Ajoutons que nous évoquons une industrie de défense en relation étroite avec notre force de dissuasion nucléaire. Or que nous dit l’article premier du Code de la défense ? Permettez-moi de vous en faire lecture :

La stratégie de sécurité nationale a pour objet d'identifier l'ensemble des menaces et des risques susceptibles d'affecter la vie de la Nation, notamment en ce qui concerne la protection de la population, l'intégrité du territoire et la permanence des institutions de la République, et de déterminer les réponses que les pouvoirs publics doivent y apporter.

L'ensemble des politiques publiques concourt à la sécurité nationale.

La politique de défense a pour objet d'assurer l'intégrité du territoire et la protection de la population contre les agressions armées. Elle contribue à la lutte contre les autres menaces susceptibles de mettre en cause la sécurité nationale. Elle pourvoit au respect des alliances, des traités et des accords internationaux et participe, dans le cadre des traités européens en vigueur, à la politique européenne de sécurité et de défense commune.

Cet article de loi qui émane d’une célèbre ordonnance rédigée de la main du Général de Gaulle, énonce bien que « l’ensemble des politiques publiques concourt à la sécurité nationale ». C’est-à-dire au sens de nos intérêts fondamentaux tels que définis par l’article 410-1 du Code pénal sur les moyens de notre indépendance militaire, diplomatique, industrielle et plus globalement économique. Ces moyens de l’État nous permettant précisément de garantir notre indépendance diplomatique et militaire, car à l’égal d’autres puissances de ce monde, la France s’oblige depuis la Constitution jusque dans la Loi, à conserver la pleine maîtrise des infrastructures et savoirs-faire nécessaires à son auto-détermination. Si la politique de défense n’est qu’un aspect de l’indépendance nationale, elle en est néanmoins son pilier le plus primitif. Des puissances telles que les États-Unis d’Amérique, la Russie, la Chine, mais aussi l’Allemagne, Israël, le Brésil ou encore l’Inde et l’Angleterre, sont des États qui tiennent à conserver la maîtrise de leur propre puissance, et leur capacité de dissuasion intrinsèque. Nous savons la Russie et les États-Unis dotés des moyens d’une hyper puissance technologique et militaire, nous savons que la Chine s’en donne aussi désormais les moyens, et nous ne savons absolument rien des dirigeants futurs de ces pays. Face à cette cécité sur l’avenir proche et lointain, nous avons le devoir tant pour les générations futures qu’actuelles, de nous préserver de tous les périls militaires qui pourraient advenir. Nous ne l’espérons pas. Mais qui veut la paix prépare la guerre selon un adage dont la sagesse est éprouvée. Et cela passe inévitablement par une indépendance industrielle et technologique permettant à un pays de se doter, par ses seules ressources, des organes de défense suffisamment redoutables pour que quiconque dans le futur n’envisage des hostilités sur notre peuple qu’avec beaucoup de retenue, cela jusque dans son attitude diplomatique. Croyez-vous que la Tanzanie ou encore le Laos soient en situation de parler d’égal à égal avec les États-Unis ou même la France ? Non, des puissances militaires telles que les nôtres sont capables d’anéantir les infrastructures et personnes de ces nations en quelques minutes alors que l’inverse n’est pas vrai. Ce qui signifie que nous avons le pouvoir réel de contraindre des accords diplomatiques et commerciaux avantageux avec ces pays car ils ne peuvent opposer une puissance industrielle et militaire suffisante pour nous imposer des relations d’égal à égal. Pour vous en faire la démonstration la plus limpide qui soit, pourquoi, selon vous, la notion de « commerce équitable » existe-t-elle ? Parce que les accords de commerce sont inéquitables par nature entre les grandes puissances et les pays pauvres. Croyez-vous que nous payons le juste prix de nos bananes, des terres rares de nos téléphones ou des vêtements que nous portons ? Toutes ces marchandises ont été produites dans des pays pauvres. Nous ne les produisons pas ou plus en quantité suffisante à nos besoins. Est-ce que nos vêtements ont permis au Bangladesh de devenir une puissance intermédiaire assurant un contrat social digne à sa population ? Personne dans les instances diplomatiques ou politiques n’exige que les accords commerciaux soient assujettis à des normes sociales et écologiques obligeant un effort financier de l’importateur tel qu’il rendrait caduque l’intérêt de délocaliser nos industries en Asie ou ailleurs dans le monde. Notre diplomatie est calquée sur les intérêts mercantiles des puissances financières françaises ayant le pouvoir subventionner les campagnes électorales de nos dirigeants. Le quai d'Orsay, s’agissant des accords commerciaux que la France contracte avec le reste du monde, n’agit pas dans l’intérêt de la sauvegarde de nos moyens industriels et technologiques. Nous ne pouvons plus garantir notre autosuffisance non seulement militaire, mais aussi alimentaire si l’on fait un examen approfondi de notre politique agricole. Quant aux objets usuels de notre quotidien, une petite fraction seulement a été fabriquée en France. Alors oui, un pantalon comme une balle de fusil, cela peut s’obtenir à très bon prix, si l’on tient compte du coût de la main d’œuvre d’une production étrangère. Mais cette volonté de payer ses fournitures à moindre prix permet-elle d’obtenir une contrepartie sociale qui justifie qu’on ne la mette jamais à l’épreuve de nos lois et principes constitutionnels les plus élémentaires ? L’affaire Alstom, n’est pas qu’une affaire de gros sous en vérité. Elle est aussi nourrie de conflits d’intérêt, de corruption en plus d’un fond idéologique chez les élites françaises ayant tous les accents du Vichysme. Car c’est bien le reniement national, l’esprit d’abandon, le mépris de la France et de son peuple que cette affaire illustre en premier lieu. Et encore, les autorités durant la seconde guerre mondiale, pouvaient au moins justifier d’une puissance militaire occupant le territoire national et contraignant chacun à son ordre juridique. Tel n’est pas le cas aujourd’hui. Nous donnons tout à l’Allemagne, aux USA ou à d’autres puissances sans contrepartie économique, militaire et technologique à la mesure de ce que nous cédons. Une petite oligarchie déshabille notre pays de sa puissance industrielle et les Français semblent regarder ailleurs. Ils ne se mettent pas en colère et ne s’alarment toujours pas. On anesthésie leur conscience par le consumérisme et beaucoup de propagande : du jeu, du pain et une dose de BFM pour parachever cette ingénierie sociale malveillante ! Dans l’attente, nous perdons la maîtrise de notre auto-détermination politique, économique et militaire, ce dont tiennent parfaitement compte les USA, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Russie ou la Chine. Selon vous, dans combien de temps les dirigeants de ces pays considéreront-ils que la France ne représente désormais qu’une puissance militaire marginale ? Souhaitez vous que les dirigeants allemands, russes ou américains d’ici 10, 20 ou 30 ans, puissent légitimement considérer la France comme un pays qu’il serait aisé de soumettre militairement ?

C’est à ce titre que l’article premier du Code de la défense édicte que l’ensemble des politiques publiques concourt à la Sécurité Nationale. Nous nous devons de garantir notre indépendance industrielle et technologique pour le moins en matière militaire, même indirectement, à l’abri de toutes les féodalités financières ou étrangères. C’est dans ce même cadre de pensée que la doctrine de défense tous azimuts a été conceptualisée lorsque la France se dotait des moyens de sa dissuasion nucléaire.

Le 3 novembre 1959, le général de Gaulle, président de la République, déclarait aux jeunes officiers de l’école de guerre à qui il rendait visite :
 " Il faut que la défense de la France soit française. Naturellement, elle serait, le cas échéant, conjuguée avec celle d'autres pays. Cela est dans la nature des choses. Mais il est indispensable qu'elle nous soit propre, que la France se défende par elle-même, pour elle-même et à sa façon. (...) La conséquence, c'est qu'il faut, évidemment, que nous sachions nous pourvoir, au cours des prochaines années, d'une force capable d'agir pour notre compte, de ce qu'on est convenu d'appeler une " force de frappe " susceptible de se déployer à tout moment et n'importe où. (...) Et, puisqu'on peut détruire la France, éventuellement à partir de n'importe quel point du monde, il faut que notre force soit faite pour agir où que ce soit sur la Terre. "

Cette doctrine de défense a été élaborée certes à partir du fait que nous devenions une puissance nucléaire et balistique incontournable dans le concert des nations, mais aussi en considérant de façon plus générale que tous nos moyens de défense devaient répondre de notre industrie nationale.

Le général Charles Ailleret, qui fut chef d'état-major des armées durant la présidence du Général de Gaulle, expliquera dans un article publié sur la Revue de défense nationale de décembre 1967, sa vision de la défense dite « tout azimuts » : " La France doit faire l'effort de se constituer, avec ses moyens propres, un système de défense qui ne soit dirigé contre personne, mais mondial et tous azimuts ; qui ait la puissance maximum permise par ses ressources nationales, et qui, manié avec autant de sang-froid que de détermination, devrait, par la dissuasion, lui permettre d'échapper à certaines grandes guerres et, s'il n'y échappe pas, d'y participer aux meilleures conditions ; enfin qui, au cours des crises qui peuvent dans l'avenir ébranler le monde, mettrait la France en mesure de déterminer librement son destin ", écrit le général Ailleret.

Le 27 janvier 1968, c'est-à-dire deux mois après la parution de l'article du général Ailleret, le général de Gaulle déclarait à l'École militaire :

« Je voudrais profiter de mon passage ici pour traiter de la stratégie qu’on a dit tout azimuts, dont on a parlé ces derniers temps. Nous faisons oui, un armement atomique. C’est un armement complètement nouveau, qui implique une refonte militaire et une refonte de puissance, sans comparaison avec tout ce que l’on a pu connaître auparavant. C’est une affaire de longue haleine. On ne le fait pas pour demain, mais pour des générations, dans un système de défense et de dissuasion complètement nouveau. Et dans ce long espace de temps, qui peut dire ce que sera l’évolution du Monde ? Dans 20 ans, qui gouvernera les États-Unis et avec quel système ? Qui gouvernera l’URSS ? L’Allemagne ? Le Japon ? … et la Chine ? Qui peut dire ce qui se passera en Amérique du Sud et en Afrique ? Personne sans aucun doute. En fonction de toutes ces incertitudes, nous faisons notre armement nucléaire. Et ce n’est pas la première fois dans notre histoire qu’il en est ainsi ! Vauban, en son époque, a fortifié toutes les frontières de la France, les Pyrénées, les Alpes, nos ports et même la Belgique. Nous sommes allés partout, nous avons fait la guerre partout, nous sommes entrés à Madrid, Berlin et Moscou. Nous avons fait la guerre en Europe, en Orient, en Amérique, en Asie. Il n’y a pas de raison que cette stratégie qui de tout temps nous a protégé contre tout, ne se perpétue pas. Par définition même, notre armement atomique doit être tout azimuts. Il faut que vous le sachiez, que vous le voyiez et que vos études et votre état d’esprit s’y habituent ».

Ici les grandes questions relatives à la permanence de l’État dans le temps long, face à toutes les dégradations géopolitiques pouvant survenir au fil de l’Histoire, sont à nouveau posées. Il est vrai que le champ intellectuel de « nos élites » s’en désintéresse puisque la France doit mourir sur l’autel de l’UE, l’euro, l’OTAN, le mondialisme et la finance prédatrice. Et l’enjeu de la survie de l’État est pourtant bien là. La France, si elle souhaite survivre encore quelques siècles, doit rester au même niveau que des puissances pouvant devenir un jour hostiles sur le plan militaire si elles devaient constater l’obsolescence de nos capacités défensives. Cela suppose qu’un peuple se donne les moyens de se nourrir par lui-même mais aussi de fournir des efforts industriels permettant de garantir les approvisionnements permanents en munitions et armements, ainsi que leur cohérence technologique face à celles utilisées par des puissances de même rang. Lorsqu’un peuple acquière non seulement son autosuffisance alimentaire, mais aussi industrielle, technologique et de fait l’indépendance militaire et diplomatique qui en découle, il n’a aucune raison rationnelle de vouloir se défaire d’un tel héritage lorsque des milliards d’êtres humains rêveraient d’une telle puissance pour leur propre pays. Car c’est ce qui pourrait leur garantir non seulement de ne pas souffrir de la faim, mais également de pouvoir eux aussi se prémunir de la guerre. La Libye avait réussi à s’affranchir sur le plan social, alimentaire et économique, mais pas sur le plan industriel et militaire. De fait, elle n’est pas devenue une puissance nucléaire à l’instar de la France, des USA ou de la Russie. Si cela avait été le cas, est-ce que M. Sarkozy aurait osé envoyé nos avions de chasse sur ce pays ? Nous ne ferons pas son procès aujourd’hui, mais je tiens à souligner expressément ce que signifie la vulnérabilité technologique, industrielle et militaire d’un État, face à des puissances hostiles. La France n’a pas le droit de se défaire des moyens de sa puissance à ce titre. Elle a en revanche le devoir de se soumettre au droit international public et aux règles constitutionnelles qui interdisent à tout chef d’État français d’engager des hostilités militaires sur un État tiers sans que cela ne réponde d’une nécessité de défense impérieuse de notre propre territoire ou de nos concitoyens à l’étranger. Lorsque des industries nous permettant une indépendance sur la fabrication d’un certain nombre de pièces essentielles au fonctionnement de nos sous-marins nucléaires ou de nos centrales électriques qui, pour ces dernières, assurent notre indépendance énergétique, sont cédées à des puissances étrangères, les intérêts fondamentaux de la nation sont profondément aliénés ! La trahison telle que définie par les articles 411-3, 5 et 6 du Code pénal est ici parfaitement qualifiée.

LE PACTE DE CORRUPTION

Nous pourrions en rester là, les faits sont suffisamment graves pour que tout autre aspect du dossier puisse être jugé comme mineur face au crime dont il est question. Pourtant, la trahison se nourrit de bien d’autres délits coutumiers des hautes sphères françaises. Notamment la corruption et les conflits d’intérêts qui en découlent.

Olivier Marleix, député à l’Assemblée Nationale qui a investigué sur l’affaire Alstom dans le cadre de « la Commission d’enquête sur les décisions de l’État en matière de politique industrielle, notamment dans les cas d’Alstom, d’Alcatel et de STX » a ouvertement qualifié l’affaire Alstom de Pacte de corruption. Et si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est que cela n’a pas suffit à ce que la Haute Cour de la République se constitue pour juger Emmanuel Macron. C’est à ce grave dysfonctionnement institutionnel que nous répondons aujourd’hui dans notre modeste Cour. Alors éclairons notre assemblée ici constituée sur ce pacte de corruption. Cela notamment par l’entremise des procès-verbaux d’audition que la Commission d’enquête parlementaire ci-avant mentionnée a pu réaliser. Nous allons y découvrir des acteurs très différents dans cette affaire, mais rappelons que la personne jugée ici est bel et bien Emmanuel Macron.

Commençons par rappeler que le Ministre de l’économie est, tant par la loi que de par ses prérogatives évidentes en la matière, la personne qui autorise ou non la cession d’une industrie stratégique pour la France à puissance privée ou étatique tierce. Patrick Kron, à l’époque dirigeant du groupe Alstom, ne va pourtant pas prendre contact avec Arnaud Montebourg pour lui évoquer ce projet de vente de la branche énergie du groupe à General Electric. Tout laisse à penser en revanche, que des échanges ont bien eu lieu entre M. Kron et messieurs Hollande (alors Président de la République en exercice), Jean-Pierre Jouyet alors Secrétaire général de l’Élysée et Emmanuel Macron, Secrétaire adjoint de la cellule économique de l’Élysée entre 2012 et 2014. M. Montebourg nous donne un éclairage essentiel sur le fait que non seulement les acteurs privés de ce dossier, refusent d’en discuter avec lui mais par ailleurs, le Président de la République et ses conseillers élyséens eux-mêmes préfèrent tenir à l’écart l’impétueux ministre de l’économie. Les propos que je tiens à vous lire, ont été tenus par M. Montebourg, lors de son audition par la Commission d’enquête parlementaire sur les décisions de l’État en matière industrielle le 13 décembre 2017 :

Je me souviens notamment d’un voyage présidentiel à Abou Dhabi à l’hiver 2013‑2014 auquel nous participions tous les deux et au cours duquel, à la faveur d’une réception à l’ambassade, je me suis isolé avec M. Kron pour l’interroger sur ses projets d’alliance et sa stratégie, sachant que Bouygues, l’actionnaire majoritaire, manifestait une certaine impatience à se désengager ; je n’obtins aucune réponse sinon qu’Alstom trouverait une solution et que l’État n’avait pas à s’en préoccuper. Je rappelle que nous parlons là d’une entreprise dont les rapports avec l’État ne datent pas d’hier et qui a été sauvée en 2004 par l’État.

Un peu plus tard au cours de la même audition, M. Montebourg ajoute :

L’accord avec General Electric ne pouvait pas être un bon accord, mais je n’avais pas d’autre solution que de négocier dans le cadre qui m’avait été fixé. J’ai donc eu recours à toute l’ingénierie politique et juridique dont je disposais pour obtenir un changement d’attitude. Au mois d’avril, il n’y avait pas de négociation possible avec M. Immelt, président de GE mais, lorsque, le 14 mai, nous avons sorti le décret, la météo a subitement changé : l’État s’était armé, et des gens qui ne nous parlaient pas ont commencé à vouloir discuter et se sont montrés prêts aux premières concessions.

Le Président de la République, M. Hollande, ne le souhaitant pas et le Premier ministre ne me soutenant pas sur l’option d’une alliance avec Siemens, j’ai donc été contraint d’agir par la négociation, sachant que, si l’issue des discussions était déjà écrite, il me fallait néanmoins préserver au mieux les intérêts français.

Monsieur Marleix commente cette stratégie de dissimulation aux plus hauts niveaux de l’État avec les informations suivantes :

Nous avons appris lors de l’audition de M. David Azéma, ancien directeur général de l’Agence des participations de l’État (APE), l’existence d’une étude commandée par l’APE au cabinet AT Kearney le 23 octobre 2012 dans le cadre d’une procédure d’urgence, avec mention du secret. La lettre de commande était ainsi rédigée « le groupe Bouygues pourrait vouloir céder sa participation au capital d’Alstom ». Il est alors demandé « d’évaluer les avantages et inconvénients résultants d’un changement d’actionnaire pour l’entreprise, pour l’industrie française et pour l’emploi ». En clair, la commande passée à AT Kearney n’est pas celle d’une analyse théorique du marché des turbines pour s’interroger sur la stratégie d’Alstom mais repose bien sûr une information précise relative à un changement d’actionnaire de référence. Selon les informations en notre possession, l’auteur de cette commande était le Secrétaire général adjoint de la Présidence de la République [soit Emmanuel Macron à l’époque].

À ce sujet, M. Montebourg a indiqué avoir découvert l’existence du rapport A.T. Kearney que très récemment, via la commission d’enquête. Or, selon M. Laurent Dumarest, senior partner du département « énergie » d’A.T. Kearney, l’étude a été présentée, à la demande de M. Azéma, « le 18 janvier 2013 à plus d’une vingtaine de personnes importantes, à Bercy [...] : il y avait des représentants à la fois de l’APE et des cabinets des deux ministères de tutelle », c’est-à-dire le ministère du redressement productif et celui de l’économie et des finances. Deux possibilités se présentent donc : soit le cabinet de M. Montebourg ne communiquait pas avec son ministre sur ce sujet industriel majeur, soit M. Montebourg était bien au courant de l’existence de ce rapport dès 2013.

Récapitulons ces premières informations si vous le voulez bien et leur chronologie :

Dès janvier 2010, Patrick Kron, alors dirigeant du groupe Alstom, est informé que des poursuites sont engagées contre Alstom par le Département d’État américain à la Justice. Il est évoqué à l’époque, une provision de 778 millions de dollars pour l’amende qui pourrait découler d’une condamnation.
Dès 2012, les services de l’Élysée, sont au courant de cette difficulté, mais aussi que Bouygues souhaite se désengager d’Alstom. M. Macron alors Secrétaire général adjoint à l’Élysée, ancien associé-gérant à la Banque Rothschild, commande dans le cadre d’une procédure d’urgence une étude à l’Agence des Participations de l’État le 23 octobre 2012. C’est le cabinet A.T Kearney qui remporte le marché public, et son rapport va clairement orienter la logique d’une cession d’une part de l’activité d’Alstom vers General Electric. Du moins, l’étude rendue par ce cabinet le 18 janvier 2013, éclairait sur ces quelques points : Les opérations amicales avec les groupes comme Siemens, Mitsubishi ou même français comme Areva ou Thales, ne trouveraient aucun débouché favorable, soit pour des raisons de manque de complémentarité industrielle (c’est notamment le cas avec Siemens ou Thalès dans certains domaines), ou encore pour des raisons financières ou politiques. Mitsubishi représentait par exemple une alliance très favorable à tous égards, mais était tenu par des engagements avec Siemens, qui ne parvenait pas à s’entendre avec Alstom et était de toute façon plus en position concurrentielle sur des activités et produits similaires. C’est à ce titre que la suggestion implicite du rapport tendait à un rapprochement avec General Electric. Cependant, lorsque Laurent Dumarest, Senior partner du département énergie d’A.T Kearney fut interrogé sur le fait que le rapport de son cabinet ait pu influencer les dirigeants de General Electric ou d’Alstom ou même de l’État français d’une quelconque façon, voila ce qu’il répondit :

La réponse est très claire : nous n’avons pas donné l’idée à General Electric car nous n’avons eu de contact avec aucune entreprise sur ce dossier. Les conditions de confidentialité étaient d’ailleurs très renforcées et nous n’en avons parlé qu’aux personnes de l’Agence des Participations de l’Etat.

Oui, bien sûr, General Electric a pu avoir l’idée de lui-même. C’est un groupe de très grande taille qui veut encore grandir dans l’énergie. On peut comprendre sa volonté car il était au fond assez peu présent en Europe. Alstom faisait donc forcément partie, et depuis longtemps, des entreprises qu’il regardait de près. Vous le savez, les grands groupes ont des équipes dont la mission consiste à étudier les opportunités de croissance.

General Electric était parfaitement conscient de la situation de l’actionnariat d’Alstom. Au passage, le travail que nous avons mené, General Electric pouvait le faire tout seul, avec ses propres équipes ou avec sa banque d’affaires. Les banques d’affaires suggèrent beaucoup plus ce genre d’opérations que les cabinets de conseil en stratégie.

Les banques d’affaire, nous en reparlerons tout à l’heure. La principale intéressée en France à contribuer à la cession d’Alstom Energie à General Electric, c’est Rothschild, soit l’ancien employeur de M. Macron. Pour l’instant, notons que le cabinet de conseil A.T Kearney qui agit sur commande publique, se borne juste à produire une analyse financière. Mais M. Dumarest confirme tout de même que General Electric ne pouvait feindre d’ignorer les difficultés d’Alstom avec le Département de la Justice américain ainsi que la volonté de Bouygues de se retirer de son actionnariat, ni être désintéressée à l’idée de s’emparer d’une part des activités de notre fleuron national.

M. Patrick Kron est donc quelque peu mal à l’aise à cette période. Et il a besoin de se confier. Lorsque le député Olivier Marleix lors d’une audition parlementaire le 4 avril 2018, a interrogé Kron sur les contacts qu’il entretenait avec la présidence de la République entre 2010 et 2014, il a répondu précisément ceci :

Est-ce que j’ai parlé avec le secrétaire général adjoint des problèmes que j’avais ? Ce n’est pas impossible, en effet…

Sa ligne de contact avec l’Elysée n’est pas M. Hollande directement ou encore son Secrétaire Général Jean-Pierre Jouyet, mais bien le Secrétaire adjoint en charge des questions économiques et financières. Ce Secrétaire adjoint s’appelle Emmanuel Macron.

Donc M. Macron qui est en contact étroit avec Patrick Kron, commande aux frais de l’État une stricte étude financière dont l’objet est d’orienter sur les partenariats ou autre options de recapitalisation d’Alstom, vers une logique de rapprochement avec General Electric. Nous pouvons d’ores et déjà nous demander quelle raison empêcherait M. Macron d’informer M. Kron du résultat de l’étude A.T Kearney qui parvient à ses yeux le 18 janvier 2013 ? Après tout, M. Kron lui-même ne cherche-t-il pas des solutions pour s’assurer que la trésorerie d’Alstom ne soit pas engloutie par une amende ?

M. David Azema qui administre à l’époque l’Agence des Participations de l’État, est la deuxième autorité administrative avec laquelle s’entretient régulièrement M. Kron. Plus d’une vingtaine de hauts fonctionnaires à Bercy vont recevoir une copie de l’étude A.T Kearney. Devinez quel est le seul homme dans les bureaux de Bercy qui ne soit pas au courant ? Le ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique, lui-même ! M. Montebourg n’en recevra donc aucun exemplaire. On peut s’étonner que le ministre de l’économie, c’est-à-dire la seule personne à pouvoir autoriser la cession d’une part de notre industrie stratégique, soit purement et simplement écarté de la chaîne de transmission d’une étude commandée au départ, je vous le rappelle, par Emmanuel Macron, Secrétaire général adjoint à l’Élysée.

Quelques mois plus tard, les négociations débutent entre Alstom et General Electric par l’entremise de Grégoire Poux-Guillaume, alors directeur de la branche fabriquant des équipements de transmission électrique du groupe Alstom et disposant de connexions utiles avec General Electric. M. Kron et M. Immelt, PDG du groupe General Electric, se rencontrent pour la première fois le 9 février 2014. Les négociations réelles débutent au cours de l’été de la même année.

M. Kron, comme bien d’autres acteurs de cette affaire, explique que l’extrême confidentialité de ces tractations, y compris à l’égard du Ministre de l’économie de l’époque, vise à réduire les risques de fuite pouvant avoir un effet sur la cotation en bourse des actions Alstom. Mais M. Kron en revanche, semble oublier qu’Alstom a été sauvée par l’État en 2004 et que cette entreprise a une dimension stratégique pour ne pas dire extrêmement sensible en France, puisqu’elle fabrique les turbines équipant nos centrales nucléaires, mais aussi nos navires de guerre. Il oublie par ailleurs que la vente ne sera pas possible sans l’accord du ministre de l’économie... Il oublie ou alors il est certain que le problème ne se posera pas. A cette question, M. Kron répondra que :

« Comment pouvais-je imaginer que le ministre de l’économie donnerait l’autorisation de cession ? Simplement parce que c’était un bon projet ».

Est-ce que pour autant, la vente d’Alstom énergie avait un caractère inévitable ? Lorsque M. Montebourg, enfin averti par des bruits de couloir que M. Kron envisageait sérieusement de céder la branche énergie d’Alstom à General Electric, il le fit convoquer au ministère pour obtenir une explication et commanda à son tour une seconde étude au cabinet Roland Berger afin de connaître les différentes alternatives possibles à la cession d’Alstom Energie à General Electric. Karim el Karoui, associé-gérant dans ce cabinet de conseil, témoignera plus tard :

Dans le pire des cas, ce problème d’amende pouvait se régler par un appel au marché, faisant apparaître une valeur décotée de l'entreprise. Pour tous les actionnaires, qu’ils soient de référence ou pas, c'est toujours mieux qu’une faillite. Si la vie de l’entreprise avait été en jeu, les actionnaires auraient été obligés de suivre pour une raison très simple : dans le cas contraire, ils auraient tout perdu. Ils auraient fait une petite augmentation de capital, à l'échelle d'Alstom qui valait 12 milliards d’euros. Ils auraient pu faire une augmentation de capital de 300 ou 400 millions d’euros et compléter avec un emprunt gagé sur cette opération. L’augmentation de capital aurait été faite à un niveau un peu inférieur au cours de bourse, pour intégrer la perte de valeur correspondant aux 722 millions d’euros d’amende.

Franchement, je ne crois pas que, comme d’aucuns le prétendent, cette situation ait déclenché l’opération avec GE, une grande entreprise américaine, dans le but de trouver un accord avec la justice américaine. En revanche, l’amende a pu jouer un rôle d’accélérateur dans la recherche de l’accord qui s’est fait d’une manière un peu surprenante.

De son côté, Arnaud Montebourg envisageait une nationalisation partielle d’Alstom via le rachat des actions dont souhaitait se défausser Bouygues tout en poursuivant les négociations avec Siemens et d’autres entreprises européennes ou non, pour développer des alliances. Ce qui signifie donc qu’il n’y avait effectivement aucun caractère d’urgence à vendre Alstom Energie, et il y avait même différentes options financières et politiques pour garantir la recapitalisation et la pérennité de cette branche du groupe. Arnaud Montebourg, témoignera le 13 décembre 2017 que la réalité objective, c’est que l’affaire était déjà entendue pour François Hollande et Manuel Valls. Il n’était pas question d’empêcher la cession d’Alstom Energie à General Electric, mais bien au contraire de la faciliter. Je vous fais lecture ici des mots précis employés par M. Montebourg lors de son audition par la Commission parlementaire qui a investigué sur le dossier Alstom :

Pour moi, la nationalisation d'Alstom était une des clés de la réussite de cette affaire. La bataille à l'Élysée a eu lieu sur ce point. Et j'ai gagné mon arbitrage ce jour-là. En effet, on m'a dit que nous n’étions pas au Venezuela – vous avez cité l'auteur de ces propos, c'était le secrétaire général adjoint de l'Élysée, Emmanuel Macron, avec qui d'ailleurs j'entretenais d'excellentes relations. Nous étions rarement d'accord, mais il y avait de l'estime réciproque. Certes, nous n’étions pas au Venezuela, mais eu égard au poids de l’un et de l’autre – 250 milliards pour GE et moins de 10 pour Alstom – GE ferait ce qu’il voudrait si l'État français était absent. C’est ce qui s'est passé.

Qui n’a pas mis en œuvre la solution que j’avais arrachée à Jean-Pierre Jouyet, François Hollande et Manuel Valls ce jour-là ? Mon successeur ! Pour moi, il fallait se battre pour qu’Alstom soit sous contrôle étatique et, si on s’en était tenu à cette position, on n’aurait pas eu le même destin.

À qui incombe la responsabilité de ce qui s’est passé ? Pour moi, l’arbitrage a été collectif. J’ai défendu la solution Siemens jusqu’à ce que le Premier ministre de l’époque, M. Valls, me lâche. Or, si j’ai commencé par aller chercher Siemens, c’est qu’au début je n’avais pas de décret, je n’avais rien ! La pression était forte pour que je signe l’accord de cession avec General Electric, je n’avais plus qu’à dire : « c’est d’accord, monsieur Immelt », et c’était fait ! Je n’avais même pas à donner mon avis : ils refusaient de me prendre au téléphone ! En fait, les dirigeants d’Alstom et de General Electric, Patrick Kron et Jeffrey Immelt, s’étaient déjà mis d’accord et avaient acheté toutes les agences de communication, tous les cabinets d’avocats et les banques d’affaires de Paris – Lazard, Rothschild, etc. – dans la perspective de la cession, qu’il n’y avait plus qu’à entériner.

Le Président de la République de l’époque, M. François Hollande, ne voulait pas s’affronter aux Américains – c’était son choix politique. Quant au Premier ministre, après m’avoir plus ou moins encouragé dans la solution franco-allemande, qui semblait convenir à ses convictions, il m’a lâché au moment crucial. Il est beaucoup plus difficile de dire non que de dire oui et, si je voulais bien être le bad boy, celui qui dit non, il fallait quand même que je sois soutenu… et c’est au moment où j’aurais dû l’être que le Premier ministre a abandonné son ministre de l’industrie, seul face à ceux qui ne voulaient pas nationaliser, ceux qui ne voulaient pas de la solution allemande, et ceux qui voulaient qu’on signe avec General Electric sans faire d’histoires. C’est un fait, un ministre a des chefs.

Dans cette affaire, nous voyons bien que si nous devons accuser M. Macron d’avoir gravement porté atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, il faudra concevoir que le crime est partagé à minima avec M. Hollande, M. Jouyet et M. Valls. Cependant, un seul des trois hommes va nourrir des ambitions présidentielles et capitaliser autour de lui des réseaux de soutien, cela notamment grâce au travail d’influence qu’il aura activement mené au sein de l’appareil d’État pour faciliter la cession d’Alstom Energie à General Electric.

Mais puisqu’ici, nous traitons ce qui relève du pacte de corruption, il semble utile de dresser la liste des intermédiaires ayant eu un intérêt financier à ce qu’Alstom soit vendu à General Electric. Sur les 262 millions de frais liés à cette opération, 97 le sont en frais « fiscaux ». Restent 60 millions de coûts divers et, surtout, 105 millions d'euros de frais de « conseils et banques ».

Le cabinet d’avocat anglo-américain Hogan Lovells se taille la part du lion : 21 millions d’euros. Vous serez sans doute étonnés d’apprendre que le dirigeant de cette banque d’affaire s’appelle Stephen Immelt. C’est un hasard heureux, il est le frère de Jeffrey Immelt, c’est à dire le P.D.G de General Electric. Si l’on peut se rendre service entre membres d’une même famille, pourquoi s’en priver ? Les bureaux français du cabinet Hogan Lovells sont situés au 17 de la rue Matignon, tout un symbole ! Mais la banque d’affaire Rothschild, ancien employeur de M. Macron, n’est pas en reste puisqu’elle récupère 12 millions d’euros dans l’opération. Bank of America où travaille Bernard Mourad, ami intime d’Emmanuel Macron, obtient 10 millions d’euros sur le dépeçage d’Alstom. Le cabinet américain de droit des affaires Weil, Gotshal et Manges récupère pour sa part 9 millions d’euros. Boston Consulting Group, un autre cabinet américain n’obtient pour sa part « que » 5 millions

Et il faudrait continuer avec ce que Publicis et autres agences de communication ont pu récupérer pour leur propre compte avec un certain nombre de cabinets de conseil de la capitale. Le Tout Paris a été arrosé !

Il n’y a cependant pas que des intérêts financiers évidents à observer, mais aussi des mouvements de personnes entre la haute fonction publique et des établissements bancaires impliqués dans la négociation. David Azema qui dirigeait l’Agence des Participations de l’État et qui était au cœur des négociations du point de vue de nos intérêts nationaux, a quitté ses fonctions le 14 juillet 2014 pour rejoindre Bank of América. Voilà quel sera son témoignage à ce propos, lorsqu’il fut interrogé par M. Marleix lors de la Commission d’enquête parlementaire sur le sujet :

« Vous m’avez demandé si, en tant que dirigeant d’Alstom, Patrick Kron avait eu Bank of America Merrill Lynch comme conseil : la réponse est oui. Pour ma part, j’avais annoncé que je quitterais l’APE dans une interview aux Échos datant de mars ou avril. J’étais à la recherche d’un nouveau poste et j’étais en discussion avec plusieurs employeurs potentiels, qui ne pouvaient pas être ceux dont je venais précédemment. […] J’ai donc engagé des discussions avec des gens de chez Bank of America, qui ne m’ont évidemment jamais dit qu’ils étaient conseil d’Alstom : c’est seulement quelques jours après la fuite que je l’ai découvert. [...]J’ai été totalement transparent : ma position était connue de toutes les parties et il a été jugé par mes autorités que cela ne posait pas de problème d’incompatibilité ».

Donc, du point de vue de la hiérarchie administrative à cette époque, le conflit d’intérêt manifeste au détriment de l’État n’a semble t-il pas été perçu. M. Montebourg et M. Sapin qui étaient ses ministres de tutelle ont considéré que tout allait bien, les informations sensibles dont il avait connaissance autant que sa loyauté envers la France, ne risquaient pas d’être entachés par son recrutement dans une grande banque américaine qui défend des intérêts financiers, industriels et géopolitiques contraires à nos intérêts nationaux bien compris. C’est à peine un mois plus tard, que le trop gênant Arnaud Montebourg est remercié par Messieurs Hollande et Valls. Emmanuel Macron quitte ses bureaux de l’Élysée pour devenir Ministre de l’Économie. Le lendemain même de l’annonce de David Azema sur sa prise de poste à Bank of America, l’Élysée annonce que Laurence Boone, jusque là chef-économiste pour la même banque, vient prendre la place d’Emmanuel Macron en tant que Sécrétaire-adjoint aux questions économiques. On peut s’étonner toutefois que Bank of America ait recruté une personne qui se désintéresse à ce point des fusions-acquisitions sur lesquelles il travaille en tant que haut fonctionnaire, au point de ne même pas être informé que son nouvel employeur ait aussi été un intermédiaire majeur dans dans la cession d’Alstom énergie à General Electric. Dossier sur lequel il a été totalement impliqué.

Autre intermédiaire qui quittera ses fonctions une fois la vente d’Alstom énergie conclue : Clara Gaymard, épouse de l’ancien ministre du même nom. Fin 2016, elle quitte en effet son poste de présidente de G.E en France avec une généreuse prime de départ et une clause de confidentialité à respecter. Le journal Marianne commente :

C'est Clara Gaymard qui, en 2015, s'engage à ce que la vente pour laquelle elle mobilise son carnet d'adresses en ouvrant les portes de l'administration française au groupe américain se traduise par la création de « 1 000 emplois nets en France », précisément le chiffre... des suppressions d'emplois actuelles. « J'ai quitté GE en janvier 2016, je n'ai pas d'informations sur votre question », explique-t-elle à Marianne. Pourtant, un de ses anciens collaborateurs confie : « Le plan de licenciements actuel était un projet récurrent sous sa présidence, avant même le rachat d'Alstom. Mais celui-là a été différé pour préserver l'image de General Electric le temps d'absorber Alstom. » A peine démissionnaire, Clara Gaymard change de voie et prend la direction du fonds Raise Capital... bien aidée par Bouygues, investisseur à hauteur d'une quinzaine de millions d'euros. Bouygues, qui a empoché 1 milliard d'euros de dividendes lors de la vente à General Electric, où officiait à l'époque... Clara Gaymard. Laquelle distille aujourd'hui ses conseils avisés à des grands noms du CAC 40, comme Danone, Veolia, LVMH et... Bouygues.

Patrick Kron a aussi quitté Alstom avec une généreuse prime de 4 millions d’euros + une retraite chapeau de 10 millions d’euros. Les actionnaires ont su remercier comme il se devait le fossoyeur d’Alstom. Habituellement, on dit que « les rats quittent le navire », mais ils ne démolissent pas la coque du bateau avant. Sauf si cela fait partie du plan.

Maintenant, à quel titre pour le député Olivier Marleix, cette affaire relève du pacte de corruption ? Eh bien il semble qu’un très grand nombre de donateurs et soutiens ostensibles de la campagne électorale d’Emmanuel Macron, ont bénéficié des usufruits du dépeçage d’Alstom. On peut même dire qu’il y a une volonté de capitaliser sur Emmanuel Macron, avant même que ce dernier ne fasse ses premières armes à l’Élysée en tant que Secrétaire-adjoint aux affaires économiques. Écoutons Jacques Attali nous parler de lui :

« Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé. Totalement. A partir du moment où je l’ai mis rapporteur où il y avait Tout-Paris et le monde entier et où je ne l’ai pas éteint, il s’est fait connaître. C’est la réalité objective. »

La citation est authentique, elle est tirée de l’ouvrage d’Anne Fulda intitulé « Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait ». David de Rothschild est notoirement connu pour être intime avec M. Attali et messieurs Minc. Du moins, ces derniers se flattent de la qualité de leurs relations avec ce premier, comme son second du reste, Olivier Pecoux, ou encore son rejeton Alexandre de Rothschild. A l’époque, peut-on concéder que M. Attali a recommandé l’embauche d’Emmanuel Macron auprès de François Henrot, qui était alors le bras droit de David de Rothschild. Rappelons que la commission pour la libération de la croissance française qui était animée par Jacques Attali en 2008, avait parmi ses rédacteur le jeune Emmanuel Macron. Il sera aussi le principal rédacteur de la Loi El Komri qui n’était qu’une ministre prête-nom pour saborder le code du travail avec la caution Benetton exigible pour stériliser toute hostilité de la gauche. Ce qui d’ailleurs n’y suffira pas, avant les Gilets Jaunes, Emmanuel Macron peut s’enorgueillir d’avoir été à l’origine du mouvement « Nuit Debout ».

Mais au fait, qui est Emmanuel Macron ? Qu’est-ce qui de ses compétences naturelles, sa personnalité propre et sa trajectoire professionnelle et politique, a permis de hisser cet homme à la plus haute charge de l’État ?

Parlons de ses études rapidement : concédons que ses parents disposaient des moyens et relations nécessaires, pour que leur rejeton puisse intégrer Hypokhâgne au célèbre Lycée Henry IV à Paris après avoir obtenu son bac scientifique en 1995 avec la mention « très bien ». Jean-Baptiste de Froment, camarade de promotion au Lycée Henri IV d’Emmanuel Macron, évoque ce dernier dans le documentaire « la stratégie du météore » en ces termes :« C’est quelqu’un de très intuitif, donc à l’oral, il avait toujours de bonnes réactions. Il se trouve qu’on faisait des mathématiques dans cette prépa, et en mathématique, il n’était pas très très bon, mais à l’oral, il donnait le sentiment d’avoir un peu l’intuition de la façon dont il fallait résoudre le problème. Typiquement, en mathématique, y a pas 36 cas de figure : soit vous avez la solution, soit vous ne l’avez pas. Bah lui trouve la troisième voie entre celui qui n’a pas la solution et celui qui l’a, qui est celui qui a l’air d’avoir compris quelque chose et qui va vous emmener quelque part en vous embobinant alors que bon malgré tout, la solution n’est pas là ».Malgré ses talents de roublard, il va cependant échouer à deux reprises au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure. Il intègre donc l’ENA dans la promotion Sédar-Senghor où il est classé 5ème à la fin de ses études en 2004, ce qui lui permet d’intégrer le corps de l’inspection générale des finances de justesse. La tâche lui était relativement aisée si l’on tient compte d’une décision rendue par le Conseil d’État en en 2007. En effet, une organisation syndicale avait déposé un recours sur la validité des résultats d’examen de la promotion Sédar-Sengor au regard des faits suivants (je vous fais ici lecture des attendus de la décision du Conseil d’État) :

Irrégularité du jury du fait que celui-ci ne peut être constitué par un formateur ou maître de conférence étant intervenu auprès des élèves durant leur formation. Irrégularité même de l’épreuve écrite (de gestion publique) du fait que le thème choisi « était de nature à procurer un avantage aux élèves qui, par le travail et les démarches réalisés dans le cadre de l'épreuve de travaux collectifs, avaient pu acquérir une familiarité certaine avec le sujet et s'entretenir personnellement avec le directeur d'administration centrale, également président du jury »

En effet, la promo Sédar-Senghor que certains voudraient qualifier d’élitiste est pourtant tout ce qu’il y a de plus conformiste, paresseuse et même illégitime. Je cite toujours les attendus du Conseil d’État : « Un groupe d'élèves a travaillé pendant un mois sur le thème de la réorganisation des services routiers du ministère de l'équipement et a notamment eu plusieurs entretiens approfondis avec des agents de ce ministère, dont le directeur du personnel, des services et de la modernisation ; que, s'agissant de l'épreuve écrite de gestion publique, le jury a été présidé par le même directeur d'administration centrale qui a sélectionné un dossier portant sur la décentralisation de certaines compétences du ministère de l'équipement, parmi lesquelles les infrastructures routières ».

Du fait même que très clairement, les conditions d’examen (le choix des thèmes des épreuves ou même la composition du jury) ont altéré la régularité du classement, le Conseil d’État a donc annulé les résultats de celui-ci. Toutefois, M. Macron a été chanceux, car le juge a ajouté dans sa décision que « l'annulation prononcée par la présente décision est sans influence sur la situation individuelle des agents issus de la promotion « Léopold Sédar Senghor ». Parallèlement à ses études à Science-Po, il aurait obtenu une maîtrise et un D.E.A en philosophie et aurait d’ailleurs rédigé un une thèse sur Machiavel, ce dont le philosophe Etienne Balibar qui était censé être son directeur de thèse, n’a pas souvenir.

Il entre malgré tout à l’inspection générale des finances où il devient immédiatement le chargé de mission de Alain Jouyet. Il rencontrera le banquier d’affaire Bertrand Badré qui le parrainera pour suivre aux USA un stage financé par le German Marshall Fund of the United States, une organisation s’occupant d’américaniser les cervelles des futures élites européennes qu’il s’agit de promouvoir. L’Empire Romain ne faisait pas autrement pour corrompre les chefs gaulois. On faisait venir à Rome leurs enfants afin de les romaniser culturellement sur place. Une fois revenus dans leur village pour prendre la succession de leur père, ils administraient leur tribu comme des Romains. Il revient donc en France et c’est surtout en tant que rapporteur de la Commission Attali qu’il se fait connaître des médias à cette époque. Les élections présidentielles de 2012 se rapprochent et, là où tout le monde mise sur Dominique Strauss Khan a l’époque, Emmanuel Macron se rallie à François Hollande alors qu’il n’était crédité que de 3 % des intentions de vote. David de Rothschild précisera à la journaliste d’investigation Martine Orange, qu’à cette époque, « Emmanuel Macron, le plus jeune associé-gérant de la banque, a déjà rejoint l’équipe du futur candidat socialiste et travaille d’arrache-pied pour lui fournir des notes sur les sujets les plus divers ». Lors du même entretien, David de Rothschild fait savoir qu’il ne croit pas en la capacité de M. Strauss Khan à faire preuve d’une certaine combativité. Lui aussi mise sur François Hollande bien avant l’affaire du Sofitel, et son jeune poulain Emmanuel Macron est payé par la banque d’affaire à « fournir des notes sur les sujets les plus divers » au futur vainqueur de la présidentielle 2012. A quel titre une banque d’affaire peut trouver une logique désintéressée à fournir des « notes sur les sujets les plus divers » à un candidat à une élection présidentielle ? Est-ce que David de Rothschild a fait diffuser les mêmes « notes» à tous les partis ayant concouru aux élections présidentielles de 2012 ?

S'agissant d'Emmanuel Macron, que pense t’il de sa relation avec David de Rothschild ? Le journaliste Marc Endeweld le cite dans son livre « L’ambigu monsieur Macron » : « David est au courant de mon engagement, je suis son hedge, sa couverture. Quand la gauche sera au pouvoir, je serai sa protection... »

Quant à ses collègues de la banque Rothschild, lorsqu’ils ont vu débarquer le météore Emmanuel Macron et même constater ce dernier court-circuiter certaines voies hiérarchiques sur certains dossiers, cela a dû en agacer quelques-uns, logiquement ? C’est pour le moins ce que révélera le l’enquête de Marc Endeweld qui a pu obtenir quelques confidences. L’ensemble des personnes qui fréquentent Emmanuel Macron le présentent comme un séducteur. Mais sur le plan technique, Macron avait la réputation de n’avoir jamais fait une seule équation. Il ne savait pas ce qu’était un « ebitda », soit le résultat opérationnel d’une entreprise. Dans le documentaire « la stratégie du météore », l’ancien bras droit de David de Rothschild, François Henrot, n’y va pas par quatre chemins : c’est sa capacité à « manipuler l’opinion » qui suscite l’intérêt des parrains d’Emmanuel Macron. Il ajoute à sur le fait que Macron ait les talents nécessaires avec sa personnalité en tant que banquier d’affaire, d’être capable d’être un bon politique. Alain Minc sait se montrer encore plus crû lorsqu’il s’agit d’évoquer le jeune prodige. Dans un documentaire diffusé sur la chaîne France 2 le 1 décembre 2016, il évoque avec quels termes il a fait l’éloge de Macron auprès de David de Rothschild :

« Il faut le prendre à tout prix ! Un banquier d’affaire doit être intelligent, souple, rapide et s’il peut être en plus charmant – parce que c’est quand même un métier de pute - ce sont les qualités d’un banquier d’affaire, il les avait toutes ».

La suite vous la connaissez donc, en 2012, François Hollande est élu Président de la République. Jean-Pierre Jouyet prend le Secrétariat Général de l’Elysée et Emmanuel Macron est invité à le seconder. Les relations ne cesseront jamais avec la banque Rothschild. Non seulement au titre de l’affaire Alstom, mais aussi sur le pacte de corruption que cette opération financière a révélé concernant la campagne électorale d’Emmanuel Macron. Une candidature aux élections présidentielle dont on se demande si elle émane de sa volonté propre ou de quelqu’un d’autre. Dans le documentaire « la stratégie du météore », voila comment il envisage la plus haute charge de l’État. La conclusion de sa phrase est tout à fait signifiante :

« Je ne suis pas là pour durer dans des fonctions, qu’au demeurant je n’ai pas cherché à obtenir ».

La corruption révélée à rebours...

Le 5 mai 2017, soit deux jours avant le second tour des élections présidentielles, l’équipe de campagne d'Emmanuel Macron affirme avoir été la cible d'un « piratage massif ». Dans le même temps, au moins 9 gigaoctets de données ont été déversés sur un site anonyme de partage de fichiers, Pastebin, à l'aide d'un profil du nom 'EMLEAKS'. Cette publication a été faite quelques heures avant que la campagne ne prenne fin, comme le prévoit la loi électorale française. Cette obligation légale a empêché Macron de fournir une réponse aux informations dévoilées, mais a aussi limité la couverture médiatique de la fuite. Les courriels, au nombre de 21 075, ainsi que d'autres données, ont rapidement été affichés sur le forum anonyme 4chan

Aujourd’hui, elles sont pour partie en libre accès sur le site wikileaks et quelques rares journalistes s’y sont intéressés de près. Notamment le remarquable et trop peu connu web média « la lettre A » qui apporte un éclairage sur les connivences d’intérêts qui entourent la campagne d’Emmanuel Macron. Mais aussi le journal Marianne ou d’autres publications plus spécialisées. Vous vous doutez bien que le député Olivier Marleix, lui-même, comme le Ministère Public qu’ici nous représentons, avons aussi épluché les échanges de mails entre Raphael Coulhon, Emmanuel Miquel, Cédric O, Christian Dargnat, Stéphane Séjourné, Sylvain Fort, Ismaël Emelien, Julien Denormandie, Pierre Person, Alexis Kholer et d’autres jeunes hauts fonctionnaires s’étant rassemblés derrière Macron pour constituer dans un premier temps, une opération de financement pour la campagne électorale elle-même. L’objectif découvert au fil de leurs échanges, était de récolter au moins 12 millions d’euros rapidement, cela avec leur carnet d’adresse. Ceux qui avaient le meilleur réseau à solliciter étaient qualifiés de « poissons-pilotes ». Leur mission : faire pleuvoir en quelques semaines 1600 donations de 7500 € au moins pour atteindre leurs objectifs financiers. Nous sommes alors en 2016. L’argent des gueux les désintéresse, ça n’est de toute façon pas pour le peuple que ces jeunes requins fraîchement formés au moule républicain, nourrissent de quelconques projets politiques. Leur unique ambition : c’est la carrière, l’argent. Cependant, ne croyez pas qu’ils soient dénués de convictions. Celles que l’ENA leur martèle quotidiennement depuis des années. Ils partagent une idéologie mortifère de démantèlement de la puissance de l’État. Le grand renoncement sur l’autel de l’Union européenne. Rappelez-vous la promotion Sédar-Sengor de laquelle est sortie Macron. Ce membre du jury d’examen, mais aussi enseignant à Science-Po qui avait pour fonction à la vie courante, de représenter la France à la Commission européenne. Selon vous, à quelle idéologie anti-nationale ont été biberonnés ces étudiants formés dans nos plus prestigieuses écoles de sciences politiques ? La couche socio-professionnelle des équipes d’En Marche est monolitique : jeunes quadragénaires issus de la haute bourgeoisie, mentalité de requins, ils travaillent dans la haute fonction publique quand ils ne pantouflent pas dans des banques, cabinets de conseils, sociétés de communication ou alors à la direction de grands groupes industriels. Emmanuel Macron en est l’archétype, son équipe est constituée de clones à son image. Quant à la proximité avec la banque Rothschild dans l’organisation de cette campagne de levée de fond et de promotion médiatique, elle est absolument évidente. Si vous avez quelques soucis de trésorerie, je peux vous communiquer le mail de quelques très hauts cadres, non seulement de la banque Rothschild, mais aussi de la BNP ou encore la banque Lazard, et même de General Electric si vous souhaitez leur envoyer un C.V. Je vais donner une liste de noms de personnes qui à l’époque - et pour certaines encore aujourd’hui - travaillaient pour la banque d’affaire Rothschild et ont contribué par leur financement pour le moins, de la « République en Marche » :

David de Rothschild lui-même, cela va sans dire. Son second Olivier Pecoux ainsi que ses enfants Alexandre et Louise de Rothschild. Mais aussi des associés gérants et directeurs comme Luce Gendry, Arnaud Joubert, Cyril Dubois de Mont-Marin, Laurent Bari , Vincent et Florence Danjoux ; Cyrille Harfouche ; Alaric Audard, Brice Lemonier, Alexis Ravalais (Associate entre 2011 et 2014 chez Rothschild) ; Stéphane Charbit (Senior Vice President chez Lazard de de 2007 à 2014 et directeur chez Rothschild depuis) a été contacté Guillaume de Montchalin (époux d’Amélie – la députée LRM - et Associé chez Boston Consulting Group qui a touché sa part dans l’opération Alstom). Du même cabinet de conseil, Guillaume Charlin, est aussi l’un des grands donateurs de « La République En Marche ». Philippe Guez, proche de David de Rothschild (il aussi travaillé pour la banque du même nom entre 2011 et 2017) apparaît aussi comme l’un des « poissons-pilotes » du volet financier de la campagne électorale d’Emmanuel Macron. Le 19 mai 2016, il est l’organisateur d’un dîner dans son appartement parisien où différentes personnes représentant les intérêts israéliens vont fournir un gros chèque comme jeton d’entrée. A ce dîner où était présent Emmanuel Macron lui-même, apparaît Christian Dargnat qui est l’un des plus hauts dirigeants de la BNP à cette époque et qui sera le réel superviseur de la levée de fonds. Il est d’ailleurs toujours en charge aujourd’hui du financement de la « La République En Marche ». Autre personnage intéressant : Martin Bohmert. Bien qu’il se prétende socialiste, il va pourtant largement largement soutenir la campagne d’Emmanuel Macron avant de rejoindre le cabinet Mc Kinsey qui avait prodigué ses conseils lors de la vente d’Alstom Energy à General Electric. Entre 2011 et 2015, il a travaillé en tant que commercial pour la société Alstom, avant de continuer dans ses fonctions chez General Electric entre 2018 et 2019. Je pourrais continuer de dresser une litanie de patronymes prestigieux, mais je crois pouvoir faire observer d’ores et déjà que nous avons effectivement eu affaire à un blitzkrieg sur les élections présidentielles de 2017, permis par la conjuration d’une hyperclasse qui s’est associée pour défendre ses intérêts derrière Emmanuel Macron. Et parmi les gens qui ont largement contribué au financement de cette campagne électorale, un certain nombre de banquiers, hauts-fonctionnaires et industriels intéressés à l’idée que la cession d’Alstom Energie aille au bout de son calendrier. Une fois Emmanuel Macron élu, il n’y aurait plus à craindre que l’État cherche à empêcher la dissolution des co-entreprises crées lors de la cession d’Alstom à General Electric et ainsi empêcher la multinationale de vampiriser définitivement la branche énergie du groupe Alstom.

CONCLUSIONS DU MINISTÈRE PUBLIC

Nous pouvons constater qu’Emmanuel Macron n’est pas exactement un homme s’étant durci le cuir en commençant par le bas sur l’échelon politique et financier, mais a été promu par un certain nombre de hauts fonctionnaires influents, mondialistes et spécialistes du pantouflage, ainsi que par les deux branches de la maison de Rothschild en plus d’un certain nombre de personnes ayant contribué de près ou de loin, à la cession d’Alstom à General Electric. Il apparaît donc qu’Emmanuel Macron ne s’est pas hissé au sommet de l’État par sa volonté propre et dans le souci de servir le bien public, mais s’est vu au contraire l’obligé d’un certains nombre d’intérêts financiers et idéologiques excessivement hostiles aux intérêts fondamentaux de la nation, puisque ces derniers sont en contradiction ferme avec leurs intérêts mercantiles.

M. Macron dont les seules qualités qui semblent avoir été reconnues par ses promoteurs sont la servilité et un certain talent pour la communication marketing, n’a jamais cessé depuis sa participation à la Commission Attali dont je vous rappelle qu’elle visait à conduire une réforme très contestée du code du travail, d’œuvrer contre la souveraineté et l’indépendance nationale sur le plan économique, militaire, diplomatique et politique. Il a permis des cessions d’actifs industriels stratégiques à des puissances étrangères comme Technip ou encore Alstom ; il est à l’origine du traité anticonstitutionnel d’Aix la Chapelle que certaines éminences du Régime de Vichy n’auraient pas renié, tant il fait la part belle aux intérêts allemands ; il n’a pas caché son mépris de la démocratie et de la souveraineté nationale le 20 janvier 2018, lorsqu’interrogé par la chaîne de télévision anglaise BBC sur la possibilité d’organiser un référendum sur la sortie de la France de l’UE, il a répondu « Si la France avait organisé le même référendum, il aurait pu y avoir le même résultat [qu’au Royaume-Uni] » signifiant par là qu’il connaît par avance la position de la majorité des Français sur un sujet aussi crucial quant à leur droit à l’autodétermination politique et économique, sans toutefois considérer qu’il convenait de consulter le peuple à ce sujet. Dans la même entrevue, il indique d’ailleurs « j'aurais définitivement combattu très durement pour gagner [un tel référendum] ».

M. Macron témoigne ici de son extrême hostilité à la souveraineté du peuple français, mais il révélera aussi ses accents d’autocrate, que ce soit dans sa réponse extrêmement violente à la crise des « Gilets Jaunes » ou désormais s’agissant des mesures profondément attentatoires à nos libertés les plus fondamentales comme le droit de circuler ou se rassembler librement en France, le droit à la dignité et au respect de la vie privée ainsi qu’à celui de travailler, cela à l’aune de sa gestion de l’épidémie de coronavirus.

S’agissant précisément de sa contribution à l’affaire Alstom, il est manifeste que M. Macron, de concert avec M. Hollande, M. Valls, certains ministres, hauts fonctionnaires et intérêts étrangers ou privés, a permis le démantèlement au profit de General Electric, d’une entreprise qui fabrique rien de moins que les turbines de nos centrales nucléaires, de sous-marins nucléaires lanceurs d’engin, mais aussi celles équipant le porte-avions Charles de Gaulle. Les évolutions de carrière des uns, les rétributions des autres comme sa propre promotion politique et médiatique par les mêmes intérêts mercantiles qui ont contribué à ce dépeçage du fleuron industriel qu’est Alstom, peuvent en ce sens être légitimement qualifiés de corruption passive s’agissant d’Emmanuel Macron, au sens de l’article 433-2 du Code pénal, dont il me paraît ici utile de faire lecture du second alinéa :

Est puni de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 500 000 €, dont le montant peut être porté au double du produit tiré de l'infraction, le fait de céder aux sollicitations prévues au premier alinéa ou de proposer, sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques à une personne, pour elle-même ou pour autrui, pour qu'elle abuse ou parce qu'elle a abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d'une autorité ou d'une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable.

Le ministère public s’aligne donc ici sur les propres réquisitions du député Olivier Marleix s’agissant du « pacte de corruption » qu’il a dénoncé à juste titre dans l’affaire Alstom. Cependant, nous nous permettons d’aller bien plus loin que lui en considérant qu’il y a en outre une réelle atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation au sens des articles 411-3, 5 et 6 du Code pénal, puisqu’Alstom Energie est le fabricant d’équipements cruciaux pour les composantes militaires de la France en charge de maintenir la dissuasion nucléaire sur le temps long et tout azimuts, y compris contre des pays réputés alliés dans le moment présent. Pour cette raison, je requière la peine maximale de réclusion criminelle contre Emmanuel Macron, à savoir 30 années de prison. Il va de soi que si notre honorable Cour ici instituée devait suivre mes réquisitions, la destitution d’Emmanuel Macron doit être prononcée par la Haute Cour au titre de l’article 68 de la Constitution, qui dispose que : Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour.

Par ailleurs, si M. Macron devait être jugé coupable au terme de ce procès, il va de soi que tous les ministres, hauts-fonctionnaires et personnes ayant contribué à ce pacte de corruption mais aussi à cette véritable trahison, soient poursuivis pour leurs propres manœuvres contre l’État.

Dernière plaidoirie et mise en délibéré du jugement (partie IV/IV) sur le lien ICI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Quelque chose à ajouter ?