Combien de fois m'a t'on suggéré d'apprendre la patience s'agissant de toute forme de combat politique ? Je ne pourrais le dire, mais ce fut assez régulier pour que je puisse trouver en moi les ressorts nécessaires afin d'apprivoiser cette disposition d'esprit. Ce qui ne fut jamais fait et pour cause : je suis habité par un sentiment d'urgence. J'ai pleinement conscience des périls qui nous menacent, et je sais ô combien que notre inaction prépare les hécatombes de demain, tout en laissant se perpétuer celles d'aujourd'hui.
Que l'on juge certains chiffres. Chaque année, ce sont plusieurs centaines de milliers d'innocents qui meurent dans des guerres dont on sait parfaitement qui les déclenche et les entretient. Une campagne de bombardement comme celle qu'a subit la Libye représente plusieurs dizaines de milliers d'engins explosifs largués chaque année sur les zones de conflit. L'industrie de l'armement se frotte les mains...
Plus près de nous, ce sont entre 400 et 500 sans abris qui meurent chaque année en France, du fait de ne pas avoir trouvé une réponse des services sociaux leur permettant de trouver immédiatement des solutions d'hébergement qui soient décentes et dignes. Si Dieu m'a épargné de connaître les horreurs de la guerre, j'ai expérimenté dans ma jeunesse ce que cela signifie d'être à la rue. Je ne souhaite à personne de connaître cette situation. Et pourtant, plus de 3,5 Millions de Français dorment aujourd'hui dans des abris de fortune selon la fondation Abbé Pierre. Dans un pays aussi riche que la France, c'est proprement scandaleux ! Et ce chiffre ne cesse d'augmenter avec ses corollaires. L'an dernier, les Restos du Cœur déclaraient avoir franchi la barre symbolique du million de bénéficiaires d'aide alimentaire. Comment peut-on trouver de la patience en soi, lorsque l'on est conscient jusque dans sa chair de ces réalités ? Sans doute, le gigantesque brasier qui alimente ma colère trouve son oxygène dans mon propre vécu, et pourtant, je me garde bien de le faire interférer dans ma réflexion politique générale qui ne peut souffrir de raccourcis émotifs pour être réellement analytique. Pour autant, faut-il pousser sous le tapis cette gigantesque machine à forger la misère qui nous est imposé au sein de nos propres frontières par des traités scélérats ? D'ailleurs, parlons économie pour évaluer dans quelle folie nous sommes embarqués :
Plus de 5,4 Millions de Français sont sans emploi ou ne parviennent pas à trouver du travail de façon régulière sur un total de 28,6 Millions de citoyens en âge de travailler. Si l'on considère le nombre d'étudiants infléchissant la définition que l'on donne à la population active, c'est donc près d'un Français sur cinq qui est sans emploi. Aucune famille n'est épargnée par ce fléau.
Je pourrais évoquer l'immense endettement public qui se superpose à une création monétaire sans discontinuer au profit de la spéculation outrancière d'un certain nombre d'entités financières. De la monnaie livrée quasiment gratuitement à des banques en notre nom, et qui s'évapore dans des produits financiers douteux pour l'essentiel, alors que les besoins de l'Etat, des entreprises et des particuliers sont immenses, quoi que bien moindres que ce qui est exigé par les vampires financiers qui nous assassinent. Une véritable mafia bancaire a pris le pouvoir sur les peuples, et nous la laissons décider de l'utilisation qui peut être faite de la monnaie que nous sommes seuls habilités en tant que nation, à émettre ou non. Toute monnaie émise avec l'autorisation du Gouverneur de la Banque de France, est une dette contractée au nom du peuple et gagée sur nos impôts. Et pourtant, nul ne parle d'un impôt dû au système financier par le peuple.
Évoquons d'autres urgences encore. Chaque jour, plus de 165 hectares d'espaces naturels disparaissent en France sous le béton et le bitume. Ce chiffre est absolument fou. Tous les 10 ans, l'équivalent d'un département comme la Seine et Marne, se retrouve artificialisé définitivement par des routes, parkings, zones industrielles, centres commerciaux et immeubles. Ce phénomène qui n'est pas propre qu'à la France, contribue pour partie à l'éradication de plus de 26.000 espèces animales et végétales de la Terre chaque année. Toutes les 20 minutes, une plante ou un animal est définitivement rayé de la surface du globe, ce qui outre la perte irrémédiable que cela suppose pour la science et en particulier la pharmacologie, constitue le témoignage d'une arrogance humaine que notre Terre nourricière saura un jour nous faire payer. Disposer du pouvoir de modifier notre environnement à loisir, implique une écrasante responsabilité pour l'Homme quant à son interaction avec la Nature. Considérer que seuls les animaux et plantes domestiques ont une quelconque utilité, c'est faire fi à la fois des services immenses rendus par la biodiversité à notre agriculture et notre médecine, mais plus philosophiquement, c'est rejeter la magnificence de notre Jardin d'Eden, ce qui pose la question de notre conscience collective quant à notre relation à la Nature.
Mais si un seul chiffre devrait absolument effrayer l'ensemble de nos concitoyens, c'est celui-ci : 1500 Milliards de barils de pétrole. C'est plus ou moins ce qui reste de réserves de pétrole exploitable dans le monde sur un total d'environ 3000 Milliards de barils, dont la moitié a donc déjà été consommé par l'humanité depuis l’avènement de l'huile de pierre. Chaque jour, nous consommons l'équivalent de 95 Millions de barils de pétrole dans le monde, ce qui fait dire à l'ensemble des spécialistes - y compris par les industriels exploitant l'or noir - que d'ici une trentaine d'années tout au plus, la production de pétrole se sera effondrée drastiquement entraînant avec elle des conséquences économiques et géopolitiques majeures. Les gens de ma génération et celle qui me succède, vont connaître la fin du pétrole ! Or, comme il se trouve toujours des esprits suffisamment stupides pour balayer le problème d'un revers de main par des poncifs tels que "nous aurons trouvé autre chose d'ici là" ou "la science progresse", je tiens à faire remarquer quelques détails d'importance :
- La science n'est ni une religion, pas plus qu'un vecteur de miracles. Si nous savons déjà synthétiser des hydrocarbures de bien des façons, il faut bien comprendre qu'il y a une très nette différence entre capter de l'énergie immédiatement utilisable, et dépenser une certaine quantité d'énergie pour produire des hydrocarbures. En clair, si une technologie nous permet de synthétiser un litre de pétrole en dépensant l'équivalent énergétique d'un autre litre de pétrole, cette technologie ne résout en rien notre problème. Elle ne peut qu'au mieux le déplacer.
- Le pétrole a des propriétés uniques qui sont irremplaçables : outre la très grande quantité d'énergie contenue dans une goutte de ce précieux liquide, il est possible à stocker et brûler à moindre frais. A tel point que pour faire décoller un avion de ligne, nous n'avons strictement aucune solution alternative sérieuse. L'électricité vaut essentiellement pour les petits engins terrestres et les infrastructures fixes, mais pas pour les gros engins nautiques ou aérospatiaux.
- Le pétrole a des propriétés uniques qui sont irremplaçables : outre la très grande quantité d'énergie contenue dans une goutte de ce précieux liquide, il est possible à stocker et brûler à moindre frais. A tel point que pour faire décoller un avion de ligne, nous n'avons strictement aucune solution alternative sérieuse. L'électricité vaut essentiellement pour les petits engins terrestres et les infrastructures fixes, mais pas pour les gros engins nautiques ou aérospatiaux.
Sans vouloir m'appesantir sur les quelques solutions que nous avons dans les cartons comme le thorium, l'hydrogène ou la méthanisation de matières biodégradables, il faut être clair : ce que nous pourrons faire par de grands investissements stratégiques d'avenir, ne compensera jamais nos besoins quotidiens actuels, et encore moins la pénurie de pétrole à venir.
IL FAUT DONC RÉDUIRE SIGNIFICATIVEMENT NOTRE CONSOMMATION
Ce qui me permet d'en arriver au réel sujet de cet article :
S'il est une évidence que reprendre le contrôle de notre pays couvre des enjeux aussi importants que l'instauration de la démocratie et la promotion de la paix dans le monde ou encore la redéfinition de notre contrat social et environnemental, la véritable urgence pour notre génération, c'est décroître !
Non seulement, il s'agit de faire décroître toutes les sources de gaspillage énergétique par la réglementation, la fiscalité, et bien sur le progrès technologique, mais l'on ne pourra s'exempter de méditer la question démographique. C'est une réalité mathématique parfaitement objective de signifier que moins nous sommes de consommateurs, plus nous disposons de temps et de droit à l'énergie pour chaque individu. La croissance démographique érigée en dogme économique (puisque mécaniquement, elle suppose la croissance de la consommation, et donc de la production marchande) est une forme de suicide collectif à petit feu. Un suicide différé certes, et réservé essentiellement à nos enfants, mais un suicide collectif tout de même.
Nous dépendons totalement du pétrole. Des bateaux et des camions acheminent la nourriture que nous consommons avec du pétrole. Nos aliments sont produits avec des engins et des produits chimiques qui nécessitent du pétrole ; nous pouvons accepter un emploi à plusieurs dizaines de kilomètres de notre domicile, uniquement grâce au pétrole ; et nous extrayons l'ensemble des autres matières premières minérales indispensables à notre industrie ou encore à la production d'électricité à grande échelle, toujours avec du pétrole.
Et malheureusement, cette matière première constitue un enjeu géopolitique si puissant, qu'il est difficile de certifier la véracité de tous les chiffres qui nous sont communiqués. L'on sait cependant que déjà, le déclin est amorcé. Les champs pétrolifères de la Mer du Nord sont ainsi épuisés pour plus de la moitié d'entre eux. La quasi totalité des champs de pétrole conventionnel des USA est aussi tarie. Il est désormais nécessaire de pressuriser artificiellement le gigantesque champ pétrolifère de Ghawar (le plus important au monde) pour qu'il libère son précieux liquide en surface. Signe que le pic de production a été atteint.
Ainsi, pendant que nous nous évertuons à refaire le monde sur les réseaux sociaux, sans jamais le refaire concrètement en commençant par en reprendre le contrôle dans la rue, l'horloge continue de tourner. Et nos perspectives quant à encaisser l'inéluctable s'amenuisent. Aussi, je ne comprends définitivement pas ceux qui me suggèrent de me montrer patient. Je suis un homme averti, et comme beaucoup de mes semblables, je tente progressivement de reprendre assez de contrôle sur ma propre vie, pour trouver le moyen d'assurer mon indépendance alimentaire et énergétique dans un proche avenir. Mais disposer à la fois d'assez d'informations pour en tirer les conclusions pro-survie qui en découlent, ainsi que les moyens matériels d'y parvenir, n'est pas le lot commun de l'écrasante majorité de l'humanité, et pour le moins, du peuple français. Quelle part de la population sommes nous prêts à sacrifier sur l'autel de notre inaction ? Combien de femmes et d'enfants périront dans les zones urbaines le jour où la pénurie de pétrole commencera à frapper d'abord sur les prix, puis dans la disponibilité réelle du produit ? Est-ce que chacun mesure le degré de violence et de famine que la fin du pétrole fera courir à notre population aujourd'hui ultra dépendante de cette ressource ?
Il y a donc bien une urgence véritable à faire la révolution. Nous avons la possibilité de convertir très fortement notre économie en une décennie seulement pour que la France soit en mesure d'absorber (non sans difficultés réelles toutefois) la fin du pétrole. Mais il faut commencer tout de suite !
Ceux qui me connaissent savent bien que je suis rentré dans le bouillon politique à partir de cette inquiétude sur l'épuisement des matières premières. Et je sais que beaucoup de gens de ma génération, partagent cette même inquiétude. Raison pour laquelle, il n'est pas acceptable d'entendre des discours qui laissent à entendre que l'attentisme serait une forme de sagesse. Nous sommes des êtres humains conditionnés à survivre. Si nos réflexes les plus primaires nous engagent à adopter un comportement pro-survie face à un péril immédiat et individuel, certains périls sont tout aussi menaçants et impliquent que notre stratégie de défense soit à la fois collective et et largement anticipée.
J'en profite pour réfuter l'argument laissant à entendre que ce problème étant d'envergure mondiale, il ne peut donc être résolu que dans le cadre d'une coopération internationale. C'est à la fois vrai et faux. Si nous devons attendre que certains pays prennent des mesures en ce sens, alors autant nous suicider maintenant. Le propre de la souveraineté nationale, c'est de permettre à un peuple de décider directement au sein de son propre territoire politique, des mesures qu'il souhaite appliquer pour se prémunir d'un danger pouvant concerner l'ensemble de l'humanité. Nous ne sommes pas comptables des responsabilités prises ou non par d'autres pays. Nous ne pouvons qu'être responsables de nous-mêmes et nous imposer le devoir de protéger notre population, qu'importe que certains dirigeants internationaux tiennent à envoyer leur propre peuple au bord du gouffre. Nous en avons les moyens. La France est un grand pays industriel jouissant d'une géographie favorable à notre totale indépendance alimentaire et en grande partie énergétique si tant est que nous en prenions conscience.
Que chacun regarde ses enfants dans les yeux, et médite à sa propre part de responsabilité lorsqu'il refuse d'agir dans le sens d'une révolution concertée avec ceux qui savent. Nous sommes une minorité éduquée, mais pas encore agissante. Et la révolution, c'est à dire le renversement du personnel politique actuel et l'implémentation d'une nouvelle doctrine politique et culturelle à même de répondre à tous les périls qui nous font face, est une affaire de responsabilité pour les quelques milliers d'individus ayant parfaitement compris où nous en sommes et quelles sont les solutions qui s'offrent à nous. Le débat politique sur facebook autant que la pédagogie populaire ne sont pas de nature à générer une révolution. Cette dernière ne peut naître que dans la rue, et elle exige que notre dissidence se soulève. Si ce n'est pour elle-même et le peuple dans laquelle elle est inscrite, c'est encore une fois pour nos enfants. Voila pourquoi je parle de responsabilité. Nous pouvons faire le choix de l'inaction si nous n'avons personne à chérir et sauver. Il n'en va pas de même quand on a une famille à protéger...
Il serait temps que le tocsin sonne dans les esprits de ceux qui croient que nous avons tout le temps de débattre de politique entre nous et éduquer la totalité de la population à nos connaissances géopolitiques et économiques. Il est des circonstances historiques, où il est un enjeu vital qu'une dissidence éclairée d'un pays cesse de se renier dans sa propre légitimité à gouverner, et accepte la douloureuse nécessité d'occuper la rue pour prendre le commandement de son pays de façon arbitraire, quand bien même dans une ambition altruiste et protectionniste. Nous offrirons la démocratie et l'Etat social aux Français quand nous aurons le pouvoir. Pour le moment, l'urgence, c'est de le prendre sans nous soucier de notre légitimité ou de la réaction de l'oligarchie à tout ce que nous entreprendrons contre ses intérêts. Ayons un peu de courage, d'autres avant nous sont morts pour que nous héritions d'un pays sur lequel personne d'autre que notre peuple puisse le gouverner. Où se trouve notre mérite et notre honneur si l'on se comporte comme des moutons fébriles et apeurés à l'idée de tout changer ?
Changeons le monde tout de suite et concrètement !
Il y a urgence !
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