Eva a des "valeurs" et c'est avec beaucoup de courage qu'elle les défend au sein de Radio France en tant que journaliste. A ses yeux, ces valeurs sont totalement fongibles avec celles de la République. Non pas que la République soit une personne physique disposant d'un code moral à faire valoir, mais elle reste incarnée par des responsables politiques qui finalement portent les valeurs d'Eva.
Elle déplore que les Européens puissent avoir des divergences sur certains dossiers et considère qu'il faudrait pour résoudre ce problème, encore "plus d'Europe". Elle n'a jamais lu les traités européens ni la constitution et ne comprend pas grand chose à la géopolitique ou l'économie mais elle en est certaine : "les valeurs de l'Europe" sont fongibles avec celles de la République et par conséquent avec les siennes propres. Elle est tout de même indignée par les positionnements bien peu "LGBT friendly" de la Hongrie ou encore de la Pologne. Mais elle a son idée pour changer cela. Elle va rédiger une chronique aux petits ognons contre Viktor Orban et Mateusz Morawiecki, dirigeants respectifs de chacun des pays concernés. Car Eva est très sensible à "la cause" LGBT tout comme elle se dit féministe convaincue. Elle est tout aussi sensible à la cause des migrants clandestins. Elle déplore ainsi que l'extrême-droite, malgré ses chroniques tour à tour enflammées ou railleuses sur France Inter, ne cesse de progresser en France. En 2017, Eva avait voté pour Emmanuel Macron tant au premier qu'au second tour. Elle trouve l'homme brillant, moderne et puis il restait le parti le plus sûr pour faire barrage à l'extrême droite. Elle n'a jamais regretté son choix, pas même lorsqu'elle a constaté la répression brutale qu'il a exercé contre les Gilets Jaunes. Sur ce dernier point, Eva est mitigée.
Elle aime les Gilets Jaunes qui aiment l'Europe, les migrants et la cause LGBT, mais beaucoup moins ceux qui revendiquent ouvertement leur volonté de destituer Macron, sortir de l'UE et l'euro et introduire le référendum d'initiative citoyenne dans la constitution. Ils ont des accents populistes voire empruntant largement aux idées d'extrême droite. Elle a d'ailleurs rédigé quelques chroniques contre ces derniers pour dénoncer "le complotisme" et "le repli sur soi" qui les caractérisent.
Eva vit dans un coquet appartement dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Chaque matin, c'est toujours le même rituel : elle a programmé la veille son radio-réveil pour qu'il entonne (grince) à sept heures précise une chanson de Vianney, artiste dont elle est littéralement fan. Elle regarde alors amoureusement son petit ami, Léo, un garçon si sensible, adresser le même rictus habituel sitôt que les premiers gémissements de vache crevée de Vianney se font entendre dans la pièce. Cela l'amuse toujours. La voila qui bondit hors du lit pour se doucher rapidement en prenant soin de ne pas mouiller ses cheveux. Elle macule ensuite son visage de produits cosmétiques certifiés "bio". Les flacons sont en plastique, mais puisque le fabriquant précise que c'est "bio", elle n'a pas de raison d'en douter. Quelques croquettes vidées dans l'écuelle du chat qui vient se frotter contre ses jambes, une caresse sur le crâne du félidé, la voila qui s'habille en vitesse, prend ses clés et disparaît dans la fourmilière parisienne.
De son côté, Hassan a d'autres rituels matinaux. Lui commence par des ablutions et psalmodie des prières en arabe, sitôt réveillé. L'association "Humains sans frontières" lui a permis de trouver une chambre d'hôtel moyennant des subventions publiques qu'elle sollicite chaque année auprès de la mairie de Paris ou au Conseil Régional. Il est entré illégalement sur le territoire, mais là aussi, l'association qui le soutient a fait les démarches nécessaires auprès de la préfecture pour qu'on lui accorde un statut de réfugié politique. Le dossier est toujours en cours d'instruction parmi des centaines de milliers d'autres qui s'empilent. Dans l'attente, il a le droit de rester sur le territoire. Hassan méprise les blancs. Il trouve que ces gens n'ont aucune valeur morale et il considère que les Françaises sont des putains. Elles se fardent de vêtements qui mettent en évidence la peau nue de leurs jambes ou de leur ventre pour mieux signifier aux hommes qu'elles sont disposées à la bagatelle. Bien sûr, les bénévoles de l'association "Humains sans frontières" sont des blancs eux-aussi, mais il trouve ces gens idiots. Ils n'ont même pas remarqué qu'il avait en horreur la culture dégénérée de l'Occident. Ils ne lui ont même pas posé de questions sur son itinérance en Lybie avec les factions islamistes dans lesquelles il a combattu. Hassan est très inspiré par les prêches d'imams rigoristes et est convaincu d'être un bon musulman lui-même. Il traine le plus souvent avec d'autres clandestins ayant peu ou prou eu le même parcours que lui. Sa haine des blancs croît chaque jour un peu plus. Ces Françaises si court-vêtues l'excitent sexuellement et il n'aime pas cela. Et puis les us et coutumes de ce peuple sont vraiment sataniques. La veille encore, une manifestation LGBT a croisé son chemin. Il a vu des gens aux cheveux roses et verts se dandiner dans des positions plus que suggestives. Il a vu des hommes s'embrasser sur la bouche. D'autres se grimer en femmes. Dans son pays, jamais on ne permettrait cela. Hassan n'est pas très "LGBT friendly" il est vrai. Il réprime régulièrement des pulsions de meurtre. Il a déjà égorgé des hommes en Lybie mais puisque c'était la volonté d'Allah ou tout du moins une logique de guerre... Le goût du sang est en lui et il considère que la mort est de toute façon le châtiment juste pour les mécréants. Le voila qui ère aujourd'hui dans Paris et il est d'une humeur exécrable...
Eva a pour sa part des pensées beaucoup plus légères en tête. Bien que son bras gauche soit encore endolori par le vaccin Pfizer qu'en citoyenne consciencieuse, elle a tenu a se faire inoculer, elle se dit qu'elle pourra entrainer Léo prochainement au concert de Vianney. Il est si gentil, il ne pourra pas refuser de l'accompagner. Et puis mille idées la traversent quant à la prochaine chronique qu'elle va rédiger sur la souffrance des noirs transgenre, du fait qu'à leur couleur de peau suscitant déjà tant de racisme, ils cumulent la double peine de "la transphobie". Seul problème : les noirs transgenre ne sont pas légions et elle a beaucoup de mal à trouver quelqu'un pour lui apporter un témoignage confortant l'article qu'elle souhaite rédiger. Qu'importe, Eva est une créative, elle saura trouver les mots justes pour émouvoir toute la bobocratie parisienne et peut-être même sensibiliser ces Français qui semblent se désintéresser de ce genre de questions. Toute à ses réflexions, elle remonte la rue Caulaincourt en direction de sa station de métro. Elle ne perçoit pas immédiatement l'homme pourtant particulièrement agité qui, de l'autre côté de la chaussée, invective une passante.
Hassan n'est que pure colère. Il bout littéralement. Encore une de ces putains court-vêtues qui passe sans même le regarder alors qu'il lui intime l'ordre de se couvrir. Il ne compte plus les femmes aux tenues similaires qu'il a croisé depuis qu'il a quitté sa chambre d'hôtel. Un mélange d'excitation sexuelle et de haine indicible l'étreint totalement. Il monte en pression et ne cesse de caresser le manche du couteau qu'il porte constamment sur lui dans la poche de son caftan. Il n'est que rage à l'état pur et pourtant, entre deux agressions verbales sur des passantes, il psalmodie des versets du Coran et promet à Allah le miséricordieux qu'il se chargera lui-même du châtiment de tous ces mécréants aux mœurs si dégénérées. A nouveau une femme le croise. Son décolleté est saillant, ses longues jambes dénudées jusqu'à mi-cuisse captent le regard d'Hassan. Il bande ferme, il voudrait la violer sur le champ. Il sait que ces choses ne se font pas en France. Qu'importe, puisque cette catin excite volontairement les hommes par son accoutrement, elle ne mérite que la mort. Sa main se sert sur le manche de son couteau. Il ne lui adresse pas un mot. Juste un regard empli de haine pendant que sa lame s'enfonce lentement dans le ventre de cette putain. Elle hurle. Il retire son couteau et frappe à nouveau, beaucoup plus vite et par deux fois. Elle s'effondre incrédule, comprenant qu'elle va mourir sans raison, là sur ce trottoir. Des gens crient autour d'elle. Hassan lui a franchit le Rubicon. Ses dernières entraves mentales ont cédé, il regarde tout autour de lui. Ses yeux se figent sur Eva.
Tout s'est passé si rapidement. De l'autre côté de la rue, à moins de dix mètres seulement d'où elle se trouve : elle a vu cette jeune femme s'effondrer et cet homme fardé à l'orientale qui tenait un couteau ensanglanté. La stupeur est partagée avec le désir soudain de filmer l'événement qu'elle n'aura pas le loisir de réprimer. Lentement, le visage de l'homme s'est tourné dans sa direction. Et soudain, le voila qui court à toute vitesse vers elle. Encore une seconde de tétanie le temps d'assimiler l'ensemble des informations qui se bousculent dans son esprit. Cette seconde exacte qui décide de votre potentielle survie ou non lorsqu'il n'y a rien d'autre à faire que fuir au plus vite. Il est désormais presque sur elle lorsque, enfin, le cerveau reptilien d'Eva prend en charge sa conscience figée. Eva court, elle hurle et entend les pas du meurtrier juste derrière elle. Elle sent, terrorisée, la main de celui-ci agripper son épaule. Elle allonge mécaniquement la foulée. Mais la main la retient si bien que son élan n'a d'autre effet que la faire basculer en arrière cela juste au moment où une douleur immense se fait sentir dans son dos. "Mon dieu, il me tue", parvient-elle à penser. Le sang chaud s'écoule en geyser sur son chemisier. Elle a si mal que courir est désormais un effort inenvisageable. Elle se sent attirée en arrière par son bourreau. Elle est tout contre lui désormais et sent son souffle chaud sur sa nuque. Sur le côté, le couteau, la main qui le tient et l'avant-bras qui précède le tout, apparaissent dans son champ de vision. La lame se pose sur sa gorge et déjà l'entaille douloureusement. Au fur et à mesure qu'elle sent ses chairs, ses muscles et sa carotide céder sous la pression de la lame, elle se rend compte que ses hurlements ne sont que gargouillis. Sa terreur terminale sera silencieuse. Elle ne comprend pas pourquoi. Elle n'a même pas le temps de faire ses adieux à qui que ce soit. Des larmes coulent sur ses joues. Elle meurt...
Cette histoire est bien évidemment fictive. Non pas sur la barbarie quotidienne qui alimente la rubrique des faits divers en France. Non pas que le groupe Radio France ne soit pas effectivement devenu le temple de la bobocratie parisienne à qui l'on distribuerait volontiers de généreuses claques pour se soulager un peu. Mais fort heureusement, les lois statistiques restent favorables aux militants qui sévissent au sein de la Maison de la Radio. Leurs chances d'être affectés directement par cette barbarie quotidienne sont tout simplement proches du zéro. De fait, Eva continuera d'écouler des jours heureux, loin de la misère du peuple dont elle se fout littéralement. Sa détresse sociale, sécuritaire et même identitaire la désintéresse au plus haut point. Elle ne se sent pas concernée. Elle continuera de dénoncer le très sérieux péril incarné par l'extrême droite tout en se faisant la digne chevaleresse défendant l'UE et le clandestin. Elle s'indignera que cette même barbarie commise par des ressortissants étrangers puisse susciter la colère de la majorité des Français et de leurs attentes politiques extrêmement fermes en conséquence. Eva continuera d'alimenter avec légèreté ses chroniques qui n'intéresseront qu'une fraction infinitésimale de la population et c'est d'ailleurs bien tout ce qu'on lui souhaite.
Cette histoire est donc en apparence sans morale ou leçon de choses à adresser. Elle témoigne simplement que nous, les affreux malpensants, ressentons une empathie profonde pour Eva au moment où une "chance pour la France" s'autorise à la saigner par pure haine, autre mot pour qualifier le racisme anti-blanc qui existe bel et bien sur notre territoire. Ne lui en déplaise. Pourtant, au quotidien, nous sommes des millions à détester Eva et tout ce qu'elle représente. Mais si on la tue, nous sommes les premiers à être horrifiés par sa souffrance et sa mort inacceptable à nos yeux. "L'effet Charlie" sans doute. Ou juste une explication sur ce qui lie par delà ses plus puissantes divisions politiques, un peuple tout entier. Ce sentiment de colère qui nous habite si l'un des nôtres, quel qu'il soit, devait être victime de la barbarie. Cette colère qui d'ordinaire pour les "journalistes" de Radio France n'est que le propre de "l'extrême-droite". Eva, toujours pleine de bons sentiments reste froide face à la violence subie par des milliers de gens chaque année. Son attention se porte sur ceux qui la dénoncent, afin qu'elle puisse dénoncer ces derniers à son tour. Les victimes ne sont rien d'autre qu'une information non essentielle. L'indignation populaire ainsi que celle d'une partie de l'échiquier politique : c'est sur ce sujet qu'il faudra s'attarder. Le fait que nos prisons soient remplies de bourreaux ordinaires dont les origines étrangères sont sans équivoque, cela ne suscitera jamais sa propre analyse "journalistique". Le fait que des femmes et des hommes meurent bel et bien de cette barbarie ne sera jamais de nature à l'émouvoir. Cette terreur de la mort qui frappe sans crier gare, elle ne se la représente pas. Cette colère sur le fait que ces morts étaient pourtant évitables si son idéologie n'était pas matraquée par elle-même, ses collègues "journalistes" payés par nos impôts, légiférée par les traîtres au pouvoir, supportée par les syndicats, les gauchistes ou même une part du patronat qui se réjouit de cette immigration massive confortant ses vues antisociales et de profits corrélés, Eva y est insensible. Et pourtant, elle est si pleine de bons sentiments.
Il n'y a aucune morale à en tirer, j'insiste. Ni rien d'ignoble à souhaiter. Juste constater ce qui est. Eva répand une idéologie de mort, mais elle y survivra.
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