Voila donc près d'une année que le Mouvement des "Gilets Jaunes" a débuté dans notre pays. Au point de départ de cette insurrection (ayant de plus en plus de similitudes avec la Révolution de 1789), c'est une exaspération sociale émanant des campagnes. C'est un point important qu'il nous faudra étudier, afin de pouvoir se faire une idée de la reconfiguration politique du pays. Car soyons certains d'une chose : à la fin, nous gagnerons. Ou plus exactement, l'oligarchie va s'effondrer.
Je crains cependant qu'à l'égal de la Révolution Française, cela prendra encore du temps et que les pages de l'Histoire de France que nous écrivons actuellement, ne seront peut-être pas sans remugles sanglants. Sauf à espérer que mon appel soit entendu tant par les insurgés eux-mêmes, que par les institutions qui ont la charge d'assurer la paix sociale en France, et je sais être parfaitement inaudible des uns et des autres pour le moment, et sans doute à jamais...
Dans un premier temps, je compte aborder la sociologie des "Gilets Jaunes", et ce qu'elle comporte de promesses pour l'avenir. Car encore une fois, nous allons bel et bien remporter la bataille. Tenter de comprendre qui sont les "Gilets Jaunes", est le meilleur moyen de deviner une partie des changements qui interviendront demain. Dans un second temps, j'aborderai les questions plus opérationnelles et stratégiques. Etant totalement impliqué, il va de soi que comme tous mes camarades, j'aspire à ce que notre Révolution aboutisse au plus vite et dans les meilleures formes. Raison pour laquelle il convient d'aborder cette dimension militante (pour ne pas dire militaire) de notre combat. Car une Révolution est bien une guerre menée par le peuple (du moins une fraction de lui-même extrêmement déterminée) contre une tyrannie en exercice. Et toute guerre, exige une stratégie de déploiement efficace en plus d'une cohérence d'objectifs à atteindre, pour aboutir à une victoire totale.
Devoir de mémoire
Le mouvement naît donc dans les campagnes, non sans raison. Le point de départ de la crise, souvenons-nous en, est un raz le bol des Français contre la hausse de la fiscalité sur les carburants. Contrairement aux grandes villes où les zones d'emploi comme de services sont très proches des lieux d'habitation des citadins, la désertification de l'Etat dans les territoires ruraux ainsi que l'offre plus que réduite de transports en commun, impose de facto l'usage de l'automobile pour les déplacements personnels ou de travail sur ces territoires. Et le plus souvent sur de longues distances. L'augmentation du prix du carburant y est donc vécue très douloureusement par une bonne moitié de notre peuple, qui se sent délaissée et même méprisée par les décideurs politiques. Si la question de la hausse des prix du carburant a très vite été marginalisée dans les revendications, c'est que cette dernière ne représentait que cette fameuse goutte qui faisait déborder l'eau croupie du vase. En somme, une sorte de détonateur à une bombe sociale qui couvait depuis bien longtemps. La lame de fond qui venait derrière était autrement plus chargée de colère jusque-là contenue, du fait de plus de trente années de guerre de classe entretenue par notre oligarchie contre le peuple tout entier.
Si dans les grandes agglomérations, il est plus aisé d'oublier son mal être social par les artifices que procurent une grande ville pour "se détendre", tel n'est pratiquement pas le cas dans les territoires ruraux, puisque les lieux de divertissement y sont autrement plus rares. Par ailleurs, la sociologie des grandes villes diffère fondamentalement de celle de campagnes. Non seulement la petite bourgeoisie constituée de cadres, dirigeants d'entreprises, etc, y réside, mais c'est aussi dans les grandes agglomérations que se concentrent les universités, pôles d'attraction et de concentration naturelle d'une bonne part de la jeunesse française. Restent évidemment les banlieues, mais ces dernières désormais fortement ghettoïsées et communautarisées, concentrent des populations qui pour bonne partie, se désintéressent de la France, voire méprisent franchement nos repères culturels. Tous les observateurs que ce soit de l'intérieur ou de l'extérieur du mouvement, notaient que très peu de "minorités" étaient mêlées aux Gilets Jaunes.
Entre autre pour ces raisons, nombre d'officines et de personnalités de "gauche", faisaient valoir leur opposition à soutenir le mouvement, qui fut bien vite qualifié d'extrême droite par certains :
"Dans un communiqué, le NPA a dénoncé "la droite extrême et l'extrême droite à la manœuvre". Pour Clémentine Autain, députée insoumise, pas question de "défiler à l'appel de Minute et avec Marine Le Pen". Mais elle reste minoritaire au sein du mouvement, puisque François Ruffin comme Jean-Luc Mélenchon ont estimé plus judicieux de ne pas laisser le monopole de la colère à l'extrême droite".
Les sites habituels de la mouvance dite "antifa" que nous retrouverons pourtant un mois plus tard dans nos cortèges, n'hésiteront pas à titrer l'un de leurs articles sur le mouvement ; "Gilets Jaunes : Ni Macron, Ni Fachos" . Cela en mettant en exergue le fait que parmi les insurgés, des militants d'extrême droite y avaient été reconnus. Il y'avait pourtant des militants de la gauche radicale, des syndicalistes et des activistes plus indépendants qui s'étaient aussi joints au mouvement dès le départ. Sauf que tous ces gens s'entendaient pour mettre de côté leurs divisions intestines pour venir en tant que citoyens. Pour autant, si des personnes ayant un parcours militant - quel que soit le bord idéologique des uns et des autres - se sont bien greffées naturellement au mouvement, l'écrasante majorité des "Gilets Jaunes" n'était pas politisée. Non seulement cette majorité n'était pas partisane, mais elle souffrait même d'un sérieux déficit d'éducation politique à l'égale de la majorité de notre peuple. En revanche, ce dont ne souffrent que rarement les gens qui vivent dans les campagnes, c'est d'un manque de bon sens. Et c'est à ce titre que je me fais fort d'en appeler au "devoir de mémoire". En effet, à l'orée du mouvement, il n'était pas question de "convergence des luttes" pour les syndicats. Si la plupart d'entre eux se montraient prudents dans leurs communiqués, tel ne fut pas le cas des syndicats Solidaires et de la CGT :
"A la CGT, l'argument n'est pas écologique mais idéologique. Pas question de participer à un mouvement qui est "clairement une mobilisation d'extrême-droite", dénonce le syndicat de Montreuil, dans un tract du 30 octobre. "La mobilisation est soutenue par les dirigeants du Rassemblement National, de Debout la France et au moins un député LR en Bretagne", dénonce la centrale, suivie par Solidaires. "Les 'gilets jaunes' apparaissent comme clairement hostiles à la fiscalité, estime Dominique Andolfatto. Or, traditionnellement en France, tout ce qui est hostile à l'impôt est vu comme de droite, voire poujadiste ou d'extrême-droite. Cette peur de se voir associé à ces courants est un frein".
Jean Quatremer, militant ultra européïste et gauchiste patenté officiant pour le journal Libération, n'hésitait pas à vociférer sur le réseau social Twitter, le fond de sa pensée :
"Je confirme qu’il s’agit d’un mouvement de beaufs - j’ajoute poujadiste et largement d’extrême droite - au vu de la violence des réactions et du niveau de la « pensée » des gilets jaunes (après les bonnets rouges : c’est curieux ce goût pour les attributs ridicules)"
Et évidemment, les membres du gouvernement félon comme Marlène Schiappa et bien d'autres, seront les premiers à livrer de telles accusations en extrême droite, tandis que sur les blogs de Médiapart, les militants de gauche appelaient immédiatement à intégrer le mouvement pour lui donner une couleur plus favorable à leur idéologie.
Bien entendu, ces accusations ne traduisaient nullement la réalité populaire et fortement a-partisane du mouvement. Mais à l'heure où l'on nous appelle à "la convergence des luttes", je tiens absolument à rappeler à quel point au début du mouvement, l'ensemble de la gauche aussi bien-pensante que bourgeoise et nihiliste, méprisait totalement notre révolte. Elle entamera pourtant son processus d'infiltration un mois plus tard, avec les conséquences désastreuses que l'on connaît.
En revanche, les gauchistes avaient parfaitement raison de considérer que les Gilets Jaunes, ça n'est pas un mouvement de "gauche". Et j'entends bien par ce terme, un courant bourgeois et libéral qui émergea durant le XIXème Siècle, et n'ayant strictement rien à voir avec le socialisme ou le communisme. Cet amalgame idéologique, n'interviendra que beaucoup plus tard durant trois épisodes particuliers du XXème siècle, que nous n'aborderons pas ici. Notons que cette "lambertisation" du Parti Communiste Français, ainsi que du Parti Socialiste a été définitivement terminée au cours des années 80, ce qui explique le discours proprement libéral et anti-patriotique que tiennent désormais les responsables de ces partis respectifs. Les derniers communistes et socialistes ne sont pas encartés au PS ou au PCF, ni même au sein de "la France Insoumise". Mais c'est aussi un sujet que nous éluderons.
Si ce n'est de gauche, est-ce de droite ?
Oui et non à la fois. Et nous retrouvons ici une sorte de redondance avec la crise de 1934, mais de façon tout à fait différente. A l'époque, c'est bien l'extrême droite qui est à la manœuvre du réel épisode révolutionnaire dont il est question. Un gouvernement sera bien renversé. Mais la réalité objective, c'est que l'ampleur de ce mouvement dépassait de très loin la volonté des initiateurs. Des ouvriers, des étudiants et même des syndicalistes, étaient à l'époque descendus dans la rue, en se moquant bien du fait que l'Action Française pilotait cette insurrection. La colère était généralisée et c'est d'ailleurs ce qui effraya "la gauche" de l'époque. Elle constatait alors que l'extrême droite avait su mobiliser des foules et avait même réussi à renverser un gouvernement, là où elle-même en était bien incapable. Le peuple était-il donc sourd à l'idéologie qu'elle promouvait ?
Pour ce qui concerne les Gilets Jaunes, l'on ne saura jamais vraiment quel fut le point de départ. Certes des notables du FN ou autres partis de droite, ne cachaient pas leur sympathie pour le mouvement bien avant les premières manifestations, mais la réalité fut surtout un formidable effet boule de neige sur les réseaux sociaux. Quant à la réalité de terrain, elle s'avéra fortement populaire encore une fois, et très peu idéologisée. Néanmoins, je puis tout de même témoigner de mon ressenti après des centaines de discussions avec un grand nombre de Gilets Jaunes qui ont occupé des ronds points, des raffineries, des péages et autres infrastructures sensibles. Les partisans de la droite la plus radicale ne pourraient être que rassurés sur le fait que la très grande majorité des Gilets Jaunes sont insensibles voire violemment réfractaires au discours ambiant sur l'immigration qui nous est présentée comme "une chance pour la France". De même que les sujets les plus polémiques comme l'islamisation des banlieues, les inquiètent fortement. De façon générale, sur le plan sociétal, nous sommes au contact de la France profonde et attachée à elle-même en tant qu'ère culturelle et même civilisationnelle. A ce titre, les gauchistes qui jetaient leurs fatwas sur le mouvement dès les premières journées de mobilisation, ont bien raison de penser que sur le terrain idéologique, et pour le moins sociétal, les Gilets Jaunes ne les suivront pas. C'est absolument certain. Cependant, les identitaires en seront pour leurs frais eux aussi. La majorité des Gilets Jaunes se sent Française et non pas "européenne". La question des origines ethniques de chacun les indiffère. C'est bien l'attachement à notre Culture, nos repères et valeurs laïques hérités de notre Histoire qui prédomine. Nombreux sont les Gilets Jaunes qui me disaient se désoler de ne pas voir plus de Français issus des fameuses "minorités" nous rejoindre. Les mêmes qui n'hésitaient pas dans d'autres discussions, à s'insurger sur les questions migratoires ou d'islamisation de la Société. Rappelons que la France est un pays ouvert sur la Méditerranée et l'Atlantique, que nous sommes le fruit d'une longue série d'invasions, et que notre passé colonial nous a toujours obligé à une certaine ouverture sur le Monde. Certains ne voient en notre Histoire que ses accents les plus sombres, sans jamais comprendre que ce qui a fait notre malheur, a aussi contribué à forgé une Culture universaliste plus qu'ancrée dans notre inconscient collectif. Nous sommes certes attachés à un ensemble de repères et de valeurs, mais la France profonde, même lorsque c'est le franchouillard un peu gras qui s'exprime en suscitant des hoquets d'indignation aux bien-pensants, n'est pas raciste. Derrière les apparences, il y'a un fond social et culturel qu'il s'agit de bien comprendre. Ce que les bobos des grandes villes ne parviendront jamais à saisir.
Par ailleurs, si l'on considère que l'extrême droite est capitaliste jusqu'à la rognure d'ongle, volontiers paternaliste, réactionnaire et peu intéressée par les questions sociales et écologiques (sans même évoquer son goût immodéré pour l'autoritarisme), alors à n'en pas douter, elle n'est pas plus capable que l'extrême gauche d'intéresser les Gilets Jaunes. Les aspirations démocratiques, sociales et écologiques sont très fortes, et c'est ici que "la droite à papa" échoue à son tour.
Les Gilets Jaunes des Ronds-Points et les Gilets Jaunes des villes.
Si chaque Samedi, les Gilets Jaunes se mobilisent en grande majorité dans les centre-villes des grandes agglomérations, il y'a bien deux sociologies qui s'incarnent dans le mouvement. Sur les ronds-points, c'est précisément le Gilet Jaune des campagnes qui vient partager du temps avec ses camarades. Quand certains préfèrent "la réunionite" dans des salles municipales ou privées pour refaire le monde et définir l'agenda des événements sur lesquels se mobiliser, sur les Ronds-Points, c'est d'avantage des gens peux intéressés par ces discussions sempiternelles ; des citoyens peux politisés, mais aspirant à un peu de chaleur humaine en plus de donner de la visibilité au mouvement. Le Gilet Jaune des rond-points est typiquement ce Français moyen des campagnes, qui sous des apparences de jovialité ou au contraire une certaine placidité, est en fait le plus révolutionnaire qui soit. Lorsqu'on évoque sur les rond-points la destitution de Macron, il ne se trouve personne ou presque pour contester cette logique implacable. Le bon sens politique réside bien ici. Et nous avons à faire à des gens absolument déterminés, de toutes tranches d'âge et tous sexes confondus. La majorité sont tout de même des personnes ayant atteint un âge de maturité. Autre réalité notable : certains parmi eux s'estiment à l'abri du besoin. Mais ils sont terriblement inquiets pour leurs enfants ou petits-enfants.
Dans les villes, nous retrouverons à peu près le même profil s'agissant des personnes venant des quartiers populaires, mais elles seront mêlées à d'autres profils plus politisés. D'une part, il y'a les militants d'extrême gauche qui ont donc opéré leur infiltration du mouvement, mais aussi un grand nombre de militants et activistes plus indépendants. Et la question de la destitution de Macron restera approuvée par une large majorité là-aussi, avec cependant un peu plus de retenue pour les personnes souhaitant réduire nos revendications à des questions sociales ou écologiques. Ces derniers sont des militants politiques et utilisent le mouvement comme une caisse de résonance à leur propre cause. Ce ne sont pas exactement des révolutionnaires pour nombre d'entre eux, puisqu'ils intellectualisent le processus insurrectionnel en cours, et attendent du gouvernement une série de gestes. Ils légitiment par conséquent ce gouvernement rejeté par la majorité, en attendant de lui des réformes particulières. Notons d'ailleurs que "les figures médiatiques des Gilets Jaunes", participent pleinement de ce manque de clarté s'agissant de la révocation de l'usurpateur actuellement aux commandes de la France.
La région parisienne a mis un certain temps à se soulever de son propre côté. Si certes, de nombreux banlieusards se sont adjoints aux cortèges sur Paris dès le début du mouvement, la majorité des manifestants venaient de province. A partir de fin décembre 2018, les choses ont commencé à bouger. Là encore, l'extrême gauche a tenté de noyauter le mouvement, mais ce sont des cellules d'activistes plus indépendants et expérimentés qui ont finalement réussi à avoir l'ascendant, notamment avec les Gilets Jaunes Constituants. Aujourd'hui, dans la plupart des grandes villes de France, y compris Paris, l'extrême gauche n'est plus en odeur de sainteté. Ses tentatives d'imposer ses revendications propres ont fini par exaspérer des réseaux militants qui avaient bien compris le caractère fortement populaire du mouvement. Les tentatives d'adjoindre des associations communautaires et autres officines tribales ont fait choux blanc. A l'heure actuelle, la plupart des personnes d'extrême gauche qui ont tenté ce noyautage, reconnaissent elles-mêmes avoir échoué dans leur entreprise. Leur dernière carte est tentée avec la fameuse "convergence des luttes". Bien sûr la totalité des Gilets Jaunes voit d'un bon œil l'appel à la grève générale pour le 5 décembre prochain, mais ne porte pas plus en estime les syndicats et officines de gauche tentant ces rapprochements.
Une stratégie opérationnelle restant encore à définir.
S'il me semblait essentiel d'analyser quelles sont les couches sociales qui incarnent le mouvement, c'est parce que l'on y retrouve à la fois les faiblesses et la force de notre insurrection. Rappelons donc que le mouvement est d'abord issu des campagnes. Et encore une fois, ce n'est pas de bon sens ni de courage que l'on manque le plus chez ces gens qui sont particulièrement ancrés à la terre. Durant les premiers mois, la logique opérationnelle était la bonne. Il s'agissait de bloquer ni plus ni moins l'économie du pays, en visant les dépôts de carburant, les entrées des centres commerciaux, ainsi que les axes routiers les plus importants. Le problème étant que la majorité des Gilets Jaunes, n'était alors pas encore rodée au militantisme. Tous se sont formés sur le tas, et ont appris de leurs expériences réussies ou au contraire celles qui n'ont pas fonctionné. La mobilité qui était la notre lorsqu'il s'agissait d'occuper des infrastructures stratégiques, mettait à rude épreuve les dispositifs policiers sensés contenir nos rassemblements. Ainsi, je me souviens que sur le Pont d'Aquitaine ou encore sur le Péage de Virsac, la logique de confrontation était évitée autant que faire se peut par le plus grand nombre. Sitôt qu'un ordre d'intervention émanait de la préfecture, les Gilets Jaunes se déplaçaient immédiatement sur une autre position, obligeant ainsi les forces de l'ordre à se redéployer constamment. C'était un habile jeu du chat et de la souris, et d'ailleurs, cela suscitait un certain respect et un début de dialogue très encourageant entre les Gilets Jaunes et les forces régaliennes de l'Etat.
Puis l'extrême gauche a commencé son infiltration en aboyant son idéologie en plus d'imposer ses modes opératoires. Des manifestations dans les centre-villes ont définitivement remplacé les occupations de spots plus stratégiques, et elles se devaient d'être sauvages (non déclarées) et passant par des itinéraires sans intérêt particulier. C'est aussi à ce moment que les premières "chasses à l'infiltration de l'extrême droite" ont commencé de la part de militants dits "antifas". Par ailleurs, on a mis en exergue le culte de "l'horizontalité", pour s'assurer que les militants les plus expérimentés pouvant proposer des opérations plus ciblées, soient marginalisées. Au prétexte d'éviter des chefferies, les quelques personnes ayant tenté un temps soit peu de coordination, de prévention procédurale ou encore d'actions relativement pertinentes, ont eu toutes les difficultés du monde à pouvoir se faire entendre. Les "figures des Gilets Jaunes" choisies à dessein par les médias pour leur inoffensivité opérationnelle et idéologique, ont plus que participé à ce manque d'organisation révolutionnaire en nous appelant à chaque fois à manifester dans les centre-villes.
A l'approche de l'été, le mouvement a fortement réduit en puissance du fait des nombreux blessés dans nos rangs, et de notre incapacité à mettre en déroute le gouvernement. Cependant, il était convenu tacitement que l'automne 2019 serait une forme de renaissance, et c'est bien ce qui est en cours en ce moment.
Bien sûr, et pour ne pas changer, les mêmes bobos des villes continuent d'insister en organisant des cortèges sans aucun intérêt tactique. Ainsi, à l'heure où je publie ce billet, deux cortèges étaient organisés sur Paris, sur des secteurs qui n'ont pas lieu d'inquiéter le pouvoir. En revanche, il a été parfaitement admis par la majorité des Gilets Jaunes, que le discours imbécile et pré-pubère visant à organiser des manifs sauvages, n'avait qu'une seule conséquence inévitable : une répression automatique des forces de l'ordre sur les manifestants. La logique de la déclaration, c'est à dire un certain zèle procédurier pour prévenir autant que faire se peut la répression gouvernementale, est désormais bien comprise et partagée par la majorité d'entre nous.
Par ailleurs je me félicite à titre personnel, de constater sur les réseaux sociaux, que la nécessité de reprendre le contrôle des médias devient de plus en plus partagée. C'est désormais un bruit qui court, une rumeur qui s'étend, et je ne doute pas que cela deviendra à un moment ou un autre, une logique opérationnelle bien comprise par la majorité des Gilets Jaunes.
C'est donc ici que je me dois de rappeler les critères politiques et opérationnels qui nous permettront de remporter la bataille définitivement...
ACTE II DE LA RÉVOLUTION : OCCUPER LES CENTRES DE POUVOIR
Une Révolution est dans sa définition la plus courte, le renversement d'une tyrannie au pouvoir par une minorité agissante. Il y'a donc des critères à la fois opérationnels et politiques à bien circonscrire.
Sur le plan politique, la seule revendication unitaire qui doit être mise en exergue, est la volonté de renverser le chef d'Etat contesté (ainsi que son gouvernement). Toutes les autres revendications, aussi consensuelles qu'elles puissent être, doivent être provisoirement mises sous le tapis. Elles ne pourront réapparaître qu'au moment où Emmanuel Macron et ses sbires, seront en situation de quitter les mandats qu'ils occupent illégalement. Pour le moment, le peuple, les journalistes, les parlementaires, l'Armée, la Justice et même les ambassades étrangères, ne doivent entendre qu'un seul mot d'ordre :
Macron, dégage !
Cette revendication fragilise très sérieusement ce dernier, mais aussi tous ses soutiens. Mais elle appelle par ailleurs à une autre logique politique, pour ne pas dire judiciaire :
Il nous faut faire valoir le caractère illégal de son maintien au pouvoir. Non pas sur des critères politiques, mais bien sur des motifs juridiques. Si à mes yeux, l'affaire Alstom est notre meilleur point d'achoppement judiciaire pour justifier que ce type occupe illégalement le mandat présidentiel, d'autres affaires sont des angles d'attaque qu'il nous faut saisir. Tout d'abord et c'est ce qui fera sens immédiatement pour la majorité des Gilets Jaunes, il est bien responsable de la répression sanglante des Français qui se battent actuellement contre lui. Mais d'autres affaires plus géopolitiques méritent notre intérêt, notamment sur son implication dans le conflit syrien. Que ce soit par le financement du terrorisme à l'époque où il était ministre de l'économie sous Hollande (ce qui implique aussi Hollande évidemment), mais aussi, lorsqu'il a pris seul la décision de faire écraser des missiles sur la Syrie, le 13 Avril 2018, en violation complète de notre Constitution (la déclaration de guerre exige l'autorisation du parlement), mais aussi en violation du droit international. Ces faits sont qualifiés de "crime d'agression" par les statuts du Tribunal Pénal International, dont la France est signataire. Le Président de la République ayant l'obligation de se conformer aux traités ratifiés et n'ayant aucunement le droit d'atteindre à la Liberté d'aucun peuple, Macron a donc bien agi comme un vulgaire criminel, ce qu'il est de toute façon.
Une fois les motifs juridiques établis permettant de justifier notre volonté de le destituer, reste la question opérationnelle à proprement parler.
Rappelons d'abord que toutes les Révolutions aboutissent à l'éviction de la tyrannie contestée, UNIQUEMENT lorsque les armées du pays, prennent le parti des révolutionnaires. C'est une constante en philosophie du Droit et dans l'Histoire.
Donc, il faut appeler les Armées à ne plus reconnaître le commandement de l'usurpateur au pouvoir, et comme nous nous adressons à une institution très conservatrice par nature, il est inutile d'attendre de cette dernière, qu'elle reconnaisse une autorité politique qui ne serait pas prévue par les dispositions constitutionnelles en vigueur, lorsque la vacance de la présidence de la République est constatée. A ce titre, l'article 7 de notre Constitution est très clair, c'est le Président du Sénat (Gérard Larcher) qui est appelé à reprendre la main, si nous évinçons Macron. L'Armée elle-même ne reprendra pas le pouvoir, mais ne se soulagera de cette difficulté de commandement et de légitimité, qu'au-travers du droit constitutionnel existant. C'est important de le comprendre, car cela définit aussi toute la stratégie politique et opérationnelle qui en découle.
Donc, il faut appeler les Armées à ne plus reconnaître le commandement de l'usurpateur au pouvoir, et comme nous nous adressons à une institution très conservatrice par nature, il est inutile d'attendre de cette dernière, qu'elle reconnaisse une autorité politique qui ne serait pas prévue par les dispositions constitutionnelles en vigueur, lorsque la vacance de la présidence de la République est constatée. A ce titre, l'article 7 de notre Constitution est très clair, c'est le Président du Sénat (Gérard Larcher) qui est appelé à reprendre la main, si nous évinçons Macron. L'Armée elle-même ne reprendra pas le pouvoir, mais ne se soulagera de cette difficulté de commandement et de légitimité, qu'au-travers du droit constitutionnel existant. C'est important de le comprendre, car cela définit aussi toute la stratégie politique et opérationnelle qui en découle.
S'il faut donc appeler les Armées à ne plus reconnaître l'autorité d'Emmanuel Macron, nous devons donc nous assurer que ce message lui soit parfaitement audible. Ce qui signifie sur l'angle opérationnel, trois cibles stratégiques :
1) LES MÉDIAS (PUBLICS)
Si nous devons occuper une institution de pouvoir ayant la prééminence sur toutes les autres à l'ère de la communication, alors commençons en premier lieu par déverrouiller la censure et la propagande médiatique, en particulier sur les canaux audio-visuels publics. Tout simplement parce que nous sommes légitimes à exiger des médias que nous finançons avec nos impôts, qu'ils nous laissent diffuser les informations politiques que nous considérons comme minorées, voire censurées. Les médias privés font ce qu'ils veulent, ils ont bien une liberté éditoriale, mais tel n'est pas le cas du Groupe Radio-France ou encore de France Télévisions. Ces médias nous appartiennent, nous nous devons donc de les occuper, jusqu'à ce qu'ils nous laissent prendre l'antenne pour délivrer notre message. Et la première chose que nous devrons expliquer aux Français, c'est d'abord le fait que Macron est bel et bien un criminel. Nous devons absolument justifier qu'il est illégitime à occuper les fonctions qui sont pour le moment les siennes. La seconde chose que nous devons absolument faire entendre dans tous les auto-radios des Français, c'est un appel aux Armées à renverser Emmanuel Macron, et à reconnaître l'autorité du Président du Sénat, en tant que Président de la République par intérim. C'est une nécessité incompressible si l'on veut faire aboutir notre Révolution. Aucun militaire ne doit ignorer cet appel à leur soutien. Enfin, et bien évidemment, la logique de reprise de contrôle d'au moins un canal audiovisuel public, doit nous permettre d'avancer nos pions politiques, que ce soit sur nos revendications plus générales (comme par exemple le RIC), mais aussi la constitution d'un Gouvernement Provisoire. Et parmi les membres de ce gouvernement à constituer, les ministrables les plus urgents à plébisciter, sont respectivement :
- Le Ministre de la Défense
- Le Ministre des Affaires Etrangères
- Le Ministre de l'Intérieur
- Le Garde des Sceaux.
- Le Ministre de la Défense
- Le Ministre des Affaires Etrangères
- Le Ministre de l'Intérieur
- Le Garde des Sceaux.
Il nous faut donc à minima, des porte-paroles clairement plébiscités, approuvés et soutenus fermement par les Gilets Jaunes, pour interagir avec nos Armées, les ambassades étrangères, les préfectures et notre appareil judiciaire. Bien entendu, rien ne nous empêche de songer aux autres portefeuilles ministériels, mais si nous devons prioriser nos premières réflexions sur un gouvernement à constituer, nous devons d'abord raisonner sur des acteurs pouvant parler en notre nom avec les institutions les plus régaliennes de l'Etat, mais aussi avec les chancelleries étrangères.
Notons à ce stade, que si la Constitution est très claire sur l'intérim présidentielle, elle ne dit strictement rien sur la question du Gouvernement. Voila pourquoi si nous réussissons à renverser Emmanuel Macron et son Gouvernement, le rapport de force nous sera suffisamment favorable pour que nous puissions imposer un gouvernement provisoire à Gérard Larcher. Ce dernier aurait en effet tout à perdre à maintenir le gouvernement actuel dans ses fonctions ou à nommer lui-même ses ministres. Son but personnel, sera de se sortir dignement d'une telle crise, alors que tout autour de lui, une purge politique absolument prodigieuse sera en cours.
2) LE PARLEMENT
Observez toutes les révolutions actuelles et passées, vous noterez qu'à chaque fois, les parlements nationaux ont été occupés. Et ça n'est pas sans raison, le Parlement est sensé incarner un contre-pouvoir au gouvernement. Et c'est d'ailleurs pleinement le cas pour la France. Nos députés et sénateurs peuvent tout à fait renverser Emmanuel Macron au terme d'une procédure régulière de destitution. Evidemment, cela ne se fera pas sans un bon coup de pression populaire. La majorité des députés et sénateurs étant totalement corrompus et inféodés au Régime actuel. Mais rien ne nous empêche d'effrayer très clairement nos députés, en occupant quotidiennement le Palais Bourbon. Il n'y a rien à leur demander, nous EXIGEONS.
3) L’ARMÉE
Si notre attitude avec les médias et le parlement doit être très clairement offensive et sans compromission, la question est autrement plus délicate s'agissant de notre relation aux Armées. Nous pouvons toutefois occuper les parkings des régiments et remettre des courriers et pétitions appelant les chefs de corps à ne plus reconnaître l'autorité d'Emmanuel Macron, C'est ce que nous avons fait sur la base soutien et matériel de Neuvy Pailloux dans l'Indre, et je ne peux mieux illustrer la méthodologie que par un reportage de France 3, qui avait relayé notre action :
Dans tous les cas, quelles que soient les sites occupés, qu'ils soient militaires ou civils, il est essentiel pour nous de respecter des principes de civilité. Chaque fois que cela est possible, nous déclarons en préfecture tout ce que nous entreprenons. Toute personne qui se montre agressive avec les forces de l'ordre, nous fera courir des risques inutiles, et doit donc être écartée nos rassemblements. Nous devons toujours prévoir une délégation pour nous entretenir avec les institutions visitées.
Une Révolution est un retour à une égalité face à la loi entre les citoyens et les puissants. C'est d'une certaine façon, l'exigence la restauration de l'état de droit. Macron est un criminel, mais ça n'est pas notre cas. Nous devons le justifier dans notre propre façon de respecter la loi, et donc dans notre attitude en général, durant nos rassemblements. La pression que nous souhaitons exercer auprès des institutions ne nécessite nullement des violences ou provocations imbéciles. Elle nécessite trois ingrédients essentiels : Une détermination sans faille, une occupation constante (nous revenons tous les jours sur les lieux d'occupation), des foules nombreuses.
Bien sûr, d'autres actions peuvent compléter celles que je préconise ici, et d'ailleurs, je me borne à évoquer celles qui s'inscrivent dans des logiques d'occupation où les grandes foules sont nécessaires. Mais je pense que conclure ici sur ces trois modalités opérationnelles, est la meilleure façon de définir une stratégie d'ensemble qui puisse être retenue par le plus grand nombre.
Je ne puis que terminer cet article par un appel à nous rejoindre le 9 Novembre prochain, sous les fenêtres du groupe TF1 à Boulogne-Billancourt, où nous débuterons un cortège qui nous mènera devant les studios de BFM Télévisions, France Télévisions, avant un rassemblement final devant la Maison de la Radio.
Je ne puis que terminer cet article par un appel à nous rejoindre le 9 Novembre prochain, sous les fenêtres du groupe TF1 à Boulogne-Billancourt, où nous débuterons un cortège qui nous mènera devant les studios de BFM Télévisions, France Télévisions, avant un rassemblement final devant la Maison de la Radio.
En espérant vous voir nombreux avec nous à cette date.
Mes amitiés résistantes à tous.
Ah mon cher Sylvain, que c'est compliqué, parce que tout simplement "lémédia" s'ingénient à brouiller les pistes. Il faut dire qu'eux-mêmes ne peuvent pas comprendre, ne veulent pas comprendre. Les GJ c'est la France tout court, dans sa diversité. Pour des pisse-copies convaincus de la prééminence de l'union européenne, cela fait tache. Encore parlé-je des journalistes "ordinaires", car j'ai eu l'occasion plusieurs fois, sur le site du Libé d'il y a quinze ans, de me frotter fortement avec un certain Jean Quatremer : pour trouver l'équivalent il faut voir du côté de Zuckerberg, c'est tout dire !
RépondreSupprimer.
La stratégie pour gagner avec les Gilets Jaunes ? Déjà, et ce n'est pas simple, s'entendre partout sur une plateforme peut-être simple, mais claire. La première exigence, bien entendu, est de faire chuter les gouvernants actuels (dont le "président" qui normalement ne gouverne pas justement), et de mettre en route une Constituante ET le RIC qui sont les piliers de l'avenir. En attendant il serait nécessaire d'avoir tout prêt une sorte de Comité de Salut public composé de quelques figures élues rapidement, et de techniciens n'ayant pas le pouvoir de décision. Après, ce sera à la Constituante de plancher, sur des propositions comme la mienne :
https://ti1ca.com/56erqvle-2019-10-16-constit-a-modif-2019-10-16-constit-a-modif.pdf.html
Le moyen d'en arriver là ? Je ne vois guère que la grève générale, de toutes les composantes du Peuple à la fois. En passant pardessus les confédérations syndicales, qui par intérêt n'en veulent pas. Je me souviens trop de la façon dont elles ont tué mai 68, qui avait commencé à Nantes chez les ouvriers de Sud-Aviation dès le mois d'avril.
Continuons-les-combats, car ils sont multiples (j'ai plusieurs fers au feu moi aussi)
JC
Très pertinente analyse du mouvement ! Tu apportes les solutions que je partage complètement. NB
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