Il me faut écrire : je ne le sens que trop bien. Je crois pourtant avoir tout dit sans que cela ne puisse tarir ma colère. Je pourrais tout à fait reprendre mes sources et publications, les accommoder à l’humeur de l’actualité pour faire démonstration de la pertinence de mes analyses et propositions, et ensuite ? N’est-ce pas une forme de radoterie de vieux gâteux que de répéter sous d’autres formes et avec quelques exemples nouveaux la même chose depuis des années ? Il me faut donc traquer le sujet inabordé. Celui qui aurait de la pertinence, la fraîcheur de l’inattendu, la possibilité de mettre de l’huile dans les rouages de mon esprit saturé d’informations autant que de désillusions.
Car, je n’écris jamais pour les autres à l'égal de certains écrivains et artistes prétendant faire part d'un certain altruisme dans leur propre discipline. J’écris pour moi-même. Pour me vider de ce que je sais, de ce que je ressens et perçois comme solutions à un problème donné. Et pour ne rien vous cacher, ce début de texte illustre parfaitement ce qu’est le syndrome de la page blanche pour un écrivain. Il n’y a toujours pas de sujet, je me contente d’exulter ce qui me passe par la tête. L’inspiration vient en écrivant.
Voyons donc dans ma besace ce qui peut traîner : La démocratie ? Trop vaste pour un billet de blog et pas encore tout à fait le moment d’en parler, sauf peut-être dans un prochain livre. La guerre en Ukraine, l’Union européenne, l’écologie, la monnaie et la géopolitique ? Ce sont justement les thématiques sur lesquelles je n’ai cessé de me répandre en long, en large et en travers. Non ! Il me faut quelque chose d’autre !
Peut-être, comme me le suggère ma compagne et quelques camarades, rédiger une réponse aux textes existant sur la toile visant à me souiller et me faire passer pour le dernier des extrémistes ? Rétablir mon honneur, ma vérité ? C’est donner bien trop d’importance aux cons que de se justifier quant à leurs saloperies dites sur mon compte. Tiens, voila, je suis grossier ! Quelle horreur ! Voilà que je gâche ma prose ! Mais pourquoi donc ? Peut-être parce que les termes considérés comme « vulgaires » sont pour moi de merveilleux mots à utiliser en certaines circonstances. Ils sentent le souffre, ils traduisent un ressenti profond et font partie de cette langue française que je chéris dans ses moindres nuances. Oui la vulgarité a du bon ! Qui voudrait abolir nos jurons ordinaires alors qu’ils soulagent notre agacement au quotidien ? Pardonnez moi de ne point vouloir me départir de ces mots : je les considère indispensables à mon esprit bouillant et volontiers provocateur. Vous devrez vous y faire. Réfléchissons encore… Il y a bien quelques thématiques rangées dans de petites boites qu’il faudra sortir d’un tiroir de la vieille commode planquée au fond du grenier : L’abstraction des lois, une explication sur la servilité des masses, le rapport entre la spiritualité et la politique, le tribalisme voire le sectarisme de certaines officines politiques, l’entre-soi débilitant des militants… En voila des sujets de niche sur lesquels je pourrais aisément m’épancher. Mais je n’ai pas le cœur à cela.
Allons bon, me direz vous, voila que ce coquin publie un texte qui ne parle de rien et nous entraîne dans son esprit torturé sans que cela nous mène quelque part ! Se peut-il que je me moque de vous ? Non, j’écris pour moi, je vous l’ai dit plus haut ! C’est bien vous qui êtes assez sots pour me lire encore à ce stade, alors que manifestement, je souffre en ce moment même du syndrome de la page blanche ! Vous espériez le bon mot ? Une information jamais lue ailleurs ? Une quelconque fulgurance intellectuelle ? Vous resterez sur votre fin, autant vous le signifier : je n’ai décidément strictement rien à raconter ce soir ! Alors quittez donc cette page, vous ne pourrez que vous ennuyer. Je fais actuellement ma psychothérapie ordinaire et vous voila, en voyeurs patentés, en train de lire mes divagations comme l’on regarde une belle femme se déshabiller. Certains me répondront que c’est pourtant bien moi qui fait preuve d’impudeur en publiant un tel texte. Vous n’êtes pas responsable de mon exhibitionnisme ! Vous ne faisiez que passer après tout ! Oui, mais vous êtes encore là et c’est bien la preuve que vous faites preuve, vous aussi, d’un peu de perversité. Nous serons donc quittes sur ce point.
Alors qu’est-ce qu’il me reste ? Une foutue page blanche, c’est certain, mais encore ? Parler de ce que j’aime bien ou de mes rêves les plus inaccessibles ? Si vous saviez à quel point ils revêtissent tous les atours de la banalité. Alors soyons extravaguant et donnons du « moi, président » pour dérouler le fantastique projet politique que j’ai pour la France. Tiens, voila un sujet ! Pas le programme, on s’en fiche, à quelques nuances près, il ressemble au votre. Est-ce que ça me plairait d’être Président de la République ? Après tout, depuis le temps que je me bats pour mes idéaux, si le mandat me tombait dessus au hasard d’une révolution qui m’aurait dépassé, est-ce que j’aurais la prétention d’accepter le poste ? Bon dieu de merde que oui ! Plutôt deux fois qu’une ! Parce que je rêve de pouvoir, de consécration, de creuser mon trou dans l’Histoire ? Que nenni ! Après des années d’impuissance politique, si on me laisse la possibilité de tout changer, bien sur que je le fais ! Mais je suis certain que je vivrais cela comme une souffrance quotidienne plutôt qu’une absolution. Imaginez ! Toutes mes radicalités et mes colères que je devrais tempérer tant vis-à-vis de certains pays étrangers qu’à l’intérieur même de la nation. Toutes ces réformes que j’aurais en tête et qui n’auraient aucune chance de trouver un soutien populaire même parmi les miens. Et puis les coups tordus, les perdants de la Révolution devenus une opposition cherchant à me renverser, les moments de doute tétanisants au moment de trancher un problème compliqué, les promesses dont je me rendrais compte qu’elles sont impossibles à tenir pour des raisons qui m’échappaient encore du temps de mon activisme politique… Qui peut considérer le poste comme agréable à occuper ? Et puis, moi qui chérit tant ma tranquillité, je n’aurais plus la possibilité de demeurer un illustre inconnu qui se félicite d’être ignoré du commun des mortels. Alors oui, je ne ferais pas preuve de fausse modestie en tortillant du cul comme si je me sentais incapable ou ne désirais pas accéder à la fonction suprême, mais je ne trouverais aucune consécration ou valorisation personnelle à diriger mon propre pays. Je prendrais simplement mes responsabilités.
Et si ça n’était « qu’un » poste de ministre, lequel je prendrais ? L’intérieur, assurément ! En réalité, le plus savoureux (et difficile) serait les affaires étrangères, mais celui où je vois mille possibilités de déployer une certaine idée de la démocratie et du caractère protecteur de l’État, c’est bien le ministère de l’intérieur. Et quel genre de ministre ou président je serais dans ce cas ? Un peu rigide et froid l’essentiel du temps, volontiers taquin avec les journalistes lorsqu’ils oseraient émettre une question ou opinion que je trouverais stupide, autoritaire auprès de mes subalternes, c’est certain, mais tout de même à l’écoute de la population et de mes contradicteurs (surtout ces derniers) pour peser au mieux mes politiques publiques. Et au nom de quoi serais-je apte à prétendre à de si hautes fonctions ? Je ne suis ni un Pic de Mirandole, ni la quintessence de l’intelligence faite Homme mais je ne suis pas le dernier des crétins non plus. Et puis lorsque je constate le niveau actuel de notre représentation politique, je ne peux qu’être rassuré sur les risques que je ferais peser sur la France au regard de mes propres capacités. Chaque fois que je doute de moi, il me suffit d’écouter Aurore Bergé ou Emmanuel Macron, lui-même, pour me dire que je suis en fait un type merveilleusement intelligent. Alors qu’en réalité, je suis sans doute légèrement au-dessus de « la moyenne », mais très loin de pouvoir me comparer à des immensités intellectuelles. Quand on est représenté par des débiles mentaux, même le plus « moyen » des Français peut s’estimer capable de faire mieux que cette horde de guignols.
Bon, sinon, cette page blanche, cela avance ? Toujours pas en vérité ! Je digresse déjà sur une absence de sujet de fond mais rien de plus ne me vient, sauf l’idée qu’il serait sage de laisser les choses en suspens et revenir à mon clavier lorsque j’aurais enfin quelque chose à raconter. Z’auriez pas un sujet M’sieur, dame ? Je voudrais pas vous faire l’aumône de quelques inspirations, mais toutes mes muses s’en sont allées. Très sérieusement ! Offrez moi le sujet inattendu pour que je m’épanche en bourrinant mon clavier jusqu’au point final de ma réflexion, et vous contribuerez à soulager ma conscience d’un non-dit auquel je n’avais pas encore pensé. Je peux pour le moins m’estimer satisfait, voila deux pages de noircies, même pour ne rien dire de substantiel, mais je suis parvenu à faire la nique à cette salope de page blanche. Je l’ai vaincue la diablesse ! Il suffisait de se laisser aller. Jusqu’au prochain sujet. A votre bon cœur messieurs, dames, vous serez peut-être la cause de ma prochaine publication ! Vous n’aurez que des mots en remerciements, je n’ai pas autre chose à vous offrir. Enfin pour le moment...
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