samedi 18 décembre 2021

Romain Nadal ou l'itinéraire d'un traître ordinaire

La lettre qui suit devait être initialement remise au magistrat qui a eu prononcé une peine de 400 € d'amende contre moi le 16 décembre dernier, pour des faits d'outrage à personne dépositaire de l'autorité publique. Faits que je reconnais pleinement. Le juge en question a refusé de se saisir de la lettre que je lui tendais, mais je tiens à ce que M. Nadal n'en voit pas pour autant son honneur rétabli par simple décision de justice. Un traître est un traître, et l'ambassadeur français au Vénézuela agit bien en félon. C'est ce que nous allons voir dans les lignes suivantes :

Monsieur le Juge,

Je souhaite vous faire parvenir dans l'affaire qui m'oppose à M. Romain Nadal, mes propres considérations, en espérant que, sans qu'elles remettent en cause la condamnation à laquelle je m'expose, elles puissent vous permettre de mieux appréhender les causes du litige qui m'oppose à cet individu. Il convient auparavant de nous intéresser un peu à ce qui passe au Venezuela, car il me serait impossible de circonstancier mes explications sans cela.


Le 23 janvier 2019, M. Juan Guaido s’auto-proclamme Président de la République bolivarienne du Venezuela, amorçant ainsi une tentative de putsch institutionnel. Il est alors Président de l'Assemblée nationale dans son pays. Cette tentative de putsch sera manquée. D'énormes manifestations de soutien au gouvernement s'organisent pour empêcher cette prise de pouvoir, largement soutenue par les USA, dont nous connaissons les propensions à s'ingérer dans les affaires intérieures des nations au gré de leurs intérêts, voire leur déclarer des guerres illégales.

Bien que cette tentative de putsch, avec le soutien d'une puissance étrangère, puisse être apparentée à un crime de trahison ; pour ne pas avoir à supporter des pressions étasuniennes plus prégnantes, les autorités vénézuéliennes n'engageront aucune poursuite contre Juan Guaido.

Quelques mois plus tôt, le 12 septembre 2019, le putschiste à la solde des intérêts américains, Juan Guaido, apparaissait sur un cliché en compagnie de Jhon Jairo Durán Contreras, alias « el Costeño » ou « el Menor », et d'Albeiro Lobo Quintero, alias « el Brother ». Tous deux sont des narcotrafiquants actuellement emprisonnés pour leurs crimes en Colombie. Ils sont affiliés au groupe paramilitaire Los Rastrojos.

Juan Guaido s'était rendu en Colombie avec le soutien de ce groupement criminel pour y aller chercher dit-il, de l'aide humanitaire, sachant que le Venezuela subit des embargos et une guerre monétaire de la part des USA afin de déstabiliser son économie et in fine son gouvernement.

Le procureur général du Venezuela Tarek William Saab a fait savoir que le gouvernement de Colombie, avec lequel Caracas entretient des relations exécrables, était au courant de ces liens entre Juan Guaido et "Los Rastrojos". Juan Guaido démentira pour sa part toute relation avec les cartels de drogue, même s'il ne trouve aucun problème à se faire assister de ces derniers pour passer la frontière entre le Venezuela et la Colombie discrètement.

En août 2019, Juan Guaidó avait chargé Juan José Rendón, un homme politique avec lequel il est en amitié, de constituer un « comité stratégique » afin de proposer différents scénarios permettant le renversement de Nicolas Maduro du pouvoir. M. Rendon, qui réside actuellement aux Etats-Unis d'Amérique, reconnaîtra plus tard que ce comité avait pris contact avec de nombreux groupes au sujet de la destitution par la force du président Maduro. Notamment, Jordan Goudreau, fondateur et propriétaire de Silvercorp USA qui proposait la capture et l'extraction de Maduro du Venezuela, le tout pour 212,9 millions de dollars. Rendón a signé un accord de représentation à Washington, DC au nom du gouvernement Guaidó avec Silvercorp le 16 octobre 2019. Un montant de 1,5 million de dollars américains a ensuite été exigé par Silvercorp afin de lancer « l'opération Résolution », le plan visant à supprimer Maduro, installer Guaidó en tant que président du Venezuela. Cependant, les représentants de Guaidó ont finalement rejeté la proposition de Goudreau. Ce qui n'empêcha pourtant pas Silvercorp d'exécuter un raid qui sera déjoué à Macuto Bay.

Après ce raid raté, l'équipe de Guaido a d'abord déclaré qu'elle n'avait « aucune relation avec aucune entreprise du secteur de la sécurité et de la défense », mais Rendón a admis plus tard qu'un « accord exploratoire » avec Silvercorp avait été signé visant à capturer des membres du gouvernement de Maduro.
Le 8 mai 2020, le procureur général vénézuélien Tarek William Saab a demandé l'extradition de Rendón des États-Unis, ainsi que le fondateur de Silvercorp USA Jordan Goudreau et le législateur vénézuélien en exil Sergio Vergara, pour la « conception, le financement et l'exécution » du plan de renversement. Il n'est donc nullement une thèse complotiste que de considérer que M. Guaido dispose du soutien des USA pour déstabiliser son propre pays.

C'est ici que M. Nadal, qui a déposé plainte contre moi, apparaît :

Le 14 février 2020 : M. Nadal accueille le putschiste Juan Guaido à l'aéroport de Caracas. Celui-ci revenant d'une tournée internationale l'ayant amené à cherché du soutien en Colombie, aux Etats-Unis et au Portugal en vue de déstabiliser les institutions de son propre pays, faute de disposer de suffisamment de soutien populaire en sa propre patrie à ces fins.

Romain Nadal accueillant Rafael Guaido 
à l'aéroport de Caracasle 12 février 2020

Le 5 mai de la même année, le gouvernement vénézuélien accuse M. Romain Nadal d'avoir utilisé les locaux de l'ambassade de France, pour accorder un refuge à Juan Guaido. Quand bien même un démenti sera publié par l'intéressé ainsi que par le Quai d'Orsay, ils ne fournissent nullement la preuve que cela n'est jamais advenu. D'autant qu'au vu des bonnes relations affichées par M. Nadal envers le putschiste, il n'y pas de raison de douter que les autorités vénézuéliennes viendraient à créer artificiellement une crise entre la France et leur pays sans que leurs services de renseignement n'aient d'informations valables à faire valoir. C'est littéralement parole contre parole, et j'ai autrement plus confiance aux accusations du gouvernement vénézuélien qu'au démenti de nos propres autorités qui n'ont aucun scrupule à mentir au peuple français en fonction des intérêts qu'ils souhaitent promouvoir.

Vu l'article 14 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 : « La République française, fidèle à ses traditions, se conforme aux règles du droit public international. Elle n'entreprendra aucune guerre dans des vues de conquête et n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple ».

Vu l'article 2 de la Charte des nations unies (et particulièrement ses alinéas 4 et 7) :

(4)Les Membres de l'Organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.

(7)Aucune disposition de la présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État ni n'oblige les Membres à soumettre des affaires de ce genre à une procédure de règlement aux termes de la présente Charte.

Vu l'article 41 des conventions de Vienne sur les relations diplomatiques : « Sans préjudice de leurs privilèges et immunités, toutes les personnes qui bénéficient de ces privilèges et immunités ont le devoir de respecter les lois et règlements de l’État accréditaire. Elles ont également le devoir de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de cet État ».

Mr Romain Nadal semble ignorer que le droit international public impose le principe de non ingérence dans les affaires intérieures d'un État tiers. Son comportement a ainsi altéré très sérieusement les relations entre le Venezuela et la France, au mépris de nos intérêts fondamentaux, de la promotion de la paix et de la bonne entente entre les nations. Par ailleurs, son alignement diplomatique aux considérations étasuniennes s'agissant du Venezuela, laisse à penser que M. Nadal, n'agit pas pour le compte de la France, mais bien au profit d'une puissance étrangère.

En tant que citoyen français, je refuse d'accorder toute légitimité ou autorité à quiconque se permet de créer des tensions inutiles entre la France et un État tiers, s'agissant des affaires intérieures de ce pays qui ne nous concernent pas. Ma colère était donc parfaitement sincère, légitime et toujours actuelle contre M. Nadal, qui a mon sens, peut être qualifié de traître au sens de l'article 411-5 du Code pénal, et devrait être pour le moins démis de ses fonctions.

Si bien entendu, la colère ne peut justifier quelques noms d'oiseaux envoyés à un tel félon, je reconnais ici ne rien regretter de mes actes, et admettre que conformément au droit, je sois donc passible d'une peine que votre Cour aura à définir à mon encontre. J'admets donc que les lois s'imposent à tous, à commencer par moi-même. Mais je relève que s'agissant d'un réel traître actuellement en poste à l'ambassade de France au Venezuela, les lois qui circonscrivent les relations internationales n'ont aucune prise sur ce dernier. « Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », dit la fable de La Fontaine. M. Nadal bénéficiant de toutes les immunités ainsi que le soutien d'un gouvernement français tout aussi traître à la patrie, il va de soi que l'égalité des Français face à la Loi n'est désormais plus qu'un mythe, et certainement pas une réalité objective et avérée. En l'absence d'autorité de contrôle ou d'une Justice indépendante et résolue à faire respecter nos engagements internationaux sur le principe de non ingérence dans les affaires intérieures des nations (on se rappelle le silence de cette dernière face aux crimes d'agression et de financement du terrorisme commis en Libye et en Syrie par messieurs Sarkozy, Hollande et Macron), il serait parfaitement hypocrite de s'étonner des crispations qui en découlent de la part de simples Français, soucieux de préserver le respect strict de l'auto-détermination des peuples, principe aujourd'hui nié pour le notre-propre puisque notre souveraineté a été déléguée à l'Union européenne sur tous les aspects stratégiques. De fait, je réaffirme ouvertement considérer que M. Nadal mérite sur le plan moral (à défaut des considérations légales) toutes les insultes d'un peuple qu'il méprise ouvertement, à savoir le notre.

Je précise n'avoir été qu'à peine soulagé dans ma rage en lui écrivant ce courriel, j'en conviens ordurier, et que je ne pourrais l'être pleinement que lorsque cet individu perdra toute accréditation à un poste d'ambassadeur ; sera légitimement traîné dans la boue par des journalistes aujourd'hui bien complaisants avec le pouvoir ; et qu'un gouvernement de transition en France, réhabilitera la peine d'indignité nationale pour s'assurer que les forfaitures commises par des hauts fonctionnaires et politiciens contre nos intérêts nationaux, soient dûment châtiées à leur tour. Je ne reconnais aucune qualité à cet individu pour représenter la France dans un quelconque pays. Je lui reconnais uniquement le statut d'agent étranger manœuvrant contre la France, en particulier contre ses bonnes relations avec des nations tierces. J'accepterais la peine que votre Cour jugera légitime à mon égard. Mais il est entendu que moralement, vous n'obtiendrez jamais le moins remord ou regret de ma part, quant aux faits qui me sont reprochés. Sauf si je devais apprendre que la Justice à la lumière des ingérences que M. Nadal a commises au Venezuela en violation de nos intérêts nationaux et du droit international, devait engager à son tour des poursuites contre lui, ou que le quai d'Orsay venait à prendre des mesures disciplinaires permettant son exclusion du corps diplomatique de la France. Ce qui évidemment n'adviendra jamais, au vu de la faiblesse de nos institutions.

Tant que des traîtres seront en poste à des niveaux élevés de notre appareil d’État, il me sera impossible de ne pas exulter en quelques occasions tout mon désespoir et ma colère associée, contre ces fripouilles qui jouissent de toutes les immunités. Ce n'est pas nécessairement la façon la plus intelligente que d'exprimer sa colère par des propos orduriers, mais je ne prétends pas être un homme intelligent. Juste un homme légitimement en colère, car aucun traître de ce pays (et M. Nadal en est assurément un) n'est inquiété précisément par la Justice.

Dans l'espoir que cette lettre permettra aux honorables magistrats qui auront à me juger de mieux comprendre ce qui a été le préalable aux faits qui me sont reprochés, veuillez recevoir Madame, Monsieur, l'assurance de ma considération.


Sylvain Baron

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