lundi 9 mars 2020

De l'Unité et de la Liberté d'expression dans nos luttes

Le 7 Mars dernier, alors que nous étions au pied du siège de CNEWS pour faire entendre aux journalistes présents, quelques rappels à leurs devoirs professionnels et éthiques, une passante, peut-être journaliste elle-même, vient converser quelques minutes avec nous. Elle me fait remarquer au bout d'un moment, que l'un de nos camarades porte un étendard comportant une fleur de Lys, haut symbole du Royaume de France, mais aussi de Souveraineté. A la grimace que cette dernière nous tend, je comprends qu'elle se sent heurtée par ce que ce symbole représente à ses yeux. De mon côté, je n'y avais pas fait attention jusque là.

Le camarade qui le porte s'appelle Aina. Un grand gaillard, noir de peau mais surtout haut en couleur. Il parle fort, a le sourire facile, résiste à nos côtés depuis de nombreuses années, et outre ses idées sur le royalisme, porte plutôt le cœur à droite. Oh pas dans le sens du Grand Capital, il serait même plutôt du genre à organiser la faillite des banquiers et tradeurs avec une joie non dissimulée. Mais il est plutôt conservateur, voila tout. M'estimant de mon côté relativement libertaire, je ne partage évidemment pas l'ensemble de ses convictions, mais je m'en fiche. Lui au moins est là à nos côtés, il sait tout comme moi qu'il est totalement vain de nous chamailler sur des questions idéologiques particulières tant que nous n'aurons pas implémenté la démocratie en France. Et puis ce n'est certainement pas le symbole du Lys qui est de nature à me chagriner. Je le trouve très beau pour ma part, et il raconte beaucoup de choses positives à mon propre imaginaire.

Cependant, je mesure au rictus de la jeune femme avec qui nous conversions, que ce drapeau ostensiblement érigé dans notre cortège, peut tout simplement heurter les convictions de gens plus ancrés à gauche de l'échiquier politique. Je pars donc voir Aina et lui explique la difficulté qu'il nous pose. Un autre camarade, indigné, m'interpelle en me demandant s'il faut maintenant cacher nos convictions particulières pour ne pas heurter les esprits les plus prudes. Aina se propose déjà de replier le drapeau, mais je lui fais signe de ne rien en faire. D'autant que l'autre camarade (dont je regrette avoir oublié le prénom) souffle une remarque tout à fait pertinente : A ses yeux, la réelle unité, c'est lorsque tout le monde peut ériger ses symboles, son emblème, ses convictions politiques particulières au sein d'un même cortège. Profondément, je suis d'accord avec cela. C'est même la garantie de pouvoir déstabiliser d'autant plus fortement un gouvernement contesté, que d'afficher ostensiblement l'ensemble de notre diversité idéologique et politique au sein d'un même rassemblement, et faire constater ce faisant, que loin de conduire à des heurts entre nous, cela dénote bien au contraire notre Unité sur ce qui relève de l'essentiel. En outre, le camarade qui porte un signe représentant une idéologie sur laquelle nous cultivons quelques préjugés, nous invite d'une certaine façon à engager la conversation et à en débattre avec lui. Pour le moins, j'ai toujours préféré me frotter à l'adversité qu'à un entre-soi réconfortant. Cependant, il y a une réalité que l'on ne peut feindre d'ignorer en France. Les ultras de chaque bord, et soyons honnêtes, plus encore ceux de l'extrême gauche, ne sont pas réputés pour leur ouverture d'esprit et leur sens de la tolérance. Si bien même que ces derniers font ostensiblement "la chasse à l'infiltration" dans les cortèges dans lesquels ils se mêlent. Si nos amis "antifas" et de "l'ultra gauche" de façon plus générale, se montraient bien moins sectaires et violents vis-à-vis des Français qui ne partagent pas leurs opinions particulières, et s'imposaient à minima une règle tacite d'une sage indifférence des symboles ou personnes qui les agacent et repérés au sein d'un même rassemblement, la discussion qu'il m'a été donné d'avoir avec Aina et notre autre camarade, n'aurait tout simplement pas eu lieu d'être. Mais conditionné à constater les dérives violentes de certains, et pour le moins, la mauvaise presse que l'on cherchera toujours à produire sur nos luttes par l'essentialisation et la diffamation, j'ai eu un mauvais réflexe : j'ai signifié à Aina que quelque part, il tendait bien plus qu'un drapeau, mais un bâton pour nous faire battre.

Au final, j'ai eu tort, j'aurais dû rester égal à moi-même et m'en foutre. Mais dix années à supporter la connerie ambiante, cela vous marque au fer rouge jusqu'à vous rendre inutilement prudent. Et quand on commence à tergiverser avec ses propres considérations éthiques sur la Démocratie, l'on se perd. 

Sur un tout autre sujet, mais pas si éloigné finalement, à de nombreuses reprises ces derniers jours, je me suis laissé entendre dire par certains commentateurs sur Internet, que "je suis incapable de fédérer". Et il est vrai que je suis moi-même enragé contre l'ultra gauche que je considère séditieuse et totalement dans la main des puissants. Je ne manque jamais de provoquer ceux qui s'en réclament, de même que je me montre très irascible avec les cons. Ces derniers étant ces idiots qui outre le fait qu'ils soient peu éduqués et encore moins raffinés dans leurs raisonnements intellectuels, se permettent en outre d'être malveillants. Je ne les aime pas, que voulez-vous, je n'y peux rien. J'ai beaucoup plus d'affinité pour les gens calmes, ouverts d'esprit, et qui placent les idées sur le grill d'un débat, plutôt que leurs messagers. J'aime les gens respectueux. Je ne supporte pas les sectaires, les religieux de tous poils, les partisans zélés, ainsi que les aboyeurs qui appellent aux violences et au désordre. Alors effectivement, fédérer ces gens là, je m'en sens bien incapable, et pire encore, leur haine m'indiffère quand elle n'est pas source de mon propre contentement. 

Mais il faut dire que celles et ceux qui versent volontiers dans l'éloge, créent aussi en moi un sentiment de gêne. Bien sûr, j'ai fini par apprendre à m'y accoutumer, et à remercier poliment. Mais j'ai toujours l'impression détestable que l'on m'apprécie trop ou que l'on me déteste, on passe à côté de l'essentiel : ce que je dis. Si seul le bon sens guidait la réflexion populaire, alors on attacherait bien peu d'importance à ma personne, mais on relèverait que la stratégie de combat que je défends depuis plusieurs années, est logique et même valable à expérimenter. Pas plus tard que durant notre dernier rassemblement, une dame d'origine Roumaine m'expliquait que la Révolution de 1989 qui avait entraîné la chute de Ceausescu, avait débuté par une prise de contrôle de la chaine de télévision publique nationale. Ce n'est donc pas comme si je défendais une idée singulière et bizarre. Mes propositions n'ont strictement rien d'original. Elles répondent d'une certaine logique opérationnelle pour des insurgés qui veulent renverser leur Tyrannie et reprendre le contrôle sur leur pays. Mais il parait que je dois fédérer pour drainer plus de monde autour de moi. A aucun moment, les commentateurs qui me font de telles suggestions, ne viendraient eux-mêmes aux rassemblements que j'organise, ou interpelleraient des intellectuels et notoriétés politiques pour les inviter à donner de la visibilité à nos initiatives. A mon sens, là est le cœur du problème. Je n'ai pas l'intention de me constituer une image sympathique et de communiquer constamment et sous les meilleurs formes, pour mieux fédérer autour de ma personne. L'affection de mes proches, l'amour d'une femme, d'une famille que je pourrais me constituer, voila qui me suffirait pour satisfaire à un vague désir de bien-être social et de reconnaissance. Et quand bien même je souhaiterais laisser de moi une empreinte plus marquante dans la petite comme dans la grande Histoire, il m'est bien inutile de jouer pour cela de ruses de politiciens. Je suis un homme qui écrit volontiers ma pensée. C'est donc gravé dans le marbre pour les siècles à venir, indépendamment que mes réflexions sur la démocratie ou la révolution, puissent trouver de mon vivant ou même après ma mort,  un large public pour s'y intéresser. A vrai dire, cela aussi je m'en fous. Je sais juste que c'est posé là, voila tout. 

Je veux rester cet homme qui s'indigne, s'énerve contre les cons, les vilipende et les provoque en espérant peut-être les faire réfléchir un peu. Pour rien au monde je ne souhaite être un grand fédérateur mesurant chacun de ses propos afin ne pas heurter les puristes d'une quelconque idéologie. Je ne veux pas passer de la pommade aux imbéciles qui s'effarouchent d'un mot trop subversif à leurs yeux, ni me montrer aimable avec les petits chatons qui se prennent pour des tigres. Je suis démocrate, c'est certain. J'accepte l'idée de perdre en démocratie. J'accepte qu'il y ait autour de moi des gens avec lesquels je ne partage aucune conviction commune. Mais vis-à-vis des hystériques de la bien-pensance et des fascisants de tous poils, je refuse de courber l'échine. Quitte à ne pas être ce grand fédérateur que tant de Français espèrent voir apparaître un jour. J'exige la tolérance et le respect. C'est ainsi que j'en donne en retour, assurément. Même le pire des gauchistes peut être certain que je le traiterais avec tous les égards et toutes les formes de politesse, s'il concède que mon opinion autant que ma personne ont le droit d'exister pour que nous puissions faire un Monde. On ne sera jamais d'accord, c'est certain, mais dès lors que l'on me traite avec respect et que nos querelles restent sanctuarisées aux idéaux, et non pas sur ce que je suis humainement, alors je suis sincèrement l'être le plus doux et affable du monde. Ceux qui me connaissent bien le savent.  Dans ce cas, qui fédérer  exactement ? Parlons-nous des cons du quotidien ? Parlons-nous des idéologues ? Parlons-nous des têtes brûlées qui appellent constamment à se confronter à la maréchaussée, cela sans mesurer qu'ils sont en cela les idiots utiles de notre oligarchie ? C'est donc ces gens qu'il s'agirait de fédérer ?

Eh bien que l'on me pardonne, mais je n'y consens pas. Je crois qu'il y a suffisamment de monde en France qui tienne à ce que nous allions au bout de cette Révolution, en misant sur le bon sens, la tolérance et le rejet de tous les comportements réellement fascistes de certains. Sans doute ma quête est l'odyssée de toute une vie, et peut-être même que je n'en verrais pas l'issue. Mais je compte rester intègre. Se trouver est un long chemin de croix. Il y a un âge où les courbettes n'ont plus d'intérêt que pour les politiciens mignons qui espèrent rassembler autour d'eux. Et je suis le pire des politiciens que l'on puisse trouver : je ne dispose d'aucune capacité à l'auto-censure, je n'ai dans mon répertoire aucun slogan ou élément de langage à distribuer, ni de capacité à donner à chacun un petit mot qui puisse faire plaisir. Je suis un Homme forgé par la rue, la misère et la Révolution. Je vais donc continuer d'en chagriner beaucoup je le crains. Car mon "plan com" reste imperturbablement le même : rester moi. Continuer d'expliquer et organiser l'insurrection là où elle a lieu d'être, ne jamais me prostituer intellectuellement pour satisfaire d'improbables besoins narcissiques, rester un bon connard irascible avec les cons du quotidien et un type bienveillant et respectueux, avec toutes celles et ceux qui me témoignent du même respect. C'est peut-être pas très fédérateur, mais c'est moi. Et c'est ce qui compte.

L'Unité, c'est le respect.















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