vendredi 17 juillet 2020

Pourquoi votre cause politique désintéresse le plus grand nombre ?

Savez-vous ce qui me dérange avec un très grand nombre de militants ? C'est que quoi qu'ils défendent, ils en oublient le plus souvent de se mettre au niveau des Français du quotidien. Et pourtant, je peux partager leurs convictions sur bien des sujets. Que ce soit sur la sortie de l'U.E et de l'euro, repenser le fonctionnement de la monnaie, établir la Démocratie par le biais de travaux constituants ou encore prendre soin de notre planète. Le problème n'est pas le logiciel politique, mais la difficulté pour les militants à dépasser leur propre religiosité.

C'est pourtant essentiel, car l'art de convaincre suppose pour le moins de s'intéresser à la réalité de son propre peuple et des individus qui nous font face. Deux exemples précis me viennent en tête. Les militants qui défendent la constituante ou ceux qui prêchent pour de nouveaux modèles monétaires, ont souvent des considérations très marxistes de la Société. C'est à dire qu'ils n'envisagent des changements possibles que sous l'angle de la systémique. L'Anthropos est ici oublié. Les travaux constituants sont sensés établir une Société meilleure, uniquement par la théorisation et la rédaction d'un recueil de lois qui serait à même de réorganiser nos institutions. Il en va de même pour les passionnés de modèles monétaires alternatifs qui sont convaincus que si l'on change la mécanique qui permet la création et la distribution de la monnaie, alors l'essentiel de nos problèmes politiques et sociaux sera réglé. D'abord, c'est éluder qu'un système parfaitement pensé et écrit, ne reste qu'une abstraction juridique. L'Humain aura toujours un certain talent pour contourner les règles, les dépasser, voire les violer littéralement. Par ailleurs, les meilleures conventions et normes juridiques, ne peuvent pas faire mieux qu'organiser une part de notre contrat social. Mais l'Humain n'accepte pour sa part des changements, non pour la pertinence systémique que ces derniers édictent, mais en vertu de considérations qui touchent à ses émotions, sa représentation mentale du monde, les mythes et valeurs qui lui paraissent saines à préserver ou faire advenir. Ce que les logiques de système ignorent totalement. Lorsque nombre de Français se disent de "gauche", de "droite", "anarchistes", "royalistes", "chrétiens", "musulmans" ou "juifs", le contenu intellectuel n'a que peu d'importance en réalité. Encore une fois, c'est leur représentation du monde, les mythes et valeurs auxquels renvoient leurs convictions, qui leur permet de s'identifier. L'Humain a un fort désir d'être, quitte à s'inventer des histoires ou reprendre à son compte celles que l'on se raconte, de telle façon à se sentir partie liée à une communauté particulière. C'est un moyen de s'assurer à bon compte qu'une part de son identité est déjà prédéfinie par des critères communs. On veut être reconnu comme étant le dépositaire d'une histoire fondatrice, avec ses héros, ses grands principes et ses mythes, pour ne pas se sentir seul au monde. On tire une certaine fierté à porter avec soi une part de quelque chose qui unit des Hommes entre eux, sans même qu'ils se connaissent. 

On ne fait pas vibrer un peuple avec des arguments technico-juridiques pour améliorer son contrat social. On le transporte en lui déclinant son Histoire, ses mythes, ses symboles et valeurs, et les spécialistes de la communication et de l'ingénierie sociale plus globalement, l'ont bien compris. On a jamais envoyé des Hommes à la guerre en leur faisant une leçon de géopolitique justifiant le sang qu'il faudra bien verser. Mais en réclamant d'eux qu'ils défendent leur terre, leur famille, leurs ancêtres, l'Histoire de leur patrie. Cela nous touche, réveille nos instincts tribaux, exacerbe notre représentation du monde qu'il convient de défendre. L'Humain n'est pas que pure Raison, loin s'en faut. Et lorsqu'il s'agit d'expliquer qu'il faut établir un nouveau régime politique par l'entremise d'une constituante, ou restaurer notre souveraineté pleine et entière en quittant l'U.E, rien ne sert de tenter de convaincre la nation avec des considérations techniques, mais au contraire en faisant appel à nos sentiments. Évidemment, si notre interlocuteur souhaite rentrer dans les détails du contrat social proposé, alors nous pouvons les lui fournir pour notre plus grand plaisir. Mais la majorité du temps, ce sera bien inutile. Demandez à un Français s'il tient à son pays, s'il voudrait que la France se fasse respecter tant à l'intérieur qu'à l'extérieur d'elle-même, et la majorité de vos interlocuteurs, fera montre d'un patriotisme surprenant. Cela uniquement parce que la France, c'est le Vercingétorix, Hugues Capet, Philippe Le Bel, Louis XIV, Robespierre, Victor Hugo, Jean Jaurès, De Gaulle... La France est un univers par elle-même, une somme de représentation identitaire et de mythes fondateurs, et c'est ce à quoi l'on s'attache. Nous savons d'où nous venons et ce qui est à défendre.

Quand par un discours strictement technique sur l'établissement d'un nouveau contrat social, on élude les mythes qui établissent notre sentiment d'unité et de solidarité intrinsèque, cela parce qu'on les considérerait comme étant désuets, on passe à côté de ce qui justifie la nécessité même d'améliorer notre organisation politique. Les communistes les plus radicaux en Russie ou en Chine, ont un temps tenté de brimer les représentations culturelles et religieuses de leurs populations. Car celles-ci étaient considérées comme arriérées et pouvant contrarier une organisation sociale et institutionnelle déchargée d'affect, mais strictement pensée sur des logiques de système. Mais un peuple ou un être humain, c'est une entité pétrie de sentiments. Une organisation sociale aussi bien pensée soit-elle, reste froide, et vide de sens si elle exclue les valeurs du plus grand nombre.

On ne change pas un contrat social en le théorisant dans toutes ses finesses structurelles, mais en appelant au peuple autant qu'à ses sentiments, pour prendre le pouvoir. C'est seulement une fois le pouvoir politique acquis, que l'on peut ensuite établir le contrat social que l'on méditait depuis si longtemps. La majorité des Français ne participera jamais des travaux constituants ou d'une réflexion monétaire voire tout simplement politique, contrairement à ce que font quelques poignées de militants exaltés. Il ne sert à rien de chercher à convaincre la majorité de partager vos convictions politiques, votre logique de système, car la majorité ne veut nullement s'impliquer, et acceptera tout juste de soutenir qui lui parait répondre de ses mythes et valeurs communes. La majorité restera dans l'affect, non la réflexion intellectuelle. On peut le déplorer, mais pas s'affranchir de la réalité du peuple quand on veut tout changer. On doit composer avec ses propres aspirations et paresses mentales.

Les militants ne font pas que se couper du peuple de façon générale, mais bien souvent, ils sont incapables de s'écouter entre eux. Leur foi quasi religieuse en une cause qu'ils défendent, aliène souvent la qualité de leurs échanges. Combien de fois n'ai-je pas lu à la suite d'une publication où j'exposais une analyse sur un sujet précis, des commentaires dénonçant le fait que j'oubliais de parler de tel ou tel sujet politique. Ces récriminations sont le fait de gens qui n'écoutent pas, ou ne lisent pas ce qu'on leur livre comme sujet d'étude sur un domaine particulier qui n'est pas le leur. Ils acceptent de sortir provisoirement de leur propre logiciel, si tant est que leur interlocuteur, leur donne des gages politiques sur leur propre cause. Ainsi, je serais mieux écouté, si en introduction de tout texte que je souhaiterais publier, je faisais état de mes inquiétudes sur la 5G, de ma révolte contre les réseaux pédophiles, de mon intérêt pour les travaux constituants ou sur le revenu de base, de ma dénonciation des réseaux franc-maçons, etc, etc, etc...

Alors que manifestement, et cela comme tout à chacun, je ne peux pas embrasser toutes les causes. En bon militant politique, j'ai quelques domaines de prédilection. Et si je partage des informations ou une réflexion sur un sujet précis, ça ne s'inscrit pas dans un programme politique global que je me devrais de définir préalablement. Je ne fais que livrer à qui le souhaite un échantillon d'idées sur une thématique générale dans laquelle je me suis spécialisé. Nulle raison donc de tenter de me convaincre sur sa propre cause lorsque je partage une pensée, c'est tout simplement hors sujet et même d'une impolitesse flagrante. La qualité d'un échange consiste à répondre à celui qui vient à soi, car il s'intéresse au sujet que vous méditez, manifestement. Non à imposer vos propres idées à celui qui ne vous demande rien,  surtout lorsque ce premier parlait d'un tout autre sujet sur lequel vous ne réagirez même pas.

Je pourrais livrer mille et un exemple sur le fait que nombre de militants politiques se comportent en religieux. Ils peuvent même se montrer virulents voire littéralement violents avec leurs opposants. Je ne m'exclue pas totalement de ce schéma. Moi-même, je qualifie tout défenseur de l'UE de "traître à la patrie", de "collabo", de "séditieux" et tout autre nom d'oiseau pour faire savoir tout le mal que je pense de ces gens. J'ai énormément de mal avec les tenants du "progressisme" de "gauche" et je suis volontiers provocateur avec ces derniers, quand bien même je peux revenir aisément sur le terrain d'un débat intellectuel apaisé avec ces gens, si toutefois mon contradicteur du moment témoigne des mêmes dispositions d'esprit. Mais tout ceci est la preuve que des idées, des concepts, des mythologies et valeurs, nourrissent nos affects.

S'il est donc essentiel de méditer le contrat social sur ses aspects purement techniques et fonctionnels, il est aussi essentiel de lui apporter du sens à partir de nos représentations mentales les plus communes. De la même façon, il ne sert à rien de prêcher sa bonne parole à qui ne vous la demande pas, mais plutôt de répondre aux questions et commentaires de ceux qui s'intéressent à vos sujets de prédilection.

Dans tous les cas, les grandes théories politiques sont toujours sans effet, si leurs prédicateurs se refusent obstinément à prendre le pouvoir. La majorité du peuple est clairement dépolitisée et désintéressée, et il est inutile d'espérer que la pédagogie populaire pourra contrevenir à cet état de fait. Soit l'on considère que sa cause est juste, et l'on se cherche des alliances objectives pour briguer un pouvoir politique réel afin d'établir ses propres normes, soit l'on se souhaite strict théoricien dans une petite tribu partageant la même cause à défendre, mais l'on aura aucune influence réelle sur le contrat social en vigueur tout au long de sa vie.

C'est pour cette raison que j'appelle à la Révolution !

D'abord parce que je suis convaincu que ceux qui disposent du pouvoir politique en France sont clairement malfaisants, voire criminels. Mais aussi parce que certains idéaux auxquels j'aspire, que ce soit en matière de souveraineté, de démocratie ou de conscience sociale et écologique, ne peuvent advenir que si nous reprenons le contrôle de notre pays. Je ne prétends pas convaincre de mes idéaux sur ces thématiques à une majorité populaire qui s'en fout. Je ne prétends même pas lui demander son avis, tout comme je ne souhaite pas m'intéresser à des causes particulières pour lesquelles je n'ai pas d'affinité intellectuelle ou politique particulière. Je prétends juste que celles et ceux qui partagent mes convictions sur les questions d'intérêt général que je soulève régulièrement, se doivent de s'associer pour renverser notre establishment politico-médiatique actuel, et se donner les moyens de gouverner d'une façon ou d'une autre la France.

J'admets que ma pensée peut paraître choquante et à bien des égards, peu démocratique. Mais je prétends être à ce point resté connecté à mon propre peuple, que je ne vois pas comment établir la Démocratie elle-même, sinon par une dictature éclairée. Ce qui suppose donc de reprendre le pouvoir plutôt que de perdre du temps à convaincre des "veaux" masqués qui avancent docilement à l'abattoir. 




2 commentaires:

  1. On ne fait pas de révolution le ventre plein.

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  2. Je me suis même demandé suite à nos courtes dicussions devant l'immeuble de Radio France si il ne serait pas nécessaire de lancer sur le dark web un "contrat" sur le denier publique pour éliminer ces zélites qui vendent notre pays par pur déni d'humanité ...Je sais que je risque gros en disant ça ...mais si ça peut faire le buzz comme disent les jeunes .Mais à 63 ans je ne crains plus grand chose...MP :merci pour ta dédicace a Irène de la FNDIRP ...😉

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