lundi 24 février 2020

Je suis un vilain royaliste...

Certains s'étonnent parfois à mon sujet, que les milices d'ultra-gauche incarnées par ces petits êtres étranges, vociférants et auto-proclamés "antifas", se plaisent à me salir et me "donner la chasse". Cela alors que je suis considéré par ceux qui me connaissent, comme étant un garçon gentil, ouvert d'esprit, et même franchement à gauche dans mes opinions politiques. Il est vrai qu'un bon croquemitaine d'extrême droite serait bien plus crédible s'il cultivait la bienséance d'être un sale con de capitaliste, raciste, violent et étroit d'esprit. Que nenni, je ne suis rien de tout cela et je refuse même d'être assimilé à l'extrême droite. Et pourtant, je le confesse, je suis un vilain royaliste...

Je crois devoir reconnaître tous mes pêchés en mal-pensance et je crains fort de ne pouvoir m'économiser de mots, pour décrire une opinion que je crois singulière en ce domaine, même pour les quelques marginaux en France qui trouveraient une quelconque pertinence à restaurer notre bon vieux Royaume. Car à leurs yeux, je suis un vilain républicain, il faut que vous le sachiez.

Alors quoi ? Un royaliste pourrait être républicain ? Ou inversement, un républicain pourrait-il être royaliste ? Je vais tenter de démontrer que cet alliage peu commun n'est pas si impossible à conceptualiser. Nous devrons tout de même poser au préalable quelques définitions. Je compte d'abord extraire celles que donnent le Larousse sur trois mots différents :

République :

Forme d'organisation politique dans laquelle les détenteurs du pouvoir l'exercent en vertu d'un mandat conféré par le corps social. (En ce sens « république » s'oppose à « monarchie », mais ne se confond pas avec « démocratie », dans l'hypothèse, par exemple, d'une restriction du suffrage.)

Monarchie : 

Régime dans lequel l'autorité politique est exercée par un individu et par ses délégués

Royaume :

État gouverné par un roi (ou une reine) 

J'aurais l'occasion d'y revenir plus tard, mais je suis aussi démocrate au sens strict du terme. Aucun des régimes tels que décris ici, ne sont envisagés comme étant démocratiques. Il faudra donc plus tard, ajouter ce niveau de contre-pouvoir aux institutions que je compte grossièrement vous dessiner.

Toujours est-il que si le royalisme a mauvaise presse - outre que nos historiens ont été biberonnés à l'idéologie républicaine et conditionnés à percevoir l'ancien régime comme forcément pire que celui que nous connaissons actuellement - c'est que la royauté est en elle-même assimilée à la monarchie. C'est un tort, car au sens strict du terme, une monarchie est un régime politique gouverné par une seule personne. Ce qui n'a jamais réellement existé d'une part, mais qui ne peut être assimilé stricto-sensu à la royauté, puisqu'il existe des "monarchies" parlementaires, comme c'est le cas en Norvège, en Angleterre ou en Espagne par exemple. Ce sont des Royaumes, certes, mais les Souverains de ces États, ont d'avantage des fonctions symboliques et protocolaires, que réellement exécutives et législatives. Le Royaume d'Espagne est plus proche dans ses formes d'un État fédéral à l'égal du Royaume de Belgique, tandis que le Royaume d'Angleterre fonctionne plutôt sur la base d'un modèle républicain. Le parlement est élu par le peuple dans ce dernier cas, et c'est aussi cette élection qui décidera de la coloration politique du gouvernement. Notons aussi que selon "l'index of democracy" publié par la revue anglaise "The Economist", la première position est invariablement occupée chaque année dans ce classement, par le Royaume de Norvège. Et c'est un autre royaume scandinave qui tient la troisième position : celui de Suède.

Les critères de cet index ne sont pas mauvais en soi, puisqu'ils rendent compte du nombre de plaintes déposées à la Cour européenne des droits de l'homme sur différentes altérations de ce qui constitue un État de Droit. Mais si je devais m'en référer à la définition même du mot "démocratie", la Suisse et le Vénézuela devraient logiquement être en premières places. Ces deux pays prévoient en effet dans leur constitution, l'initiative référendaire pour leur propre peuple. A ma connaissance, aucun autre pays dans le monde ne dispose de tels mécanismes constitutionnels, et nous noterons qu'il ne suffit pas d'être une République, une Fédération ou un Royaume, pour finalement donner une certaine latitude au peuple lui permettant d'assumer par lui-même sa propre souveraineté. Tout dépend de la Constitution du pays en question, et beaucoup moins du type de régime par lequel il se définit. Certains parlent d'instituer "la première démocratie" en France comme type de régime, mais c'est d'une bêtise sans nom. Tout pays, quel que soit son régime politique défini, peut être démocratique ou non. Mais aucun État ne peut s'affranchir d'une représentation politique, ne serait-ce que pour interagir avec les autres pays du Monde. On ne peut négocier des affaires diplomatiques courantes par référendum, tout comme il est impossible pour un État de garantir sa sûreté militaire, si à l'occasion d'une agression subie, il faille réveiller dans l'heure le peuple tout entier pour lui faire voter l'état de guerre, ainsi que les niveaux de réponse à opposer à l'ennemi. 

Que ce soit dans des circonstances exceptionnelles, sur les affaires courantes ou même la cohérence des politiques publiques, un État ne peut s'affranchir d'un gouvernement. Et ce dernier dans un État qui se veut démocratique, doit absolument être légitime et révocable. La légitimité tient du suffrage universel, cela va sans dire, mais aussi du niveau de facilité qu'ont les prétendants à un mandat exécutif, à pouvoir se faire connaître de la population grâce à des médias très à cheval sur la diversité des opinions. Un régime de propagande peut faire élire un âne sans grande difficulté au sommet de l’État, si tel en est le désir de ses sponsors. Le suffrage universel n'est donc pas l'alpha et l'oméga de la légitimité, d'autres paramètres - et je n'en ai cité qu'un ici - ont une grande importance. Le référendum d'initiative populaire révocatoire, étant le garde-fou suprême pour le peuple.

Mais revenons-en à mon affaire de Royaume, pourquoi ce type de régime serait à mon sens le plus adéquat pour la France ?

1) La Stabilité

Notons en premier lieu, que si l'on décide de faire remonter l'Histoire de notre pays à l'ère mérovingienne avec le baptême de Clovis en 496, ou un peu plus sûrement au Traité de Verdun suivant la mort de Charlemagne en 843, constatons que sans évoquer les régimes impériaux napoléoniens ou de restauration de Charles X durant la presque totalité du XIXème siècle (la troisième République débute en 1870), le Royaume de France, c'est une affaire de plus de 1000 ans.

La République n'a pour elle que 150 années d'existence, et a déjà vocation à disparaître en étant fondue dans un vaste empire germano-américain cis-nommé "Union européenne", ou plus certainement à l'issue de la prochaine révolution qui approche (si nous parvenons à nous prémunir d'une prochaine guerre généralisée). La République est née d'une trahison et d'une capitulation d'Adolphe Thiers contre l'Allemagne lors de la guerre franco-prussienne de 1870. Et je rappelle qu'au moment où la République vagissante se défaussait déjà de l'Alsace-Moselle, elle envoyait les troupes versaillaises tirer sur les insurgés de la Commune de Paris. Un tel acte de naissance n'augurait rien de bon. Et d'ailleurs, elle sera incapable de prémunir les Français de deux guerres mondiales, dont une où nous capitulerons à nouveau face à l'Allemagne. C'est aussi cette même République qui se voulait coloniale au début du siècle dernier, qui a participé aux guerres honteuses contre l'ex-Yougoslavie et la Libye, et qui arme des terroristes en Syrie au nom des Droits de l'Homme (et de mon cul sur la commode).

Je pose ainsi la question aux historiens idolâtres de la République : que lui trouvez-vous de plus beau, de moins barbare ou de plus démocratique que le Royaume qui soupire sous ses décombres ? Non pas que je glorifie l'ancien régime, il n'a pas été aboli sans raison par une Révolution, mais si l'on veut jouer au jeu des comparaisons en prenant le recul nécessaire sur les contextes politiques et moraux de chaque époque, pardonnez-moi de ne trouver aucune vertu supplémentaire à la République face à un Royaume qui pour le moins, se jurait intrinsèquement de maintenir coûte que coûte son intégrité territoriale et son unité. Cela par le jeu des successions et des suzerainetés qui ont bâti le territoire politique de la France. Quand la République ne trouve rien de mieux par l'entremise de l'Oligarchie qui la gouverne, de se défausser de pans entiers d'elle-même, que ce soit sur son territoire, son patrimoine industriel et économique, et jusque même sa souveraineté politique ; là où il fallut une guerre de 100 ans pour bouter les Anglais hors du Royaume de France puis la politique du pré carré de Louis XIV pour sanctuariser l'essentiel de notre territoire actuel, je ne trouve rien qui fasse la grandeur d'une République qui renie le peuple qui l'occupe, autant qu'elle méprise notre Histoire et le sang versé pour assurer notre auto-détermination.

Les Roys d'antan héritaient d'un Royaume, des biens de la Couronne (que l'on nomme aujourd'hui le bien public), et avaient le devoir de préserver ce qui leur étaient octroyé par la naissance. C'est de cette stabilité dont je parle, et qui a fait ses preuves, puisque je rappelle à nouveau ce chiffre : plus de 1000 années d'Histoire. Bien sûr le Royaume a perdu lui aussi des pans de territoire durant certaines guerres, mais au final, sur ce qui n'était au départ qu'un petit morceau de France quelque part au nord-est de notre pays, les différents Souverains qui se sont succédés, sont parvenus à étendre notre territoire de la Méditerranée à l'Atlantique, des Pyrénées jusqu'aux rives du Rhin, et même nos derniers départements métropolitains, les comtés de Nice et de Savoie, ne sont pas des acquis de la République, mais du Second Empire Napoléonien. On a jamais demandé à la République de conquérir de nouveaux territoires, mais pour le moins de préserver ce qui est la France aujourd'hui, et de ne jamais trahir notre peuple en cédant sa souveraineté à l'Allemagne ou désormais à l'Union européenne. 

Pour le moins, je l'ai signifié plus haut, je ne mystifie pas l'ancien régime, et je reste profondément démocrate. Et c'est d'ailleurs à ce titre, que les quelques royalistes qui ont eu vent de mes propres thèses, me considèrent comme républicain et non royaliste moi-même. En effet, sur la question du Souverain, je considère que ce dernier (ou cette dernière) doit être élu(e) au Suffrage Universel et son mandat doit être révocable. Mais à la différence d'un Président de la République mandaté le temps d'un quinquennat, je considère que la force d'un chef d’État, c'est de régner sur le temps long. Et c'est ici que je partage un trait commun avec les royalistes : le Souverain que j'ai en tête, sauf abdication ou révocation, règnerait bel et bien jusqu'à sa mort. Nous verrons plus tard les prérogatives de son mandat, ses pouvoirs (guère différents de ceux conférés aux autres souverains européens), mais puisque la stabilité est l'enjeu recherché, alors nous devons disposer d'un chef d’État qui transcende les gouvernements successifs, et dispose du recul nécessaire de son long règne, pour méditer et donner une réponse la plus sage que possible, aux crises que traversera la France dans les temps futurs.

2) L'unité

S'il est une charge aussi symbolique que profondément politique que se doit d'assurer un chef d’État, c'est de garantir l'unité de son propre peuple face à l'adversité. C'est donc le bon moment pour évoquer les prérogatives et pouvoirs que l'on souhaite accorder à un Souverain dans ce seul but.

Listons-les rapidement :

- Le droit de grâce
- Le droit de révocation du gouvernement (sur la base d'un référendum d'initiative révocatoire en ce sens).
- Le commandement militaire suprême (il autorise la guerre et dispose du feu nucléaire)
- La représentation protocolaire (il porte avec lui la charge symbolique et historique de la France, il est garant du prestige du Royaume)

Il n'a pas d'autres pouvoirs, et je le rappelle et le martèle : le Souverain idéal est à mes yeux élu au Suffrage Universel et révocable par référendum d'initiative populaire.

Ce qui signifie qu'il n'incarne pas le Gouvernement, il n'a donc aucune autorité exécutive ou législative, il n'a aucun rôle à jouer sur les affaires économiques de la France, et ses prérogatives diplomatiques sont très limitées. Les conflits armés menaçant la France restant relativement exceptionnels, on peut espérer que l'écrasante majorité des Souverains futurs, n'auront jamais ou pratiquement pas l'occasion de faire usage de leur commandement militaire suprême.

En revanche, deux de ses prérogatives ont un sens politique profond. Si la Reine ou le Roy est celui qui peut révoquer le Gouvernement, alors ce dernier le craint nécessairement. S'il a le droit de grâce, alors les Magistrats ont tout intérêt a rendre les meilleures décisions de Justice. Nous allons cependant nous appesantir sur son pouvoir de révocation, car c'est sur cette prérogative, que repose toute la puissance morale et symbolique du Souverain. Ce dernier rappelons-le, n'est pas un Homme politique. Comme tout un chacun, il a ses propres opinions, peut-être même des convictions religieuses particulières, mais il n'en fait jamais état. Si une crise institutionnelle impose qu'il se prononce à la suite d'un référendum révocatoire, une première obligation lui est faite : prendre avis sur une Cour Constitutionnelle. En clair, il s'agit de vérifier si le gouvernement contesté ou un Ministre a violé la constitution, ce qui est le meilleur motif pouvant légitimer sa révocation. Si je pense qu'il convient de se montrer prudent avec la notion de mandat impératif qui ignore les difficultés inattendues auxquelles pourraient faire face un gouvernement fraichement élu, on peut admettre que trahir le peuple sur les politiques publiques menées, qui seraient en contradiction claire avec ce qui avait été promis durant une campagne électorale, est aussi un motif légitime de destitution. Le Souverain ne révoque donc pas arbitrairement et sur la seule ire populaire (ce serait en contradiction avec mes vœux de stabilité de l’État), il vérifie en premier lieu des critères objectifs qui peuvent appuyer une telle décision. Une fois ces vérifications faites, reste le plus important : la Sagesse du Souverain dans une telle prise de décision. Car s'il n'est pas élu sur des critères politiques, il doit impérativement être le fruit d'un large consensus populaire sur sa morale, son amour de la patrie, son érudition, sa sagesse. Mon Souverain idéal s'appellerait aujourd'hui Jean-Claude Michéa, Etienne Chouard, Franck Lepage et je pourrais égrainer bien d'autres noms de personnes qui me paraissent à la fois cultivées, sages et bienveillantes. Je me fous de leurs opinions politiques particulières et même d'être en désaccord avec eux sur ces opinions. J'élis une Reine ou un Roy pour sa Sagesse.  Un large consensus populaire exige à mes yeux un plébiscite émanant de toutes les régions de France de non-prétendants au trône (des Dauphins de France), pour première sélection nationale (et décennale). Ainsi qu'un scrutin final avec un quorum de voix supérieur à 60 % des votes pour garantir une majorité franche et incontestable. 

Durant son mandat, le Souverain ne doit pas vivre dans une débauche de luxe, quand bien même il doit incarner le prestige de la France. Il reçoit des gens du peuple pour recevoir leurs doléances, des intellectuels, des émissaires étrangers. Il continue de se tenir informé sur la vie politique nationale et internationale, et reste un observateur attentif des événements pouvant mener à une crise.

Lorsqu'une crise politique d'ampleur intervient et qu'un référendum révocatoire lui impose de se prononcer, deux solutions possibles s'offrent à lui : soit il considère que le référendum est justifié par les critères que nous avons vu plus haut, et révoque le ou les dirigeants contestés. Mais s'il devait considérer qu'il est appelé à se prononcer sur ce qui n'est qu'une grogne populaire face à des réformes difficiles (mais prévues) ou simplement des rivalités partisanes se jouant des organes démocratiques pour renverser un gouvernement, alors il doit refuser de révoquer ce dernier et expliquer à la nation via une allocution, les motifs de son refus. Ce qui entrainera automatiquement un second référendum portant cette fois-ci sur la confiance du peuple en son Souverain. Si ce dernier est révoqué par référendum, c'est donc que la crise est plus profonde qu'il ne le pensait et qu'il a mal jugé le niveau de colère de la nation. Si en revanche il est maintenu, c'est donc que le peuple a considéré que sa décision de maintenir le gouvernement était juste, et que son message adressé à la nation, était empreint de sagesse. Celle-là même pour laquelle on l'avait élu. Dans les deux cas, il est le vecteur de l'unité du peuple et de sa réconciliation face aux crises politiques qu'il traverse. Si le peuple peut être très tenté (et parfois à juste titre) de révoquer tout ou partie de sa représentation politique, cela doit être un crève-cœur que de défaire sa Reine ou son Roy. Le Souverain doit d'une certaine façon être réellement aimé du peuple. Voila pourquoi il ne peut pas être politique, c'est à dire source de discorde. Le but du Souverain est toujours la réconciliation nationale, le maintien de notre unité. Rien à voir donc avec une République bananière qui promeut tous les communautarismes à des fins électoralistes. 

3) La charge symbolique

Ce dernier point a été évoqué avec parcimonie jusque-là, mais nous pouvons désormais nous appesantir sur le sujet. Il est un des vecteurs de l'unité d'un peuple, de son système immunitaire. Je l'ai compris en me demandant pourquoi les peuples scandinaves et britanniques avaient refusé d'intégrer l'euro-zone, voire l'Union européenne tout court. C'est d'ailleurs à cette même période que j'ai découvert le fameux "index of democracy" qui me laissa d'autant plus songeur sur le prétendu totalitarisme qu'on attribue en France aux royautés. L'idée qui a finit par émerger dans un recoin mal famé de ma conscience, étant que les Royaumes portent en eux-mêmes tout le poids de l'Histoire de leur pays. Leur monnaie, leurs institutions, leur protocoles et rites politiques sont autant de liens entre un peuple et ses fondements historiques, ses propres mythes. Si l'unité politique d'un peuple tient en premier lieu d'une langue partagée, d'autres pierres viennent cimenter son affect mutuel, sa revendication à exister et sa vocation à partager une destinée commune. L'Histoire en premier lieu. C'est d'ailleurs à ce titre que la République a immédiatement pris le parti de faire rédiger les manuels scolaires à sa gloire. Les symboles sont tout aussi essentiels. L'U.E voudrait par exemple se faire aimer au-travers du nom de sa monnaie que l'on palpe quotidiennement, des fanions qu'elle fait ériger jusqu'au fronton de nos établissements scolaires pour endoctriner nos gosses, et même de son hymne et de sa journée de fête à sa propre gloire, le 9 Mai de chaque année.

Si la République peut au moins prétendre hériter son avènement premier d'une Révolution (bourgeoise) avec toute la charge symbolique que cela suppose, l'U.E n'étant qu'une technostructure insipide et dénuée de mythes fondateurs populaires, elle n'a jamais su créer autour d'elle (sauf pour quelques félons apatrides), un sentiment d'unité nationale pour les peuples qui y sont enfermés.

Mais les Royaumes européens sont bien plus denses de charge historique et de mythes fondateurs du fait de leur ancienneté. Ils véhiculent malgré eux un sentiment profond de singularité et d'identité nationale, qui rend hermétique leurs peuples à toutes les ingérences étrangères. Il faudrait pourtant évoquer les exceptions à cette règle avec les Royaumes d'Espagne, de Belgique et des Pays-Bas, mais ce serait une digression trop longue que je préfère m'éviter ici. Les peuples suédois et norvégiens sont ainsi attachés à leur Couronne autant que le peuple britannique est attaché à sa Livre Sterling. Non pour des raisons strictement monétaires au sens "technique" du terme, mais parce que ces devises portent un nom qui est un lien avec leur propre histoire nationale. Voila pourquoi à mon sens, il y eut dans ces pays un climat de défiance vis-à-vis de l'euro. Ces peuples avaient le sentiment qu'ils allaient perdre une part d'eux-mêmes, de leur souveraineté, de leur histoire, de leur identité. Ils n'ont pas voulu rompre le lien qui fait leur unité. 

Lorsque leurs Souverains se marient, ont des enfants, cela alimente les gazettes de leurs pays. Et lorsqu'ils meurent, on leur rend hommage. Je ne suis pas bien certain que le décès futur d'Emmanuel Macron, François Hollande ou Nicolas Sarkozy, sera source d'une grande tristesse en France. Mais un Souverain que l'on avait élu et maintenu au pouvoir durant de longues années, parce qu'on lui reconnaissait une profonde sagesse, parce qu'il incarnait si bien la France dans ce qu'elle a de plus noble intellectuellement, parce qu'il était le garant de nos institutions, de notre Histoire, qu'en sera t'il ? Je crois que cela sera comme pour le décès futur d'Elisabeth II au Royaume-Uni, source d'une grande tristesse partagée, et finalement d'un sentiment d'unité nationale. 

La France est peut-être depuis peu un régime républicain (oligarchique), mais elle est depuis fort longtemps un si prestigieux et vieux Royaume. Avant même devenir une puissance nucléaire, économique et diplomatique en notre époque contemporaine, notre pays était déjà le plus puissant d'Europe. Cette charge symbolique et mythique me semble essentielle à notre romantisme national (un gros mot). Rétablir notre Royaume, même avec des règles démocratiques totalement nouvelles et en conservant certains fondements républicains utiles à notre organisation sociale et politique, me parait être un moyen de garantir pour de longs siècles à venir, notre unité nationale, notre stabilité, notre volonté de continuer à exister en tant que Français.

En conclusion

Il va de soi que sur un si long texte, je ne pouvais aborder la question du gouvernement, du mode de représentation parlementaire, ni même de mes idéaux politiques plus spécifiques et concrets qui portent sur la décroissance et une sensibilité sociale très forte. Je suis même resté évasif sur les procédures permettant de sélectionner les "Dauphins de France" et l'élection d'un Souverain. Il me faudrait tout un livre pour aborder tous ces sujets avec le plus d’exhaustivité que possible. Je souhaitais faire remarquer simplement, que le procès qui est fait aux Royalistes, mêmes ceux qui prétendent à revenir à un système ancien de succession de sang, est indigne. Personne en France ne fait le procès aux Norvégiens d'être "d'extrême droite". Pourtant ils ne remettent pas en cause leur Royaume. De même que personne en France, ne considère nos amis amis anglais comme des réactionnaires, parce qu'ils sont majoritaires à apprécier leur Reine du moment. Et puis indéniablement, il est impossible intellectuellement de considérer que ces Royaumes soient moins démocratiques que la si mystifiée République Française. Bien au contraire. Au Royaume-Uni, il y'a une plus grande liberté d'expression et la Souveraineté du peuple y est respectée. La Norvège et la Suède restent les pays les mieux classés sur un ensemble de paramètres démocratiques objectifs, quand bien même à l'égal de la France, leur constitution n'est pas réellement démocratique. Ils sont par ailleurs pour le meilleur (comme pour le pire) extrêmement "progressistes", c'est à dire défenseurs de toutes les minorités et communautarismes qu'affectionnent tant nos gauchistes français.

Ce texte ne vise pas à vous faire embrasser mon propre romantisme sur le rétablissement du Royaume de France, ni même mes arguments plus objectifs. Mais s'il peut au moins permettre une réflexion sur la question qui s'affranchisse des foutaises racontées par nos livres d'histoire, par des enseignants biberonnés aux "valeurs républicaines", et plus encore à ce discours d'ultra gauche pétri de haine et de démagogie ; peut-être alors que quelques royalistes avec qui j'ai eu plaisir à converser à quelques reprises (je pense à Thibault du "Média pour Tous" notamment), seront écoutés avec un plus de considération et moins de parti pris idéologique quant aux idées qu'ils défendent.

Dans l'espoir tout de même d'avoir bien défendu la cause du Royaume de France,

Sylvain Baron

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