Sur moins de dix années, je pourrais au moins citer quatre occasions, et une cinquième en cours.
Le mouvement des indignés ; le mouvement du 14 Juillet et Nuit Debout, portaient les germes et les semeurs d'une révolution, mais personne n'avait songé à soigner la plantation pour qu'elle porte ses fruits. Depuis, nous attendons encore que "quelque chose se passe".
Et pourtant, quelque chose se passe bel et bien.
Qu'est-ce qu'une révolution ? Certains commenceront d'abord à méditer ce concept avec une image d’Épinal dans la tête : des larmes et du sang, la guerre civile, et souvent de grandes désillusions au bout pour de maigres avancées (quand ce ne sont pas des reculs). Pourtant, les troubles dont il est question, ne sont pas le propre de toutes les révolutions, ni une fin en soi. La révolution des Œillets est à ce titre l'une des révolutions les plus pacifiques, courtes et radicales qui nous soit donnée d'observer. Pour quelle raison ? Elle fut menée par des militaires dissidents. Le putsch et le pronunciamiento sont deux des trois formes possibles de la révolution. Elles ne préjugent pas des dispositions d'esprit (au profit ou au détriment du peuple) de ceux qui sont à l'oeuvre. Evo Moralès a d'abord tenté de prendre le pouvoir par la force, avant d'être finalement soutenu et élu par le peuple. Et il sera difficile de nier que l'homme était réellement dévolu à sa patrie. De Gaulle est revenu au pouvoir par la pression militaire, grâce au coup de force des Généraux Salan et Massu lors du coup d'Etat du 13 Mai 1958. Qui a regretté que des militaires (mais aussi des policiers) aient accéléré la chute du gouvernement Pflimlin, si ce n'est ceux qui œuvraient contre l'intérêt de la France ?
La révolution doit être dépassionnée pour qu'on la médite avec la hauteur de vue nécessaire. La majorité des troubles politiques sont le fait de citoyens qui se mobilisent contre leur représentation politique. Les gouvernements usent alors des forces de police, voire de l'armée pour réprimer la contestation. Si comme en Tunisie, l'armée fait sécession et s'assure de restaurer l'ordre public en prenant partie pour le peuple, alors les forces de police peuvent à leur tour désobéir aux ordres politiques. Déjà la révolution se termine, pour ce qui concerne son moment le plus important.
La révolution doit être dépassionnée pour qu'on la médite avec la hauteur de vue nécessaire. La majorité des troubles politiques sont le fait de citoyens qui se mobilisent contre leur représentation politique. Les gouvernements usent alors des forces de police, voire de l'armée pour réprimer la contestation. Si comme en Tunisie, l'armée fait sécession et s'assure de restaurer l'ordre public en prenant partie pour le peuple, alors les forces de police peuvent à leur tour désobéir aux ordres politiques. Déjà la révolution se termine, pour ce qui concerne son moment le plus important.
Si les exemples d'épisodes révolutionnaires ayant débuté par un putsch militaire foisonnent, les exemples où les forces de police sont à l'initiative d'une contestation populaire sont rares, voire inexistants. La police est un corps qui contrairement à l'armée, n'est pas indépendant du gouvernement. Elle est totalement sous son autorité. Il y a donc de quoi motiver un regard qui soit dépassionné pour analyser correctement la perche tendue :
Tout d'abord, constatons que le mouvement fait suite à un coup de colère. C'est bien l'attaque subie par certains de leurs collègues à Viry Châtillon qui a déclenché ce mouvement spontané de la part des policiers français. Les revendications, puisqu'il en faut, sont donc tout à fait subalternes face à un moment d'émotion intense où les contraintes qui pèsent sur les policiers apparaissent et sont tour à tour dénoncées (haine anti-flics ; utilisation politique de la police ; faiblesse de la justice ; zones de non-droit ; statut de la légitime défense pour les policiers ; matériel vieillissant voire manquant ; commissariats vétustes, etc.). Ce sont bien les politiques publiques de sécurité publique dans leur ensemble qui, à l'apothéose d'une tentative de meurtre barbare, révèlent leur inanité. Et ces politiques sont bien placées sous la responsabilité de mandataires et hauts responsables administratifs de la police nationale. Et c'est là qu'une des revendications des policiers passe largement inaperçue alors qu'elle devrait de très loin, sonner l'alarme dans les milieux militants : les policiers exigent la tête de Jean-Marc Falcone (directeur de la police nationale) et Bernard Cazeneuve (Ministre de l'Intérieur).
Si ce n'était pas le cas, je serai le premier à me détourner de leurs revendications en les considérant comme uniquement corporatives. Mais dès lors qu'un Ministre voit sa légitimité et son autorité remise en cause par un corps régalien de la nation, c'est l'ensemble du gouvernement ainsi que le chef d'Etat qui voit son autorité mise en péril. Qui nomme le Ministre de l'Intérieur à son mandat, si ce n'est le Premier Ministre en concertation avec le chef de l'Etat ?
François Hollande est donc face à un épineux problème : s'il cède à de telles revendications, il démontrera sa faiblesse face aux policiers, ce qui pourrait lui nuire dans les jours ou mois suivants. S'il fait preuve de sévérité, il risque de se retrouver avec une défiance toujours croissante de la police. Etant donné qu'il est impossible, sauf en faisant usage de l'armée, de réprimer une manifestation de femmes et hommes en armes, la seule solution pour le félon qui nous gouverne, est de jouer la carte du pourrissement. Cela en recevant les syndicats (pourtant contestés par les policiers) ; en amadouant l'institution via quelques promesses budgétaires qui étrangement semblaient impossibles du fait de l'austérité imposée quelques mois auparavant ; et en comptant sur le professionnalisme des officiers autant que la propagande anti-flic visant à éloigner le peuple de leurs rassemblements, pour que ces derniers reprennent le travail, sans avoir rien obtenu, ni dans leurs revendications, ni dans le soutien populaire.
De leurs côtés, les réseaux militants ne peuvent s'empêcher de sombrer à nouveau dans leur pathos collectif tant chéri et sans cesse alimenté, pour éviter tout rapprochement utile avec les policiers. Ces derniers sont évidemment des "suppôts du capitalisme" ; "la milice du gouvernement" ; "des cowboys tabassant le peuple" dès que l'occasion se présente. On oublie d'ailleurs que ce ne sont pas des CRS qui manifestent pour la majorité des policiers présents. Ces premiers préfèrent se porter pâle lorsqu'ils veulent faire valoir leur ras le bol. Ce sont donc les policiers que nous croisons dans notre quotidien, et qui sont en charge de garantir notre sécurité sur la voie publique, mais quand on est militant, aucun flic ne peut être excusé d'avoir choisi un tel métier. Qu'importe les raisons, qu'importe l'état d'esprit du bonhomme. Quand on est militant, on ne cesse de glorifier son bon coeur et prêcher l'amour entre les hommes, mais pas tous : certaines catégories d'êtres humains restent dans le clan des salauds...
Annihilée la réalité quotidienne de l’interaction de la population avec la police qui ne se termine que très rarement par une bavure ou un comportement excessif. Oubliées les discussions échangées dans des manifs entre quelques policiers plus cools que les autres et des manifestants. Même notre droit à la sûreté, nous sommes prêts à l'abandonner pour peu que l'on cesse de nous montrer ces policiers qu'on ne saurait voir. La police, c'est définitivement l'ennemie.
Et les uns de rappeler que l'on a pas vu les policiers manifester durant l'opposition à la loi travail. Effectivement, ceux qui ont manifesté en tant que citoyens, n'ont peut-être pas osé révélé publiquement leur métier quand "tout le monde déteste la police" (jusqu'à même la caillasser). Les autres rappellent telle bavure, telle blessure reçue en manif. Oui, et a-t-on ne serait-ce que quelques minutes évoqué la responsabilité des organisateurs d'un cortège ou un rassemblement, quant aux infiltrations - souhaitées - des casseurs en tous genre ? Quant à dire qu'il y a des bavures, qui peut le nier ? Mais est-ce que les manquements d'une stricte minorité de personnes, concernent plus de 140.000 fonctionnaires, ou sont bien ne rendent responsables que les quelques brebis galeuses que l'on peut trouver dans tous les corps sociaux de la nation ? Ceux qui n'ont pas osé sortir leur arme face à un danger, et en sont morts ou rendus handicapés à vie, qu'en dit-on ? Merci de n'avoir rien tenté pour sauver votre vie et protéger celle d'un criminel ? Est-ce qu'au moins ça équilibre la difficile question humaine qui rend la mission de policier, particulièrement complexe à gérer au quotidien, pour éviter à la foi bavure et mort pour la France ? Non, le militant a la haine sélective, et préférera se concentrer sur la faute d'un ou quelques policiers sur une intervention parmi des dizaines de milliers chaque année, et n'aura même pas un début de compassion ou d'interrogation, face à un policier qui meurt de ne pas avoir utilisé son arme lorsque le péril était réel et imminent.
Certes, nous avons affaire à un corps institutionnel particulier, où l'exigence en terme de probité, de gestion de soi, et de mesure dans l'usage de la force, sont des critères de recrutement cruciaux pour minorer autant que faire se peut les risques de bavure. Mais qui décide du recrutement ? Qui ordonne à la maréchaussée de réprimer des manifestations ? Qui décide des moyens et des missions de la police nationale ?
On en revient donc aux responsables politiques qui ont failli à ces nécessités, et cela avec une dégradation substantielle constatée sous l'ère Hollande.
Les policiers aujourd'hui, je le répète pour que cela soit clair dans les esprits, manifestent en rejetant tous rattrapages syndicaux et partisans à leur colère. Ils invitent les citoyens à les rejoindre, et mieux encore, sont ouverts à discuter sur tous les sujets. Que ce soit ceux qui sont liés à leurs missions de service publique ou encore des revendications d'intérêt général beaucoup plus larges. En outre, qui peut raisonnablement s'inquiéter de prendre un coup de matraque dans un cortège de policiers ? J'ai expliqué plus haut que François Hollande se trouve dans une position délicate, l'empêchant de tenter toute mesure répressive des manifestations d'hommes en armes. De fait, ces manifestations resteront pacifiques, ordonnées et sans casseurs pour les troller. Si l'on s'en remet à la raison, ça n'est pas au moment où les policiers appellent les citoyens à les rejoindre, qu'ils vont se montrer hostiles et fermés à la discussion. Bien au contraire, il y a une envie sincère de démystifier leur travail, leur rôle, et de parler de tout ce qui pourrait rendre la police respectée de la nation. Ce qui signifie méditer à des réformes d'ampleur regardant l'ensemble du peuple, et non à des mesurettes que proposera leur ministre contesté dans l'espoir de calmer les policiers au-moins jusqu'aux présidentielles.
Un ministre est sur la sellette. Si des milliers de gens en compagnie des policiers, soutiennent la démission de Bernard Cazeneuve et s'assurent de motiver les fonctionnaires qui sont dans la rue à continuer d'ouvrir un boulevard à la contestation, c'est bien François Hollande qui tremblera en premier lieu. Il n'y aura pas long à faire en cas de forte mobilisation populaire, pour que son nom revienne dans les revendications qui se seront élargies, quant à sa démission. Encore faut-il rejoindre les policiers, ne pas alimenter des mythes sur des revendications visant à américaniser l'institution (ça n'est ni le souhait, ni la culture de la police française), et leur parler de nos revendications d'intérêt général (sortie de l'U.E ; l'euro et l'OTAN + Constituante).
Dans les commissariats, la conscience que les revendications corporatives resteront insuffisantes pour mobiliser les Français est bien présente dans les esprits. Il n'y a qu'un pas à faire pour que les policiers, rassurés par notre soutien, à leur tour ouvrent un peu plus leur attention au cri du peuple tout entier. Pour la bonne et simple raison que la police fait partie du peuple, et qu'il ne reste plus grand monde aujourd'hui en France, qu'importe les activités de chacun, pour soutenir encore l'oligarchie au pouvoir. Et plus que quiconque, les policiers savent comment leur institution est détournée à des fins iniques.
J'appelle donc les policiers à ne rien lâcher, organiser un peu mieux leurs rassemblements (notamment le week-end à des horaires permettant au plus grand nombre de vous rejoindre) et à continuer d'exiger la tête de leur ministre de tutelle et de leur haute hiérarchie administrative.
De la même façon, et tout en envisageant déjà que nous nous orientons vers un énième acte manqué, j'appelle les "alternatifs", "dissidents", "contestataires politiques", et tout ce que la France rassemble de gens éveillés sur les réalités institutionnelles, géopolitiques et économiques qui détruisent notre pays, à cesser pour une fois de n'user que de la passion, de l'esprit de revanche et de haine larvée, lorsque l'analyse froide et objective sur les institutions, devrait tous nous conduire à rejoindre les policiers dans la rue. S'il n'y aura aucun risque de violences policières à envisager, en revanche, notre présence fera peser un risque très puissant de révolution qui pourrait défaire l'ensemble de notre oligarchie à terme.
La haine, les amalgames et la division, ne sont pas de nature à changer les choses. S'ouvrir aux autres en étant prêt à heurter ses idées préconçues, est la seule manière d'adopter un regard froid et juste sur les hommes. Combien de gens se disant "éveillés" dans notre pays ont aussi la tête froide ?
Tout d'abord, constatons que le mouvement fait suite à un coup de colère. C'est bien l'attaque subie par certains de leurs collègues à Viry Châtillon qui a déclenché ce mouvement spontané de la part des policiers français. Les revendications, puisqu'il en faut, sont donc tout à fait subalternes face à un moment d'émotion intense où les contraintes qui pèsent sur les policiers apparaissent et sont tour à tour dénoncées (haine anti-flics ; utilisation politique de la police ; faiblesse de la justice ; zones de non-droit ; statut de la légitime défense pour les policiers ; matériel vieillissant voire manquant ; commissariats vétustes, etc.). Ce sont bien les politiques publiques de sécurité publique dans leur ensemble qui, à l'apothéose d'une tentative de meurtre barbare, révèlent leur inanité. Et ces politiques sont bien placées sous la responsabilité de mandataires et hauts responsables administratifs de la police nationale. Et c'est là qu'une des revendications des policiers passe largement inaperçue alors qu'elle devrait de très loin, sonner l'alarme dans les milieux militants : les policiers exigent la tête de Jean-Marc Falcone (directeur de la police nationale) et Bernard Cazeneuve (Ministre de l'Intérieur).
Si ce n'était pas le cas, je serai le premier à me détourner de leurs revendications en les considérant comme uniquement corporatives. Mais dès lors qu'un Ministre voit sa légitimité et son autorité remise en cause par un corps régalien de la nation, c'est l'ensemble du gouvernement ainsi que le chef d'Etat qui voit son autorité mise en péril. Qui nomme le Ministre de l'Intérieur à son mandat, si ce n'est le Premier Ministre en concertation avec le chef de l'Etat ?
François Hollande est donc face à un épineux problème : s'il cède à de telles revendications, il démontrera sa faiblesse face aux policiers, ce qui pourrait lui nuire dans les jours ou mois suivants. S'il fait preuve de sévérité, il risque de se retrouver avec une défiance toujours croissante de la police. Etant donné qu'il est impossible, sauf en faisant usage de l'armée, de réprimer une manifestation de femmes et hommes en armes, la seule solution pour le félon qui nous gouverne, est de jouer la carte du pourrissement. Cela en recevant les syndicats (pourtant contestés par les policiers) ; en amadouant l'institution via quelques promesses budgétaires qui étrangement semblaient impossibles du fait de l'austérité imposée quelques mois auparavant ; et en comptant sur le professionnalisme des officiers autant que la propagande anti-flic visant à éloigner le peuple de leurs rassemblements, pour que ces derniers reprennent le travail, sans avoir rien obtenu, ni dans leurs revendications, ni dans le soutien populaire.
De leurs côtés, les réseaux militants ne peuvent s'empêcher de sombrer à nouveau dans leur pathos collectif tant chéri et sans cesse alimenté, pour éviter tout rapprochement utile avec les policiers. Ces derniers sont évidemment des "suppôts du capitalisme" ; "la milice du gouvernement" ; "des cowboys tabassant le peuple" dès que l'occasion se présente. On oublie d'ailleurs que ce ne sont pas des CRS qui manifestent pour la majorité des policiers présents. Ces premiers préfèrent se porter pâle lorsqu'ils veulent faire valoir leur ras le bol. Ce sont donc les policiers que nous croisons dans notre quotidien, et qui sont en charge de garantir notre sécurité sur la voie publique, mais quand on est militant, aucun flic ne peut être excusé d'avoir choisi un tel métier. Qu'importe les raisons, qu'importe l'état d'esprit du bonhomme. Quand on est militant, on ne cesse de glorifier son bon coeur et prêcher l'amour entre les hommes, mais pas tous : certaines catégories d'êtres humains restent dans le clan des salauds...
Annihilée la réalité quotidienne de l’interaction de la population avec la police qui ne se termine que très rarement par une bavure ou un comportement excessif. Oubliées les discussions échangées dans des manifs entre quelques policiers plus cools que les autres et des manifestants. Même notre droit à la sûreté, nous sommes prêts à l'abandonner pour peu que l'on cesse de nous montrer ces policiers qu'on ne saurait voir. La police, c'est définitivement l'ennemie.
Et les uns de rappeler que l'on a pas vu les policiers manifester durant l'opposition à la loi travail. Effectivement, ceux qui ont manifesté en tant que citoyens, n'ont peut-être pas osé révélé publiquement leur métier quand "tout le monde déteste la police" (jusqu'à même la caillasser). Les autres rappellent telle bavure, telle blessure reçue en manif. Oui, et a-t-on ne serait-ce que quelques minutes évoqué la responsabilité des organisateurs d'un cortège ou un rassemblement, quant aux infiltrations - souhaitées - des casseurs en tous genre ? Quant à dire qu'il y a des bavures, qui peut le nier ? Mais est-ce que les manquements d'une stricte minorité de personnes, concernent plus de 140.000 fonctionnaires, ou sont bien ne rendent responsables que les quelques brebis galeuses que l'on peut trouver dans tous les corps sociaux de la nation ? Ceux qui n'ont pas osé sortir leur arme face à un danger, et en sont morts ou rendus handicapés à vie, qu'en dit-on ? Merci de n'avoir rien tenté pour sauver votre vie et protéger celle d'un criminel ? Est-ce qu'au moins ça équilibre la difficile question humaine qui rend la mission de policier, particulièrement complexe à gérer au quotidien, pour éviter à la foi bavure et mort pour la France ? Non, le militant a la haine sélective, et préférera se concentrer sur la faute d'un ou quelques policiers sur une intervention parmi des dizaines de milliers chaque année, et n'aura même pas un début de compassion ou d'interrogation, face à un policier qui meurt de ne pas avoir utilisé son arme lorsque le péril était réel et imminent.
Certes, nous avons affaire à un corps institutionnel particulier, où l'exigence en terme de probité, de gestion de soi, et de mesure dans l'usage de la force, sont des critères de recrutement cruciaux pour minorer autant que faire se peut les risques de bavure. Mais qui décide du recrutement ? Qui ordonne à la maréchaussée de réprimer des manifestations ? Qui décide des moyens et des missions de la police nationale ?
On en revient donc aux responsables politiques qui ont failli à ces nécessités, et cela avec une dégradation substantielle constatée sous l'ère Hollande.
Les policiers aujourd'hui, je le répète pour que cela soit clair dans les esprits, manifestent en rejetant tous rattrapages syndicaux et partisans à leur colère. Ils invitent les citoyens à les rejoindre, et mieux encore, sont ouverts à discuter sur tous les sujets. Que ce soit ceux qui sont liés à leurs missions de service publique ou encore des revendications d'intérêt général beaucoup plus larges. En outre, qui peut raisonnablement s'inquiéter de prendre un coup de matraque dans un cortège de policiers ? J'ai expliqué plus haut que François Hollande se trouve dans une position délicate, l'empêchant de tenter toute mesure répressive des manifestations d'hommes en armes. De fait, ces manifestations resteront pacifiques, ordonnées et sans casseurs pour les troller. Si l'on s'en remet à la raison, ça n'est pas au moment où les policiers appellent les citoyens à les rejoindre, qu'ils vont se montrer hostiles et fermés à la discussion. Bien au contraire, il y a une envie sincère de démystifier leur travail, leur rôle, et de parler de tout ce qui pourrait rendre la police respectée de la nation. Ce qui signifie méditer à des réformes d'ampleur regardant l'ensemble du peuple, et non à des mesurettes que proposera leur ministre contesté dans l'espoir de calmer les policiers au-moins jusqu'aux présidentielles.
Un ministre est sur la sellette. Si des milliers de gens en compagnie des policiers, soutiennent la démission de Bernard Cazeneuve et s'assurent de motiver les fonctionnaires qui sont dans la rue à continuer d'ouvrir un boulevard à la contestation, c'est bien François Hollande qui tremblera en premier lieu. Il n'y aura pas long à faire en cas de forte mobilisation populaire, pour que son nom revienne dans les revendications qui se seront élargies, quant à sa démission. Encore faut-il rejoindre les policiers, ne pas alimenter des mythes sur des revendications visant à américaniser l'institution (ça n'est ni le souhait, ni la culture de la police française), et leur parler de nos revendications d'intérêt général (sortie de l'U.E ; l'euro et l'OTAN + Constituante).
Dans les commissariats, la conscience que les revendications corporatives resteront insuffisantes pour mobiliser les Français est bien présente dans les esprits. Il n'y a qu'un pas à faire pour que les policiers, rassurés par notre soutien, à leur tour ouvrent un peu plus leur attention au cri du peuple tout entier. Pour la bonne et simple raison que la police fait partie du peuple, et qu'il ne reste plus grand monde aujourd'hui en France, qu'importe les activités de chacun, pour soutenir encore l'oligarchie au pouvoir. Et plus que quiconque, les policiers savent comment leur institution est détournée à des fins iniques.
J'appelle donc les policiers à ne rien lâcher, organiser un peu mieux leurs rassemblements (notamment le week-end à des horaires permettant au plus grand nombre de vous rejoindre) et à continuer d'exiger la tête de leur ministre de tutelle et de leur haute hiérarchie administrative.
De la même façon, et tout en envisageant déjà que nous nous orientons vers un énième acte manqué, j'appelle les "alternatifs", "dissidents", "contestataires politiques", et tout ce que la France rassemble de gens éveillés sur les réalités institutionnelles, géopolitiques et économiques qui détruisent notre pays, à cesser pour une fois de n'user que de la passion, de l'esprit de revanche et de haine larvée, lorsque l'analyse froide et objective sur les institutions, devrait tous nous conduire à rejoindre les policiers dans la rue. S'il n'y aura aucun risque de violences policières à envisager, en revanche, notre présence fera peser un risque très puissant de révolution qui pourrait défaire l'ensemble de notre oligarchie à terme.
La haine, les amalgames et la division, ne sont pas de nature à changer les choses. S'ouvrir aux autres en étant prêt à heurter ses idées préconçues, est la seule manière d'adopter un regard froid et juste sur les hommes. Combien de gens se disant "éveillés" dans notre pays ont aussi la tête froide ?
J'espère assez pour éviter un cinquième acte manqué...