vendredi 30 décembre 2016

Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon

Cher Jean-Luc,

J'espère que tu concéderas accorder de l'attention à cette lettre ouverte que je te ferai de toute façon parvenir par la poste. Je ne suis ni un adversaire, ni un partisan. J'ai joué le jeu de ton ouverture s'agissant du suffrage par le sort dans le cadre de la Convention de la France Insoumise, et lorsque j'y suis venu, je me suis senti respecté et en paix parmi des gens bienveillants, investis, et ayant un profond désir de changement dans notre pays. Par l'entremise d'Eric Coquerel, je t'ai remis un exemplaire de mon livre "Révolte !", et sache qu'en tant que précaire, t'offrir un exemplaire imprimé avec mes deniers propres pour que tu lui accordes de l'attention, ça n'est pas de la défiance.

Cependant, à l'égale de toutes les personnalités politiques un tant soit peu éduquées et favorables aux peuples, tu n'obtiendras jamais mon soutien plein et entier si tu contribues à entretenir des tactiques politiciennes d'un autre âge pour remporter la course aux présidentielles. En tant que révolutionnaire assumé, je refuse de revenir vers le jeu électoral tant que certaines conditions n'auront pas été réunies pour lui donner ses lettres de noblesse:

- C'est au peuple de plébisciter tant son chef d'Etat, que son gouvernement. Non aux médias dans le cadre des lacunes sérieuses gravées dans notre constitution et le code électoral, de décider de la méthode permettant de consacrer la légitimité du pouvoir exécutif pour le moins. Il revient au chef d'Etat de composer avec la diversité d'un gouvernement d'union nationale et clairement reconnu pour ses compétences sur des sujets clé valant ministères. Le chef d'Etat nous représente en tant que premier maillon de la chaîne de commandement militaire et diplomatique et comme arbitre entre les intérêts défendus par chaque ministre dans des réformes à spectre d'action large qu'il s'agit d'équilibrer au mieux.

Si la vision et la culture générale d'un seul homme sont bel et bien un atout pour arbitrer l'ensemble des décisions relevant du mandat présidentiel, ce sont bien des experts qui ne sont pas forcément des personnalités "politiques" au sens des partis, qui peuvent chacun en leur domaine, représenter une part de la vision politique de la dissidence intellectuelle française. Claude et Lydia Bourguignon sont ainsi des personnes qui se sont distinguées sur les questions agronomiques, et qui sont désormais très écoutés par des citoyens fortement politisés (qu'ils aient des convictions partisanes ou non du reste). De la même façon, Etienne Chouard serait sans nul doute plébiscité à une écrasante majorité des militants du web et du terrain, pour un mandat de Conseiller d'Etat à la Constituante sous supervision d'un Ministère de l'Intérieur pouvant lui-même être incarné par Alexandre Langlois, Bertrand Soubelet ou toute autre personne.

Si les Français les plus attentifs sur les différents sujets qui représentent une part des orientations de politiques publiques possibles dans le futur, pouvaient soumettre au suffrage de leurs compatriotes, leur propre plébiscite d'un citoyen français connu ou non, mais dont l'expertise et la vision mériteraient qu'il soit plus audible, et peut-être un jour en charge de mener un certain nombre de réformes utiles, alors la légitimité du pouvoir exécutif pourrait trouver sa puissance et sa stabilité, cela malgré l'institution de la démocratie. Le pouvoir conféré au peuple de faire et défaire sa représentation et ses lois directement, impose de réclamer le commandement suprême non en solo, mais bien en équipe avec une vision générale incarnée par les plus écoutés.

C'est d'autant plus vrai en 2017 où nous sommes encore au début d'une réelle naissance civilisationnelle (et extinction d'une autre), car Internet institutionnalise la Démocratie là où elle n'existe pas dans les Constitution. Les quelques lois indignes portant gravement atteinte à la liberté d'opinion et d'expression existant en France, ne peuvent rien contre une encyclopédie et un lieu de débat sans cesse mise à jour, et consultable depuis un smartphone jusque dans des lieux très reculés de nos campagnes. Les médias et les puissances financières qui les influencent, n'ont toujours pas compris que leur régime de propagande est déjà d'un autre âge, et que la Révolution arrivera tôt ou tard si les journalistes ne redeviennent pas professionnels et consciencieux dans leur travail. Car désormais, le peuple est son propre journaliste autant que son propre universitaire. La connaissance est à la portée de tous, et aucune propagande de guerre, de terreur économique ou sécuritaire, ne pourra croître en influence dans les consciences. Ce temps là est désormais terminé, est l'oligarchie court à sa perte, c'est inéluctable. Que cela prenne quelques mois ou encore 10 années - si aucune déflagration mondiale n'intervient d'ici-là sur une pénurie de matières premières - un autre monde va émerger, et il deviendra extrêmement difficile pour les représentants politiques de demain, de pouvoir poursuivre leur "carrière" s'ils trahissent leur peuple. De la même façon, les clivages stériles sur les convictions partisanes des citoyens entretenus par les médias et les politiciens eux-mêmes, va continuer de s'effondrer car l'écrasante majorité des Français se contrefiche des hystéries religieuses des partisans les plus sectaires. Les périls de l'extrême droite ou de l'extrême gauche que l'on agite en épouvantail pour nourrir le pathos des partisans, n'atteint pas l'écrasante majorité du peuple qui n'est encartée à aucune formation politique. Car cette majorité est profondément laïque et à l'écoute de toute les opinions pour forger la sienne propre. L'écrasante majorité du peuple est donc "modérée" politiquement, car elle écarte les considérations sociétales trop radicales ou sensibles de ses aspirations politiques, ne retenant que ce qui est essentiel à tous. Ainsi, les Français ne veulent ni accueillir toute la misère du monde comme les sans-frontiéristes veulent nous l'imposer, ni réguler les questions migratoires de façon inhumaine. De même qu'il se trouvera peu de Français à vouloir remettre en cause le droit à l'avortement, quand bien même il existe des opinions plus conservatrices sur ces sujets, qui ont le droit de ne pas être ad-hitlerumïsées dans une démocratie laïque authentique. Internet l'institue avec ses propres outils pour voter et plébisciter une dissidence intellectuelle, dont BHL, Jacques Attali et consorts seront à jamais incapables d'influencer dans leur sens. Tout comme le matraquage médiatique sur Macron virant à l'obscénité, sera source de beaucoup de désillusions pour les journalistes et leurs tutélaires. Le Brexit, les élections aux USA et les récents scrutins en Europe, ne semblent pas sonner l'alarme dans le crâne des chargés de communication.

Cher Jean-Luc,

Il me semble indispensable que tu tiennes compte de ces évolutions de société, mais aussi et plus encore de toute une dissidence qui s'est forgée grâce à la magie des réseaux sociaux et sur lesquels la majorité des partis politiques n'ont aucune prise.

Cette dissidence est extrêmement diversifiée dans ses opinions. Elle n'est pas exempte de ses propres passions et contradictions comme il sied malheureusement à toutes les communautés politiques et idéologiques. Il est même notable de relever que sa composante la plus conservatrice ne souhaite pas forcément voter pour le F.N (ce qui serait le choix le plus logique à priori) de même que sa partie plus libertaire ne tient pas plus à s'engager derrière toi. Ces gens s'entre-déchirent volontiers sur les fils de discussion sur des débats complexes, mais chose ahurissante pour un observateur politique habitué aux comportements sectaires et de replis propres aux partisans les plus zélés : ILS SE PARLENT.

Depuis des années, par différentes manœuvres, les puissants se sont assurés qu'en nous rangeant dans de petites boites et en désignant l'autre comme l'ennemi idéologique ne méritant que mépris - si ce n'est violence et censure - les choses resteraient stables et à l'avantage des grandes formations politiques dites "de pouvoir". Mais cette lente construction du sectarisme politique s'effrite de plus en plus fortement, au point que du plus libertaire au plus conservateur d'entre nous, les communs reviennent enfin nous fédérer. Et quels sont ils ?

1) D'abord, nous exigeons que la France redevienne un Etat pleinement souverain et indépendant, et à ce titre, jugeons avec beaucoup de sévérité cette tactique politicarde visant à parler d'un plan A et d'un plan B s'agissant de la sortie de l'U.E et l'euro. Peut-être souhaites-tu tendre la main à cette minorité de la pseudo-gauche se croyant universaliste lorsqu'elle soutient mordicus notre rattachement à l'Union européenne, mais ce n'est pourtant pas là que se trouve ton véritable réservoir de voix. Tu as nettement plus à gagner en garantissant au peuple que le seul plan s'agissant de l'U.E et l'euro, c'est la sortie unilatérale dès ta prise de fonction. Il faut en finir une bonne fois pour toutes avec les alliances inutiles et contre-productives.

2) Sur ce point, je sais que nous n'avons pas à te reprocher quoi que ce soit, nous souhaitons sortir de l'OTAN, réchauffer nos relations avec la Russie et nous rapprocher du mouvement des non alignés. J'ajouterai cependant que les plus éduqués d'entre nous exigent que nos relations avec l'Afrique soient complètement remises à plat. Notamment en mettant un terme au FRANC CFA qui ruine les pays qui y sont soumis, en jouant du micro-crédit et de projets infrastructurels majeurs pour ce continent, comme des routes, des chemins de fer, le projet Transaqua ou encore la grande muraille verte à planter sur toute la bande du Sahel, du Sénégal jusqu'à la corne de l'Afrique. C'est à ce prix que d'une part, nous donnerons enfin les moyens aux Africains de tendre vers leur émancipation économique et sociale, et par voie de conséquence, nous influerons très fortement sur les flux migratoires en amont du problème.

3) Nous voulons que l'oligarchie paye pour ses crimes ! Comment se montrer accommodant avec des gens qui au-delà des petites et grandes corruptions et malversations financières dont ils se sont rendus coupables, ont voté en faveur de la ratification du Traité de Lisbonne, du M.E.S, du T.S.C.G et pire encore, n'ont jamais empêché le gouvernement quant à pratiquer des ingérences militaires et diplomatiques graves dans des pays tiers (la Côte d'Ivoire, la Libye, l'Ukraine ou la Syrie) au point de s'adonner au financement du terrorisme et soutenir les pires composantes idéologiques que les Français rejettent déjà pour eux-mêmes (les nazis en Ukraine et les takfiristes au Moyen-Orient) ? Il y a de vrais crimes de haute trahison, de génocide, de financement du terrorisme, et ils ne peuvent rester impunis. Le crime d'indignité nationale doit être rétabli à minima pour ceux qui ont violé le référendum de 2005. Quant aux crimes de sang, même s'ils ont été commis de façon indirecte, ils n'en restent pas moins ignobles et relèvent bien du pénal. Sarkozy, Hollande, Fabius, Juppé, et toute une clique d'ordures véritables, méritent de croupir jusqu'à la fin de leur vie en prison, pour les centaines de milliers de morts à travers le monde que l'on peut leur imputer. Sans même évoquer le terrorisme en France qu'ils ont facilité par leur alignement diplomatique proprement dégueulasse avec la politique belliciste des faucons U.S. Les Français sont en colère, et ils exigent que Justice soit rendue. Ce sera de toute façon indispensable, car il ne sera pas possible de rétablir l'autorité de l'Etat au travers de ses institutions les plus régaliennes, sans faire valoir que la Justice est bien égale pour tous, et notre état de droit pleinement respecté.

Alors bien sûr, nous nous querellons toujours sur des points de détail de nos futures politiques publiques. Mais comment peut-on accepter que lorsque des Millions de Français sont d'accord sur des questions d'intérêt général essentielles, des divisions intestines soient entretenues en considérant qu'on ne peut associer ces gens dans un grand combat pour remettre sur les rails la France, sous prétexte que sur des sujets plus subalternes (oui, je hiérarchise les luttes), il reste des désaccords qui finalement pourraient se régler au sein du parlement ou au moyen du référendum ?

Il faut en finir avec cette culture politicarde de la division. L'unicité du peuple français ne peut souffrir d'un comportement anti-républicain du régime des partis. Les intérêts fondamentaux de la nation valent pour tous, non en fonction de notre considération sur des questions morales ou sur les libéralités à concéder ou non à certains secteurs de la société.

Voila pourquoi je t'engage à nous rassembler non sous ton seul nom, mais en nous permettant de composer un gouvernement correspondant finalement à toute la richesse culturelle et politique de cette dissidence, qui préférera pour la majorité d'entre elle s'abstenir, que voter pour une quelconque formation politique. Ouvre les débats, fais taire les ayatollahs qui voient le péril d'extrême droite ou du fascisme dans toutes les composantes de la société qui s'opposent au Système. Il faut leur dire à ces gens qui ne cessent de salir, invectiver et même agresser physiquement des citoyens qui se battent pour instituer la démocratie et restaurer une Justice dans ce pays, que désormais, leurs fatwas en intouchabilité seront superbement ignorées. Aimer le peuple suppose un grand niveau de tolérance pour les idées que chaque individu peut véhiculer, même lorsqu'elles nous heurtent ou représentent une opposition radicale à nos idéaux propres. La plupart des comportements et points de vue qui nous choquent dans notre humanisme, ne sont que les fruits pourris d'une déstabilisation de l'Etat sur plusieurs décennies, un recul clair et net de la démocratie, un déclin social sans cesse croissant, et le sentiment pour les Français de ne pas être écoutés. Comment ensuite condamner certains d'entre eux, lorsqu'ils basculent dans des thèses toujours plus dures, et parfois xénophobes, lorsqu'ils consentaient auparavant à plus d'ouverture d'esprit si tant est que les régulations attendues arrivent ? J'ai vu beaucoup de gens se radicaliser en quelques années sur les réseaux sociaux. Des gens qui au départ, ne cultivaient pas un discours de haine à l'encontre d'une quelconque communauté. C'est à ce titre que je juge ces problèmes comme superficiels. Ils se résolvent d'abord en cessant de condamner  ces gens ou leur interdire de débattre et en cessant d'amalgamer ce qu'ils dénoncent à des communautés plus larges. Typiquement, le fondamentalisme islamique n'est pas le propre de la majorité des musulmans. La majorité des homosexuels ne se reconnaissent absolument pas dans les hystéries du lobby LGBT et sont même las d'être associés aux excités promus par Pierre Bergé. Le CRIF n'est pas représentatif des Juifs de France, mais uniquement des intérêts de l'extrême droite israélienne. Il est nécessaire d'être ferme avec les groupuscules communautaristes en rappelant que l'Etat n'accorde aucun privilège à une quelconque communauté. La lutte contre les discriminations a bon dos lorsqu'il s'agit en vérité de caresser dans le sens du poil ces nouveaux identitaires.

Cher Jean-Luc,

Si j'évoque ces sujets sensibles, c'est que j'ai le privilège avec quelques autres "leaders d'opinion" sur les réseaux sociaux, de voir sur ma propre page, des gens aux antagonismes idéologiques très forts discuter ensemble. C'est ma plus grande fierté moi qui ait toujours détesté l'entre-soi des partis politiques. Tu dis vouloir sortir des schémas partisans en ayant lancé ta candidature à la présidentielle en dehors du Front de Gauche ou des primaires du PS. C'est un message entendu. Mais ton rôle est dans ce cas de créer le liant et la pacification des esprits. Je pense très fermement que ce liant découle à la foi d'une certaine radicalité sur les enjeux politiques et démocratiques évoqués plus haut, mais aussi une certaine retenue sur tous les sujets à même de nous diviser. Le référendum existe pour trancher ce qui relève des grands débats de société trouvant difficilement un consensus. Outre ces considérations politiques, se trouve le désir profond de rassemblement populaire (pour ne pas dire insurrectionnel) de cette dissidence ayant besoin d'exulter sa colère, sans forcément tomber dans les affres de la violence. Comme je l'ai indiqué sur mon livre que j'espère tu as bien reçu, il est possible de rénover le militantisme traditionnel par des initiatives fortes et essentielles telles que :

- Des rassemblements continuels devant les grands médias nationaux et le parlement pour faire apprécier correctement à notre oligarchie la puissance du peuple et sa sécession avec le climat de censure et de propagande.

- L'institution de tribunaux populaires sous forme théâtralisée pour juger les traîtres et faiseurs de guerre que la Justice laisse pour le moment tranquilles.

- A l'égal de ce qui s'organise pour les primaires du PS ou de l'UMP, mettre en place des consultations référendaires sur des grandes questions politiques dans toute la France. Se battre s'il le faut dans les tribunaux administratifs et auprès du Conseil Constitutionnel pour faire reconnaître les résultats, puisque rien n'interdit au peuple d'organiser lui-même ses référendums.

- Inonder de courrier les institutions et les irresponsables politiques pour leur imposer les assainissements exigibles, cela sans considérations des résultats électoraux du printemps prochain.

Je te renvoie à la lecture de mon essai pour trouver d'autres idées encore, en tant qu'activiste, je crois ne pas en avoir manquer à ce sujet.

La mobilisation sur des actions de résistance est un moyen beaucoup plus puissant que tous les discours politiques pour fédérer un peuple ne croyant plus en son système politique. Elle crée l'émulation et la fraternité nécessaire pour redonner la foi dans les cœurs.

Aussi, j'espère que tu entendras mon appel, aura la courtoisie d'au moins répondre à ma missive, même si c'est pour faire la critique de ce qui te semble bancal, car il ne s'agit ni de tes ambitions présidentielles, ni de consacrer une quelconque légitimité à une dissidence beaucoup trop pluraliste et atomisée, mais bien de réveiller le peuple tout entier.

Dans l'espoir que tu me répondras,

Bien cordialement,

Sylvain Baron

Vous pouvez commander le livre "Révolte" sur le site de l'association que je supervise où le réclamer en pdf par messagerie :


ou syldartha@gmail.com





lundi 12 décembre 2016

La fin des Etats ?

Depuis le début des années 70, un débat ne cesse d'être agité en occident, et particulièrement en Europe, sur le caractère nécessairement totalitaire et dépassé de l’État. Il est claironné que l'émancipation serait pour les êtres humains, de pouvoir s'affranchir des contraintes de l’État, voire que l’État n'existât plus du tout.

Les libéraux ne font là que reprendre un vieux thème de l'anarchie pour les adapter aux intérêts des puissances financières ou étatiques hostiles aux peuples en général. Cela, sous couvert d'une « philosophie » qui se distingue d'abord par les dérégulations économiques et les usurpations de souveraineté très concrètes qu'elle entraînent dans le cadre de différents traités internationaux ou supra-nationaux.

Il est vrai que si l'on en revient à la théorie de l'anarchie, l'Homme dispose en lui-même de la puissance nécessaire pour s'émanciper de tous ses conditionnements, qu'ils soient culturels, religieux, ou même étatiques. Mais ne pas vouloir s'extraire de l'ensemble de ces conditionnements impose t-il de facto le reniement de ses libertés individuelles et de son libre arbitre ? Sans une police et une justice pour garantir l'impunité et la neutralité de traitement face à la criminalité, n'y aurait il pas un arbitraire plus grand que si l’État disparaissait sur la base d'une proclamation de dissolution du pays, qu'auraient d'ailleurs tôt fait d'oublier les institutions ?

Y a t-il nécessairement une meilleure garantie des libertés individuelles là où l’État est absent ? Ne parle-t-on pas de « zones de non droit » là où les institutions sont les plus défaillantes à maintenir « l'autorité de l’État » ?

On nous répond aujourd'hui qu'à l'ère d'internet, la planète devient « un grand village » et que nous sommes désormais « citoyens du monde ». Pour autant, l'usage que l'on fait d'internet, notamment au travers de nos télécommunications, l'est en tout premier lieu dans notre langue maternelle. Ce qui en soit pose une frontière virtuelle à un sentiment sincère d'unité culturelle et politique avec l'internaute étranger. Les débats politiques, quand bien même ils peuvent s'élargir aux questions internationales, sont entretenus sur les réseaux sociaux à l’aune des intérêts nationaux des internautes concernés. Évidemment, l'on constate des Africains, des Français, des Belges, des Suisses et des Canadiens que la francophonie rapproche, participer à des discussions politiques sur de mêmes espaces virtuels. Mais bien que le lien entre les Wallons et les Français soit plus étroit qu'avec les autres communautés nationales mentionnées, de façon générale, ces discussions politiques restent minoritaires et liées à des thématiques relativement généralistes par rapport aux discussions politiques plus intenses qui rassemblent les internautes d'un même pays.

Internet ne va donc pas diluer la singularité entre les peuples, mais au contraire, confirmer celle-ci. Il est vrai cependant que l'essor technologique attenant, nous permet désormais de jouir d'une encyclopédie universelle sans cesse alimentée et corrigée, en plus d'une plate-forme à l'abri (relatif) du contrôle des gouvernements et des puissances financières, pour permettre à des millions de gens d'échanger leurs idées, indistinctement de leur origine nationale.

Cela n'est pas sans influence sur le progrès démocratique espéré. Mais les tenants du mondialisme en seront pour leurs frais, internet pas plus que le venin libéral, ne parvient à démolir le cœur des nations. Jay Rockfeller dans une commission sénatoriale aux USA en 2009, disait « regretter l'existence d'internet ». Hillary Clinton accusait de son côté le site Wikileaks d'avoir soutenu son rival Donald Trump lors de la campagne électorale américaine, là où le site de Julian Assange, se bornait à faire œuvre de transparence sur le contenu des mails de l'ex Secrétaire d’État, rendus publics par la Justice américaine. Au niveau européen, la chaîne de télévision russe « Russia Today » diffusée essentiellement au-travers des canaux numériques, s'est vue censurée par le gouvernement britannique, et violemment attaquée au sein du parlement européen du fait de la contre-propagande qu'elle oppose sur les questions économiques et géopolitiques en Europe. En Chine, il est littéralement impossible d'accéder à certains sites internet pouvant faciliter l'organisation de débats politiques populaires et libres. De façon générale, les puissants, qu'ils soient financiers, politiques ou mêmes médiatiques, font montre de leur défiance face à la puissance de l'outil démocratique et alter-médiatique qu'est internet. Ni les mondialistes, ni les nationalistes les plus rigides n'apprécient le contre-pouvoir populaire que les réseaux sociaux opposent à leur propagande.

Les États ne disparaissent pas autrement que par l’absorption au sein d'un autre État plus puissant et victorieux dans une guerre d'invasion, ou par la partition dans le cadre d'une guerre civile. Et cela n'est le propre que des États faibles. Ceux qui sont structurellement rendus indestructibles sont ceux qui jouissent d'une Armée moderne et fortement dissuasive à toute agression étrangère, ce qui par extension, les protège de tout arbitraire politique extérieur. Un pays comme la France peut faire sa révolution sans craindre les menaces étrangères ou de différentes puissances financières, car l'armée issue du peuple, ne peut se retourner contre les siens, cela sous mandat étranger ou privé. Un État puissant l'est indépendamment des périodes de relative faiblesse qu'il peut démontrer à l'international, car elles ne sont que la traduction d'une volonté politique limitée d'un gouvernement, alors que les capacités d'influence diplomatiques et militaires du pays peuvent s'affranchir d'un grand nombre d'obstacles que la majorité des États dans le monde ne peuvent pas mépriser. Ce n'est pas la même chose de dire ses quatre vérités aux États-Unis d'Amérique quand on est le chef d’État de la France, plutôt que celui du Pérou. La volonté politique d'un dirigeant péruvien peut surpasser de très loin la volonté politique d'un dirigeant français, mais le rapport de force dans les discussions diplomatiques reste inégal à l'aube de l'an 2017.

Cette inégalité peut reposer à la foi sur des mesures économiques hostiles à un pays en voie de développement par certaines puissances, mais elle peut découler uniquement de circonstances historiques ou géographiques clairement défavorables.

D'abord, admettons que les civilisations n'ont pas toutes été en quête de développement technologique aussi intense qu'en Europe et en Chine au cours des millénaires passés. L'Amérique précolombienne, l'Afrique, une grande partie du Moyen-Orient et l'Océanie, ont vu leurs populations souches rester dans un système politique essentiellement tribal, à l'écart des grandes routes commerciales entre l'Europe et l'Asie. Les guerres et le commerce ont en effet été des puissants moteurs du progrès technologique. La guerre exigeait d'innover dans l'armement, le commerce permettait les échanges d'idées. Si les Chinois inventaient les feux d'artifices avec la poudre à canon, c'est sur la route de la soie que la recette et les applications militaires de la technologie se discutent. Et c'est encore plus tard que l'on appréciera l'intérêt civil de la dynamite ou de la propulsion aéronautique de cette petite chimie. Les nations amérindiennes de même que les Africains, ne répugnaient pourtant ni à la guerre, ni au commerce, mais leur spiritualité, leur philosophie, en un mot, leur Culture, ne hissait que très exceptionnellement les Hommes à tendre vers le dépassement et l'innovation. La Nature pourvoyait aux besoins essentiels des communautés, et aucune puissance étrangère à la foi hostile et supérieure technologiquement, n'obligeait ces gens à se dépasser pour survivre. 

L’assujettissement à des civilisations plus avancées ou du moins plus puissantes technologiquement, était le prix à payer pour cette nonchalance multiséculaire à ne pas innover en parallèle de l'Europe et de l'Orient. Nous pourrions condamner nos aïeux d'avoir manqué à leur devoir de respect de l'auto-détermination des peuples aux époques cruelles où ils soumettaient des indigènes d'autres nations, mais cela serait faire fi que le concept n'existait pas il y a plus d'un siècle, et que l'on est responsable que de ses propres inactions durant son temps de vie, et non face à l'Histoire passée.

De facto, les États les moins puissants partent aujourd'hui avec un handicap économique, militaire et diplomatique qu'il convient de rattraper éternellement. Car les États les plus puissants, même sous la volonté politique des pires traîtres pouvant les gouverner, ne peuvent s'affaiblir à la mesure des nations les plus en retard. C'est donc pour l'internationaliste convaincu un exercice intellectuel très périlleux que d'imaginer l'harmonisation des normes et le ré-équilibrage entre les nations, car même avec le soutien des puissances les plus respectables, l'inégalité technologique et économique risquera sans nul doute de perdurer encore longtemps. Il y a pourtant matière à réduire ces inégalités comme nous le verrons, à échelle d'une vie d'Homme. 

Toujours est-il que l'on a plus à craindre (ou s’enthousiasmer) de la naissance de nouveaux États dans les années futures, du fait des réalités géopolitiques d'aujourd'hui. La Fédération de Russie bien que puissante, n'est pas unifiée culturellement d'une frontière à l'autre de son territoire. Cela peut générer des velléités indépendantistes qui, sur le long terme, peuvent avoir raison des contours géographiques actuels de ce pays.

Les aspirations à l'auto-détermination d'autres peuples comme les Kurdes ou les Palestiniens, ne manqueront pas dans le futur de se rappeler aux disputes internationales et trouver leur paroxysme sur le seul fait démographique. Les populations arabes et kurdes, chacune sur les territoires politiques revendiqués, connaissent une croissance démographique suffisante pour faire obstacle à l'influence politique de leurs opposants. La guerre des ventres est aussi silencieuse qu'implacable pour les peuples cherchant à obtenir la liberté de se constituer en nations. 

Certains différents territoriaux continuent de courir en Asie, notamment entre la Chine et Taïwan. Bien que cette île fut longtemps sous souveraineté chinoise et que l'une et l'autre partie revendiquent la souveraineté politique sur la Chine toute entière, il n'est pas improbable que dans le futur, des dirigeants de la Chine continentale finissent par considérer qu'il y ait plus d'intérêt à reconnaître l'auto-détermination de Taïwan que maintenir sa volonté de réintégration. Il est à noter qu'à l'inverse, une transition politique majeure puisse permettre aux deux Corée de se réunifier.

Mais l'essentiel de la réorganisation des espaces politiques dans le monde, aura certainement cours en Afrique. Les anciens colons ayant imposé leurs propres frontières au mépris des réalités ethniques et linguistiques des populations d'hier, ont laissé après le terreau à toutes les rivalités fratricides au sein du continent noir. Un grand nombre d’États africains malgré ce handicap, ont déjà trouvé les ressorts pour devenir de véritables communautés politiques émergentes. Mais d'autres, comme la République Démocratique du Congo, le Mali ou encore le Tchad, la Centrafrique, le Niger et le Nigeria où des irrédentismes Haoussa, Peuls et Malinkés subsistent tant bien que mal dans ces pays composites, souffriront peut-être de leur éclatement futur en un ensemble de nouveaux États. A l'inverse, le Sénégal aura forcément la tentation logique de reprendre le contrôle du fleuve Gambie par l'annexion de l’État attenant. Les rivalités franco-anglaises sur cette partie de l'Afrique, heurtent profondément la gestion de la ressource en eau d'une grande partie du Sahel. Mais le Sénégal est un pays arrivant à maturité politique, et capable de constituer son indépendance économique pleine et entière sur la seule bonne volonté de ses dirigeants du moment. Disposer du plein accès à la Gambie tant pour son commerce que pour assurer l'alimentation en eau des champs et des villes éloignées, est un enjeu d’État pour le Sénégal. Et ce pays aspire à devenir une puissance reconnue en Afrique. Il est aussi à noter que l'ex-Abyssinie aura peut-être vocation historique à se réunifier. L’Éthiopie dont on aurait tort d'ignorer l'ancienneté politique, a perdu son accès à la mer avec l'indépendance de l’Érythrée et de Djibouti. Les conflits entre ces derniers pays sont récurrents depuis des années, et portent jusqu'en Somalie. 

Les puissances occidentales entretiennent le macabre statut-quo en laissant des populations se déchirer, plutôt que de trouver l'appui nécessaire pour résoudre leurs conflits largement dus aux effets délétères du colonialisme arabo-européen. 

Que ce soit dans le déchirement par le sang, ou par le jeu démocratique, les frontières seront appelées à demeurer mouvantes dans les années à venir dans certaines contrées. Le Soudan s'est partitionné récemment, la Crimée est retournée à sa mère Russie, la Serbie n'a pas fini de digérer la guerre de l'OTAN l'ayant dépecé de son territoire et de son accès à la Mer Adriatique.

De nombreux conflits ensanglantent déjà le monde ou couvent encore avant leur explosion inéluctable. Nous avons la possibilité de les désamorcer. Cela suppose tout d'abord d'avoir un regard objectif et un tant soit peu historique de la construction des États. Mais aussi une réflexion humaniste plus générale, qui vise à promouvoir la paix non par la remise en cause des États, mais bien au contraire par leur promotion la plus honorable. C'est à ce niveau que les institutions internationales doivent pouvoir jouer leur rôle à plein. Un État naît d'une volonté d'indépendance et d'une reconnaissance internationale. Ignorer délibérément cette réalité fait le lit de guerres civiles inutiles et évitables...


samedi 12 novembre 2016

Que la Haute Cour soit réunie pour de vrais crimes de trahison !

Le 13 Octobre 2016, les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publient le livre "Un président ne devrait jamais dire ça". Ce livre résume des entretiens au long cours entre François Hollande et les journalistes, où un certain nombre d'informations sensibles seront révélées par l'actuel président de la République. Durant la période de promotion de l'ouvrage, les auteurs publient le 24 Août 2016 dans le journal "Le Monde" un article reprenant des extraits de leur livre, et notamment un mémo datant du 29 Août 2013 rédigé par le chef d'état-major du président de la République, sur des frappes envisagées en Syrie, et fort logiquement classifié "confidentiel défense".

Le 24 Août 2016, le député Eric Ciotti, sans doute en mal d'actualité médiatique, s'indigne alors que de tels documents puissent fuiter du palais présidentiel. Il écrit au Ministère de la Défense le 26 août 2016 pour exiger des explications qui ne lui seront d'ailleurs jamais fournies. Après avoir réitéré l'initiative le 21 Octobre 2016 sans plus de succès, il fait saisine du procureur de la République de Paris, François Molins le 4 Novembre 2016, afin de dénoncer le crime de violation du secret défense de la part de François Hollande. Dans le même temps, le 10 Novembre 2016, assisté de Christian Jacob et de quelques autres députés du groupe "Les Républicains", Pierre Lellouche transmet au président de l'Assemblée Nationale, Claude Bartolone, la proposition d'institution de la Haute Cour de la République en vue de destituer François Hollande. Pour anecdote, je note la bouffonnerie de Bruno Lemaire, qui a justifié ne pas souhaiter soutenir cette procédure, car "il appartiendrait au peuple de destituer le président". Oserais-je lui signifier qu'un peuple ne destitue son chef d'Etat que par la Révolution si la Justice ou le Parlement n'agissent pas en tant que contre-pouvoir ?

Bien que je n'ai pas encore eu accès au livre en question, ni au document confidentiel défense attisant une telle polémique, les informations que j'ai pu compulser permettent de mettre en doute la sincérité et le bien-fondé de la procédure engagée par les députés de "l'opposition" contre François Hollande. 

Commençons par traiter du fond de l'affaire :

Il est reproché à François Hollande d'avoir livré à des journalistes un document classifié sur une opération militaire à venir. Formellement, il est vrai que cela est bien réprimé par la loi et pourrait valoir au traître siégeant à l'Elysée, jusqu'à 7 années de prison.

Cependant, le dit-document n'est révélé que le 24 Août 2016, soit près de trois années après sa rédaction. Il ne portait pas sur un secret d'Etat au long cours, mais sur la planification d'une opération militaire, qui une fois aboutie, n'aurait eu aucun intérêt à être maintenue sous le régime du secret-défense, à moins que les informations communiquées portent sur des cibles encore traquées aujourd'hui. Il se trouve que l'opération en elle-même n'a jamais eu lieu, ce qui en soi, témoigne de l'absence de faits sur lesquels instruire une procédure correctement circonstanciée. Aucun secret militaire n'a été révélé à l'ennemi au moment où l'opération a été envisagée, aucun soldat n'a perdu la vie du fait des fuites de ces informations plusieurs années après les faits. 

Le régime de classification liée à une opération militaire, doit d'avantage garantir son succès et la sécurité des soldats mobilisés sur le moment, qu'être une mesure définitive dans le seul but de camoufler ce que tout le monde sait déjà : la France est pro-active en Syrie du point de vue de la mobilisation de ses armées. On peut même dire - sauf si nous devions apprendre que cette opération visait des militaires de l'armée régulière syrienne - que la révélation de ces informations, serait de nature à dédouaner François Hollande de se borner à soutenir le terrorisme international en prouvant qu'il le combat factuellement dans le sens espéré pour la paix en Syrie. Un plan com qui loin de desservir Hollande, lui redonne une assise présidentielle.

Par ailleurs, notons que le président de la République est finalement responsable de ce qui doit être classifié ou au contraire déclassifié comme information sensible. Il est en outre le chef des armées, et bien que le droit international sanctionne ce qui peut s'apparenter à des assassinats hors contexte militaire bien défini (état de guerre reconnu), rien n'est plus légitime et nécessaire que l'institution qu'est le président de la République, puisse décider de l'exécution d'assassinats ciblés, s'ils sont de nature à préserver la vie de milliers de gens, en particulier sur le territoire français.

Il suffit d'un peu de logique pour comprendre qu'une réponse défensive immédiate à une agression militaire de la France ou l'exécution d'une mesure offensive sensible mais nécessaire, ne peut être soumise à l'assentiment du parlement, voire du peuple tout entier par référendum pour des raisons évidentes :

- Célérité et confidentialité de l’exécution d'une opération militaire
- Réduction au chef suprême des Armées, à son état-major, au premier ministre et au ministre de la défense, de la réflexion éthique concernant la légitimité de l'opération militaire envisagée.

Notamment lorsqu'il s'agit d'opérations dites "homos" qui correspondent à des assassinats ciblés. La logique institutionnelle veut que l'ensemble des forces engagées dans une opération aussi sensible, soient totalement déresponsabilisées de ce débat éthique en tant qu'exécutantes. Voila pourquoi l'Armée exige un fonctionnement strictement pyramidal, avec un chef suprême à sa tête pour décider de ce qui admissible et légitime en matière de défense nationale. Néanmoins, il revient à l'état-major et aux ministres concernés, d'être les garde-fous de toute dérive de la part du président de la République. Les militaires et civils qui sont directement sous les ordres du président de la République, sont aussi ses conseillers, et le cas échéant ceux qui doivent empêcher un ordre manifestement illégal d'être exécuté, comme en dispose l'article 122-4 sur le commandement de l'autorité légitime.

Ce n'est donc pas sur le fait que François Hollande ait pu décider d'opérations militaires, y compris des assassinats ciblés qu'il y a lieu de juger, à moins que ses décisions aient pu porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, ou que ces opérations visaient des fonctionnaires, militaires ou responsables politiques d'Etats Souverains ne nous ayant jamais agressé en aucune façon.

A ce titre, je ne peux m'empêcher d'y voir une tempête dans un verre d'eau visant d'avantage à nuire à l'institution présidentielle, qu'en la personne de François Hollande. Il s'agit de remettre en cause le bien-fondé de la chaîne de commandement militaire dont le président de la République est le dernier maillon, plus qu'à mettre en cause de vrais crimes de haute trahison que l'on peut reprocher au citoyen François Hollande.

Ainsi, les mesures de classification qui protègent au long cours des discussions diplomatiques, ont été violées par les Etats-Unis d'Amérique, lorsque l'on appris que nos diplomates de l'ONU ont vu leurs communications espionnées. De même, on peut considérer que l'inaction du président de la République face aux écoutes répétées de la NSA et la CIA, notamment de nos diplomates, parlementaires, ministres, le président lui-même, généraux ou grands patrons d'entreprises, s'apparente à de la livraison d'informations à l'ennemi, même de façon passive. Il est par exemple un secret de Polichinelle que sur le toit de l'ambassade des USA à Paris (à proximité directe de l'Elysée ; l'Assemblée Nationale et certains ministères sensibles), se trouve un appareil d'écoute capable de capter l'essentiel des conversations téléphoniques des parisiens sur un rayon de près d'un kilomètre.

Y-a t'il eu une réaction du président de la République à ce sujet ? Nos députés si sensibles au respect de la confidentialité des communications d'Etat, sont-ils vent-debout contre cette ingérence grave des Etats-Unis en France ?

Quant aux communications des citoyens français, dont plus de 70 Millions de données ont été livrées à la N.S.A sous l'autorité de Nicolas Sarkozy fin 2011, ne méritent-elles pas comme la loi en dispose, d'être protégées ? 

Un autre scandale qui méritait que la Haute Cour soit réunie, est celui de la livraison des troupes et matériels militaires de la France aux Etats-Unis le 2 Juillet 2013, lorsque l'avion du président de la République plurinationale de Bolivie, s'est vu contraint d'atterrir en urgence en Autriche, du fait que la France et d'autres pays vassalisés aux intérêts américains, ont fermé leur espace aérien à celui-ci. Le motif d'une telle violation du droit international (dont le président de la République est pourtant garant du respect de part l'article 5 de la Constitution), était le soupçon des autorités américaines, sur le fait qu'Evo Morales tentait d'exfiltrer Edward Snowden de la Russie. 

La France, qui grâce à ce jeune lanceur d'alerte a pu découvrir quantité d'aliénations de nos intérêts fondamentaux et de la sécurité de nos infrastructures de télécommunication par une puissance étrangère manifestement HOSTILE (les Etats-Unis d'Amérique), aurait dû accorder l'asile politique à Edward Snowden, ou pour le moins, ne rien faire qui puisse l'empêcher depuis un autre Etat, de continuer de produire des révélations intéressant au premier chef la défense nationale. En accordant aux USA nos moyens militaires pour contraindre une ambassade volante à ne pas survoler notre territoire (radars de surveillance ; avions de chasse prêts à décoller pour intercepter l'avion d'Evo Morales ; personnel militaire dédié à l'exécution de cette procédure), François Hollande s'est rendu coupable d'intelligences avec l'ennemi. Les articles 411-3 à 5 qui répriment ce type de trahison, portent sur 30 années de prison, jusqu'à la perpétuité. 

Mais aucun député ne s'est ému de cette trahison.

Mieux, le parlement a carrément avalisé par vote une autre trahison de François Hollande heurtant très sévèrement nos intérêts diplomatiques, militaires et économiques au profit des Etats-Unis d'Amérique : l'annulation de vente des navires Mistral à la Russie.

Que ce soit la passivité de François Hollande, chef des Armées et garant de notre intégrité territoriale et de notre indépendance nationale, dans la protection des données de télécommunication des citoyens et diplomates français, ou ses intelligences avec l'ennemi plus pro-actives, il ne fut jamais question de le destituer. Ces crimes étaient sans doute moins graves aux yeux de "l'opposition" qu'une fuite d'un mémo classifié, sur une opération militaire n'ayant jamais eu lieu, trois ans après les faits.

De même, lorsque François Hollande disait soutenir "la rébellion modérée" en Syrie par la livraison d'armes de guerre, on ne trouva personne pour se scandaliser d'un tel financement du terrorisme contre un Etat Souverain, laïc et dont le régime politique disposait au moins d'une légitimité électorale à faire valoir, si ce n'est du droit international consacrant l'auto-détermination des peuples. Aucun député ne fit la relation entre ce financement du terrorisme tant en Syrie qu'en Libye, sur les flots de réfugiés que cela entraîna en France, ni même sur les attentats subis par la France, notamment au Bataclan. Il y avait pourtant matière à exiger la destitution de François Hollande. Mais non, les crimes de papier semblent plus graves contre nos intérêts d'Etat, que les crimes de sang de François Hollande.

En conclusion donc, je note que cette procédure de destitution se fonde sur des faits qui sans être pleinement licites, n'ont en rien affecté les intérêts fondamentaux de la nation, ni même la bonne exécution d'une opération militaire, et que les protagonistes de cette actualité, disent eux-mêmes que la procédure n'ira pas jusqu'à son terme. Ces mêmes protagonistes plus ou moins liés à Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, seraient tout à fait incapables de dénoncer les crimes de livraison de données de télécommunication des français, violation du secret des correspondances, financement du terrorisme, violation du droit international et même les crimes contre l'humanité commis par les deux affreux cités, qui étaient aux responsabilités entre 2007 et 2012. Et pourtant, nul doute que tout comme les lanceurs d'alerte en France sur ces sujets, ils ont pu compulser les mails envoyés ou reçus par Hillary Clinton sur Wikileaks, qui prouvent à minima, que l'agression contre la Libye poursuivait des objectifs très éloignés de ceux qui furent cités dans la presse par M. Sarkozy et M. Juppé. Et les preuves sont d'une très grande qualité et parfaitement circonstanciées pour faire leur effet dans un tribunal.

Utiliser à des fins électoralistes et médiatiques la procédure de destitution du président de la République, marque le mépris affiché des institutions de M. Ciotti et consort, pourvu qu'elles servent leur "carrière" (si tenté qu'un mandat politique puisse être considéré comme un "emploi").

La procédure de destitution a peu de chance d'être menée jusqu'à son terme, et je suppose qu'à aucun moment, les vrais sujets seront énumérés dans les charges retenues contre François Hollande. A toute fin utile, je laisse ici un lien vers le réquisitoire contre l'actuel président de la République que j'ai rédigé de telle façon à ce que les faits que je dénonce et les lois qui les répriment, puissent être connus des députés à l'initiative de cette procédure. Vous pouvez comme moi, leur envoyer un courriel pour exiger qu'ils aillent plus loin, en tout cas s'ils sont sincères dans leur démarche, et non partisans.

Sylvain Baron

Pour écrire aux députés soutenant la procédure de destitution :

Eric Ciotti : eciotti@assemblee-nationale.fr
François Fillon : ffillon@assemblee-nationale.fr
Nathalie Koscuskio Morizet : nkosciusko-morizet@assemblee-nationale.fr
François Copé : jfcope@assemblee-nationale.fr
Pierre Lelouche : plellouche@assemblee-nationale.fr
Laurent Wauquiez : lwauquiez@assemblee-nationale.fr
Jean-Frédéric Poisson : jfpoisson@assemblee-nationale.fr
Christian Jacob : cjacob@assemblee-nationale.fr

dimanche 6 novembre 2016

La page blanche

Elle me toise et semble se rire de moi. Je suis face à elle et déjà, je lui inflige la première salve. Je n'ai pourtant aucun argument à répondre à sa silencieuse provocation. Je n'ai même d'ailleurs aucune envie de danser avec elle sur de nouvelles colères ou d'éternels espoirs qu'elle me sait cultiver. Non, cette fois-ci, nous ferons les choses à l'ancienne. Je dégainerais bien volontiers ma guitare pour égrainer quelques arpèges à même de m'inspirer quelques vers. Il y aurait bien là un merveilleux prétexte pour clouer le bec à cette vieille maîtresse. Mais elle est désormais bien loin ma mélancolie adolescente. Et aucune ode à la joie n'est venue prendre sa place. 

Alors j'écris pour le seul plaisir d'écrire, sans même trop savoir où cela me mène. J'entends les tambours appelant à la bataille résonner de façon sourde en moi. Je ne peux leur résister. Mais aujourd'hui, la guerre est technologique, et même le plus pauvre des soldats se bat désormais avec un clavier plutôt qu'une plume. Mais toujours rien. Aucun adversaire n'est désigné, aucune mission de reconnaissance ne m'est assignée, j'erre seul sur cette maudite page blanche.

Pourtant, l'appel n'a jamais été aussi fort. Bien sûr, je pourrais me replonger dans n'importe quel travail littéraire attendant que de nouveaux chapitres s'écrivent, mais j'aspire à la Liberté. Je refuse délibérément toute recherche utile à mes rédactions habituelles, toute pensée canalisée et ordonnancée dans le spectre étroit d'une réflexion philosophique ou politique. Mon esprit survole une plaine ou chaque brin d'herbe est un territoire cognitif à explorer. Le vent souffle une cacophonie de sujets derrière lesquels un seul doit être trouvé. Je le sais, je le sens parfaitement. Quelque chose veut sortir, mais reste désespérément enclavé en mon cœur.

Au-devant de cette confusion dissonante, j'accorde un peu d'attention à mon pote Bertrand qui me suggère de faire confiance à mon étoile. Sa voix chaleureuse, les violons de Tiersen, la puissance de ses mots, rien n'y fait. Seule une ambiance reste et demeure. Mais le monstre tapi dans les moindres cellules de mon corps, continue de tourner en rond sans trouver l'issue que je lui cherche du bout de mes doigts. Ô bien sur, je pourrais arbitrairement décider que cet état d'âme fait suite à différentes formes de stress qui pèsent sur ma vie en ce moment-même. Je pourrais écrire en l'honneur de José, puisque sa disparition me hante et que je ne me défais pas encore du poids des reproches que je me porte sur ce que je valais en tant qu'ami pour lui, et pour d'autres encore aujourd'hui. Mais les larmes ont déjà coulé et risqueront bien de couler à nouveau dans les prochains jours. Je ne compte donc pas échanger la pureté de mes émotions contre du verbe. Ce ne serait pas rendre honneur à José.

Est-ce mon aspiration à m'extraire d'une dissidence qui défie sans cesse l'idée que l'espoir mérite d'être cultivé ? Est-ce ma tentative d'épuration administrative et financière faisant que je me secoue plus fortement qu'habituellement sur ces problèmes, qui pèserait sur mon esprit en ce moment ? Non. Ce ne sont que des symptômes de quelque chose de plus profond. J'ai écris sur le temps qui passe, sur l'amour, la mort, la spiritualité, la solitude, la politique, l'économie, la géopolitique et tant d'autres sujets que je ne pourrais être exhaustif de mes fulgurances passées. Mais aujourd'hui, triste innovation, j'écris pour ne rien raconter. Juste noircir cette vieille amie, qui déjà, se montre un peu moins arrogante à force d'être souillée de mes mots.

A quelques mètres derrière moi, c'est désormais ma guitare qui se propose de me consoler. Si je ne trouve les mots, elle sait que je trouverai au moins les bonnes harmonies. Mais elle ne se suffira pas à me faire exulter ce qui me ronge. J'essaye de procéder par élimination, pourvu que cela sorte. Ce démon serait-il en moi en ce moment-même si j'étais accompagné plutôt que seul ? Je n'en doute pas un instant, quoi qu'il serait sans doute parasité. Ai-je besoin d'être réconforté par des bras aimants ? Je suis à peu près certain que mon esprit poursuivrait malgré tout ses divagations, c'est donc tout autre chose. Je regarde autour de moi pour tenter de m'observer avec l’œil d'un quelconque anthropologue. Une tasse de café vide posée sur l'imprimante ; quelques papiers jonchant le sol ; des classeurs chargés de documents juridiques et de documentation utile sur une étagère ; des chemises suspendues à une penderie, que je me refuse à porter le plus souvent ; des accessoires de vie pour l'essentiel strictement utilitaires, ternes, froids, dépourvus de toute recherche esthétique ; un savant mélange de bordel et d'organisation strictement fonctionnelle de ma vie ; tout cela manque de moi profond. Les apparences ne peuvent que laisser entrevoir un esprit brouillon pataugeant néanmoins dans des réalités bien concrètes de la vie. Pas de babioles laissant à deviner une part de légèreté ou d'intérêt pour quelque chose de plus transcendant. Pas de photo dans un cadre, je les range dans ma mémoire s'agissant de ceux que j'aime. Les choses brillent par leur absence plutôt que par leur trop plein dans ma vie.

Certains disent que je suis un type bien, et heureusement, une partie de ces gens sont bien des proches qui n'hésitent pas à me sermonner lorsque je me montre faible d'une façon ou d'une autre. Je ne pense pas ces gens capables de me mentir sur mon propre compte puisqu'ils ne craignent pas de me faire savoir quand je suis con. D'autres, sont convaincus que je suis la pire des ordures existant sur Terre. Peu m'ont rencontré ne serait-ce qu'une fois, et je ne me reconnais jamais dans la description qu'ils aiment à faire de moi. Et pourtant, dans le juste équilibre séparant l'amour propre de la nécessaire remise en question, je tends le plus souvent vers le côté obscur de la force :

Je suis marginal, avare d'émotions, autiste trop souvent dès lors que je suis pénétré par une idée ou un problème à résoudre, je donne peu de moi à quiconque, laisse peu de gens pénétrer ma bulle, je me sens mal à l'aise à chaque parole gentille sur mon compte et reste interdit face aux présents que l'on peut m'offrir. La plupart des femmes qui m'ont fréquenté, à quelques rares exceptions près, savent que je crains particulièrement leur amour et suis fuyant. Si je m'estime limité dans ma puissance intellectuelle et ma culture propre, je n'en reste pas moins rationnel avec mon environnement social et politique. Aussi, j'agace quand je revendique ne pas être le moins stupide et inculte au sein des masses anonymes dégustant avec plaisir leur propre part d'abrutissement, et qu'à ce titre, j'accorde plus de crédit aux fruits de ma pensée, qu'aux hystéries et passions fugaces d'une grande partie de mes contemporains, y compris au sein de la dissidence. Je n'ai toujours pas réussi à canaliser mes moments de colère autrement qu'en fielleuse arrogance, ni mes moments de désespoir en autre chose qu'une profonde apathie de tout. Je ne bâtis pas, je plante ici et là des idées en espérant leur germination sans que je n'ai à les entretenir. Je n'assume pas vraiment, je préfère marcher sur les côtés. L'être que je suis est autrement plus misérable que ceux qui m'aiment acceptent de le concéder.

Je ne suis certes pas doté d'un désir de malveillance à l'égard d'autrui, mais je suis un véritable handicapé social, ne sachant pas gérer normalement mes relations humaines. Je ne sais pas recevoir, et par conséquent, je rend très mal. Le prisme des réseaux sociaux est un miroir sacrément déformant. Il est de plus en plus régulier que l'on me félicite pour ma visibilité sur ces canaux, mais des centaines, si ce n'est des milliers de gens ont une visibilité comparable à la mienne en France. Une visibilité qui ne correspond à rien de réellement sérieux et notable. De la même façon, on me témoigne trop souvent des remarques sympathiques sur mes analyses ou mes initiatives militantes, et certains voudraient même me placer dans un rôle de leader. Je ne sais jamais quoi répondre tant je suis convaincu qu'il y a erreur sur la personne, et que je suis tout, sauf ce qui est espéré par certains.

Alors bien sûr, je ne peux que me reprocher d'appeler mes contemporains à la révolution, proposer une méthode, un plan de route pour la débuter, la réussir et la terminer. J'aurai été plus malin de me contenter du travail intellectuel pour le remettre à un meilleur communicant que moi. Confier ce travail à quelqu'un qui aspire de toute façon à être aimé ou diriger les hommes. Mais ces gens là ne s'inspirent pas du travail des autres qu'ils estiment forcément comme "concurrents". Alors ils s'agitent, publient compulsivement vidéos et vues d'esprit, pour peu que des centaines de clics si galvanisants en découlent. Pendant ce temps là, j'entretiens ma grève de toute interaction avec mon "public", ne revenant vers ma propre fenêtre sur le reste du monde, que pour y publier des informations nouvelles, répondre à quelques commentaires, avant de retourner à ma solitude tant chérie. Si j'ai foi en l'humanité, les êtres humains me font peur. Bien sur, il y a de vrais moments de plaisirs partagés, des discussions passionnantes et passionnées, des éclats de rire qui n'ont rien d'artificiels et forcés. Confrontez-moi à cette humanité, et je redeviens naturellement sociable et spontané. Mais je sais qu'au-delà de quelques heures de ressociabilisation, il me faudra fuir et rester planqué quelques jours dans ma tanière, pour récupérer l'énergie donnée à être quelqu'un comme les autres. Je n'ai jamais rien forcé, mais cela m'a toujours coûté. Si j'étais un autre que moi, et que je me rencontrais, je pense que je ne trouverais pas l'homme que je suis, sympathique et attrayant. Et ne pouvant me défaire de mes idéaux, je ne puis que composer avec ce que j’exècre pour les défendre. Je dois communiquer, et parfois même, me positionner en tant que décideur. Une psychothérapie au long cours ou du masochisme qu'il serait temps de faire cesser ?

Les tambours continuent de marteler en moi, mais rien n'est vraiment sorti. Quelque chose sonne l'alarme, et cela semble répondre à un appel que je ne perçois pas. Quelque chose qui est hors de moi. J'ai fais le tour de mon âme par les bords, et même en sondant un peu les bas-fonds, mais je n'ai fais qu'exciter le monstre sans pouvoir  écarter les barreaux de sa cage. Je n'ai cependant pas laissé la page blanche se rire de moi. J'ai relevé son défi, aiguisé quelques mots et tatoué ces derniers sur le corps de ma vieille complice. Ne reste plus qu'à céder à ma guitare, et si cela ne me suffit pas, je trouverais bien quelque chose à frapper de mes poings quelques minutes pour épuiser cette tension qui me malmène. 

Il y aura forcément une autre page blanche à noircir dans les jours à venir, et je l'espère, une pesanteur qui se sera effacée...

Sylvain

mercredi 2 novembre 2016

Lettre ouverte aux policiers en colère

Mesdames, Messieurs les policiers,


C'est en tant qu'activiste, simple citoyen et révolutionnaire parfaitement en phase avec mes convictions, que je souhaite vous faire parvenir ce mémorandum. Celui-ci vise à vous faire connaître, ce qui selon moi, pourrait à la foi garantir le soutien des réseaux alternatifs dans votre mobilisation, mais aussi sur le long terme, redessiner les contours d'une politique de sécurité publique qui satisfasse autant vos exigences professionnelles, que le soucis de meilleur contrôle de votre institution que réclame un très grand nombre de nos concitoyens.

Vous le savez, différentes études autant que votre quotidien, témoignent que les Français sont globalement méfiants vis-à-vis de la police nationale. Paradoxalement, tel n'est pas le cas de l'Armée qui continue malgré l'usage politique qui est fait de celle-ci (et violant expressément nos principes constitutionnels et le droit international en la matière), de bénéficier d'un capital sympathie très important au sein de la population.

Le problème peut paraître insoluble du fait de la spécificité de vos missions, et pourtant il ne l'est pas, si tant est que vos revendications s'élargissent, ou à minima, tiennent compte des observations que je souhaite faire valoir dans ce document. En voici les principaux points :

I - LES FRANÇAIS NE SOUTIENNENT JAMAIS DES REVENDICATIONS CORPORATIVES

Nombre de manifestations ces dernières années, ont mobilisé des fonctionnaires et travailleurs de différents secteurs d'activité, sans que jamais les Français dans leur écrasante majorité, ne s'y soient intéressés suffisamment.

Pour la bonne et simple raison que les revendications corporatives sont considérées comme particulières, n'ayant aucune influence sur l'ensemble des politiques publiques du pays, ni même de quoi inquiéter une « représentation » politique largement contestée. Elles ignorent le reste des citoyens et ne changent en pratique, absolument rien à leur quotidien. A ce titre, bien qu'une partie de vos revendications soient sensées intéresser tous nos compatriotes car touchant de près à la gestion publique de leur sécurité individuelle, la mobilisation citoyenne restera timide sans un élargissement de vos exigences sur des questions d'intérêt général. Sans cette mobilisation citoyenne attendue, le Gouvernement se sentira suffisamment tranquillisé pour se jouer de vos mobilisations par les artifices habituels (promesses sans lendemain ; audition de porte-paroles syndicaux contestés et illégitimes ; censure ou diffamation médiatique ; sanctions administratives ; etc.) 

C'est donc le premier élément de réflexion qu'il convient de tenir pour vous : quelles revendications plus généralistes seraient de nature à ne pas briser votre unité ; rester raccord même indirectement avec votre mission de maintien de l'ordre public ; et donner le sentiment à tous les citoyens politisés (partisans ou non) qui suivent votre mouvement sur les réseaux sociaux, que la police nationale reste constituée de citoyens en colère, avant même de parler de professionnels de la sécurité publique ?

Connaissant parfaitement les sujets politiques qui agitent sans cesse nos réseaux - tout de même constitués de plusieurs millions de personnes (tous partis, collectifs ou associations confondus) – je me bornerai à les citer par ordre d'importance pour que vous puissiez les méditer :

- Renverser l'oligarchie (à commencer par le chef d’État et son gouvernement)
- Sortir de l'Union européenne, l'euro et l'OTAN
- Établir un processus constituant

Ces revendications portant sur l'intérêt général, ne sont absolument pas distinctes de la question des politiques de sécurité publique, à bien observer les choses :

Il va de soi que les responsables de l’aggravation d'un climat social et politique favorisant la criminalité en France, sont nos mandataires. Nous pouvons affirmer et démontrer que François Hollande, ainsi que certains de ses ministres, portent une très lourde responsabilité quant aux vagues de terrorisme qu'a connu la France ces deux dernières années. Pensez aux passeports des meurtriers du Bataclan, et le soutien diplomatique et militaire très appuyé de M. Hollande, aux « rebelles modérés » qui sévissent en Syrie. Je puis affirmer que M. Hollande, dans un État de droit qui se respecte, devrait logiquement être traduit en Justice pour financement du terrorisme ; intelligences avec des puissances étrangères et crimes contre l'humanité. La Haute Cour de la République (constituée de députés, sénateurs et magistrats) aurait dûe depuis longtemps être instituée pour juger ces crimes et voter sa destitution (nous pourrions en dire autant de son prédécesseur). 

A l'égal de tous les citoyens, vous observez les graves manquements, pour ne pas dire les trahisons répétées de notre oligarchie politique, quant à garantir la sûreté intérieure de notre territoire, ainsi que notre indépendance et notre neutralité sur les conflits menés dans certains pays par des puissances étrangères réellement malveillantes (Qatar ; Arabie Saoudite ; Jordanie ; Turquie ; USA ; Royaume-Uni ; Israël). Outre les attentats, les vagues de réfugiés et de migrants que la France se doit d'assumer en plus de sa diversité déjà fort mal intégrée dans les ghettos, ne sont qu'un des symptômes de l'abandon de notre pays par le gouvernement et le parlement. Si vous n'entendez pas le cri du peuple à ce sujet, ou que celui-ci vous paraisse trop sensible pour que vous puissiez le relayer d'une façon ou d'une autre, l'on observera que vous refuserez comme tous les autres manifestants avant vous, d'attaquer le mal, à la racine. 

Je tiens à signaler ici, que la contestation et l'éviction du gouvernement, ne sont pas de nature à fragiliser l’État. En cas de vacance de la présidence de la République, c'est le président du Sénat qui reprend la main provisoirement. Les questions plus politiques devront se résoudre à la faveur d'une élection anticipée. 

La sortie de l'Union européenne et de l'euro couvrent deux aspects des intérêts fondamentaux de la nation : La démocratie (la souveraineté nationale est réputée une et indivisible, imprescriptible et inaliénable) et le bien-être social. Ce mémorandum n'ayant pas vocation à devenir un cours magistral sur l'économie politique et la philosophie du droit, je m'en remets simplement à votre bon sens de citoyens : dans quelles conditions l'intégration européenne s'est déroulée jusque-là ? (Dans le respect des référendums ou non) ? Est-ce que les promesses sur l'intérêt des traités ratifiés et de l'euro ont été tenues ? La France est-elle le seul pays en déclin économique en Europe ou une majorité d'autres peuples sont actuellement en souffrance ? Existe-t-il un peuple européen unifié sous un même socle culturel, linguistique, historique, géographique et économique ? Qui sont les réels bénéficiaires des traités actuellement ratifiés ? De quelle légitimité démocratique l'U.E bénéficie-t-elle ? Quel est l'impact des dérégulations financières et sur le commerce international inscrites dans le Traité de Lisbonne, y'a t'il sur l'emploi et par voie de conséquence sur le climat social ? Quid de la Suisse et de la Norvège qui sont hors de l'U.E et l'euro ? 

L'autre grand débat qui agite nos réseaux politiques (toutes tendances confondues) porte sur l'organisation d'une Constituante. Globalement, il s'agit de redessiner le contour de l'ensemble de nos institutions et conquérir de nouveaux droits pour les citoyens tels que : 

- Le Référendum d'Initiative Populaire Révocatoire
- Le Référendum d'Initiative Populaire Législatif
- La séparation définitive des pouvoirs et la reconnaissance de certains autres (comme les médias, la police ou l'armée)
- La réforme du mode de désignation de notre représentation politique

Pour les policiers, cette revendication n'est absolument pas anecdotique et sans conséquences. Cela signifie d'abord que tant votre institution, que la gendarmerie nationale (et plus globalement l'ensemble des armées), mais aussi l'autorité judiciaire, verront les principes constitutionnels qui les régissent, changer profondément, cela au service du peuple. Il y a donc énormément de débats entre professionnels et citoyens à tenir pour chacune des institutions du pays, pour que nos services publics s'améliorent considérablement dans leur fonctionnement au profit de tous. Un des nombreux débats qui pourrait par exemple s'imposer à votre corps professionnel, est celui de l'autorité politique la plus à même de superviser la police, et des modes d'évolution de carrière des policiers.

II - LES FRANÇAIS ONT TOUJOURS PEUR DE LA POLICE !

Les revendications exprimées par les policiers (telles que je les ai lues ou entendues), sont à mon sens, parfaitement légitimes, bien que certaines méritent un débat public plus intense. Ces revendications portent sur :

- La redéfinition du régime de légitime défense pour un policier dans l'exercice de ses fonctions.
- Les moyens nécessaires pour que la police dispose d'équipements et matériels en qualité et en quantité suffisante, ainsi que la salubrité des locaux.
- La culture plutôt laxiste d'un trop grand nombre de magistrats, qui se doit d'être entravée par des régimes de peines minimales à faire appliquer pour un certain type de délinquance ou encore la récidive.
- Que la hiérarchie administrative des policiers, soit liée à des évolutions de carrière des policiers de terrain, et non liée à des placements plus politiques.
- Fin de la politique du chiffre au bénéfice de la qualité du service rendu à la nation.
- Simplification des procédures administratives préalables à l'instruction judiciaire.

Ajoutons que nombre de policiers n'hésitent pas à scander (à juste titre) dans vos rassemblements, la volonté que Jean-Marc Falcone (directeur de la police nationale) et Bernard Cazeneuve (Ministre de l'Intérieur) remettent leur démission au Gouvernement.

Je souhaite ici faire remarquer que ces revendications sont pour les trois premières d'entre-elles, de nature à susciter des polémiques auxquelles il est indispensable de répondre et rassurer.

Certains policiers m'ont évoqué les procédures auxquelles étaient renvoyées les gendarmes, lorsque ces derniers eurent l'obligation dans le cadre d'un péril imminent, de faire usage de leur arme. Ces procédures seraient moins contraignantes et accusatoires, et rendraient caduques l'automaticité d'une mise en examen, voire une mise à pied, le temps que les investigations nécessaires soient produites. 

Il faudrait donc préciser quelles sont la nature de ces procédures, démontrer en quoi elles ne préjugent pas des poursuites judiciaires en cas de réel abus de l'usage de l'arme de service, tout en maintenant à l'équilibre, le devoir pour un fonctionnaire de protéger sa vie, celle de ses collègues et du public, en cas de nécessité ultime. 

Par ailleurs, les questions du recrutement et de la formation des officiers de police, ont un corollaire évident sur la proportion de l'usage de la force et plus particulièrement des armes de service, et doivent donc impérativement être abordées à ce titre, là aussi pour que des propositions concrètes soient adressées au peuple, tendant à la fois à le rassurer sur la responsabilité pénale des agents en cas de graves manquements, et garantir à tous les fonctionnaires de police que leur droit légitime de se défendre face à un péril manifestement grave et imminent, sera respecté. 

Ce point d'équilibre entre responsabilité pénale des agents et nécessité de l'usage des armes de service dans des contextes opérationnels particuliers sans que cela n'entraîne des poursuites dévastatrices sur le plan moral et professionnel, est un débat profond et sensible. Les policiers doivent à la foi démontrer les raisons qui exigent des assouplissements législatifs à ce sujet, mais aussi leur responsabilité assumée quant aux risques judiciaires qui resteront les leurs, en cas d'abus ayant entraîné des blessures létales ou non, à un individu.

J'ajoute que les « bavures » volontiers médiatisées, alimentent un discrédit réel de l'institution auprès de la population. Ce n'est pas seulement le problème de l'arme de service et de son usage qui suscitera des polémiques, mais aussi de la pertinence de certaines armes non létales (notamment pour réprimer des manifestations) ; les procédures de légitime défense proportionnées (blesser pour désarmer quand c'est possible plutôt que tuer) ; les procédures d'immobilisation d'un individu réfractaire (quelques cas d'étouffement involontaire suffisent à interroger la population sur les méthodes et abus de celles-ci) ; ou encore la relation au quotidien entre la population et la police (contrôles d'identité répétés ; politesse ; tonalité des échanges lorsque l'individu n'est manifestement pas vindicatif ou violent, redéploiement des îlotiers dans les quartiers ; rappel à la loi privilégié au détriment de la politique du chiffre avec les citoyens de bonne volonté, etc.). C'est précisément sur ce terrain de réflexion, que la plupart des Français attendent des propositions de leurs policiers. J'ajoute en outre, que si l'esprit de corps est indispensable au fonctionnement même de votre institution et garantit la sécurité des équipiers entre eux, il ne saurait être question d'abuser de cette culture institutionnelle, lorsque des agents face à leurs collègues, démontrent manifestement leur manque de professionnalisme. C'est l'image de la police nationale toute entière qui repose sur chacun de ses membres. Le moindre abus (sérieux) de la part d'un policier qui ne trouve aucune réponse de la part de ses équipiers, et c'est l'ensemble de vos collègues qui verront leur image entachée indirectement. Le métier de policier, plus que tout autre, est extrêmement exigeant, et implique des dispositions psychiques rares (contrôle de soi face à des situations de stress intense). Par conséquent, l'amélioration progressive de l'image de l'institution passera entre autres, par votre volonté mutuelle d'écarter des missions de sécurité publique les collègues les plus dangereux pour leurs équipiers et la population, et l'image même de la police nationale. De la même façon, le recadrage constant et mutuel des comportements les plus inacceptables, doit motiver les policiers ayant des difficultés à gérer leur stress, à se reposer un peu sur ses collègues.

Ces questions tant ressassées sont difficiles à aborder pour chacun d'entre-vous, mais elles sont directement liées à la nature du service public que vous rendez, et à l'équilibre exact entre l'assujettissement de la police nationale à la volonté du peuple, et les pouvoirs qui sont conférés à chaque membre de votre institution pour mener à bien ses missions.

2) La question des moyens ne saurait être abordée, sans faire un détour par quelques thématiques importantes pour les citoyens. Deux me semblent pertinentes à soulever. Je constate dans un premier temps, que la police du Royaume de Belgique, préfère utiliser des canons à eau plutôt que d'autres types d'armes non létales pour disperser des manifestations non autorisées. Sans doute, d'autres moyens peuvent permettre l'aboutissement de telles missions, sans avoir à déplorer un œil crevé au flashball ou un individu tué par une grenade dispersante ayant atterrit au mauvais endroit et au mauvais moment. Toujours est-il, que les équipements et méthodes permettant de disperser des foules récalcitrantes, doivent totalement être revus. Certes, c'est à la base par la prévention que l'on est sensé éviter ce dernier recours, notamment par l'interpellation des casseurs et groupuscules violents lorsqu'ils sont repérés et suivis avant leur arrivée dans un rassemblement. En soit, l'autorité du Commissaire (ou tout autre fonctionnaire) détaché à l'organisation de la sûreté des cortèges et rassemblements, doit prévaloir sur les consignes du préfet, forcément liées à des décisions politiques. Les mêmes mesures de prévention, doivent porter encore une fois sur le professionnalisme et la gestion du stress des agents recrutés et formés à ces missions précises, mais aussi sur le dialogue qui reste souvent le grand absent dans les interactions entre manifestants et police nationale. Par exemple, qu'est-ce qui empêche une autorité policière, d'apporter des consignes simples aux manifestants quant aux horaires à respecter ; le civisme espéré ; et les mesures de sécurité (et de dégagement) à prendre en cas de présence de casseurs dans les cortèges ? Cela devrait être une logique préventive allant de soi, et qui n'est pourtant jamais mise en œuvre sur le terrain.

Une fois ces mesures de prévention déclinées, il reste manifestement un énorme travail à produire sur le choix et l'usage des armes non létales à des fins répressives manifestement indépassables. Autant que possible, c'est bien le fait de repousser sans violence les manifestants vers différentes issues qui doit être la norme. Lorsqu'il s'agit de gérer des casseurs ou individus violents, la dispersion n'a alors plus beaucoup de sens face à la nécessité d'interpeller les délinquants. C'est donc des méthodes de pénétration des foules, de sécurisation des agents et d'interpellation maîtrisées et justifiées qu'il convient de méditer. L'usage des armes non létales doit être privilégié uniquement lorsqu'il est possible de distinguer les délinquants des foules pacifiques. Les dommages collatéraux ne peuvent être la norme consentie, lorsque la prévention et la proportion de la force, peuvent jouer à plein dans de telles missions. Bien entendu, cela ne préjuge pas des difficultés rencontrées sur le terrain dans des circonstances très particulières. Mais il me semble nécessaire que les policiers, et en particulier ceux officiant pour le corps des Compagnies Républicaines de Sécurité, doivent impérativement réfléchir à ces considérations, mêlant gestion du matériel adéquat, prévention, et répression ciblée.

Un autre point à soulever, rentre parfaitement dans vos récriminations sur l'insalubrité de vos locaux. Tout citoyen ayant un jour eu à subir une garde à vue, sait que les pièces réservées à ces fins sont totalement indignes d'un pays comme le notre. Les couchettes sont dures, étroites et ne permettent aucun repos. Les pièces sont sales et oppressantes. Il n'y a rien à perdre à faire savoir aux citoyens, que ce n'est pas seulement la condition des policiers qui entre en ligne de compte dans de telles revendications, mais bien aussi celles des prévenus (présumés innocents) qui peuvent un jour avoir à connaître une procédure de mise en garde à vue.

3) La question du traitement judiciaire de la criminalité mérite une réflexion engageant tous les citoyens. Il n'est pas normal que la récidive, et plus globalement les faits de grande délinquance ou de « criminalité ordinaire » ne trouvent aucun traitement judiciaire et politique à même d'obtenir des résultats de long terme, qui bénéficient à tous.

Il y a donc des débats à ouvrir (voire des revendications claires à ajouter) pour améliorer ce qui peut l'être. En premier lieu, la prévention de la délinquance doit rester le maître-mot d'une politique de sécurité publique. Celle-ci peut se diviser factuellement en plusieurs axiomes que je laisse à votre réflexion :

- La restauration du service militaire
- La légalisation et la réglementation de la vente de cannabis
- La démolition des ghettos et une politique d'urbanisme pertinente et sociale
- La fin du logement social au bénéfice du logement public (diversification des populations au sein d'un même quartier dit « populaire » par l'absence de plafond de revenus pour les ayant droit)
- La régulation drastique de l'immigration illégale
- La prévention de celle-ci dans le cadre de notre politique internationale
- Le plein emploi (c'est réellement possible en dehors des traités européens)
- L'éducation
- Le redéploiement d'une police de proximité

Une fois ces pistes dégagées quant à ce qui permet de prévenir la délinquance, reste le régime des peines pour les délits et crimes constatés.

- L'impunité totale pour les crimes graves et les faits de violence.
- La création de centres disciplinaires au sein de l'Armée pour certains faits de délinquance
- La construction de centres de détention à taille humaine, réduisant drastiquement la promiscuité et les violences en leur sein, et la destruction progressive des usines à criminalité que sont les centres pénitentiaires d'aujourd'hui.
- La restauration des peines plancher en cas de récidive.
- L'expulsion automatique des étrangers s'étant rendus coupables d'un délit ou un crime en France, une fois leur peine terminée
- Des moyens humains et matériels accordés à la Justice qui satisfassent la nécessité de décisions judiciaires promptes et efficientes.
- Des droits supplémentaires accordés aux victimes pour mieux se défendre face au laxisme d'un magistrat.
- Une meilleure formation des juges et des procureurs de la République.
- Une réforme complète de l'autorité judiciaire (liée à des travaux constituants) pour garantir à la foi son indépendance, et son contrôle clair par des autorités mandatées directement par le peuple..

Certains débats comme la légalisation et la réglementation de la vente de cannabis sont sensibles, mais ne peuvent être médités sous l'unique aspect moral de la question. Notons pour commencer que le cannabis reste un produit aux conséquences sanitaires et psychiques nettement moins sérieuses que des produits stupéfiants telles que la cocaïne, l’héroïne, le crack, mais aussi des produits parfaitement légaux comme l'alcool. Ajoutons que la politique de prohibition de l'alcool aux USA au début du siècle dernier, a eu strictement les mêmes effets en terme de violence et de réseaux de criminalité organisés, qu'en France aujourd'hui avec la prohibition du cannabis. Ajoutons pour conclure, que rien ne permet de contrôler la qualité sanitaire des produits vendus, ni même s'assurer que l'argent récolté n'ira pas entretenir d'autres formes de criminalité. La légalisation peut permettre une reconversion d'une partie des revendeurs actuels dans un cadre licite de leur activité. Elle aura pour conséquence la baisse sensible de la criminalité liée, et la réaffectation des missions de police vers la répression d'activités criminelles autrement plus graves que la vente ou la simple consommation de cannabis. En outre, à l'égal de tous les citoyens, les policiers et leurs familles sont sensibles à diverses maladies graves, qui ne trouvent pas un panel pharmacologique plus diversifié du fait d'une prohibition qui a été largement influencée dans l'histoire, par les lobbies pharmaceutiques eux-mêmes. Le T.H.C et son corollaire le C.B.D sont pourtant des molécules qui ont impact réel sur certains cancers, la sclérose en plaque, les problèmes de sommeil, de traitement de la douleur ou de la dépression, pour ne citer que les aspects médicaux les plus connus. La légalisation du cannabis dans le pays champion d'Europe en terme de consommation (et de répression), ne peut-être l'alpha et l'oméga d'une politique de sécurité et de santé publique. Mais accompagné d'autres mesures indispensables, cela peut jouer à plein. Raison pour laquelle, la considération morale ou les consignes habituelles sur la répression liée à ce produit, doivent être totalement distinguées d'une réflexion d'ensemble.

III – LES NÉCESSITES DE COMMUNICATION ET D’INDÉPENDANCE

Les deux premières parties de ce document, se sont concentrées sur les considérations politiques quant aux revendications policières, vues sous le prisme du citoyen lambda qui s'interroge, voire s'effarouche de certaines thématiques sensibles abordées à cette occasion. L'objectif étant évidemment de permettre à la foi aux revendications strictement corporatives des policiers de pouvoir devenir audibles et bien reçues, cela en les maintenant telles quelles, et en ajoutant de nouvelles plus propres aux espérances du contribuable afin que le lien soit définitivement tissé entre la police et les citoyens.

Une autre dimension de votre mouvement porte sur son organisation et les formes de sa communication. Elles dépendent étroitement de vos objectifs et de votre radicalité sur ceux-ci, mais aussi de votre attention particulière des craintes des citoyens qui accordent leur attention à votre mouvement. 

Je compte proposer ici, différentes tâches militantes, qui pourraient de très loin jouer en faveur d'un rassemblement toujours plus large

1 - Désignation des portes-parole.

Tout corps social, association, ou collectif, nécessite qu'une subdivision des tâches soit bien organisée pour gagner en efficience. La question du porte-parole est sensible, et dans le cadre d'une indépendance de votre mouvement par rapport aux syndicats, exige un peu d'auto-organisation.

Tout d'abord, chaque commissariat doit pouvoir trouver un référent, soit en raison de son grade (par défaut), soit en raison des qualités que l'ensemble de ses collègues lui reconnaissent en terme de communication et de culture générale (toujours utile dans les débats politiques). Le plébiscite est la forme la plus simple et la plus démocratique de désigner un mandataire. Cela exige l'absence de candidature de quiconque, mais simplement des propositions et votes pour qu'une personnalité se distingue parmi tant d'autres.

Ces référents doivent pouvoir eux-mêmes récolter ou faire remonter de l'information à des référents départementaux. A moins que tous les policiers dans un même département, soient capables de plébisciter un seul collègue connu de tous dans le département, le plus simple restera de procéder à un tirage au sort parmi tous les référents nominés dans les commissariats du département.

La même procédure peut être adoptée au niveau régional.

S'agissant du niveau national, trois porte-paroles permettront largement de dégager assez de temps pour communiquer avec les médias et les policiers, sans mobiliser une seule personne à plein temps. Le plébiscite est là encore une bonne solution. Certains policiers (ou gendarmes) à la retraite sont un peu connus pour leurs publications, livres, ou vidéos de la part de leurs collègues. Ajoutons, que même au sein des syndicats, il se trouvent des policiers encore assujettis à la défense des intérêts de leurs collègues, et non d'intérêts politiques particuliers.

Ces communicants doivent être irréprochables sur certains aspects, pour éviter des polémiques inutiles. Ils doivent notamment :

- N'être encartés ou réputés soutien actif à aucun parti politique.
- Disposer d'une solide culture générale et politique
- Maîtriser correctement la langue française
- Être habiles pour évoquer des sujets sensibles avec justesse et mesure
- Révocables par vote dans chaque commissariat en cas de dérive

Dans l'idéal, je pense que trois porte-parole au cursus différent peuvent contribuer très fortement à l'amplification de la contestation. L'un (au-moins) devrait évidemment faire partie du corps de la police nationale. Un autre, devrait faire partie du corps de la gendarmerie (et je ne peux m'empêcher de penser au Général Bertrand Soubelet). Un troisième serait un atout indéniable s'il n'est ni policier, ni gendarme, mais représentatif des attentes des citoyens. Un excellent magistrat ou un associatif doué sur les débats institutionnels vous aiderait sans nul doute à cette tâche.

Un plébiscite suivi d'un vote organisé dans tous les commissariats de France, peut en quelques jours, vous permettre de désigner de tels mandataires.

La rédaction d'un mandat précisant les limites de leur liberté de ton et les revendications indispensables à communiquer peut être utile au bon contrôle de ces mandataires.

2 - Tous les policiers sont des portes-parole.

A l'ère des réseaux sociaux, communiquer n'a jamais été aussi simple et à la portée de tous. Encore faut-il s'essayer à l'exercice pour chacun. Le support vidéo est à ce titre le meilleur qui soit sur internet. Une vidéo directement publiée sur Facebook, fera automatiquement plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de vues en moins d'une heure. Une vidéo publiée sur Youtube aura un impact équivalent avec un peu plus de temps. Un site internet dédié au « Collectif Policiers en Colère » et permettant de publier des témoignages vidéo et écrits de policiers, ainsi que les dates et lieux d'événements, sera un excellent outil pour communiquer à l'attention expresse des citoyens.

L'idéal, du fait que beaucoup de policiers préfèrent maintenir leur anonymat, est de disposer de monteurs vidéos dans les commissariats sachant flouter des visages, ou à défaut, témoigner avec un masque. A ce sujet, notons que le masque « Anonymous », est immédiatement évocateur pour tous les cercles militants. N'hésitez pas à vous équiper de quelques-uns de ces masques dans vos rassemblements, et vous filmer mutuellement pour apporter vos témoignages

Quelques questions mériteront d'être abordées pour réduire les passions au sujet de la police. Celles qui portent notamment sur tous les sujets polémiques (violences policières ; utilisation politique de l'institution ; légitime défense, etc.). Le fait d'engager des témoignages sur ces questions sensibles, est un moyen simple de rassurer, ré-humaniser votre travail aux yeux des citoyens et expliquer par différents exemples et un grand nombre de témoignages différents, ce qui reste incompris ou contesté par la population. Elles ne préjugent pas des autres thèmes abordés.

L'objectif étant d'inonder les réseaux sociaux de telles vidéos, pour que plus aucun internaute (notamment sur Facebook) ne puisse ignorer la puissance de votre mouvement.

De la même façon, les citoyens qui se déplacent pour vous soutenir, s'interrogeront sur vos revendications (notamment et encore une fois, sur les plus polémiques), et il est essentiel d'engager la discussion avec eux, avec le sourire chaque fois que c'est possible. Beaucoup ne pourront s'empêcher de rentrer dans des débats plus politiques. Ne craignez pas ceux-ci, mais restez méfiants sur vos déclarations, lorsqu'elles touchent à vos opinions partisanes ou à des sujets qu'il convient de traiter avec délicatesse. Il restera que cela sera toujours bien vu pour un citoyen, d'entendre un policier parler de sujets relativement éloignés de son métier, mais touchant à l'intérêt général.

3 – Des rassemblements organisés pour attirer le plus grand monde

La plupart des Français, restent indisponibles à toute mobilisation en semaine. Beaucoup, doivent s'organiser suffisamment tôt à l'avance pour se déplacer à un lieu de rendez-vous. A ce titre, il convient de déclarer des rassemblements chaque week-end dans les grandes villes, si possible dans l'après-midi. Ce sont ces périodes qui auront la plus grande capacité à mobiliser les masses. Si la préfecture de Paris réclame au moins trois jours de battement pour qu'une place soit réservée dans de bonnes conditions, il en va de même pour les citoyens qui organisent leur agenda en fonction de vos mobilisations.

Bien entendu, cela ne retire pas le fait qu'organiser chaque soir des « coups de pression » soit utile à un plan de communication d'ensemble. Sachez juste, que seuls les gens sans activité, et notamment dans les réseaux militants, seront à même de se déplacer dans ce cas pour vous rejoindre.

Raison pour laquelle, une communication largement exprimée à l'attention de ces réseaux associatifs et des précaires de façon générale, peut vous permettre d'obtenir un soutien plus élevé chaque soir, entre chaque grand rassemblement du week-end.

4- Restez maîtres de vos rassemblements

Vous êtes des professionnels de la sécurité, et même s'il faut s'attendre à ce que le gouvernement cherche le moyen de diriger vers vos cortèges et rassemblement quelques groupuscules missionnés pour semer la zizanie, la plupart des casseurs, antifas, blackbloc, etc. ne seront pas assez fous pour prendre le risque de vous défier directement.

Ce qui n'empêche pas dans les événements les plus importants, d'assurer un minimum de service d'ordre et d'adresser quelques consignes sommaires de civisme à l'ensemble des personnes présentes.

Le gouvernement se trouve aussi empêché d'exiger une répression de vos rassemblements spontanés et non déclarés, notamment par les forces de gendarmerie. Non seulement parce que le moindre coup de sang entre policiers et gendarmes pourrait dégénérer gravement entre différents hommes armés, mais aussi tout bêtement du fait que les gendarmes sont naturellement en osmose avec vos revendications. A ce titre, les citoyens qui viendront vers vous, le feront dans l'idée qu'il n'y aura logiquement pas de risque de se retrouver dans une confrontation les exposant à des gaz lacrymogènes, des coups de tonfa ou autres moyens répressifs. Respectez cette nécessité de sécurité, et communiquez à l'attention des gendarmes pour obtenir leur adhésion plus directe et sur le long terme de vos initiatives. Ce dernier point m'amène à une conclusion de ce document que je me dois de vous livrer et qui portera sur une question extrêmement sensible.

IV - LA POLICE ET L’ARMÉE SONT LES SEULES INSTITUTIONS A DÉCIDER DU SORT D'UNE RÉVOLUTION

Sans m'étendre sur mon cursus personnel, j'ai passé près de six années de ma vie à étudier les processus révolutionnaires, écrire à ce sujet et initier des projets militants en ce sens.

Un aspect que le commun des mortels n'a pas loisir de comprendre ou étudier sur les révolutions, c'est qu'elles ne sont jamais le fait du peuple dans l'aspect concret de la réalisation de leur premier objectif, mais le plus souvent celui de l'Armée, et par extension, celui de la police.

Une révolution, est le strict moment, où sous l'impulsion d'un mouvement populaire (pouvant être généré par un mouvement plus corporatif au départ), l'une des deux institutions régaliennes du pays (l'armée ou la police) retire son allégeance au chef d’État et à son gouvernement.

Deux épisodes très différents et relativement proches en témoignent, chacun à leur façon. La révolution tunisienne a vu l'éviction de Ben Ali aux commandes de la Tunisie, le jour même où l'Armée lui a laissé quelques minutes pour faire ses valises. Pourtant, jamais le peuple tunisien n'a pénétré le palais présidentiel. La révolution des Œillets est en vérité un putsch militaire, mais ayant conduit à ce qu'un gouvernement civil soit institué en guise de transition. Il en va de même pour le putsch d'Alger, auquel d'ailleurs une compagnie de C.R.S a contribué en faisant défection alors qu'elle était missionnée pour entraver les militaires qui débarquaient en Corse depuis l'Algérie.

Dans tous les cas, ce n'est jamais par la pénétration d'un bâtiment présidentiel par des foules en colère, qu'un dirigeant est destitué, particulièrement dans les pays les plus solidement organisés institutionnellement. 

Voila pourquoi votre colère inquiète réellement en haut lieu, qu'elle ravit une poignée de dissidents, et génère des espérances qui paraissaient totalement improbables il y a quelques semaines encore.

Habituellement, les forces de police sont utilisées pour réprimer les mouvements de contestation. De façon assez rare, c'est l'Armée qui lassée des reniements d'une classe politique totalement corrompue, fait table rase de celle-ci pour le meilleur ou pour le pire. Je n'ai observé dans aucune de mes recherches, un épisode révolutionnaire dû à un mouvement policier. Cependant, nous avons observé des moments de fraternité réelle entre des foules en colère contre un gouvernement, et sa police nationale (dépose des casques et boucliers ; marche en parallèle des manifestants). Lorsque un mouvement populaire et durable remet en cause la légitimité d'un gouvernement, c'est souvent la nécessité de restaurer l'ordre public et la continuité de l’État, qui motive les militaires à agir, par la désobéissance revendiquée au chef suprême des Armées (soit le chef d’État).

Dans ce contexte, il y a une dimension historique absolument incommensurable pour les policiers, à être les premiers moteurs d'une révolution. Et bien des raisons objectivent cette nécessité :

Je réaffirme ici, que François Hollande devrait depuis longtemps être poursuivi dans les tribunaux pour crimes de haute trahison, financement du terrorisme et crimes contre l'humanité. Je peux justifier en faits et en droit, ce qui rend légitime son éviction par les corps constitués de son mandat. Mais d'autres (et innombrables) personnalités politiques ne cessent de se distinguer pour des crimes similaires, ou des faits de corruption, malversations, détournements de fonds publics, etc. Nous en sommes tous conscients. C'est bien une oligarchie parfaitement mafieuse qui contrôle le gouvernement et le parlement. La Justice est impuissante quand elle n'est pas collaboratrice. La police et l'armée, sont les deux dernières portes de secours institutionnelles des Français face à ce délitement de notre appareil d’État.

La gestion des foules occupant l'espace public, si elle se fait en bonne intelligence entre les citoyens et sa police, évitera des bains de sang et des confrontations inutiles. Si c'est la police ou l'armée qui est à l'initiative d'un sursaut citoyen, alors il y a tout à parier que l'effort de mobilisation restera globalement pacifique et discipliné, et court dans le temps. Car le peuple n'aura pas à se confronter à une institution aux ordres d'un gouvernement aux abois, mais au contraire, pourra trouver le soutien passif de ses institutions régaliennes.

Contrairement aux cercles militants qui sont souvent perdus dans des désirs d'organisation horizontale de leur contestation, les corps régaliens sont nettement plus efficients du fait de leur organisation pyramidale. Le pragmatisme et la bonne gestion des foules reste l'objectif pour aller vite et avec le moins de difficultés que possible. Cette culture professionnelle peut s'avérer être un atout, pour faciliter un certain nombre d'initiatives complétant une mobilisation populaire. 

Ce qu'il faut comprendre ici, c'est que personne ne vous demande de destituer le président de la République. Il y a une différence nette entre ne plus reconnaître l'autorité du chef d’État (attitude passive) et le contraindre à démissionner par la force. 

En revanche, exiger sa destitution dans vos cortèges serait la marque d'une radicalité et d'une conscience politique (et de justice) des policiers qui serait immédiatement mobilisatrice. Le fait que la police et la gendarmerie soient d'une certaine façon, en étroite relation, jette un pont à l'attention de l'institution militaire, qui est la plus à même de faire pression en ce sens au profit du peuple.

La question de la transition politique ne doit pas se poser. L'article 7 de la Constitution règle déjà cette question. Par ailleurs, c'est durant le moment de mobilisation du peuple le plus intense, que des personnalités émergent. Elles pourront soient être plébiscitées à différents postes ministériels avant d'être légitimées par référendum, soit être soumises au jeu électoral. Les policiers à ce titre, doivent méditer à qui pourrait fédérer l'ensemble de leur corps professionnel, pour tenir les rênes de votre ministère de tutelle. De la même façon qu'il nous faudra trouver un bon économiste pour le ministère dédié, un excellent agronome pour le ministère de l'agriculture, un brillant géopolitologue pour les affaires étrangères, etc.

Des personnalités sont déjà très écoutées sur ces différents sujets par les cercles dissidents, ceux-là même qui en dehors de toutes attaches partisanes (la plupart préfèrent s'abstenir de voter), discutent sur les réseaux sociaux de la pertinence qu'il y aurait à soutenir votre contestation ou non.

Je puis assurer que ces citoyens sont des centaines de milliers pour leur partie la plus éduquée à la chose politique, et sauront proposer des noms au bon moment, tout en se joignant à vous dans une attitude profondément pacifique. 

Notre culture politique et militante peut s'avérer un atout important pour les policiers, il suffit simplement d'entamer un dialogue.

Dans l'attente, pour que la voie reste ouverte à de tels débats, j'invite tous les policiers à poursuivre leur mobilisation ; à maintenir et amplifier votre volonté de pousser à la démission votre ministre de tutelle (cela remet en cause l'autorité même de François Hollande et de Manuel Valls) ; à recevoir les plaintes et dénonciations dans tous les commissariats, concernant les agissements (réellement répréhensibles) du chef de l’État et de certains de ses ministres (zèle procédurier jouant sur le moral du gouvernement et rapprochant clairement les citoyens de la police nationale) ; et à méditer les quelques observations que j'ai souhaité vous faire parvenir, pour qu'au-delà de vos légitimes attentes corporatives, ce soit bien le peuple tout entier qui gagne à vous suivre.

Je ne saurais trop faire remarquer que si par bonheur, les jeunes Français d'aujourd'hui pouvaient un jour raconter à leurs petits enfants, que c'est sur l'impulsion de la police nationale qu'ils destituèrent un gouvernement félon et produisirent les changements nécessaires pour que la France reste et demeure un pays où il fasse bon vivre, les relations entre la police et le peuple s'amélioreraient considérablement, au point sans doute, que votre institution jouisse pour de longues années, du même capital sympathie dont dispose l'Armée ou encore le corps des sapeurs-pompiers.

Dans l'espoir de votre aimable attention,

Bien cordialement,

Sylvain Baron