samedi 26 septembre 2020

Anthropos

Notre dissidence politique est, par nature, profondément anarchiste. Pour la raison bien simple qu'elle refuse de s’assujettir à tous les conditionnements. Elle peut croire en Dieu, ne pas nécessairement vouloir abolir l’État ni même déconsidérer les logiques hiérarchiques qui prévalent à notre organisation sociale, mais elle croit en l'Homme. C'est à dire en la capacité que possède chaque individu de s'émanciper de tous les dogmes et d'exercer sa raison critique en toutes choses. L'anarchie est à ce titre un logiciel profondément humaniste. Mais inabouti...

Notre esprit ne réside qu'en nous-même. Ce qui suppose que nous avons une fâcheuse tendance à vouloir dupliquer ce que nous sommes sur autrui. Nous le pensons capable d'admettre notre conception du monde par ce que nous sommes certains de disposer d'une clairvoyance aux accents universels sur ce qui pourrait extraire l'Homme au-delà de ses propres conditionnements. Et bien souvent, nous  supposons que le simple fait que chacun accepte de s'émanciper de ses propres chaînes qu'elles soient télévisuelles, éducatives ou étatiques, suffira à élever l'humanité dans son ensemble. Du simple militant à l'intellectuel contemporain, notre dissidence condamne ce peuple moutonnier consentant à ses asservissements ou au contraire, le supplie de s'extraire du registre de la croyance sur ce que l'ordre établi lui martèle.

Et pourtant nous devons bien admettre être une minorité de la population à être parvenue, pour des raisons obscures que notre seule conscience ne peut sans doute pas suffire à expliquer,  à ne plus croire en ce que les politiciens, journalistes, experts et religieux de tous poils nous imposent de penser. Nous sommes d'une certaine façon en train de léviter au-dessus du monde, et nous le regardons courir à sa propre perte. 

Mais si beaucoup d'entre nous ne parvenons pas à prendre part à la Révolution qui vient, c'est parce que nous constatons notre incapacité permanente à influencer nos proches, nos collègues, notre famille et tout ces gens qui gravitent dans notre sphère sociale, à se déconditionner eux-mêmes d'une doxa qui nous est infligée quotidiennement. Le conformisme est partout. Y compris chez ceux qui se prétendent anarchistes.

Observez cet "antifa" qui se prétend lui-même anarchiste. Il est pourtant la plus pure caricature d'un zombie conforme à la doxa ambiante. Les puissants lui susurrent qu'il  n'est pas de plus noble cause que l'anti-racisme, et il fait de cette idée une bataille existentielle. Sa tribu portée par quelques sociologues et militants plus religieux que les autres, se farde de codes vestimentaires et lexicaux, et l'antifa les adopte immédiatement. Le Système lui fait savoir que le plus grand péril social est constitué par des gens dits "d'extrême droite" à partir de quelques critères bien définis, et l'antifa voit tout autour de lui des gens qu'il s'agit de déshumaniser par leur destruction sociale et physique si nécessaire. Or l'un des fondements de l'anarchie, c'est le respect de la diversité des opinions, des croyances, y compris celles qui peuvent heurter nos propres valeurs morales et spirituelles. L'anarchie ne peut être un régime totalitaire qui promeut la violence contre tout mal-pensant que quelques inquisiteurs fascisants et pleins de pureté idéologique, pointeraient du doigt.

Mais nous pouvons trouver bien d'autres caricatures. Aujourd'hui, de jeunes filles se scandalisent que leur établissement scolaire attendent d'elles qu'elles se présentent dans une tenue relativement sobre. Ce serait une atteinte à leurs "liberté individuelle". Pourtant, à bien y réfléchir, l'école n'est point un lieu où il s'agit de se valoriser par des artifices vestimentaires. Il ne s'agit pas de faire valoir que l'on est plus sexy ou plus en harmonie avec les canons de la mode que ses autres camarades de lycée, elles-mêmes sensibles aux mêmes us vestimentaires que soi. Cela parce que des stars et magazines spécialisés cherchent dans notre cerveau reptilien nos propres aspirations à la conformité. Oui, tu peux ressembler en apparence à ce mannequin et porter ce petit haut du dernier cri. Mais cela n'est point valoriser ta liberté individuelle, celle qui suppose l'émancipation de ta conscience au-delà de ce que ton environnement social et marchand promeut. Tes atours ne sont que l'indéniable preuve de ta volonté de conformité. On vient au collège ou au lycée pour apprendre. Et plutôt qu'un uniforme que l'univers mercantile te propose de porter pour te différencier tout en ressemblant pourtant à des millions d'autres jeunes filles, peut-être qu'un uniforme scolaire bien réel t'apprendrait comme à tes camarades masculins, à te distinguer plutôt par l'esprit. Car l'anticonformisme comme la liberté d'être, ça n'est jamais une question d'apparence.

Ce qui vaut pour des jeunes filles vaut en réalité pour beaucoup d'entre nous. Il faut travailler et être raisonnable. Il est une haute valeur contemporaine que de vouloir faire carrière. Un diplôme du supérieur et un métier fortement rémunérateur sont les meilleures distinctions sociales qui soient. De même que nous nous devons d'être tolérants avec ce qui suscite pourtant notre rejet sur le plan culturel voire civilisationnel. Sois aussi féministe, gay-friendly voire bisexuel(le) et androgyne que possible. Aime l'Europe - surtout celle promue par les puissants - oublie ta patrie mais sois plutôt altermondialiste. Ne mange plus de viande et de produits laitiers. Donne en revanche des leçons d'écologie à cet odieux paysan qui vit dans une campagne bien éloignée de ta station de métro. Porte ton masque pour "protéger" l'autre ! Sois conforme ! Obéis !

Des millions de gens qui pensent, jusque dans certaines de leurs activités sociales ou militantes, avoir acquis un supplément d'âme, ne sont pas autre chose que des zombies. Les médias et influenceurs de toutes sortes leur ont signifié ce qu'il est bon de croire ou penser. Et nos zombies se sont jetés à cœur et à corps perdus dans la cause du moment. Une masse plus considérable de gens, ne se laisse pas influencer tout aussi aisément par les maîtres de la bien-pensance. On peut même dire que cette majorité n'aspire qu'à la paix de l'âme qui peut se résumer en quelques mots : confort ; divertissement ; irresponsabilité maximale. Le confort se doit d'être autant matériel que mental. C'est à dire disposer d'un peu plus que du minimum vital pour s'autoriser le loisir du divertissement qui satisfera à son propre confort mental : celui permettant de s'affranchir de toute forme de réflexion. Par ailleurs, il leur est agréable de réduire au maximum le champ de leurs responsabilités sociales ou professionnelles pour ne jamais avoir à en subir leurs conséquences les plus pénibles. Cette masse vit sans exister. De la naissance à la mort, sa trajectoire est linéaire, sans aucune aspérité et absolument conforme !

Et voila qu'une petite fraction de la population, qui dès l'enfance était déjà boulimique de Savoir, évolue dans un troupeau de moutons blancs et arc-en-ciel et finit par sauter par-dessus les clôtures disposées autour du pré social. Elle regarde effarée ses contemporains continuer de brouter paisiblement ce que les médias, l'éducation nationale et les politiciens leur donnent à manger. Les brebis galeuses finiront intellectuels, écrivains, révolutionnaires ou ermites résignés. Les voila qui réclament la démocratie, le contrat social émancipateur, l'indépendance de la patrie et une certaine reconnexion à ce qui est essentiel. Les voila donc ostracisés par le reste du troupeau. Mais l'intellectuel, l'écrivain ou le révolutionnaire se veulent les nouveaux bergers tandis que l'ermite n'attend plus rien du troupeau, sinon qu'il lui fiche la paix.

Nous sommes ici précisément à la naissance même du sentiment anarchiste. Ce monde dirigé et façonné par les puissants les plus cyniques et malveillants qui soient, est une gigantesque entreprise à produire des êtres humains certifiés conformes et moutonniers. Le rejet des "maîtres" comme des dogmes en est évidemment la conséquence pour l'être sensible à la raison critique, et ne reste que la question du peuple à régler : on tente de convaincre le troupeau de s'émanciper alors que l'essentiel de ce dernier s'y refuse obstinément (c'est le parti pris de l'intellectuel et d'un certain nombre de militants) ; on compose sans le troupeau pour renverser l'ordre établi et instaurer l'Utopia qui élèvera l'essentiel du peuple hors de ses conditionnements (c'est le parti pris du révolutionnaire) ; on choisit de vivre hors du monde autant que possible, car il n'y a rien à espérer de la pédagogie populaire ou de la révolution (c'est le parti pris de l'ermite).

Je fais donc partie de la classe des révolutionnaires car à la différence de l'intellectuel, je crois suffisamment en l'humain pour lui reconnaître ses limites ordinaires. Après tout, de quoi sont nées les chefferies ? Du désir de confort mental et d'irresponsabilité maximale de la majorité des membres des tribus primitives. Autrefois, l'on désignait le meilleur chasseur, le plus expérimenté, le plus sage ou le plus habile guerrier pour prendre la responsabilité de la survie du clan tout entier. Et si le chef faillait à sa mission, on le sacrifiait volontiers pour apaiser la colère des dieux. Il était une époque où être chef n'était ni illégitime ni une position sociale enviée ou enviable. C'est une constante anthropologique et même pro-survie que d'être un individu lambda depuis la nuit des temps. Étienne de la Boétie cherchait les causes de la servitude volontaire dans l'incompréhension de cette dernière. En bon révolutionnaire, je cherche les leviers de l'émancipation populaire dans les causes les plus primitives de notre appétence à la servitude. Je ne prétends pas convaincre un âne qui n'a pas soif. Je prétends convaincre d'autres révolutionnaires de me suivre pour renverser l'ordre établi et forger l'Utopia ensuite. L'ermite et l'intellectuel ont chacun leurs raisons de ne pas nous suivre. L'un reste engoncé dans sa désillusion et son défaitisme, l'autre ne dispose pas assez d'empathie nécessaire pour comprendre M. Anthropos, cet autre être humain si conforme à ses semblables, qui ne s'élève que si son nouveau maître lui apprend à le faire malgré lui. L'anarchie est donc un logiciel inabouti, dès lors que ses penseurs et promoteurs, se refusent à regarder l'Homme, ce grand singe stupide et toujours aussi primitif, bien en face. Nous ne resterons et cela peut-être à jamais, qu'une minorité à jouir d'une conscience plus éveillée, plus encline à la perpétuelle remise en question de tout. Croire au mythe de l'individu-miroir de sa propre conscience et donc par lui-même capable de s'émanciper, ça n'est pas regarder l'Homme dans sa réalité objective et générale. C'est se regarder soi et transposer ses espérances sur autrui.

Certes, si l'élévation suppose d'abolir un ordre sur le déclin pour en bâtir un nouveau, les dangers qui ont concouru à forger la tyrannie du précédent, existent toujours bel et bien. Pour autant, si l'on peut espérer que l'humanité progresse malgré tout au fil des siècles et des idées qui la nourrissent, alors ayons un peu foi en notre bienveillance, notre lucidité et notre désir de faire au mieux, pour que nos enfants d'aujourd'hui puissent disposer des armes mentales, politiques et spirituelles nécessaires à leur propre émancipation, cela durant leur vie d'adulte. Nous ne sommes ni comptables des erreurs des générations passées, ni des reniements des générations futures. Nous n'avons qu'un rôle à jouer : empêcher les pires catastrophes à venir et poser les jalons d'une Société plus juste et bien mieux armée pour résister aux tyrannies de demain.

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dimanche 13 septembre 2020

Le temps des grands Hommes

Le 12 septembre dernier si l'on tient compte des chiffres des autorités, nous n'étions que 6500 personnes à manifester à travers la France. Un double sentiment en découle chez les Gilets Jaunes. Le premier reste fondamentalement celui de l'espérance et l'autre est violemment contradictoire, puisqu'il s'agit de l'amertume. Mais ceux qui sont venus sur Paris savaient que ce ne serait pas le Grand Soir. Ce qui est notable, c'est que nos réseaux s'affinant, s'écrémant mais se consolidant et se liant tout autant, ont plus de capacité à faire front commun dans la bataille. Il n'y a donc pas matière à désespoir, bien au contraire, les gens qui se battent encore aujourd'hui restent déterminés et mieux coordonnés.

Pourtant il manque un souffle pour emporter le peuple français vers la victoire. Notre base militante est désormais consolidée, mais nous devons redonner l'envie aux Français de sortir de leurs foyers pour aller conquérir une bonne fois pour toute le pouvoir. Ce qui revient en d'autres termes à faire place nette en chassant Macron et ses sbires qui sont au gouvernement.

Pour arriver à une telle finalité, il est absolument nécessaire d'avoir une vision stratégique et politique d'ensemble qui soit cohérente, efficace et rationnelle. En clair un plan de bataille à suivre pour tous. Nous aurons besoin des grandes foules pour aller au bout de cette épreuve, ne nous en cachons pas. Ceux qui suivent mes travaux savent que de plan, j'en ai un. Plutôt complet et exhaustif et qui paraîtra prochainement sous la forme d'un livre. Au-delà des écrits, je considère qu'il faut continuer de montrer l'exemple et c'est la raison pour laquelle je m'obstine à appeler les Français à assiéger les grands médias de propagande, la prochaine date étant prévue pour le 3 octobre prochain. Il faut aussi sensibiliser l'Armée à notre cause, arracher les symboles de l'occupant (européïste) de l'espace public, payer des avocats pour rédiger le procès fictif de Macron avant de jouer celui-ci dans toutes les salles municipales de France. Il nous faut par ailleurs disposer d'un gouvernement de transition prêt à l'emploi. Je ne fais que résumer ici l'arborescence du plan de bataille, il va de soi que les détails peuvent difficilement tenir en un article de blog. D'où le livre...

Les Français qui se battent encore aujourd'hui avec la foi au cœur, sont à mes yeux les vrais grands Hommes de ce pays. Très peu hériteront d'un mandat politique quelconque à l'issue de cette guerre que nous menons contre l'oligarchie, mais pourtant tous méritent que leur nom soit gravé sur des monuments futurs. Tous ces gens sont en train de bousculer l'Histoire, patiemment, résolument, imperturbablement. Pourtant, le souffle viendra d'ailleurs désormais. Les Français sont si désespérés de la situation, qu'ils seront prêts à s'attacher à n'importe quel personnage politique qui apparaîtra avec une dimension de "sauveur". C'est ici que commence un dilemme qu'en réalité, j'ai résolu depuis peu, mais que l'honnêteté (la vanité ou l'ambition diront certains) m'impose d'exposer.

L'incarnation du "sauveur" est plus gaullienne ou militaire dans ses formes que réellement politique. Les Français n'accordent que peu de confiance (voire aucune) aux politiciens, même parmi les meilleurs dont nous disposons. Ces derniers, aussi visionnaires et talentueux sur le plan intellectuel qu'ils soient, ne sont pas des meneurs d'Hommes. Ils se refusent à organiser des manifestations ou d'autres événements militants dans lesquels ils s'impliqueraient. Ils s'excluent de fait du statut mythique de "sauveur", car ils ne sont pas des Hommes d'action et encore moins des gens subversifs. Ils parlent beaucoup, mais font peu. Ils ne défient nullement le pouvoir, ne le remettent pas en question, ne cherchent pas à l'attaquer de front, bien au contraire ils se conduisent comme si nous n'étions pas dans un régime d'exception et que la place de chef d’État leur était rendue accessible par les voies électorales traditionnelles. Et c'est ce qui est la première cause de mon dilemme. Nos politiciens sont tellement à côtés de leurs pompes s'agissant de la conquête du pouvoir, que l'on ne peut décemment pas compter sur eux à ce sujet. Ils ne l'auront jamais.

Pour autant on peut être Homme de combat, sans manquer de densité politique. Si l'on se réfère au personnage qu'était De Gaulle, c'était un homme qui était manifestement doté d'une grande profondeur intellectuelle. C'était pourtant d'avantage un Homme d'action. Il mêlait les deux aspects de sa personnalité habilement. Il serait sans doute resté un parfait inconnu si les circonstances de la guerre ne l'avaient pas amené à faire des choix qui allaient profondément bouleverser sa vie. Et il se trouve qu'il réunissait comme bien d'autres en son temps, les qualités nécessaires pour redonner de l'espoir aux Français. Du moins à ceux qui résistaient.

Nous avons dans nos réseaux des gens qui ont à la fois cette profondeur intellectuelle tout en restant des Hommes de terrain. Mais je sais être le seul à disposer d'un réel plan de bataille, de quelques réseaux militants et intellectuels utiles, d'un semblant de notoriété et d'une expérience militante authentique. De là vient la seconde branche de mon dilemme. Quand je suis entré dans la bataille, mon arrière pensée était que si nous parvenions à renverser l'oligarchie et constituer un gouvernement de transition avec nos meilleurs intellectuels et politiciens, je pourrais reprendre le cours de ma vie, l'esprit serein pour la suite. Sauf que cela fait dix années que je me suis habitué à une certaine veulerie de nos intellectuels et politiciens et que je constate que pratiquement aucun des militants que je connaisse, n'a une vision d'ensemble sur la stratégie permettant de défaire notre "représentation" politique actuelle. Tous sont très performants dans leurs actions. Beaucoup sont immensément cultivés et veulent faire aboutir cette révolution. Mais peux savent emboîter différents aspects de celle-ci dans un schéma qui soit cohérent et implacable. En outre, et là je reconnais ma part de vanité : je trouve que beaucoup manquent d'imagination politique ou même de discernement sur la façon de traiter nos plus grands maux. Ce qui signifie que j'ai le sentiment d'être un meilleur animal politique que mes semblables. Ce qui est sans nul doute faux puisque je ne peux être dans la tête de chacun pour en juger avec circonspection. Et d'ailleurs, peu de gens pourraient juger de mes capacités à ce sujet puisque je parle bien peu de politique au quotidien. Toutefois, je ne parviens pas à me départir de ce sentiment tout en ne pouvant solutionner mon dilemme par l'espoir qu'à minima, l'un de nos politiciens prenne une dimension plus révolutionnaire. J'ai ainsi l'intime conviction que je n'ai pas d'autre choix que de m'engager toujours plus loin et bien au-delà de ce que j'imaginais il y a 10 années en arrière. Je suis certain d'en avoir les capacités, d'être hermétique à toutes les formes de corruption et d'être capable de hisser mon pays à nouveau dans le rang des nations que l'on respecte et même que l'on envie un peu. 

Je me suis toujours demandé comment le Général De Gaulle avait-il pu avoir la prétention de croire qu'il était le plus à même de se présenter comme "le chef de la France libre". J'ai longtemps pensé que c'était de l'orgueil. Mais plus je vieillis et constate à quelles difficultés je suis confronté, plus je crois comprendre ce qui a motivé De Gaulle dans cette auto-proclamation : il ne trouvait pas dans les politiciens et militaires autour de lui, des gens qui combineraient toutes les qualités nécessaires pour chasser le gouvernement de Vichy autant que les Allemands du pouvoir en France, et se faisant, faire aboutir une transition politique qui remettrait notre pays sur ses bons rails. Si je ne m'étais impliqué dans ce combat et n'en avait tiré pour moi-même certaines conclusions que l'expérience de la bataille m'ont conduit à méditer, j'aurais continué de penser que De Gaulle était un homme présomptueux. Aujourd'hui j'en doute profondément. Certes, il connaissait ses propres qualités et était sûr de lui-même, cela ne fait aucun doute. Mais je crois surtout qu'il s'est senti terriblement seul avec une responsabilité qui s'imposait à lui naturellement. Parce que personne d'autre, il en était convaincu, n'était capable de faire aussi bien que lui.

Or l'époque actuelle n'est pas facile pour les personnes ayant un tant soit peu de talent sur quelque chose. Après tout, qui est toujours la tête de turc dans une école ? Le gamin qui aura de meilleurs résultats scolaires que les autres. Il emmerde tout le monde celui-là. Il ramène chacun à ses faiblesses, ses manquements...

Rien ne change dans le monde des adultes, et les milieux militants sont encore plus féroces dans le reste de la Société. Vouloir assumer ses responsabilités et s'engager, c'est assurément s'exposer à des procès d'intention, des critiques sévères et des soupçons. Il y a 10 ans, assumer cela m'aurait été totalement impossible. J'étais encore trop jeune, trop gentillet, trop naïf et sensible au regard d'autrui. Aujourd'hui, tel n'est plus le cas. Je me suis rendu compte que malgré des quantités de mystifications à mon égard, de procès d'intention, d'insultes et même d'agressions subies, je n'ai finalement jamais courbé l'échine ni cherché à me rendre sympathique. J'assume ce que je fais et la justesse de mon combat. Point.

Je comprends donc désormais comment certaines personnes ont fait irruption dans l'Histoire et ont laissé une empreinte définitive sur celle-ci. Je comprends comment des crises politiques ou des guerres ont forgé des "Grands Hommes". Peut-être qu'à ma façon, j'en deviendrais un puisque je ne vois personne en capacité de prendre la place pour le moment. Et pour dire vrai, si personne ne peut jouer de fausse pudeur sur le fait que disposer d'un pouvoir suprême est à bien des égards une source d'honneur, il faut bien admettre aussi que ce sont des responsabilités écrasantes. Il y a certains sujets, en particulier sur l'économie et la diplomatie, où il ne faut clairement pas se tromper au risque d'emmener son pays vers une catastrophe. Le paradoxe étant qu'on ne sortira pas la France du gouffre dans laquelle elle est embourbée sans des décisions radicales et puissantes dans leurs effets. Ça n'est donc pas spécialement une position enviable que d'endosser le poids de telles responsabilités, particulièrement quand il s'agit de jouer à "pile ou face" avec la destinée de son pays. Mais si cela est nécessaire, je prendrais ces responsabilités le moment venu car j'en suis capable et qu'il faudra bien que quelqu'un le fasse de toute façon.

En revanche, je reste ancré à ma réalité quotidienne et humaine. Et je trouve l'Histoire injuste. Certes, il est essentiel de connaître la trajectoire de ceux qui ont eu à gouverner un jour la France, mais "les Grands Hommes" du quotidien sont pourtant mes camarades. Beaucoup ont des qualités et des parcours de vie que je n'aurais jamais. Ils ont tous leur singularité et les historiens ne s'intéresseront jamais à eux. Alors que ce sont bien ces gens qui sont en train de forger la Révolution à venir. Ce sont eux qui auront le dernier mot sur la représentation politique future. Ce sont eux qui sont en train de bouleverser l'Histoire de France. Chacun de ces gens qui se battent, mériterait qu'on puisse recueillir son témoignage pour comprendre de quelle trempe "les Grands Hommes" sont forgés. Quels sont leurs points communs ? Pourquoi ont-ils franchi le pas de s'engager sur les sentiers de la Résistance, là où la majorité est désespérément apathique ? Que peuvent-ils enseigner aux générations futures qui n'en doutons pas, auront sans doute d'autres problèmes politiques à régler ? Sylvain Nisole qui m'avait narré son parcours de vie, m'a permis de comprendre que c'est avant tout son mental d'acier et son désir de justice qui l'avaient amené au combat. Sa vie était bien remplie. Il avait connu des hauts et des bas. Il n'était pas un homme parfait loin s'en faut, mais il était attachant, humain, à l'écoute des autres et profondément libre. Il se revendiquait anarchiste et il l'était assurément sur le plan spirituel et politique. Cette liberté intérieure et ce goût d'un monde plus juste où chacun s'écouterait pour se comprendre et finalement faire de la Démocratie bien plus concrètement qu'avec les règles constitutionnelles que l'on se donne, c'était son fil d'Ariane et son moteur de vie. Il n'aura pas eu le loisir de voir la Révolution aboutir, mais je sais ce que je lui dois et que je lui ai promis de ne rien lâcher de mon côté.

Je suppose que ce qu'on appelle des "Grands Hommes" doit plus au besoin d'un "libérateur" pour l'essentiel d'une population, mais que ces premiers voyaient autour d'eux des illustres inconnus pour le grand public comme d'autres "Grands Hommes" à qui la France devait tout. On ne renverse pas seul une tyrannie, on n'est pas hissé au sommet par sa seule volonté, et l'on ne peut indéniablement pas gouverner seul. Si aujourd'hui j'ai le sentiment de devoir m'engager toujours plus en avant, raisonnablement l'on peut signifier qu'il y a bien peu de chance que je sois un jour conduit à gouverner le pays. Mais quand bien même cette possibilité se ferait jour : je ne crois pas être un "Grand Homme". Je n'ai jamais cherché la reconnaissance dans ce que j'entreprenais parce mes choix de vie me paraissent naturels. Ils sont spontanés et uniquement intéressés par mon besoin de sérénité. Je ne supporte pas de voir mon pays se déliter jour après jour et donc je me bats. Je ne veux pas vieillir et mourir apatride ou dans un pays subissant les affres de la guerre et de la famine. Je veux pouvoir regarder l'avenir sereinement, c'est tout. Je n'ai jamais eu d'autres motivations. Si l'argent m'intéressait, une vie "rangée" aurait été nettement plus simple pour accéder à un minimum de confort matériel. Si la reconnaissance, l'envie de briller ou d'être aimé me tiraillaient, je serais autrement plus mielleux et maléable avec mes camarades comme avec des inconnus à courtiser. Quant au pouvoir, j'y vois plus des nuits blanches entretenues et la fin d'une certaine tranquillité qu'une réelle source de contentement. Plus encore, j'ai toujours eu le sentiment d'être un homme libre et en pleine capacité de faire ce que bon me semble, sauf sur ce qui nécessite évidemment un puissant effort monétaire. Je suis jeune, en pleine forme, j'ai déjà un pouvoir d'agir et influencer le monde à ma maigre mesure et mes responsabilités sociales sont plus que limitées. C'est un pouvoir immense que de pouvoir décider de sa vie et de n'avoir pratiquement aucun devoir vis-à-vis d'autrui.

La notion de "Grand Homme" est donc une considération extérieure à soi-même. Je vois des Grands Hommes autour de moi, mais je n'estime pas que ce je fasse soit exceptionnel.  D'autres peuvent le penser. Tour à tour je peux être adulé par des gens déraisonnables, apprécié ou au contraire envié voire jalousé. Qu'on m'apprécie ou que l'on me déteste, je sais ne pas laisser indifférent et cette conscience de ce que l'on renvoie comme image, est pourtant à mille lieues de ce que l'on pense de soi-même. Je connais tous mes défauts, tous mes manquements, tous mes actes manqués et échecs et il n'y a absolument rien d'héroïque en moi. Je fais ce que j'ai à faire, c'est tout.

Il m'aura fallu cependant 40 années de vie et une expérience politique et militante de dix années, pour bien saisir ce qu'on appelle "Les Grands Hommes" et comment l'Histoire les forge. Ils sont tout autour de nous, beaucoup seront oubliés et nous serons très peux à assumer nos responsabilités jusqu'au bout. Non par réel choix, mais parce que c'est ce qui s'impose. Le temps des "Grands Hommes" est venu et j'ai l'intime conviction que l'Histoire va bientôt s'accélérer. J'y prendrais ma part et il est probable que mon rôle deviendra plus politique d'ici quelques mois ou quelques années. Mais je n'ai plus peur. La jalousie comme la bêtise et la méchanceté n'ont jamais fait mieux que nourrir ma propre combativité. Voila pourquoi je sais que mon dilemme est finalement réglé. Ce qui doit advenir adviendra et si je dois me revêtir un jour des mystifications populaires sur les "Grands Hommes", il n'en restera pas moins que je demeurerais moi et que je continuerais d'être hermétique aux louanges comme aux médisances.  Nous avons tous une mission à remplir et je continuerai toujours de penser que la Révolution est de toute façon une affaire collective, chacun étant un engrenage nécessaire pour tous les autres. J'en suis encore au stade où je cherche un mensonge intime qui ferait que cette volonté d'engagement soit pour le coup une réelle vanité de ma part. Mais même en sondant dans mes blessures les plus profondes ou dans mes désirs les plus refoulés, je ne trouve aucun lien évident. La seule raison qui "m'oblige" (je n'ai pas de meilleur mot), c'est le sentiment d'être le seul révolutionnaire à peu près bien câblé de ce pays. La France fourmille d'excellents militants, de brillants intellectuels et politiciens, mais pratiquement personne pour faire l'alliage de ces deux aspects de la vie politique en temps de crise. Je suis seul. Le seul... Et ça n'est pas du tout ce que j'aurais souhaité. La phase d'acceptation est désormais derrière moi. Désolé si je vous paraît présomptueux. Je suis prêt à encaisser les coups, rien ne peut altérer une intime conviction.

mardi 8 septembre 2020

Le 12 septembre et le 3 octobre qui arrivent

 

C'était durant l'été 2016. J'étais avec mon camarade Sylvain Nisole dans la ville de Montluçon et nous interrogions les habitants sur ce qu'ils pensaient de François Hollande, des médias, de l'UE et de la démocratie en général. Plus de 500 témoignages ont ainsi été enregistrés parmi des milliers de discussions échangées. Comme celle avec cette vieille dame de plus 80 ans. Je lui demandais ce qu'elle pensait des manifestations (nous étions encore à l'époque de "Nuit Debout"). Toute à sa fragilité de vieille dame, elle me répondit qu'elle n'y viendrait pas parce que la violence qu'elle y entrevoyait lui faisait peur. Chaque fois que l'on me reproche mon "pacifisme" et surtout mon intransigeance sur la sécurité des personnes, je repense à cette vieille dame de Montluçon. Et je ne doute pas du bien fondé de ma stratégie.

Pourtant j'ai participé à l'occupation de péages ou encore de voies d'accès à des dépôts de carburant, et cela en acceptant le fait qu'il est difficile de jouer le jeu d'une procédure et de pacifisme puisqu'il s'agit de conduire un bras de fer en interrompant les flux économiques du pays. Si l'on veut faire capituler la représentation politique sous la férule de la colère sociale mais aussi celle des féodalités industrielles et financières voyant leurs échanges et routines logistiques entravés, certaines infrastructures doivent être considérées comme des cibles prioritaires à cloisonner du réseau routier général. Un port, un dépôt de carburant ou une centrale d'achat de supermarché, ça ne se tient pas avec de la pensée bisounours et de la paperasse, mais avec du courage et l'abnégation des plus déterminés.

Je ne suis pas pacifiste, je m'inscris juste dans un courant de pensée humaniste qui suppose qu'il y a dans le droit et sa philosophie, des outils pour régler les problèmes de Société, y compris lorsqu'on parle de guerres ou de révolutions. Et dans ce vaste foutoir à niaiseries intellectuelles pour certains, se trouvent tout de même quelques réflexions sur le droit de résistance à l'oppression, mais aussi des proportionnalités qu'on puisse poser en jalons avant le déchaînement de violence final. Quels sont autrement-dit les moyens légaux qu'il nous reste pour faire sauter Al Macrone et sa bande de mafieux si l'on dispose de la contribution du plus grand nombre ?

Un livre à paraître cet automne explique quels sont les axes d'attaque qui doivent être les premiers sujets de préoccupation des insurgés. L'intégrité intellectuelle consiste à ne pas renverser sa représentation si manifestement elle ne viole aucune loi, que ses mandats ne sont pas usurpés et qu'elle agit concrètement dans l'intérêt national. Le juge de paix sur cette intégrité, c'est à minima le respect de la constitution, des lois pénales et du droit international par nos dirigeants. C'est leur responsabilité, pas la notre. Or, on peut reprocher au moins trois crimes à Emmanuel Macron qui relèvent de la trahison (art. 411-3 CP) sur l'affaire Alstom ; de l'agression militaire illégale sur le territoire syrien en avril 2018, au sens de l'article 8 bis des Statuts de Rome sur la Cour Pénale Internationale et de l'article 2 de la Charte des nations-unies, et si l'on ajoute la répression féroce qu'il a ordonné contre les Gilets Jaunes, nous touchons directement au crime contre l'humanité (art. 211-1 CP). Emmanuel Macron comme ses prédécesseurs et nombre de leurs ministres respectifs ont des responsabilités pénales dans un grand nombre d'affaires d’État pour le moins. 

Leur place est en prison.

Ce qui signifie qu'il faut pouvoir produire ce que nos institutions judiciaires comme le parlement ne font pas : leur procès. Et l'on commence toujours par le premier domino institutionnel en période révolutionnaire. Les autres tomberont ensuite. Non seulement nous devons pouvoir porter publiquement nos accusations avec la caisse de résonance des médias publics (d'où en partie l'idée de les occuper) ; nous devons pouvoir jouer le procès "extra-judiciaire" de sa jupitérienne micronie dans les places et salles municipales pour expliquer les lois à la population autant que les faits dont on devra se faire une idée s'ils relèvent de "la politique" ou du crime organisé. Si l'on est rigoureux intellectuellement, on ne peut invoquer les lois qui remettent en cause la légitimité d'un chef d'Etat à gouverner, et s'affranchir de vouloir ignorer toutes les autres qui codifient la vie publique pour nous montrer le chemin de l'exemplarité civique. Aussi lorsque j'organise une manifestation, tout à mes propres imperfections morales et facultés physiques, je veille autant que possible à ce que l'ensemble des troupes retourne chez soi ou chez l'ami, pour se tenir prêt à revenir le lendemain avec toute la vaillance nécessaire. Les blessés sont encore une fois inutiles s'il s'agit de revenir chaque jour et cela tout à fait légalement, sur les mêmes sites à occuper.

La procédure a du bon quoi qu'on en pense. Elle débute à peu près de cette façon depuis ma boite courriel : "bonjour, j'informe vos services que nous déclarons organiser une série de rassemblements et cortèges en tous points précédents aux derniers". Cela fait 5 années que la préfecture de la Seine est habituée à ce petit manège pour quelques clampins au départ, puis quelques dizaines, et chaque fois un peu plus. Tous ceux qui reviennent régulièrement, puis les nouveaux qui s'y ajoutent. De fil en aiguille avec un répertoire téléphonique qui lui aussi se complète, on finit par faire progresser les chiffres de mobilisation. Ce qui compte, c'est la régularité. Toujours le premier samedi du mois. C'est à ce moment-là que les comptes bancaires des plus pauvres sont remplis. Ils peuvent consacrer un petit budget pour monter sur Paris, avant que les factures et le loyer n'aient tout bouffé. Ils se démerderont encore avec les miettes au retour. Je ne connais ça que trop bien.

La cible première, ce sont nos médias publics. France Inter en particulier puisqu'avec les dirigeants de la Maison de la Radio, il faudra bien qu'on s'entende un jour sur le fait que de toute façon, nous reprendrons le contrôle éditorial et humain de cette chaîne de radio publique payée et écoutée par des millions d'automobilistes chaque matin. Si personne n'informe la population qu'Emmanuel Macron dans un État de droit qui se respecterait, devrait normalement croupir en prison, il ne peut y avoir un début de légitimité pour les révolutionnaires quant à le renverser. Que Macron soit "libéral" (il ne l'est pas), "gayfriendly" ou encore très arrogant avec les "gens qui ne sont rien", ça ne justifie pas sa destitution. Qu'il ait violé la Loi en revanche, cela mérite un débat public sur sa légitimité à conserver son mandat. 

La reprise de contrôle d'une large plage de diffusion radiophonique sur le service public de l'information, peut par ailleurs permettre d'envoyer une adresse aux armées pour qu'elles se soumettent à l'article 7 de la constitution sur la vacance de la présidence de la République et transfèrent de facto leur commandement ultime au Président du Sénat qui aura à charge d'organiser des élections présidentielles anticipées. Cela avec un gouvernement de transition que l'on peut faire connaître via le service public de l'information encore une fois. J'insiste sur ce point. Si BFM a quelque chose de symbolique dans la critique que nous faisons des médias, ce qui nous appartient : c'est Radio France et France Télévisions. Nous pouvons nous mettre d'accord en peu de temps sur des visionnaires, experts et intellectuels incorruptibles pouvant aisément prendre la charge de certains  ministères. Ils ne seront là que pour moins de trois mois de toute façon. Mais comme le RIC n'est pas une idée magique qui peut apparaître spontanément et qu'il faut nécessairement qu'un gouvernement soit à la manœuvre pour que cette disposition comme bien d'autres, puisse advenir concrètement, nous devons faire entendre nos idées plutôt que forger inutilement des gueules cassées. Ce qui suppose des cortèges et rassemblements qui se passent désespérément bien pour les grands médias que l'on occupe. Pas de violences, pas de poubelles ou voitures brûlées, une énorme solidarité des gens présents et un civisme exemplaire entre eux, mais tout cela dirigé contre le gouvernement et les éditocrates qui assurent la propagande de ce dernier. Les policiers ne pouvant constater que le caractère paisible, régulier et fort civique dans l'attitude des personnes mobilisées, les procédures préalables ayant été par ailleurs réglées, nous pouvons de cette façon tenir le siège durablement. En 5 années, le préfet n'a pas eu un incident suffisamment grave ayant justifié l'interdiction de nos manifestations devant les médias. Si nous pouvons être sous les fenêtres de BFM et France Télévisions chaque jour, de façon tout à fait légale et sans heurts avec la police ou entre nous, dans ce je préfère prendre le temps de construire la qualité et la régularité opérationnelle que de céder à la quantité promotionnelle, visiblement peu regardante sur des réalités tactiques, stratégiques juridiques, et pour le moins de sécurité des personnes.

Sur le fait de déclarer un cortège, plusieurs choses sont à savoir. D'une part, la règle n'est pas si stupide que cela si l'on considère la question de la circulation routière à faire cesser ou dévier durant la progression de la marche. Mais surtout puisqu'elle est de toute façon la règle en vigueur et que l'enfreindre est considéré par la loi comme une incitation et/ou une participation à un attroupement pouvant créer  "un trouble à l'ordre public". On peut se douter raisonnablement que la réponse du préfet pour n'importe quel rassemblement libre et spontané, consistera en une répression sauvage pour blesser et affecter moralement les participants. Il faut absolument les décourager de revenir. Puisque la loi est de "son côté" il a toute latitude pour fournir des images de dégradations commises par des casseurs incontrôlables sur BFM et Cnews. Quelques cadrages supplémentaires sur des manifestants piétinés, matraqués et gazés lorsqu'ils n'ont pas un crâne brisé par un tir de LBD pour bien prévenir le peuple que jouer avec les nerfs de l'ado attardé qui est au sommet de l'Etat, c'est prendre des risques réels avec sa propre vie. Quant à nos revendications politiques sur la destitution de Macron et le RIC, les médias n'en parleront pas. L'image de la voiture renversée qui brûle, c'est tellement mieux pour compléter le "storytelling" sur les Gilets Jaunes ou tout autre groupe de gueux criards qui dans leurs indignations de fainéants, de jojos, de riens, ne savent pas se conduire autrement qu'en parfaits voyous. Les dégradations et violences sont essentielles à la propagande du gouvernement.

Si à la fin d'une journée de grosse manif symbolique, c'est toujours le même constat : soit des femmes et enfants inquiets aux urgences lorsqu'un père de famille va se faire opérer pour retirer un morceau d'os dans son cerveau ; des Français asphyxiés aux gaz lacrymogènes qui reviennent écœurés chez eux en constatant leur impuissance : ils n'ont jamais vaincu la maréchaussée. Elle est équipée, formée pour cela. Pour disperser de grands attroupements de personnes, le gouvernement a les moyens de le faire faire, que cela plaise ou non. C'est certainement pas la grand-mère de Montluçon qui rejoindra une manifestation qu'elle sait ne pas être déclarée en préfecture pour au moins avoir la certitude de participer à quelque chose d'un tant soit peu organisé avec les autorités de police. 

La volonté inexpugnable des organisateurs du 12 septembre de ne rien déclarer en préfecture sur Paris, et cela au nom des grandes valeurs sur la Liberté (que je partage), m'amène à me faire une idée des conséquences qui pourront en découler, même si j'espère que la préfecture choisira d'accompagner plutôt que de réprimer de façon imbécile.  Cependant, Didier Lallement ne s'est jamais fait remarquer pour être spécialement scrupuleux sur les droits de l'Homme. Il s'arrange aisément avec les grandes valeurs et principes des manifestants. D'ailleurs, on lui a même fourni les voyous de la BRAV-M pour terroriser les contestataires politiques. Pourquoi s'en priver quand la loi est de son côté ? 

Il y aura une personnalité avec vous me dit-on ? Oui et alors ? Les consignes seront de la repérer pour éviter un incident qui soit fâcheux pour la communication médiatique de la Macronie. Un gueux blessé, c'est limite pas grave, y'a même une tolérance jusqu'à quelques morts. Un "people", c'est ennuyeux, alors on le quitte pas des yeux les gars et on fait attention à ne pas l'amocher. Pour les autres en face, c'est la charge !

Ceux qui viendront ne peuvent raisonnablement pas écarter la possibilité de finir en garde à vue s'ils ont de la chance, voire éborgnés ou estropiés pour quelques dommages collatéraux qui feront des martyres nécessaires pour les uns, des avertissements sanglants pour les autres. Si cela n'a aucune importance pour vous, que vous vous estimez prêt(e) à assumer les risques qui en découlent, alors allez-y en conscience, je comprends votre besoin d'exulter sur les Champs Élysées toute votre colère et je vous soutiens avec le cœur.

Si en revanche, vous souhaitez participer au 12 septembre dans des conditions plus sécurisantes, revenez sur les ronds-points où nous avons émergé en 2018. Vous pouvez aussi aller sensibiliser les soldats et chefs de corps au-devant des bases et régiments militaires. Vous pouvez aller au-devant de vos médias publics et privés régionaux. Il y a des choses que l'on peut organiser légalement et de façon sécurisée pour tout le monde. Quoi qu'il arrive, que chacun agisse, je serais de mon côté sur un rond-point à Châteauroux le jour-dit.

J'espère que le 12 septembre sera l'occasion d'une grande mobilisation des Gilets Jaunes sur l'ensemble du territoire national et que les semaines suivantes marqueront la reconquête finale.

De mon côté, je vous redonne rendez-vous avec nos camarades devant la Maison de la Radio, à partir de 13h30, samedi 3 octobre prochain, pour repartir assiéger les médias de masse avec l'éthique de travail militant que je vous ai décrite plus haut.

Entre ces deux dates, notre insurrection ne doit jamais faiblir.