mardi 22 mai 2018

Ni Dieu, ni maître !

Ni Dieu ni maître !

Tel est le slogan pour réduire l'anarchie à quelque chose qu'elle n'est pas et ne peut être. Je suis vierge d'avoir lu Proudhon et tant d'autres références, mais je m'estime à la fois observateur, acteur et critique des aliénations perpétrées sur ce qu'est philosophiquement l'Anarchie.

Si je me réserve la pureté de ma libre conscience avant de lire des ouvrages traitant de cette philosophie politique, ce concept n'en finit pas d'inspirer mes méditations. J'ai lu des textes de Jean Bodin, Lokes, Rousseau, Robespierre et Kant parmi tant autres, et ce sont d'avantage les questions de Souveraineté et de contrat social qui animaient mes premières curiosités. Le fait qu'une puissance collective constituée d'une communauté d'Hommes se reconnaissant une même langue, de même références culturelles essentielles au confort de chacune de ses consciences individuelles, des frontières pour sanctuariser une volonté d'auto-détermination commune, ainsi que l'établissement de ses règles et sa relation aux nations tierces au moyen d'une minorité de gens mandatés à ces fins ; exige de comprendre la nature de l'Etat qui s'institue et se perpétue de fait.

La Nation naît d'un peuple qui acquiert l'auto-détermination politique, dispose d'un territoire pour exercer sa souveraineté et son organisation politique, cela à l'abri de toute velléité étrangère au moyen d'une armée.

Le terme "nation" n'est donc pas un gros mot, mais bien tout un ensemble de concepts philosophiques réunis qui touchent de près ou de loin à la Démocratie et au contrat social. Qui souhaite que les peuples Kurdes et Palestiniens acquièrent leur indépendance ainsi qu'un territoire pour exercer leur Souveraineté collective, ne peut que comprendre ce qui distingue un "peuple" sans frontières d'une nation ayant par le fait, la reconnaissance internationale et l'Histoire, le droit de s'auto-déterminer. Lorsqu'un Français, qu'il soit anarchiste ou non, rejette son patrimoine culturel, philosophique et démocratique en rejetant le terme de "nation", il fait tort à l'Histoire, à la quête de Paix perpétuelle instaurée entre les peuples tout en servant les intérêts prédateurs de ceux qui aiment briser les nations pour les amener à la guerre.

C'est lorsqu'on ne respecte pas les frontières qui sanctuarisent l'auto-détermination des peuples sur leurs propres problèmes politiques, que l'on crée de facto les conditions de toutes les barbaries connues. Toutes les guerres sont présentées comme nécessaires en raison de "valeurs" civilisationnelles à opposer à un tyran qui serait plus affreux encore que les autres despotes existants sur Terre. Le très laïc et occidental Bachar Al Assad doit être porté aux gémonies médiatiques, tandis que le boucher du Yemen, Ben Salmane Al Saoud, reste un excellent partenaire pour nos marchands d'armes. Des guerres auxquelles mêmes certains prétendus "anarchistes" ou "libertaires" consentent au nom de "valeurs" à géométrie variable.

Les frontières, l'Etat et la Nation ne peuvent en aucun cas être vilipendés par des anarchistes rationnels. Car si cette philosophie politique tend à garantir la libre conscience de chacun et l'auto-détermination des individus au sein d'une fédération de communes administrées par les citoyens eux-mêmes, elle n'ignore pas qu'elle s'inscrit dans un contrat social exigeant une communauté d'Hommes pour rendre nécessaire sa proposition politique, ainsi que des règles tacites ou écrites pour établir ses formes et un territoire à même de sanctuariser la singularité du processus institué. N'importe quel "zadiste" comprend la notion de territoire-sanctuaire du fait de la garantie qu'il offre au développement d'un idéal politique. 

L'anarchie ne peut donc soustraire à sa logique d'organisation, la nécessité absolue du territoire politique dont dépend un peuple pour s'auto-déterminer. Que ce soit par les voies du capitalisme, du socialisme, du communisme ou de l'anarchisme, une philosophie politique a besoin d'un pré-carré pour s'exercer et témoigner de sa pertinence (ou non) face à d'autres modèles de Société promus. Le zadiste (qui oublie trop souvent qu'il est citoyen) défendra son territoire local d'opération, mais si la France lui demandait son sacrifice pour sauver son frère, sa femme et son voisin de la barbarie d'un envahisseur étranger, c'est avec le même don de soi pour le corps social, qu'il livrerait son sang à la patrie. Simplement parce que l'extrême localité du territoire qu'il organise en Commune, est composé d'êtres partageant sans doute quelques valeurs et singularités proches, mais ne constituent qu'une fraction du réseau de connaissances et proches familiaux que nous pouvons avoir au sein du pays tout entier. Un anarchiste se défend directement et défend les siens, mais il n'agresse jamais personne et s'abstient de justifier la légitimité d'une agression au nom d'idéaux considérés comme les plus nobles. Les seules guerres morales, sont celles où un peuple se défend d'une oppression étrangère en vue de sa Libération, les autres sont toujours celles qui seront racontées avec le point de vue des agresseurs. Si être patriote suppose le don de soi à la guerre, aucun sentiment patriotique ne peut justifier la volonté d'agression. Anarchie et patriotisme éclairé ne sont en rien contradictoires.

Bien que l'Anarchie soit un mode d'organisation de la Société consacrant l'individu et les communautés locales, elle ne peut pour autant s'affranchir que d'une part : elle s'inscrit dans une volonté de maintenir la paix entre les tributaires du régime politique qu'elle instituerait, et d'une autre part, que puisque les individus constituent un corps social qui ne peut exister que dans une somme de contradictions, d'intérêts croisés ou divergeants, la Liberté d'expression doit être la plus extensive que possible pour garantir à chacun le droit non seulement de penser, mais aussi de mettre à l'épreuve de tous, ses idéaux particuliers. La Démocratie asseyant la légitimité de ses règles sur le consentement de la majorité d'une communauté politique pour laquelle elle est établie, elle suppose que tous les individus du corps social aient le droit d'exprimer toutes les idées et informations qui les traversent, tant que celles-ci ne constituent pas une calomnie, une diffamation ou un appel au meurtre. Toute idée qui ne trouve pas sa contradiction la plus virulente est au mieux un préjugé entretenu par paresse mentale, au pire par dogme mystifié par la religiosité.

Nous sommes un corps politique, et l'Anarchie ne peut en aucun cas ignorer que nous sommes tous des êtres aliénés. Nos âmes peuvent être pures et claires, mais nos corps déjà affectent nos idées par des hormones responsables de nos émotions, désirs et pulsions. Il y a ensuite notre environnement culturel et social, nos conditionnements les plus primitifs, nos névroses et psychoses ainsi que tout un ensemble de facteurs qui font que les individus que nous sommes, sont incapables d'être rationnels pour toutes choses et en tous moments. Un consensus ou une majorité sur ce qui fait sens à notre Raison, est ce qui établit notre Culture collective et acceptée,  et la distingue se faisant de comportements ou systèmes de valeurs considérés comme marginaux voire prédateurs par le plus grand nombre. Pour autant, puisque certains parmi nous sont plus idéologues que pragmatiques, plus passionnés que distants, plus aliénés qu'équilibrés, plus experts qu'ignorants, plus jeunes ou plus vieux, etc... il est nécessaire de tenir compte de l'avis de tous en concédant que celui d'une minorité puisse être autant celui de la Raison qu'il pourrait être celui de l'aliénation des Hommes. Il est humainement injustifiable d'opprimer une quelconque communauté, tout autant qu'aucune d'elle, qui reconnaissant que les comportements ou systèmes de valeurs qu'elle promeut sont considérés comme marginaux par l'essentiel de la Société, n'a le droit d'imposer ses normes au-dessus de celles qui font consensus ou obtiennent la majorité des voix nécessaires à la légitimité d'un ordre juridique et culturel établi. L'Anarchie n'a pas de raison d'ignorer que les peuples établissent leur règles et leurs interactions en vertu de repères culturels aussi profonds, variés qu'ancrés à une géographie de développement, et que de ces singularités culturelles se distinguent par des volontés législatives différentes d'un peuple à un autre. Si la pensée confucéenne inspire l'ordre moral et social existant en Chine, il est manifeste qu'en Europe, ce sont d'autres traditions et modes d'organisation qui prévalent à notre conception de la Société. Ce qui est admis ici, n'est pas compris ailleurs et inversement. L'Anarchie respecte les frontières et les systèmes de valeurs de chaque patrie. Elle ne peut faire la démonstration de la pertinence de son propre Régime, qu'en acceptant de se nourrir des idées existantes partout dans le Monde, pour perfectionner ce qu'elle se propose d'instituer comme organisation démocratique, sociale et pacifique au sein de ses propres frontières d'exercice. De la même façon, elle ne peut dresser de cordon sanitaire à tout promoteur d'une idée considérée comme "sulfureuse" ou "extrémiste", puisque ces idées sont jugées ainsi du fait qu'elles soient marginales et par conséquent inoffensives pour la Société. Elles n'engagent que la dignité et l'honneur de celles et ceux qui s'en répandent, et ne se combattent que par l'argumentation contradictoire. Jamais par l'ostracisation ou la censure.

Mon militantisme m'a toujours amené à travailler avec des anarchistes sincères. Aucun n'est violent ou intolérant. Tous au contraire, m'ont tous fait la démonstration par leurs propres actes et comportements, que l'ouverture aux autres et la spontanéité dans les décisions collectives, sont le champ d'expérimentation philosophique premier de ce courant qui se veut à la fois politique et spirituel.

Un slogan impropre

L'Anarchie ne peut  rejeter l'hypothèse de "Dieu" qui est en substance première, un postulat métaphysique transcendant les idéaux politiques qui organisent la vie des Hommes, ni même refuser que nous accordions à des personnes leur qualité de "Maître" si manifestement c'est à ces mêmes personnes que nous reconnaissons indéniablement une autorité sur certains savoirs que l'on souhaite acquérir. Ce que l'Anarchie peut spirituellement rejeter, c'est la doctrine religieuse, puisque fondée sur un système de croyances, et non sur des réalités communes et tangibles. Dieu est un autre débat et aucune religion ne sera jamais aussi pertinente que la science et la philosophie pour approcher sa possibilité. Les communautés religieuses ont le droit de citer et de s'associer tant qu'elles ne causent aucun trouble pour la Société. Mais elles ne peuvent imposer des concepts moraux et croyances particulières qu'elles plébiscitent au peuple tout entier au-travers de son organisation politique et l'établissement de ses lois. Un régime démocratique est nécessairement Laïc dans ses piliers constitutionnels fondateurs. Mais pour la science et la conscience, la question de Dieu restera éternellement ouverte. Athées, agnostiques et croyants n'ont pas raison de se quereller en Anarchie.

La question des Maîtres est plus organique et structurante. Nous sommes par défaut ignorants de tout et plus encore d'un quelconque savoir académique et expérimental sur un sujet ou une discipline particulière que l'on a jamais étudié. Nous sommes obligés de nous référer à des ouvrages écrits par des personnes qui comme nous ont appris ce qu'elles savent d'autres personnes et/ou de leurs propres recherches. Il parait assez évident que si un serveur n'est pas qualifié pour exercer une fonction de médecin, l'inverse est sans nul doute tout aussi vrai. L'être humain, par nature, ne peut s'empêcher d'apprendre, exercer et transmettre une somme de savoirs.  Ce qui change est l'échelle des responsabilités entre ces individus en fonction de de l'utilité sociale qu'ils se donnent ou que nous leur déléguons collectivement. L'un a directement la vie d'un être humain soumis à la maîtrise d'un geste chirurgical, l'autre maîtrise sa mémoire, sa convivialité et son sens de l'organisation, pour qu'une tablée puisse ne pas souffrir de la faim ou de la soif trop longtemps. Nous acceptons collectivement de remettre notre vie à l'Autorité d'un chirurgien sur son art et nous consentons qu'une personne s'asservisse à une fonction sociale qui satisfasse au seul plaisir d'une communauté de personnes. Ce que l'Anarchiste ne peut accepter, c'est qu'en dehors des nécessités collectives que nous nous faisons un devoir de contribuer quant à leur bonne gestion à certains moments de notre vie, la fonction sociale que nous nous attribuons de façon durable, ne peut être contrainte par l'organisation de la pénurie monétaire pour le peuple et aux contrats sociaux et anti-démocratiques qui en découlent.

L'anticapitalisme proclame l'inutilité sociale de la thésaurisation lucrative.

Lorsqu'une minorité d'individus à l'échelle d'une nation ou du monde, détient l'essentiel de la Monnaie du fait que le peuple n'a aucun contrôle démocratique sur celle-ci, ce dernier est nécessairement opprimé. Puisque manifestement, les êtres humains recèlent en eux-mêmes autant d’appétence pour le "bien" que le "mal", il est indéniable que des comportements prédateurs subsistent à différents degrés dans chaque individu.  La "fortune" corrompt  les esprits les moins sages car elle offre un supplément de puissance à un individu sur les autres. L'inégalité d'accès à la monnaie et donc de contreparties possibles à cet étalon public de la valeur, engendre une volonté constante de ne jamais revenir à la pénurie monétaire, quitte à mettre à l'épreuve ses considérations éthiques les plus profondes. Il y'a en l'Homme une volonté de puissance qui lui est intrinsèque. Pour partie d'entre nous, c'est afin de circonscrire plus efficacement bien des maux, et pour autre partie, en vue de s'abandonner à une aliénation plus primitive quant à la servitude que l'on peut imposer à d'autres Hommes. Dans une Société capitaliste et libérale, on délègue par des consignes politiques ou via des contrats de gré à gré. Si le contrat commercial comporte en lui-meme la liberté de s'en défaire, tel n'est pas le cas du contrat politique sans l'accord du plus grand nombre. Le pouvoir militaire, administratif et judiciaire n'est pas sous contrôle du peuple et tout le rapport à l'autorité est aliéné par la pénurie monétaire subie par la majorité. Ceux qui voient la répartition de la monnaie dans ses différents agrégats, largement concentrée dans les comptes de gestion de leurs courtiers, sons soumis à des corruptions et lâchetés intimes face à l'angoisse de perdre leur rang social, leur influence et leur puissance d'action. Tout comportement prédateur, malveillant et strictement égocentré, est dans ce cas nécessairement  lié à une somme d'aliénations intimes. L'honneur, la franchise et l'intégrité sont des vertus inégalement réparties dans un système social aliénant le corps, l'esprit et l'univers tout entier, en potentielle marchandise à exploiter et monnayer. La fin de la pénurie monétaire pour l'ensemble d'une population, n'empêcherait pas que des aliénations intimes sur certains individus persistent et demeurent. Mais elle n'encouragerait plus un certain nombre de comportements particulièrement prédateurs. Une inégalité monétaire entre de tels individus et le reste du peuple, leur confère un potentiel de puissance et d'influence à même de corrompre le contrat démocratique et social opéré par une nation. Aucun Système monétaire ou même l'absence d'un tel mécanisme d'échange de services et de biens, n'empêchera la corruption et la volonté de puissance d'une minorité de gens contre l'intérêt commun. Il ne s'agit donc pas de rejeter la monnaie en tant que telle, mais soit assainir le système comptable sur lequel elle repose, soit le changer complètement à des échelons nationaux ou internationaux.

Dans le Système monétaire actuel, un peuple qui détient le contrôle collectif de l'émission du crédit public et privé, perd toute raison de thésauriser la monnaie. Nombre d'économistes parmi les plus libéraux, keynésiens ou communistes, ont perçu cette évidence que la plus équitable et large ventilation nationale du stock de monnaie dans les comptes de dépôt du peuple et des entreprises en développement, permettrait pour commencer un choc de consommation vivifiant l'économie et la création d'emplois pour supporter la hausse de la demande qui en découlerait aussitôt. Mais de façon plus durable, un citoyen qui peut accéder aisément au crédit, indépendamment de sa condition et fonction sociale, aura une tendance naturelle à s'investir dans projets entrepreneuriaux, associatifs ou privés générant annihilation du chômage, puisque nous cherchons toujours une occupation qui nous inspire pour les connaissances et les maîtrises d'exercice qu'elle suppose d'acquérir. L'activité dans un pays est la richesse de la nation, car source de ses équilibres d'échanges et volontés de projection. La Valeur n'existe que dans le travail humain et la rareté. La monnaie s'institue de façon sécable à partir d'un potentiel d'activité et de ressources reconnues dans le pays d'émission, permettant de définir par avance la quantité nécessaire ainsi que sa meilleure redistribution. "Travail" et "emploi" sont cependant deux termes différents. Le premier renvoie à une activité quelconque, souvent au profit d'autrui. L'emploi est une compétence marchandée par un employeur disposant de la réserve monétaire suffisante pour arbitrer le salaire et conditions sociales spécifiques de l'entreprise. Il y'a donc dans ce dernier terme l'évocation d'un lien de subordination, puisqu'une seule des deux parties définit la quantité de monnaie octroyée dans cet échange de service. La notion d'emploi est résultante du salariat, qui dans les normes qu'il énonce, dépossède les travailleurs de leur voix dans la gestion sociale et la répartition équitable des bénéfices entre tous. Le travailleur libre de sa force de travail peut en économie libérale négocier sa propre valeur marchande en situation de plein emploi, et dans une économie plus régulée, ce qui est gros et stratégique est sous contrôle public donc politique du peuple, ce qui ne répond pas de l'intérêt général est privé et mutualisé entre les travailleurs pour les moyennes et grandes structures. Les professions libérales ou le régime coopératif dans les plus grandes structures de travail, sont de façon générale les formes les plus à même de prévenir le sentiment d'impuissance et de sous-valorisation de ses talents et connaissances utiles. Le socialisme dans sa proposition fondamentale, tend à rendre aux travailleurs et aux citoyens, la considération de leur rang social au sein de la Société. Il ne supprime pas totalement la notion d'emploi, mais tend à remodeler son sens dans un contrat social alternatif au capitalisme.

Nous apprécions de jouer de nos connaissances et savoirs-faire pour d'autres personnes que nous.  La bienveillance et la volonté d'offrir ses compétences à autrui, reste un sentiment majoritaire au sein de toute population donnée. Ce qui signifie que si la Monnaie séquestrée par les plus riches était redistribuée à la meilleure proportion pour l'essentiel des millions de gens les plus pauvres, la quantité de monnaie délivrée ne serait sans doute pas suffisante pour corrompre qui que ce soit ou accéder à des fonctions politiques particulières, mais elle serait plus que satisfaisante pour rembourser l'essentiel de la dette privée des ménages et permettre à ceux-ci d'investir dans leurs choix de vie individuels ou conjugaux. L'absence de pénurie monétaire libère le sentiment de projection chez les Hommes. La projection s'oppose intrinsèquement au sentiment d'impuissance. Les choix de vie de chacun étant le plus généralement liés à une utilité sociale maintenue, nouvelle ou transformée, et rendus possibles pour nombre d'entre eux, que par l'apport supplémentaire, substantiel et provisoire de monnaie sur son propre compte de dépôt. Même les plus paresseux et indolents des Hommes ne sont jamais totalement inactifs, consomment à minima, et peuvent trouver en leur temps, une façon de s'investir pour la Société. La Société elle-même peut décréter un temps de travail obligatoire pour tous, cela au profit la collectivité de façon tout à fait démocratique. Les service militaire et civique ne sont rien d'autre que la transformation de l'ost et de la corvée qui pré-existaient dans des temps plus anciens. En clair, si la majorité des membres d'une nation, aspirant naturellement à exercer une activité sociale, accepte cependant qu'une part marginale d'elle-même sera toujours plus indolente que la majorité, et qu'il est entendu que cela ne peut porter atteinte à la validité du contrat social et monétaire qu'elle s'institue, le raisonnement qui en découlera deviendra plus statistique et rationnel pour fonder les mécanismes de redistribution, que subordonné à des conflits passionnels et moraux sans intérêt opératif sur la pertinence du Système. Une nation généreuse avec elle-même prévient l'essentiel des conflits entre les Hommes.

Au sein d'un régime démocratique dans lequel nous admettrions que le peuple soit parfaitement éclairé sur le jeu de comptabilité entre les "dettes" et  "crédits" collectifs permis par l'émission de la monnaie, ainsi que sur le cycle fiscal permettant de définir les durées et quotités d'avances consenties par un appareil politique légitime et ayant pleine autorité sur la banque centrale nationale, il deviendrait une évidence politique finale que de continuer de vivre sur le crédit perpétuel permis par la monnaie, mais de s'affranchir de la logique capitalistique de séquestration monétaire. 

Le système "argent-dette" n'est pas forcément inepte en tant que jeu comptable à même de définir un étalon commun d'échange de service. Ce qui est obsolète, c'est la thésaurisation. Marx en moquait le principe en le rabaissant à un comportement de "collectionneur". Sans doute parce qu'on emporte par l'argent au paradis, et que les économistes les plus rationnels sur la monnaie, savent qu'elle n'a aucune valeur intrinsèque, mais se borne à étalonner les valeurs réelles.  Nul régime démocratique qui se veut social et éclairé et à même d'administrer son système bancaire national, n'a de raison de considérer sa monnaie comme autre chose qu'une convention légale ayant un rôle d'usage formel dans ses échanges internes. Si tout individu, entreprise ou association a accès à la monnaie le plus librement que possible, tant pour satisfaire aux nécessités vitales et courantes et à la dignité sociale de chacun, il n'y a plus de raison essentielle de capitaliser celle-ci. Si un taux d'intérêt peut conserver sa raison d'être pour corriger des mouvements inflationnistes, il ne peut être réclamé à des individus ou des petites structures entrepreneuriales, mais uniquement au peuple lui-même sur une part des recettes fiscales qu'il consent à s'imposer collectivement. Si les créanciers sont le plus souvent des entités privées, le débiteur ne peut être que Public en démocratie. Ce qui perpétue l'impôt comme poulie nécessaire au bon fonctionnement de la monnaie. Les meilleures taxes seront toujours celles qui captent la rente et les comportements nocifs dans notre consommation de marché. Les pires sont toujours celles qui sanctionnent les produits d'alimentation et d'hygiène les plus essentiels ainsi que le travail, à l'exception des cotisations sociales (qui sont un revenu différé et mutualisé, et non un prélèvement fiscal comme certains communicants cherchent à le faire croire). 

Je ne vois donc pas en quoi le fait de revendiquer l'Anarchie qui se veut une philosophie politique libertaire et émancipatrice, signifierait de facto au renoncement à la monnaie puisqu'elle peut être un vecteur d'émancipation sociale. Néanmoins, il me parait tout à fait sensé et légitime que la réflexion intellectuelle qui en découle, proclame son caractère anti-capitaliste. Non pas pour empêcher quiconque d'entreprendre et disposer d'un revenu privé ou universel découlant tant de ses droits civiques que contractuels avec une fraction de la nation, mais au contraire pour lui garantir l'avance publique de monnaie permettant de satisfaire aux besoins et ambitions d'élévation sociale et familiale de chacun. Je précise toutefois qu'étant décroissant dans mes considérations économiques particulières, ma réflexion ci-avant sur la monnaie et le capitalisme n'est qu'un axiome d'une pluralité d'autres considérations que je m'abstiendrai d'aborder ici. Ce que j'énonce plus haut n'a de vérité que dans le dépoussiérage du mécanisme monétaire connu. D'autres modèles macro-économiques peuvent supposer des changements plus significatifs à opérer sur le fonctionnement de la monnaie pour générer l'harmonie nécessaire entre flux physiques réels (et anticipés) et corrélation monétaire attenante.

Savoir recevoir ou la désaliénation au syndrome anté-capitalistique

La vie humaine est constituée d'une somme d'expériences fondées sur des échecs successifs. Le libre arbitre existe du fait d'une quantité de choix existants nous impose de nous confronter dans nos jugements, à admettre nos incapacités personnelles. Nous devons déléguer certaines tâches à plus experts que nous, nous former continuellement, changer d'objectifs ou de méthode pour se donner le sentiment que les réussites obtenues, soient sincèrement liées à ce que nous sommes profondément. Nos réussites personnelles, qu'elles se sanctuarisent au-travers du travail, la famille, le voyage, les arts, ou toute autres activités et environnement immédiat autour de Soi, sont toutes issues d'un champs d'expérimentation et de renouvellement des échecs, ainsi que de l'apprentissage qui en découle. Nous cherchons par l'expérience à contourner nos écueils les plus connus, afin de trouver l'harmonie en ce que l'on expérimente avec un plaisir certain, car de cette activité découle le sentiment de maîtrise ou d'abandon émotionnel sur ce que l'on fait. Le sentiment de réussite n'existe que parce qu'un échec a été évité par avance, ou parce qu'il a été maîtrisé par la ténacité et l'acquisition de compétences et de ressources pour le circonscrire ou le contourner. Si un être humain ne dispose pas des compétences, d'autres que lui peuvent pourtant l'aider. Si la fraternité collective est anéantie dans la réalité du bénévolat public en toutes choses, et que certaines compétences ne s’obtiennent que par une contrepartie monétaire, l'échec est vécu d'abord par un sentiment d'impuissance. Une personne richissime ne comprend pas le sentiment d'échec comme l'évalue un miséreux. Nous ne parlons pas bien sur de dépits amoureux ou dans nos relations personnelles, mais bien de l'indignité sociale et les perspectives empêchées par la pénurie monétaire. Tout a un coût, tout se monnaye, se deale, se négocie, tel est le dogme matraqué depuis deux siècles.

En Anarchie, tout se donne. Lorsqu'on interroge quiconque sur le sentiment qu'il retire d'un acte généreux qu'il a pu faire librement, la réponse est invariablement un sentiment de plaisir sincère. A contrario, si l'on interroge le même quidam sur le sentiment qui l'inspire lorsqu'il reçoit de l'argent, un présent ou même un hommage à sa personne, il pourrait probablement vous faire part d'un sentiment de malaise. La générosité d'autrui étant considérée avec son pendant lucratif ostensible dans l'environnement social, et la réception de sa générosité comme une projection de nos propres manques.  Si donner est simple et toujours agréable, recevoir est une épreuve mentale en régime capitaliste.

Le sous-entendu permanent du capitalisme est que tout procède d'un échange entre deux parties liées par un contrat tacite ou écrit. Ce que l'autre partie me donne, je dois lui rendre autrement. Pourtant, lorsque l'on donne un peu d'argent à un miséreux, on ne s'attend pas à ce qu'il nous rende quelque chose en contrepartie, et d'ailleurs nous le refuserions. Mais pourtant, ce miséreux va nous rendre quelque chose malgré tout. Un sourire, un remerciement pour commencer, mais plus formellement, il va dépenser sa monnaie à son tour. S'il s'achète de quoi se restaurer, il va payer de la TVA qui reviendra dans les caisses de l'Etat, c'est à dire notre trésor commun. Si un autre miséreux lui demande l'aumône, il n'est pas improbable du tout que le premier lui accordera un peu de sa maigre fortune. Enfin, si ce miséreux emploie une partie de son argent à des œuvres d'utilité publique ou sociale, nul doute que les quelques pièces que nous lui aurons laissé, seront rendues au centuple. Non pas à nous même en tant qu'individus, mais à nous tous en tant que composantes d'un corps social aux intérêts mutuels. De la même façon que lorsque nous nous acquittons de l'impôt, nous obtenons en contrepartie une somme de services publics essentiels à la gestion courante de notre vie. Pourtant, l'impôt que nous avons versé au percepteur, ne nous sera pas rendu directement par ce dernier, mais par un ensemble d'acteurs qui de façon plus indirecte, ont perçu les ressources nécessaires à leur tâche d'utilité commune.

Si celui qui donne a le plus souvent une certaine conscience économique ou spirituelle sur le fait que sa générosité portera au-delà du premier réceptacle de celle-ci, et que la Société conspirera à lui rendre autrement ce qui a été octroyé, celle ou celui qui reçoit se sent coupable de ne pouvoir rendre  immédiatement ou d'être pris en situation de faiblesse. Celle ou celui qui reçoit du fait d'une pénurie monétaire, reconnaît en recevant qu'il n'a peut être pas d'emploi (et l'accusation en paresse n'est jamais loin), qu'il n'a donc pas réussi au sens où la réussite sociale se mesure dans une Société capitaliste, et qu'il n'est donc pas l'égal de celle ou celui qui donne.

Par ailleurs, la pénurie monétaire étant forte pour le peuple, chacun a conscience que chaque sou donné à quiconque, retire à son émetteur une part de la jouissance et du confort qu'il peut retirer du peu de monnaie qu'il détient sur son compte.  Le sentiment de priver un généreux donateur de quelque chose d'essentiel à sa tranquillité budgétaire et sa capacité de projection personnelle dans la dépense, renforce le sentiment de culpabilité.

Alors comment avec toutes ces contraintes mentales, morales et sociétales se défaire de ce sentiment de culpabilité et apprendre à recevoir ? Je crains que pour ce qui me concerne, l'apprentissage ne découle que de l'expérience, et non pas d'un regard philosophique sur la question.

D'abord, il fallu bien m'observer face à la générosité. Et je n'ai pas de problème, même en étant extrêmement pauvre, à donner ou partager de la monnaie que je perçois. Bien sûr j'évalue les dépenses incompressibles à produire et le restant à vivre comme tout le monde, mais je donne volontiers de l'argent à des clochards, je dépense volontiers dans l'inutile à condition que cela puisse faire plaisir à une personne, et en situation de déplacement long dans une quelconque action militante, je partage tout avec mes camarades du moment. Ce fut le cas à deux reprises avec Sylvain Nisole, mon fidèle compagnon de route lorsque nous avons traversé la France pour interroger les Français sur leurs opinions politiques. Aucun d'entre nous ne remettait en question le fait que l'un ou l'autre payâmes des repas, réparations ou autres nécessités d'intendance dans ce que nous faisions. Tant qu'il restait de l'argent à dépenser sur l'un ou l'autre compte, nous l'avons dépensé pour nous deux. C'est d'ailleurs à peu près avec la même logique de partage qu'un couple ou une famille très soudée, mutualise la dépense de la monnaie de chacun, pour veiller à ce que le ménage tout entier ne manque de rien.

Ainsi, lorsqu'on reçoit de la monnaie ou tout autre bien ou service de la part d'une personne qui nous est proche, nul sentiment de redevabilité ou de culpabilité. Viennent ensuite les personnes que l'on connaît moins et dont on peut dire que leur acte est généreux, mais pas forcément si désintéressé. Et c'est cela que j'ai appris.

Mon déclin social (et monétaire) s'est vraiment amorcé lorsque je me suis pleinement engagé dans l'activisme politique. Par la force des choses, je me suis fait connaître de quelques milliers de personnes, notamment grâce à l’avènement des réseaux sociaux. Il m'était alors impossible de cacher ma déshérence monétaire lorsqu'il s'agissait de financer des projets militants. Bon gré, mal gré, il me fallu demander à l'ensemble de mes contacts, l'argent nécessaire à de telles entreprises. Et à ma grande surprise, on me fit confiance et l'on se montra généreux pour favoriser ces actions. Non pas que les donateurs y voyaient la garantie d'un succès, mais qu'ils comprenaient l'intérêt et le sens de ces initiatives de façon générale. Bien sûr, tout militant expérimenté sait que la plupart de ses actions sont vouées à l'échec et ne déboucheront sur aucun changement politique tangible. Le caractère local du travail fournit par un militant et l'échelle de réception des idées qu'il promeut, diffèrent sensiblement. Cependant, faire quelque chose produit malgré tout du changement, autrement plus que de ne rien faire du tout. Et c'est ce que perçoivent celles et ceux qui donnent un peu de leur argent à de telles initiatives. En viabilisant ces entreprises par la monnaie nécessaire à leur bon fonctionnement, ils participent de manière différée à un changement.

Plus difficile pour moi, fut le moment où je réclamais pour la première fois de l'argent, non pour des initiatives militantes, mais bien pour moi-même. Là encore, je fus étonné que l'on se montra généreux à mon égard. Car la contrepartie politique disparaissait. Ce sont pourtant de nombreuses discussions avec certains de mes contacts, qui me permirent de comprendre leur raisonnement, qui était pourtant évident même pour moi : un activiste épuisé moralement et matériellement du fait d'une trop forte pénurie monétaire, ne peut donner le meilleur de lui-même à l'utilité publique qu'il se donne au-travers de ses actions. Il y'a donc cette fois-ci un rapport à l'humain. L'action ne peut exister si un être humain ne se décide pas à l'entreprendre. Et les ressorts psychologiques et matériels qui nous amènent à imaginer et entreprendre une action, sont au moins aussi essentiels à prendre compte, que les besoins propres à l'action elle-même.

Ce qui reste perturbant, c'est que l'on se trouvera toujours une bonne raison de ne pas mériter la générosité d'autrui. D'une part, par notre sentiment de culpabilité vis-à-vis de notre échec social, mais aussi parce que le militantisme politique en lui-même n'est qu'une vaste succession d'échecs prévisibles. Enfin et surtout, l'on se juge constamment, et toujours en se comparant à d'autres que soi pour déceler ses propres manques. Comment "soi" pourrait mériter la générosité d'autrui alors que ce dernier ou cette dernière, ne manque pas de faire la démonstration du mieux qu'il représente par rapport à soi. Pour commencer, il vous témoigne de sa confiance, se montre généreux avec vous, et dispose d'une expérience de vie et une assise sociale que vous n'aurez sans doute  jamais. Si l'on est trop dur avec soi et que l'on ne parvient pas à se trouver quelques qualités à même d'équilibrer ses plus vils défauts, nul doute que le sentiment de culpabilité n'en restera que plus fermement entretenu. Mais si au contraire, on se trouve assez de qualités humaines pour transcender son existence et atteindre par soi-même ses propres buts, alors l'aveu de notre impuissance et de notre échec n'en est que plus culpabilisant. Dans les deux cas, l'équation reste infernale pour le mental. Recevoir nous est désagréable. Il faut donc du temps et l'expérience même du "recevoir" pour admettre que décidément, on se fait des nœuds dans le cerveau pour pas grand chose...

La vie est une expérience aussi courte que fragile pour nous tous. Elle ne fait sens que si nous lui en donnons un. Ce que nous recevons ou donnons avant notre mort, ne nous sera pas présenté dans un bilan comptable aux portes de l'enfer ou du paradis pour peser nos âmes. En revanche, cela aura permis de notre vivant, de s'inscrire dans le sens que nous donnions à notre existence. Nous donnons ou réclamons ce qui est nécessaire à la mission que l'on se donne. Si nous donnons, c'est que cela contribue autant à nous faire plaisir que changer un peu le monde vers le mieux. Si nous recevons, c'est que nous avons une nécessité vitale ou entrepreneuriale à faire aboutir, et nous ne serons en capacité de rendre quelque chose à la nation, que si la générosité publique nous permet d'avancer dans notre quête du moment. Si quelqu'un nous donne quelque chose à cette fin, recevoir son aide est non seulement gratifier l'âme généreuse, du  plaisir d'avoir pu se montrer utile à quelqu'un, mais cela nous évite aussi de nous montrer impuissant à régler ce qui doit l'être sur le moment. Or, puisque l'on peut considérer la vie comme un capital-temps dont nous disposons pour faire bénéficier le monde de notre existence, cela en tant que force motrice de son évolution ; chaque journée perdue dans l'inaction du fait d'une pénurie monétaire assumée dans la culpabilité, est autant de temps gaspillé à ne pas fournir les actes et réflexions qui contribuent à son changement.

Donner et recevoir sont donc des actes s'inscrivant dans une quête de sens. Il n'y a aucun intérêt à se sentir coupable de manquer de monnaie dans une Société qui organise elle-même la pénurie de cet outil d'échange. Mais l'on peut en revanche se sentir coupable d'inertie du fait que l'on refuse un don par orgueil. Car ce que nous offre autrui par sa générosité, c'est sa confiance en nous. Il ou elle sait qu'avec l'argent, le bien ou le service reçu, nous allons pouvoir franchir une étape personnelle importante dans notre cheminement de vie. Celui qui a peu aujourd'hui pourrait devenir un milliardaire demain. Et dans ce cas, peut-être ne pourrait-il s'empêcher de rendre au monde bien au-delà de ce qu'il a reçu des autres. On ne peut le prédire, mais celle ou celui qui donne, suppose que d'une façon ou d'une autre, le monde autour de lui sera quelque peu amélioré ne serait-ce que dans l'immédiat, et c'est cela qui lui est d'ores et déjà rendu. Que ce soit par le constat objectif que celle ou celui qui reçoit retrouve un peu de moral et de confiance nécessaire pour mener à bien ses projets sur le temps présent, ou en extrapolant sur le sens de vie qu'elle ou il se donne. Si cette dernière personne devait réussir à mener à bien sa propre quête, alors sans nul doute, accéderait-elle à son plein potentiel de générosité avec le reste du monde. Ce qui est donné est toujours rendu en différé, mais pas forcément à soi directement. Ce qui est reçu n'est jamais donné dans le but de nous dévaloriser, mais bien au contraire afin de contribuer à notre revalorisation de soi et de ce que l'on fait.

Suis-je anarchiste ?

Il y'a quelques années, cette question intime m'aurait paru absurde. Elle l'est beaucoup moins aujourd'hui. En effet, il y'a peu encore, je concédais être à la fois socialiste et décroissant, démocrate résolu quoi que paradoxalement royaliste. Mais au vu de mon intérêt pour la structure même de l'Etat et de son bien-fondé pour servir la Société, il me paraissait tout à fait inepte d'ajouter à mes convictions propres, celle de l'Anarchie.

Pourtant, différents indices sont venus troubler au fur et à mesure du temps, ce que je pensais de mes convictions politiques les plus établies sur ce sujet. D'abord, les lecteurs de ce blog, dont certains me révélaient être anarchistes, et dont quelques-uns parmi eux me disaient que j'en étais moi-même un qui s'ignorait. Allons bon ? Si ce blog m'a d'avantage permis de partager mes méditations sur l'Etat et la Révolution, que pouvais-je y glisser qui puisse motiver de tels arguments ?

Je me suis toujours refusé à étudier des ouvrages traitant de l'Anarchie tant que la Révolution n'aura pas été opérée, mais j'ai tout de même lu de nombreux articles ou extraits de livres phares sur le sujet. Les similitudes que j'y retrouvais avec ma pensée propre étaient essentiellement fondées sur une conception très radicale de la Démocratie. Elle s'exerce localement par tous les citoyens d'un même corps politique, et s'impose sur la légitimité des lois et des mandataires du peuple. En cela, je suis assez proche d'un communard, quand bien même je ne suis pas fédéraliste, puisqu'à mes yeux, l'égalité sociale et démocratique suppose des lois qui soient les mêmes pour tous. Le Système fédéral génère nécessairement des lois et réglementations particulières qui s'e superposent au-dessus de toutes les autres, sur une portion du territoire national. Ce sont donc des inégalités qui en résultent, et j'y vois tous les ferments de la division du peuple, particulièrement en France où il me semble que la sociologie particulière de notre corps politique, impose une égalité très forte entre les citoyens pour que nous parvenions à nous entendre. Néanmoins, je considère que chaque personne doit pouvoir disposer du droit de légiférer et de voter les lois, ainsi que faire et défaire sa représentation, dès lors qu'elle trouve une majorité de ses concitoyens pour aller dans le même sens qu'elle.

Mais être démocrate radical, ne suffit sans doute pas à faire de moi un anarchiste. Un deuxième élément de réponse m'est venu par des anarchistes revendiqués, avec qui je collabore régulièrement dans mon militantisme. Tous n'ont pas les mêmes idéaux politiques particuliers, mais ils ont néanmoins un point commun : Ils font de la Liberté d'opinion et d'expression, la condition sine qua non de la Démocratie. Si nous inversons la formulation, ils font de la tolérance pour les opinions d'autrui, quand bien même elles pourraient les heurter dans leurs valeurs ou considérations idéologiques, l'alpha et l'oméga de la Démocratie. Il faut discuter avec tout le monde, il faut entendre chacun et s'interdire l'entre-soi. Cette foi puissante en la liberté d'expression, m'a permis de comprendre que beaucoup de celles et ceux qui se prétendent anarchistes, ne le sont indéniablement pas, puisque véhiculant des haines indicibles pour toute personne pouvant par exemple nourrir des idéaux dits "conservateurs" ou "réactionnaires". En Anarchie, nul besoin de haïr le quidam avec qui l'on est pas d'accord. On échange des opinions, on constate notre désaccord, mais politiquement, la Démocratie tranchera de toute façon. Prenons la caricature de cette doctrine : je suis très hostile à la peine de mort, mais si elle était restaurée par le biais d'un référendum, j'accepterais bon gré, mal gré cette réforme. La Démocratie n'est pas le genre de vœu que l'on formule sans accepter qu'une part de ses considérations politiques propres en souffriraient très certainement. Soit on la désire totalement et en bloc, soit l'on n'est tout simplement pas démocrate, puisque l'on accorde la primauté de ses considérations politiques au-dessus de celles portées par la majorité du peuple. Et qui veut établir des lois au mépris de la volonté générale a en lui tous les ressorts du despotisme. Je connais ainsi de nombreux militants qui adorent se référer à de nobles "valeurs" qui se révèlent pourtant de vrais tyrans d'opérette si tant est que l'on discute un peu avec eux pour gratter le vernis des apparences qu'ils se donnent.

Ce n'est finalement qu'il y a quelques jours, que j'ai résolu en quoi il y a bien une dimension anarchiste dans ce que je suis. Mais il m'a fallu cette fois-ci faire une rétrospective de mon parcours de vie et de ma personnalité pour comprendre en quoi je me rapprochais fondamentalement de cette idée centrale, qu'est l'absence de reconnaissance d'un "maître" pour me gouverner.

Comme tous les anarchistes éduqués, je ne rejette ni l'ordre, ni les lois. Cependant je refuse d'accorder à quiconque toute autorité politique sur ma propre personne. Cela bien avant mon immersion dans le militantisme, j'étais déjà farouchement indépendant et maître de mes opinions et décisions. Mais finalement, qu'ai-je fais ensuite ? J'ai appelé et j'appelle toujours à la Révolution, soit à renverser l'Oligarchie au pouvoir. Je prends toujours un certain plaisir à traîner dans la boue et moquer notre représentation politique lorsqu'elle le mérite, et surtout - et c'est sans doute le plus important - je ne délègue à aucun parti ou leader politique, l'autorité nécessaire pour me représenter moralement et définir le mode de combat politique à mener. Je n'attends pas et me bats directement. De toutes mes forces et avec tous les moyens à ma portée. Mais j'agis en tant que je suis mon propre maître et que je considère être aussi nécessaire et utile que toute "autorité politique" sur laquelle peut se reposer une bonne partie de mes contemporains. Ce qui me laisse à penser que l'Anarchie s'expérimente avant de se lire et se méditer.

Tous les anarchistes sincères que je connais sont aussi des militants. Ils n'attendent pas qu'on leur dise ce qu'il faut faire ou comment voter intelligemment, ils agissent politiquement et de façon très concrète, eux-aussi. Aucun ne m'a signifié qu'il se refusaient à ce que des mandataires prennent en charge certaines affaires de la nation, mais ce qu'ils exigent tous, c'est que ces derniers soient légitimes et révocables. Ils peuvent admirer des intellectuels ou politiciens pour leur finesse d'analyse ou leur intégrité morale, mais ils ne concèdent à ces derniers, aucune autorité politique sur eux-mêmes. Ils accepteraient volontiers que les meilleurs nous gouvernassent, mais pas si ces derniers ne répondent d'aucune volonté clairement démocratique (et cela dans tous les aspects de la question) et ne puissent être défaits sitôt qu'ils leur prendraient le goût de nous trahir. En clair, ils ne mystifient pas les "autorités morales ou intellectuelles". Au mieux ils apprécient ce que chacun livre à la communauté comme angles de vue politiques alternatifs, au pire, ils s'en servent pour accélérer les changements les plus essentiels à produire. Tant que ces "autorités" sont sous contrôle du peuple, il n'y a pas fondamentalement de maîtres devant lesquels on s'asservit. Etre anarchiste c'est donc bien répondre autant d'un logiciel politique qui s'intéresse en premier lieu à la Démocratie, qu'une philosophie sur notre rapport à l'Autorité et plus encore à Soi.

Une dernier indice m'amène à penser que je cultive bien une certaine dose d'anarchie dans mes valeurs. J'accorde plus d'intérêt aux idées qu'en leurs émetteurs. Prenons une caricature ayant le rôle d'épouvantail politique en France pour comprendre mon point de vue : Alain Soral, polémiste ô combien détesté par tout un ensemble d'idéologues, fait valoir son hostilité aux ingérences israéliennes en France. Il n'est pas le premier à le signifier, ni le dernier, mais tant l'ennemi intérieur qu'extérieur, apprécie de réduire ce débat à sa seule personne, pour mieux salir l'opinion de celle-ci. Alain Soral en tant que personne et même en tant qu'intellectuel ne m'inspire rien de particulier, si ce n'est une part de médiocrité, autant il est vrai, un certain courage à se vêtir chaque jour du manteau de l'infamie. J'ai cependant écouté ce personnage comme d'autres, avant de me faire ma propre opinion sur le sujet. Opinion qui rejoint très clairement la sienne. L'idée transcende donc ses locuteurs. A l'inverse, j'ai observé à quel point les Français (mais pas qu'eux) ont une fâcheuse tendance à se réfugier derrière l'autorité morale et politique de certaines idoles qu'ils se constituent. Quand bien même ces personnalités peuvent parfois faire montre de leur propre part de médiocrité ou de leurs reniements intellectuels, pour les disciples les plus zélés, leur "chef" ne peut être remis en cause ou soumis à la critique. Dans ce cadre, les idées perdent de leur importance, ce qui compte c'est de se trouver un guide avec une personnalité forte, sur lequel faire reposer tous ses espoirs politiques. Enfin, il existe une zone grise où des intellectuels, journalistes et humoristes, sont appréciés pour leur analyse politique de l'actualité, sans que nous fassions reposer nos espoirs politiques sur ces derniers. On s'autorise à ne pas être toujours d'accord avec eux, mais nous les écoutons volontiers. Dans cette zone grise, je sais être l'un des plus bas maillons de la chaîne de ceux que l'on écoute un peu. Mais contrairement à la plupart des intellectuels et humoristes, je n'attache aucune importance à l'image que je renvoie ni à l'affinité que l'on pourrait m'accorder. Etant par ailleurs très peu enclin à communiquer trop régulièrement, je n'en suis donc que trop irrégulier dans mes publications pour gagner la visibilité nécessaire et faire ainsi mieux entendre mes propres idées. Et je suis ici soumis à une contradiction forte entre ce qui fait ma philosophie de vie et les réalités sociales tangibles qui s'opposent à ma tranquillité d'âme. En effet, j'estime qu'en matière révolutionnaire, je suis de ceux qui formulent les meilleures idées possibles sur le plan strictement opérationnel en France. Si nous nous attachions qu'à la pertinence des idées pour les évaluer, même avec mon faible auditoire, j'aurais pu mobiliser un peu plus de monde sur certaines actions, notamment le Siège de nos grands médias, tout simplement parce que le rapport de force ne fonctionne que dès lors qu'il est pensé stratégiquement. Mais l'essentiel d'entre nous ne parvient pas à s'affranchir de la scission existante entre les idées et leurs locuteurs. Il faut impérativement qu'elles soient incarnées. Ce qui signifie que si j'assumais totalement ce regard froid que j'ai sur la Société, je communiquerais beaucoup plus sur mes idées afin de gagner progressivement en visibilité, et mieux encore, je m'engagerais politiquement puisque je suis certain d'avoir la volonté et l'intégrité nécessaire pour opérer les changements politiques les plus à même de rétablir notre indépendance nationale et inoculer la Démocratie en France. Mais d'une part, cela ne peut que contrarier mon aspiration à une certaine tranquillité (ou solitude) et d'une autre part, cela m'obligerait à soigner mon image et faire attention à heurter le moins de monde que possible pour convaincre. Or, je suis de ceux qui vilipendent volontiers les cercles "dissidents" pour leur défaitisme et leur inaction. Qui se sent concerné par mes critiques, ne peut que se faire une opinion de ma personne qui soit elle-même très critique, voire franchement négative. Au détriment des idées que je souhaite juste faire entendre au plus grand nombre et dont j'espère qu'elles seront un jour les plus partagées que possible. Cependant, si ce que l'on pense de moi m'indiffère, mais qu'en revanche la nécessité de la Révolution s'impose sur ma façon de travailler, que dois-je déduire de cette équation ? Dois-je à mon tour contribuer à cette fâcheuse incarnation des idées en me mettant en avant ? Ou rester fidèle à ma philosophie propre induisant que l'idée est plus importante encore que celles et ceux qui s'en répandent, à commencer par moi-même ? Voila ce qui me préoccupe intimement depuis quelques années, et si je devine qu'il viendra un temps où la nécessité prendra le dessus sur ma propre paix intérieure et que cela pourrait m'amener à bien des moments d’enthousiasme partagé et de responsabilité prise, quelle gloire pourrais-je retirer de m'être renié dans un tel processus et n'avoir pas su faire entendre que mes idées comptaient plus que ma propre personne ?

Sans doute se trouvera-t-il des gens pour réfuter l'hypothèse que je sois moi-même anarchiste, du fait que j'accorde malgré tout une importance trop centrale à l'Etat dans l'organisation de la Société. Pourtant, Proudhon ne rejetait pas tant que cela l'Etat si j'en crois quelques textes que j'ai pu lire, mais aussi le fait qu'il fut lui-même député du peuple. Plus surement encore, j'aurais tendance à penser que cette philosophie politique nécessite pour être appréhendée correctement, d'en étudier les concepts considérés comme antagonistes pour commencer. L'Anarchie s'approche à tâton et par ses contraires supposés. En étudiant les fondements et la nature de l'Etat, d'une part, on cesse de le livrer aux gémonies lorsque la responsabilité de toute politique anti-sociale ou despotique, ne revient qu'à des êtres de chair et de sang, et jamais à des institutions constituant le corps même de l'Etat. Une mauvaise loi, un dysfonctionnement ou une mauvaise action politique sont toujours issus d'une volonté humaine. Par ailleurs, vouloir abolir l'Etat, c'est rien de moins que vouloir démolir notre organisation sociale et politique alors que cela est impossible, du fait que les forces d'inertie sont trop grandes et que n'en déplaise aux "puristes" de l'Anarchie, la majorité du peuple exige de l'Etat partout dans nos vies. Personne ne remettra jamais en question l'utilité de l'Armée, de la Police, de la Justice ou des hôpitaux et systèmes sociaux existants. Et l'Etat, c'est tout cela, sanctuarisé sur un territoire politique sur lesquelles ces institutions sont opératives.

Un anarchiste raisonnable et éduqué n'a donc aucune raison de remettre en question l'Etat, le territoire, la nécessité d'une représentation politique ou même la métaphysique de Dieu. Ce qui est d'ordre politique implique le contrôle et la légitimité du peuple, ainsi que la réincarnation de la responsabilité, plutôt que sa dilution dans la chimère d'un "Etat" ou un "Système" dit oppresseur. Ce qui est de l'ordre de la foi, de la croyance ou de l'idéologie n'appartient qu'aux individus, et nul ne peut imposer à tous son athéisme convaincu ou au contraire sa propre foi en Dieu. Ça n'est qu'un débat métaphysique rien de plus.

A ce titre - et je suis aujourd'hui curieux de lire le texte duquel ce slogan est issu - je m'inscrits en faux sur le fait que l'Anarchie puisse se résumer à une phrase aussi vide de sens que "ni dieu, ni maître".  On peut refuser la doctrine religieuse sans s'interdire de croire en Dieu, et l'on ne peut accepter raisonnablement que nous n'ayons aucun "maître", intellectuel ou personnalité engagée politiquement à qui remettre notre confiance, pour déléguer des tâches que nous sommes incapables de produire.

Si la religion n'est fondamentalement pas nécessaire au croyant, les maîtres sont indispensables, tant qu'ils sont sous contrôle du peuple. Et je ne vois pas ce que l'Anarchie peut y redire.



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lundi 21 mai 2018

Lettre ouverte à Georges Soros

Cher Georges,  

Je t'écris avant que le Diable ne te rappelle à lui et qu'il devienne impossible pour toi de faire modifier ton testament. En effet Georges, tu as des milliards à ne plus savoir qu'en foutre, et si on emporte pas l'argent au paradis, je doute qu'il te sera d'une quelconque utilité en enfer.

Durant tes plus jeunes années, malgré le fait que tu sois de confession juive, tu as collaboré avec l'occupant nazi qui se trouvait dans ton pays de naissance : la Hongrie. Tu as même spolié à des déportés leurs biens. Tu avais plein d’acné sur la tronche que déjà, ton regard sur la vie était plus que cynique et agressif. Pas de sentiments, pas de valeurs ou d’idéaux nobles, l'essentiel est de gagner et de se hisser au-dessus des autres.

Et tu as réussi Georges. Tu es devenu un redoutable spéculateur qui est parvenu en ton temps à déstabiliser la Livre anglaise. Tu as spéculé contre l'euro, c'est à dire contre les Etats-membres de cette usine à gaz monétaire, tu as placé du pognon dans des paradis fiscaux, mais tu es surtout connu pour avoir fondé l'Open Society. A travers cette entité, tu as fait parvenir à nombre d'associations et collectifs, des millions d'euros pour faciliter leur développement. Les Femen, c'est toi ; les No Borders, c'est aussi toi. Les lobbies LGBT et communautaires de tous poils (notamment islamiques en France) ont reçu tes subsides, et tu n'as pas caché avoir participé au financement des micros entités politiques qui contribuaient à la révolution colorée "euro-Maïdan". Certaines se revendiquant expressément de l'idéologie nazie.

Tu te considères comme apatride et dis lutter contre toutes les formes d'identité nationale, mais pour leur préférer les identités communautaires. L'extrême droite est protéiforme, mais sa singularité est d'attacher une importance excessive à la notion d'identité. 

Enfin passons, bien heureusement pour le reste du monde, tu vas bientôt passer l'arme à gauche quand bien même tu l'auras toujours portée à l'extrême droite.

Pour ma part je suis un révolutionnaire. Parfaitement authentique, la preuve étant que je n'ai pas encore perçu le moindre denier de ta part. Je crains de ne pas être d'extrême droite ce qui pourrait expliquer ton désintérêt à mon endroit, mais je pense que cela va changer.

En effet, après des années à avoir dansé une gigue endiablée avec Lucifer en personne, peut-être t'interroges-tu sur le sens de ta vie et de tes investissements ? Après tout, même dans le monde des ultra-riches, des intérêts divergent et se confrontent, et même parmi celles et ceux qui véhiculent des positions idéologiques proches des tiennes, il y a toujours des gens que l'on apprécie de voir embarrassés par des contrariétés diverses et variées. Un type comme toi n'aime personne et n'a plus rien à conquérir. Tout juste te reste t-il le plaisir d'observer ce monde que tu as contribué à rendre toujours plus déliquescent, continuer de vibrionner et tenter de faire face à ses contradictions.

Je me pose comme l'une de ses contradictions et je jouis de l'immense privilège d'être encore très éloigné de ton âge canonique, et donc au meilleur de ma forme pour contribuer à son changement. En outre, depuis des années que je me bats pour restaurer notre indépendance nationale et tendre vers le démantèlement de l'U.E et l'euro, je me suis constitué une équipe militante solide et tenace pour m'accompagner dans les opérations que j'organise régulièrement.

Si tu as réussi à faire chuter la Livre Sterling, tu n'as jamais pu avoir la peau de l'euro. Il y'avait pourtant - et c'est même toujours le cas - un coup financier très intéressant et viril à produire sur cette affaire. Mais à force de haïr les nations et financer des groupes d'intérêts marginaux, tu as gaspillé une quantité colossale de fric pour finalement faire la promotion de quelques excités sans que cela change quoi que ce soit à la volonté des peuples. On peut leur vendre un mondialisme bisounours, leur faire croire que la notion d'identité se réduit à soi uniquement ou à des groupes communautaires particuliers, mais la réalité, c'est que personne ne peut rien contre le sentiment national qui existe chez la majorité des gens. Eux-mêmes ne s'en rendent pas compte. Sauf peut-être face à la colère que suscite un attentat sur le sol de sa propre patrie ou encore devant un match de foot. Dans ces cas là, les fanions bleu, blanc, rouge réapparaissent comme par enchantement, et même le plus bourgeois des gauchistes, fera valoir son patriotisme le plus enfiévré dans de telles circonstances. Même s'il lui sera difficile d'en expliquer les ressorts philosophiques et culturels les plus profonds.

Alors très cher Georges, je te propose un échange de bon procédé : spécule sur la dislocation de l'euro, et file moi autant de pognon que possible pour réussir ton coup. Voila ce que j'en ferai (on va supposer quelques centaines de milliers d'euros au moins) :

1) Terminé le bénévolat pour moi-même et mes équipiers, désormais nous bosserons à plein temps sur les opérations militantes à mener. Je créerai un cabinet de conseils à ces fins, et je salarierai tous mes partenaires de travail ayant des compétences essentielles à l'organisation de nos activités. Et comme nous aurons de l'argent à lâcher à des cabinets juridiques responsables de gérer les tracasseries administratives les plus pénibles, nous en profiterons pour très vite nous instituer sous statuts de coopérative.

2) Terminé l'invisibilité médiatique et web. D'une part, nous payerons ce qu'il faudra pour améliorer notre référencement et accéder à toutes les adresses courriel des agences de presse et journalistes pour leur faire parvenir nos communiqués, mais en outre, je n'hésiterai pas à louer les services de milliers de figurants (comme dans les meetings d'Emmanuel Macrotte) pour venir manifester devant la Maison de la Radio et d'autres grands médias publics et privés, à la place des pleutres passant leur temps à chouiner sur les trahisons des salauds, mais qui se refusent obstinément à hisser leur gros cul de "dissidents" de leur fauteuil et se battre comme des Hommes. (Tu comprendras dans mon dernier propos, l'un des handicaps sérieux que je véhicule pour obtenir du soutien parmi des dissidents que je conchie régulièrement).

3) Nous recommencerons l'édition d'un hebdomadaire politique de réinformation que nous distribuerons gratuitement à tous les Français que nous croiserons, notamment aux abords des transports publics. Nous ferons aussi imprimer des milliers de tracts à distribuer dans le même but.

4) Nous ferons graver des dizaines de milliers de tampons permettant d'apposer le sceau "FRANCS" sur les billets de banque, que nous distribuerons gratuitement à tous les réseaux militants qui se battent contre l'Union européenne et l'euro. De la même façon, nous appellerons tous les Décrocheurs de drapeaux européens, à décupler leurs actions, en nous engageant à régler toutes les amendes qui en découleront. Cela sans omettre de ferrailler sur le plan judiciaire sur le régime d'illicité du "torchon" ainsi qu'en adressant une question prioritaire de constitutionnalité portant sur le droit de résistance que nous invoquons dans nos actions.

5) Nous payerons les meilleurs avocats pour traîner Sarkozy, Hollande et Macron devant les tribunaux et nous assurer que ces félons et leurs complices, terminent leurs jours en prison. Et nous avons de quoi les traîner dans la boue jusqu'à la fin de leur vie. 

Bien sûr, ces opérations comptables s'ajouteraient à d'autres comme le financement des partis politiques les plus censurés et ayant quelque chose à dire au sujet du Frexit, qui sont respectivement l'UPR ; le PARDEM ; le PRCF et S&P

Mais en tant que révolutionnaires assumés, notre boulot restera de planifier et organiser l'insurrection. Cela sur des formes légales et pacifiques, mais de façon résolue et méthodique. Ton pognon sera donc bien investi. 

Il y'a quelques années encore, mon rapport à l'argent et à la générosité était totalement aliéné tant par ma fierté propre que mon conditionnement à un régime ultra capitaliste qui ne valorise l'échange que sous la forme d'une transaction contractuelle et rémunérée. La pauvreté et le militantisme m'ont beaucoup appris. Si bien évidemment, atteindre "la richesse" me permettrait de financer ma terre et mon voilier (et peut être la guitare électrique de mes rêves), je reste et demeurerai un homme qui a besoin de peu pour être heureux. Ce n'est pas sur le plan matériel que je trouve mon contentement, mais sur des rapports humains privilégiés, mon interaction avec la nature, mais aussi dans les mots et la musique. Tout cela ne s'achète pas et ne se vend pas. En revanche, je suis conscient que l'argent est bien un moyen de financer ce qui ne peut être obtenu par le bénévolat, surtout lorsque l'écrasante majorité des miens est apathique et attend simplement que la situation dégénère pour évaluer ce qu'il conviendra de faire lorsqu'il sera déjà trop tard.

Voila pourquoi cher Georges, si mes aspirations matérielles sont autrement plus réduites que les tiennes, sache que j'utiliserai avec beaucoup d'intelligence tout le pognon que tu me fileras. Non seulement je m’extrairai de ma condition sociale calamiteuse et me sécuriserai (y'a pas de raison que je m'oblige à l'indignité toute ma vie durant), mais en outre, je donnerai les moyens à mes plus fidèles camarades et moi-même, de me battre avec toute la puissance de feu nécessaire pour nous faire entendre du peuple.

Evidemment, je suis bien conscient que je ne puis compter sur toi pour attaquer de front l'U.E et l'euro, mais tout de même, sur l'insistant conseil d'un certain nombre de soutiens, j'ai ouvert un compte Tipee pour financer plus ou moins mon activisme et plus encore l'effort des équipes avec lesquelles je travaille. 

Si jamais tu as envie de jouer à "qui a la plus grosse" avec celles et ceux qui m'accordent leur soutien, tu as une occasion inespérée de remporter la partie. Aucun d'entre-nous ne disposera jamais de tes milliards. Mais tous, nous considérons que ces derniers peuvent améliorer considérablement l'ordinaire et personne ne sera vexé que tu puisses mettre au pot un peu plus que les autres. Peut-être même qu'à la fin, on écrira dans ton oraison funèbre, que tu n'étais pas si salopard que cela.

Avec mon affection révolutionnaire,

Sylvain Baron


lundi 7 mai 2018

A l'Attention de Bruno Denaes, Médiateur du groupe Radio-France.

Monsieur,


Dans le cadre du Collectif « Citoyens Debout », nous poursuivons au long cours une récolte des opinions politiques des Français depuis 2016. Dans un premier temps, nous avons effectué une marche entre Clermont-Ferrand et Paris où nous avons pu croiser le Député Jean Lassalle et lui ouvrir un espace web pour interagir avec nos suiveurs. 

C'est aussi durant cette première marche que nous avons pu entamer notre patient travail de recueil de témoignages de Français pour dessiner progressivement ce que peut être « l'opinion publique » de notre pays. En tout cas cela autrement mieux que l'entre-soi d'un microcosme journalistique parisien. En tout cas bien mieux que l'entre-soi d'un microcosme journalistique parisien. Nous avons poursuivi notre récolte de témoignages cette année encore entre le 18 Avril et le 3 Mai dernier, bien que ce soit à vélo que nous ayons traversé la France, et avec pour point de départ la ville de Bordeaux.

Notre base de données malgré les faibles moyens qui sont les nôtres, est riche de plus de 200 témoignages, dont une grande partie reste encore à traiter et diffuser. D'autres entrevues sont déjà en ligne sur notre site citoyensdebout.fr ainsi que sa chaîne youtube associée.

Les questions ont toujours été sensiblement les mêmes pour tous les Français que nous ayons eu à rencontrer sur notre route :

  • Que pensez-vous de l'actuel "Président de la République" ?
  • Seriez-vous favorable à la sortie de l'U.E, l'euro et l'OTAN ?
  • Que pensez-vous des informations délivrées par les grands médias publics et privés ?
  • Seriez-vous favorable à un processus constituant permettant d'instituer la démocratie (directe) en France ?
Nous pensons en tant qu'observateurs attentifs de la Société française, avoir quelque chose à dire sur ce qu'on appelle « l'opinion publique » sur des questions politiques essentielles pour tous nos concitoyens, et de la qualité et la diversité des programmes radiophoniques publics qui devrait en découler naturellement sur les stations France Inter et France Info.

Depuis le Vendredi 4 Mai dernier, nous sommes sous les fenêtres de la Maison de la Radio face à la Porte de Seine. A plusieurs reprises nous avons fait demander à ce que Sybile Veil ou l'un des responsables de la maison Radio France, prenne le temps de nous recevoir ou mieux encore, venir à notre rencontre. Ce qui a débouché sur d'ineptes fins de non-recevoir, si l'on tient compte que le Groupe Radio France n'est pas un organisme privé. Votre propre salaire Monsieur le Médiateur, est pour partie constitué des impôts payés par les contribuables que nous sommes. Il en va de même pour tous les journalistes du Groupe Radio-France, tout autant que sa directrice générale du moment. Or, tout citoyen peut demander compte à un agent public.

Nous ne sommes évidemment pas nombreux, et pouvons être affublés de « marginaux » ou autres quolibets permettant de discréditer notre démarche et se dédouaner de faire l'effort de nous rencontrer. Ce n'est pas que nous manquions de millions de gens pour être d'accord avec ce que nous faisons et pensons, mais que ces millions de personnes ont une certaine difficulté à s'autoriser à rêver d'un Grand Soir. Pour notre part, nous ne nous en cachons pas : nous assumons espérer qu'une révolution médiatique et politique advienne dans notre pays, cela pour le Salut de notre patrie.

Nous souhaitons pouvoir alerter les Français sur le fait que des personnalités ou opinions politiques soient littéralement censurées du Groupe Radio France, quand elles ne sont pas diffamées par les commentaires d'un grand nombre de journalistes ne cachant clairement pas leurs opinions européistes et libérales. Opinions qui ne reflètent absolument pas celles qui sont majoritaires au sein de la population française, et dont nous nous scandalisons qu'elles soient censurées ou salies sur les ondes de France Info ou France Inter.

A ce titre, nous souhaitons pouvoir adresser notre message à la nation concernant des crimes de haute trahison et de financement du terrorisme que nous reprochons à M. Macron, tout comme nous souhaitons expliquer sur vos ondes pourquoi il est urgent de sortir de l'U.E, l'euro et l'OTAN et enfin pourquoi il est d'une impérieuse nécessité d'entamer des travaux de réécriture de notre Constitution.

Nous considérons que les efforts produits, les quantités de témoignages de Français récoltés, les encouragements et soutiens que nous recevons ; commandent à ce que le Service Public de l'Information se fasse le relais de ce que nous avons à dire, cela parmi d'autres informations ou opinions contraires à nos considérations.

C'est d'ailleurs pour cette dernière revendication que nous nous battons en premier lieu. Et si nous souhaitons qu'une occupation de la Maison de la Radio s'instituasse avec la Solidarité de nos concitoyens les plus scandalisés par les pratiques qui nuisent à la Liberté de la Presse, c'est parce que nous accusons sans qu'il soit nécessaire d'user de précautions de langage, le groupe Radio France d'incessantes violations de la Charte de Munich.

Radio Paris Ment encore et toujours !

Que ce soit par la propagande de guerre contre la Syrie ou la Russie, la campagne Marketing d'Emmanuel Macron ou la censure flagrante lorsque ce n'est pas la diffusion de fausses nouvelles pour participer d'un bruit de fond médiatique favorable à des intérêts particulièrement prédateurs : les journalistes de Radio-France nous mentent !

Nous pensons que la seule voie honorable qui restasse au Groupe Radio-France pour satisfaire aux attentes de « l'opinion publique » (qui est aussi une contribuable exigeante), est désormais de faire entendre TOUTES les opinions, y compris celles qui peuvent heurter la sensibilité de certaines entités financières, étrangères, journalistes ou politiciens notoires, voire même celle de son altesse sérénissime Emmanuel Macrotte. Nous nous autorisons d'ailleurs le droit de le traîner dans la boue avec force, humour, faits, lois, et respect de la vérité et nous saurons défendre la nécessité de sa destitution sans que l'écrasante majorité du peuple considérasse que cela puisse constituer une quelconque menace pour la Démocratie en France.

Nous vous réclamons du temps d'antenne, et nous nous permettons même d'en exiger une part substantielle afin de pouvoir dire ce que nous ont confié les Français dans les villes et villages que nous avons traversé, ainsi qu'offrir quelques éléments de compréhension quant à nos propres revendications politiques et démocratiques.

Nous considérerions comme une faute morale, éthique et politique que la censure demeurasse, à commencer par celle qui entoure les manquements révélés par nos revendications. C'est avec l'esprit de main-tendue que nous venons, même si notre jugement sur le travail produit par votre institution ces dernières années ne souffre d'aucune compromission. Nous considérons simplement que vous avez l'opportunité de démontrer que vous souhaitez améliorer la neutralité et le pluralisme du service public pour lequel vous travaillez, que vous êtes pour cela prêt à écouter, proposer avec nous des solutions et accepter la remise en cause de vos choix éditoriaux ou sur une partie de vos ressources humaines dédiée à l'animation et au traitement de l'actualité. Cela afin de mettre l'accent sur l'équilibre des opinions et l'éducation populaire sur des disciplines telles que l'économie, la monnaie, le droit, l'histoire et les sciences. Toutes étant nécessaires à ce que chacun puisse constituer ses choix politiques en libre conscience.

Nous voulons entendre des gens comme Etienne Chouard, François Asselineau, Jacques Cheminade, Jacques Nikonoff, Georges Gastaud, Alain Chouet, Caroline Galacteros, Jacques Sapir, Michel Drac, Olivier Berruyer et bien d'autres analystes de la vie politique en France qui trouvent un large auditoire sur les réseaux sociaux, et pratiquement aucun sur les ondes du groupe Radio France. Il s'agit de reconnecter les opinions qui sont écoutées sur la Toile avec celle qui s'entend à longueur de matinée sur France Inter.

Les Français ne sont pas européïstes, pas plus qu'ils n'apprécient le libre échange ou les guerres que Bernard Henri Levy tient tant à ce que nous fassions pour le compte du pays qu'il représente. Et ils ont le droit d'entendre leurs opinions représentées à égalité de traitement avec celles d'Emmanuel Macron, Jacques Attali, Henri de Castries, Patrick Drahi, Léa Salamé et consort, cela sans risquer des fatwas journalistiques en « populisme » ou « complotisme ».

Nous ne vous cachons pas que l'éviction de l'animatrice citée plus haut de la matinale de France Inter, serait la démonstration sensible d'un changement de mentalité sur la façon de faire du journalisme sur le service public de l'information.

Nous exigeons des journalistes sérieux, intègres et respectueux de leurs invités.

Nous exigeons autant de temps d'antenne accordé aux partisans du Frexit qu'à leurs opposants.

Nous réclamons vos propositions pour améliorer les choses en ce sens.

Bien cordialement,

le Collectif « Citoyens Debout »

LIEN UTILE : http://mediateur.radiofrance.fr/





mercredi 2 mai 2018

Débriefing de la remontée à vélo entre Bordeaux et Paris du Collectif Citoyens Debout


Madame, Monsieur le Député,

En 2016, notre collectif « Citoyens Debout » animé par nous deux (Sylvain Nisole et Sylvain Baron), avait entamé une marche entre Clermont-Ferrand et Paris dans le but d'interroger les personnes croisées sur la route sur leurs opinions politiques. Nous avons ainsi recueilli des dizaines de témoignages de Français de tous horizons dont une grande partie a été publiée sur notre chaîne Youtube et notre site internet citoyensdebout.fr.

Aujourd'hui en date du 3 Mai 2018, nous venons de terminer une initiative similaire entamée le 18 Avril dernier depuis la ville de Bordeaux. Les questions que nous avons posé aux Français tout au long des villes étapes traversées étaient invariablement les mêmes :
  1. Que pensez-vous d'Emmanuel Macron ?
  2. Qu'avez-vous pensé de la décision de ce dernier de bombarder la Syrie le 14 Avril dernier ?
  3. Que pensez-vous de l'Union européenne et l'euro ?
  4. Pensez-vous que nos grands médias publics et privés retranscrivent parfaitement la diversité d'opinions politiques française ?
  5. Seriez-vous favorable à des réformes constitutionnelles rendant possible pour chaque citoyen, de pouvoir légiférer directement indépendamment de notre représentation politique par l'entremise du référendum d'initiative populaire, et un tel système démocratique vous rendrait-il plus impliqué(e) en politique ?
Nous ne pouvons prétendre parler au nom de tous les Français, ni faire valoir un quelconque monolithisme de ces derniers dans les réponses apportées. Toutefois, sur des dizaines de témoignages recueillis que nous allons peu à peu mettre en ligne sur nos supports internet, nous pouvons faire ressortir de grandes tendances, cela sans biais idéologique de notre part. Nous précisons que nous avons toujours pris soin d'éviter toute discussion politique laissant transpirer nos propres idéaux avant chaque entrevue, afin de ne pas influencer les réponses des citoyens interrogés.
  1. Il ressort donc que pour l'écrasante majorité des personnes interrogées, Emmanuel Macron est « un banal agent du Système » qui n'apportera aucune avancée sociale ou démocratique à l'égal de ses prédécesseurs. Si les Français lui reconnaissent un certain talent en terme de communication et une fermeté appréciée dans la défense de ses convictions, il reste à leurs yeux un banal pion de l'oligarchie à la solde des « banquiers » qui a été promu à la fois par des intérêts financiers et des journalistes totalement asservis. La majorité des personnes que nous avons interrogé, lui reconnaît donc à la fois un certain talent politique tout en restant fermement opposée à sa politique libérale et favorable aux intérêts prédateurs dont il n'est qu'un docile valet à leurs yeux. Très peu d'entre elles pensent qu'il soit au centre du pouvoir politique français et que les décisions soient prises à l'Elysée sur l'agenda des réformes qu'il compte mener. En 2016, nous recevions le même type de réponses à propos de François Hollande, quoi que sur sa personnalité, les critiques étaient autrement plus corrosives que celles entendues à propos d'Emmanuel Macron.
  2. A la question du bombardement de la Syrie décidé par Emmanuel Macron, la majorité des réponses reçues pourrait se résumer en ce propos : « nous ne savons pas exactement ce qu'il se passe sur place, et nous avons bien assez de problèmes à résoudre en notre propre pays pour nous permettre de telles actions militaires ainsi que donner des leçons de démocratie à d'autres peuples ». Si nous n'avons pas précisé en amont de notre interrogatoire que cette décision d'Emmanuel Macron viole spécifiquement l'article 2 de la Charte de l'ONU ; l'article 14 du préambule de la Constitution du 27 Octobre 1946 faisant partie intégrante de notre bloc de constitutionnalité ainsi que l'article 5 de la Constitution de la Vème République sur le respect des traités (et donc notamment la Charte de l'ONU et les Conventions de Vienne concernant la prohibition du recours à la menace, l'emploi de la force ou toutes formes d'ingérences dans les affaires intérieures d'un Etat), nous avons noté avec soulagement que la majorité des Français restent malgré leur méconnaissance du droit constitutionnel et international, tout à fait en phase avec les grands principes qui sont les plus à même de garantir la paix entre les nations.

    Nous relevons que si environ la moitié des citoyens interrogés, tient pour vraies les affirmations politiques et médiatiques qui participent à la propagande de guerre contre
    « le régime » syrien, paradoxalement, elle s'estime très mal informée sur la réalité de ce conflit et considère que journalistes et personnalités politiques impliquées dans cette communication belliciste à l'égard de la Syrie, n'hésitent pas à « mentir » régulièrement sur ce dossier. Sur des dizaines de témoignages collectés, seules deux personnes ont fait part de leur soutien à cette campagne militaire contre la Syrie, au nom des « valeurs » (dont nous continuons de nous interroger pour notre part, quant au pacifisme et à la noblesse de ces dernières).

    En synthèse, nous nous étonnons donc que plus de la moitié des citoyens interrogés soient convaincus que Bachar al Assad soit le dernier des tyrans, même si la majorité d'entre eux pensent que l'oligarchie politico-médiatique colporte volontiers des mensonges à propos de la situation en Syrie. Aucune des personnes interrogées ne savait que Bachar al Assad a mis fin à l'état d'urgence qui régnait depuis plus de trois décennies dans son pays lors de sa prise de pouvoir ; qu'il a fait libéré des prisonniers politiques dans le même temps ; libéralisé l'économie de son pays ; fait voter par référendum une Constitution établissant le respect de la diversité d'opinions dans les médias et partis politiques, ni enfin que la Syrie est un pays laïc ayant des liens culturels et historiques très importants avec la France. Aucun n'avait entendu parler non plus du projet de gazoduc irano-syrien qui concurrençait un projet similaire proposé par le Qatar et la Turquie. Aucun n'a soulevé les intérêts israéliens dans la déstabilisation de la Syrie, ni même évoqué les ingérences de la Turquie, du Qatar ou de l'Arabie Saoudite. Nous relevons en clair que l'éducation des français sur les réalités géopolitiques qui sous-tendent les guerres occidentales au Moyen-Orient ou en Afrique sont totalement ignorées, de même que le point de vue de la Syrie ou de la Russie sur ce conflit n'est absolument pas entendu par nos concitoyens.
  3. « On aurait jamais dû la faire » ! Nous savions déjà depuis notre marche de 2016 que l'Union européenne n'avait pas bonne presse pour les Français, et pas seulement dans nos milieux militants. Mais durant notre remontée printanière sur Paris en 2018, nous avons été particulièrement (et agréablement) surpris par la répétition de cette phrase : « on aurait jamais dû la faire ». Le deuil entre les Français et l'U.E ainsi que l'euro est consommé désormais. Certes, beaucoup craignent qu'une sortie de l'U.E et l'euro puisse avoir des conséquences cataclysmiques (nous saluons ici la propagande anxiogène à ce sujet) mais pour autant, près de la moitié des personnes interrogées, nous a fait part qu'elle considère que la création de l'U.E et l'euro est une erreur - sinon une trahison - de la part de ses promoteurs.

    Une bonne moitié des Français ayant accepté de nous répondre, indique qu'elle n'a pas peur de sortir tant de l'U.E que l'euro, et que la France est un pays suffisamment puissant pour s'en sortir seule, comme à l'ère d'avant Maastricht. Aucun témoignage, y compris parmi les les plus angéliques sur la question, n'a fait part d'une quelconque satisfaction sur la construction européenne. Les Français que nous avons rencontré, comme en 2016 entre Clermont-Ferrand et Paris, témoignent de leur ignorance du contenu des traités et du fonctionnement de la monnaie. Leur ressenti est plus intuitif. Ils discernent l'avant et l'après, particulièrement pour celles et ceux ayant plus de 35 ans. Tous considèrent que depuis l'euro, la vie s'est renchérie et que la situation sociale et économique ne cesse de se détériorer. Malheureusement, une bonne moitié pense qu'il est possible d'améliorer l'institution et ignore totalement qu'il faut obtenir l'unanimité de 28 conflits d'intérêts pour changer la moindre virgule de ces traités scélérats comme en dispose l'article 48 du Traité sur l'Union européenne. Aucun citoyen rencontré ne s'estimait éduqué sur la notion de souveraineté nationale et tous les grands principes constitutionnels et de philosophie du droit qui s'y rapportent.
  4. Vous vous en douterez certainement, les Français n'ont pas été tendres dans leurs réponses à propos des médias. « Ils nous mentent » ; « ils racontent que ce qu'ils veulent bien que nous entendions » ; « ils font du battage médiatique sur des affaires mineures ou des faits divers et occultent des questions politiques et sociales importantes » ; « ils ne servent que l'idéologie des journalistes » : telles sont les réponses les plus régulièrement entendues. Les Français sont las de la « pensée unique » et ne sont absolument pas dupes du travail de sape démocratique d'un trop grand nombre de nos journalistes. Si la Charte de Munich établissant le Code de déontologie et d'éthique des journalistes leur est inconnue, ils s'indignent très clairement de la médiocrité intellectuelle qui sied dans les grands médias publics et privés de notre pays. Ils constatent que les débats politiques et intellectuels les plus profonds se font rares et quasiment jamais aux heures de grande écoute. Paradoxalement, ils ne savent pas où rechercher de l'information alternative et restent méfiants vis à vis de l'outil internet qu'ils considèrent comme trop « fourre-tout ». On y trouve autant des informations sérieuses que des « fake news » à leurs yeux. Aucun n'a pu nous citer un site d'information alternatif ou étranger leur permettant d'entendre un son de cloche différent de l'actualité économique ou internationale, mais la demande est pourtant forte à ce sujet. Globalement, « le parisianisme » ; « l'arrogance » et « l'idéologie » de la plupart des journalistes est source de colère. Ils reconnaissent cependant que certains journalistes font encore du bon travail, et lorsque nous leur avons demandé de noter globalement les grands médias entre 1 et 10, c'est une moyenne de 6 qui a été donnée. Ce sont moins les faits qui sont remis en question que les commentaires des journalistes sur les informations délivrées, qui agacent fortement les Français. L'écrasante majorité des personnes interrogées considèrent que nos grands médias ont sponsorisé la campagne électorale d'Emmanuel Macron et n'ont pas cessé d'être élogieux (et donc sans neutralité) à son égard. Ils n'ont d'ailleurs pas apprécié le lynchage médiatique de François Fillon et la quasi censure des « petits » candidats.
  5. Nous avons été surpris par les réponses des Français en matière de progrès démocratique dans notre pays. Si la majorité se disait évidemment favorable à l’avènement de la démocratie en France, beaucoup s'inquiétaient du manque de culture générale de la population ou des rattrapages qui en découleraient pas des groupuscules minoritaires pour faire avancer leurs propres considérations idéologiques. En clair, un lien était fait entre l'éducation, la notion d'intérêt général et le bon fonctionnement d'un régime démocratique. Pratiquement aucun citoyen interrogé ne remettait en question la nécessité d'une représentation politique, et encore moins le fait que la France ait besoin de femmes et hommes ayant à charge de prendre des décisions pour trancher des débats politiques importants. La moitié seulement se disait prête à s'impliquer plus fortement dans le débat politique si le pouvoir de proposer des lois, les voter et révoquer nos dirigeants par référendum était donné au peuple. Les Français semblent connaître globalement le fonctionnement des institutions suisses et les trouvent préférables au modèle de démocratie dite « représentative » actuellement en vigueur dans notre pays. Ce que nous retenons dans ces échanges est donc la lucidité et la sagesse de nos concitoyens à propos de la démocratie. Ils n'en font pas l'alpha et l'oméga de la bonne gestion politique du pays, ils sont conscients que les passions populaires peuvent dans un cadre démocratique générer plus de problèmes que de solutions, et considèrent très clairement que l'amélioration de nos institutions de telle façon à donner plus de pouvoir au peuple, ne pourrait aller de pair qu'avec une élévation substantielle du niveau d'éducation politique de ce dernier.

En conclusion :

Pour notre part, nous ne nous cachons pas de considérer que M. Macron comme ses deux derniers prédécesseurs est un traître à la patrieet qu'il doit être destitué. Nous revendiquons vouloir sortir de l'U.E, l'euro et l'OTAN afin de rétablir notre indépendance nationale. Nous sommes très clairs sur le fait que nos médias publics et privés les plus importants doivent être réformés tant dans leur personnel que leur fonctionnement. Et bien évidemment nous sommes plus que favorables à ce qu'un processus constituant soit mis en route pour établir la démocratie en France.

Citoyens parfaitement éduqués sur des disciplines telles que l'économie, le droit, l'histoire, la géopolitique ou la philosophie, nous avons profité après chacun de nos entretiens pour faire œuvre d'un peu de pédagogie populaire, ce qui a été fortement apprécié par les Français avec qui nous avons échangé.

Si globalement les réponses étaient sensiblement les mêmes qu'en 2016 sur les mêmes grandes questions générales, nous avons toutefois noté que dans le grand ouest de la France, le niveau d'éducation ou de conscience politique était peut-être un peu plus élevé que dans l'extrême centre du pays. Néanmoins, les trois quarts des Français, comme ceux rencontrés en 2016, restent en déficit d'information et largement défaitistes quant au système politico-médiatique de notre pays.

A leurs yeux, les choses ne peuvent pas changer, ou pour le moins, ne pourrons que s'aggraver progressivement. Nous considérons qu'ils vous revient à vous, mandataires politiques et journalistes que nous interpellons, de nous aider à porter la réalité de l'opinion publique jusqu'au sommet de nos institutions, mais aussi de vous engager avec nous à y trouver des réponses qui puissent redonner foi en notre peuple quant à son avenir.

Nous espérons que vous serez sensibles à ce débriefing de notre marche entre Bordeaux et Paris, et que vous souhaiterez entretenir ou raffermir plus encore vos liens avec notre collectif, pour que nous puissions travailler de façon solidaire, fraternelle et sans partisanerie ou quelconque repli idéologique, à faire advenir une véritable révolution démocratique et sociale en France.

Si nous prenons le soin de vous interpeller, c'est que nous considérons que vous êtes des personnes sur qui le peuple peut compter. Nous avons bon espoir que vous tiendrez compte de nos considérations à votre égard.

Bien cordialement,

Sylvain Nisole
Sylvain Baron

Et tous leurs soutiens du Collectif Citoyens Debout.