mercredi 23 septembre 2015

Michel, si tu m'entends...

Te voila répondant dans les colonnes du Monde aux aboiements déchaînés de la meute des chiens de garde. Yann Moix et consort sont bien trop imbus de leurs personnes et trop bouffis des certitudes bien-pensantes de la petite bourgeoisie médiatique, pour réaliser que tes réponses orales à leurs accusations, devraient logiquement les inciter à creuser un trou, s'y engouffrer, et ne plus jamais reparaître. Rares furent les gens de ton calibre à avoir eu l'occasion de les ridiculiser autant, sans même que ces derniers s'en rendent compte...

Comme tous les Français un tant soit peu éduqués sur la chose politique, j'ai donc jubilé de t'écouter écraser les vermisseaux qui se veulent être les flamboyants goupils du sérail médiatique sur O.N.P.C, sans avoir jamais pu dépasser le stade évolutif du cancrelat, avec tout le respect que je dois pour ces bestioles ayant au moins l'intérêt d'avoir un rôle utilitaire dans leur niche écologique particulière.

Plus médiocres encore que nos politiciens sont nos journalistes. Et c'est humain, voir nécessaire, il te faut te justifier face au bal des clowns. De tristes pantins en vérité, qui hier, auraient été les plus ardents soutiens de la puissance occupante nazie dans "Radio Paris" ou "je suis partout", et aujourd'hui le sont s'agissant d'une usine à gaz eurofascisante que nous devrions accepter, légitimer et ne plus jamais remettre en cause sans qu'immédiatement, ces petits laquais braillards du Système, ne hurlent leurs fatwas en "lepenisation des esprits".

La légitimité politique de l'Union européenne n'est qu'un sujet parmi tant d'autres qu'il n'est plus possible de discuter avec le langage de la raison, du droit, des réalités géopolitiques et économiques qui sous-tendent cette institution piétinant rien de moins que le principe d'auto-détermination des peuples.

Cette médiocrité journalistique est telle en France, que du coup, je n'ai jamais pu entendre les bonnes questions. Tout du moins, celles que j'aurai aimé te poser. Celles qui auraient pu à minima t'imposer quelques secondes de réflexion pour peser tes réponses. Car tu aurais immédiatement senti le piège posé. Elles n'offrent en effet que deux issues possibles. La première serait une gymnastique intellectuelle te permettant d'éviter tout radicalisme, mais pour le coup contribuerait à réduire ta superbe, et interrogerait les plus éduqués d'entre nous sur les limites de tes connaissances sur le droit européen ainsi que ta façon de tirer des enseignements de l'Histoire. La seconde façon de répondre serait au contraire d'assumer ce qui est une pensée profondément radicale, décharnée de tous les artifices intellectuels et sémantiques, mais tirant sa force de son apparente simplicité.

Voila donc deux questions que ne t'ont pas posé les chiwawas recrutés par Ruquier :

Tu te réfères régulièrement à Jean-Pierre Chevènement, pour décrire ton positionnement politique actuel. Mais Jean-Pierre Chevènement fait partie du sérail. Il a fait toute sa carrière dans les gras pâturages parlementaires et ministériels, et n'a jamais osé franchir le Rubicon sur nombre de sujets. N'as-tu point constaté de quelle façon tourne-t-il autour de cet euro mystifié, pour nous dire qu'il ne faudrait finalement pas en sortir, ou pas trop... Mais l'euro n'est pas une monnaie, tu le sais bien. C'est un symbole politique matérialisé par des pièces et billets de banque, visant à asseoir la légitimité de l'Union européenne dans les poches et surtout les crânes des honnêtes gens. Qui dit vouloir sortir clairement de l'euro, s'engage tacitement à sortir de l'Union européenne du fait même de l'architecture des traités et de la démystification politique de toute une idéologie. Ce qui m'amène donc à la question suivante :

Es-tu assez radical pour souhaiter le démantèlement de l'Union européenne et de l'euro, sans chichis ni fioritures, contrairement à ton maître à penser politique, Jean-Pierre Chevènement ?

Vient alors une seconde question qui découle de celle-ci. En effet, à maintes reprises, et cela comme beaucoup d'autres intellectuels, tu prédis et souhaites même des sursauts insurrectionnels en Europe, et pour le moins en France. Mais comme la majorité des penseurs ayant acquis la sympathie d'un public dont les intérêts de classe ne sont pas les mêmes que ceux du lectorat traditionnel de Jacques Attali ; tu nous fais le coup de l'allumeuse qui mène sa victime aux limites exactes où le plaisir et la souffrance se croisent, avant d'abandonner ton auditeur juste au moment où il pensait pouvoir exulter enfin. Tu nous parles de révolution, mais tu trouveras mille et une bonnes excuses pour ne pas t'en faire l'animateur.

Alors Michel, serais tu prêt à utiliser tant ton autorité intellectuelle que ta notoriété te permettant d'être entendu par tous, pour nous y emmener à cette révolution ?

Je sais pertinemment que ce n'est pas dans l'activisme ou le militantisme que tu as fais tes principales armes. Mais nous n'allons pas te demander de coller des affiches ou décrocher des drapeaux européens de leurs supports. Nous sommes déjà une petite armée. Pas bien grosse certes, mais pour peu qu'elle trouve ses portes-paroles, ses soutiens, c'est une petite armée citoyenne qui est prête à renverser un Gouvernement, sans armes, ni haine, ni violence. Nous savons faire Michel, et comme toi, nous ne croyons plus à la mascarade du Système électoral, en tout cas pas dans les conditions politico-médiatiques actuelles.

Tu sais Michel, il serait bon que tu t'interroges sur le fait que les militants, les engagés et enragés politiques, les soldats du bitume ; sont toujours les premiers lecteurs et auditeurs des intellectuels comme toi, Frédéric Lordon, Jacques Sapir, Bernard Friot, Etienne Chouard, François Asselineau, Franck Lepage et tant d'autres ; qui étrangement ne s'intéressent jamais à leur auditoire. Quels sont par exemple ses frustrations, ses désirs, ses besoins ? Si tu offrais ainsi ton invitation à parler à la Nation dans les locaux de la Maison de la Radio à l'un de tes lecteurs, que dirait-il à ton avis ?

Reprendrait-il tes analyses ? Voudrait-il seulement faire valoir une quelconque analyse sur les difficultés qui nous écrasent tous ? Ou se dirait-il : "je suis enfin entendu par des millions de gens, c'est le moment ou jamais", avant d'entonner son appel aux auditeurs à faire le siège de la Maison de la Radio et de France Télévisions dans les plus brefs délais ?

Le militant, vois-tu Michel, est souvent un être surprenant dans l'étendue et la profondeur de ses connaissances économiques ou géopolitiques. Mais le militant est aussi une femme ou un homme fatigué(e) d'entendre ses intellectuels préférés, expliquer et ré-expliquer continuellement que tout va mal dans les moindres détails. Car le militant sait déjà, et n'a plus rien à apprendre. Il sait qu'un très grand nombre de Français ne sortiront pas de leur conditionnement mental, si l'armée des colleurs d'affiches, des décrocheurs de drapeaux et des distributeurs de tracts, n'entend pas l'un de ses intellectuels préférés lancer l'appel que nous attendons tous. 

Tes lecteurs Michel, rêvent du Grand Soir. Et beaucoup savent même comment très précisément l'organiser. Et toi, qui nous a évoqué à maintes reprises que le changement ne découlerait pas d'une élection, serais-tu prêt à porter la simplicité de leur message pour bousculer un peu l'Histoire ? Car dès lors que tu as compris que les élections ne changeront rien, il serait peut-être temps d'assumer cette logique et se dire qu'il n'y a plus aucune raison de laisser tant de souffrances perdurer jusqu'à 2017 et encore au-delà, non ?

Tu es une voix entendue comme tous ces intellectuels que j'ai cité. Eux n'osent pas, contrairement à des milliers de Français qui sont pour leur part, fins prêts. Et toi ? Chiche ?

Amitiés militantes,

Sylvain





jeudi 10 septembre 2015

Nous sommes responsables des guerres de notre président

J'ai été plusieurs fois interpellé sur la question des réfugiés qui débarquent en masse du Moyen-Orient, et je sais que ce sera surtout l'occasion de traiter d'un sujet plus global, où la majorité d'entre nous devons reconnaître qu'il y'a des excès tant dans les points de vue véhiculés par l'extrême droite, que par la gauche dite "radicale". Comme s'il fallait éluder que la gauche ne disposait pas d'une frange réellement extrémiste, elle aussi... Je ne vais satisfaire personne dans chaque camp idéologique, je vais m'en tenir au droit et aux faits, en tout cas pour commencer.

Petit rappel cependant pour ceux qui découvrent le blog : Il y a dans le droit ce que l'on appelle une "hiérarchie des normes"

Il y a d'abord les textes qui sont supérieurs à toutes les normes écrites. C'est ce qu'on appelle en France le "Bloc de constitutionnalité", qui renferme respectivement La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 ; la Constitution de Vème République, le Préambule de la Constitution de 1946 (IVème République), la Charte sur l'environnement. 

Au total, le législateur doit se conformer à 153 articles de lois fondamentales, pour que - logiquement - nul acte ou nulle loi ne puisse être contraire à certaines valeurs républicaines ou dispositions institutionnelles. Si l'essentiel de la Constitution porte sur l'organisation des institutions, les lois édictant des droits et devoirs fondamentaux sont donc toutes aussi impératives. Le devoir de la France d'accorder l'asile politique à certaines catégories de personnes, y est ainsi mentionné à l'article 4 du préambule de la Constitution de 1946 de la façon suivante :

Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la Liberté, a droit d'asile sur le territoire de la République.

Je ne sais pas si la Constitution de la Fédération de Russie comporte cette disposition constitutionnelle, mais je note que le si décrié Vladimir Poutine a exécuté ce principe Français dans son propre pays avec Edward Snowden. De même que le si ignoré Rafael Correa, président de la République d'Equateur, a accordé l'asile politique à Julian Assange dans son ambassade Londonienne. 

Quant à Nunuche, lui a choisi le camp de l'occupant évidemment, et ne respecte donc pas l'article 4 du Préambule de la Constitution de 1946 s'agissant de ces activistes favorables à la Liberté. Malheureusement, l'asile politique ne porte pas exactement sur la question des réfugiés de guerre. Il n'y a aucune action favorable à la Liberté dans son propre pays, quand on fuit sans combattre l'oppression subie. Un réfugié de guerre n'est pas autre chose qu'un banal migrant illégal au regard du droit constitutionnel Français.

Au second rang de la hiérarchie des normes vient le droit international, et il se trouve que la France a ratifié la Convention de Genève, qui impose aux belligérants d'un conflit, d'épargner autant que possible et assister quoi qu'il arrive les populations civiles, comme nous le verrons. Mais la Convention de Genève traite d'abord de la responsabilité des belligérants et du statut des combattants lors d'une guerre, ce qui suppose de les définir : 
Il y a en Syrie, en Irak, en Libye, au Mali et pays limitrophes, des mercenaires employés par des Etats belligérants (donc qui agressent les pays mentionnés ci-avant) qui répondent de l'article 47 des protocoles de la Convention de Genève :

Un mercenaire n’a pas droit au statut de combattant ou de prisonnier de guerre.

Le terme « mercenaire » s’entend de toute personne :

a) qui est spécialement recrutée dans le pays ou à l’étranger pour combattre dans un conflit armé ;

b) qui en fait prend une part directe aux hostilités ;

c) qui prend part aux hostilités essentiellement en vue d’obtenir un avantage personnel et à laquelle est effectivement promise, par une Partie au conflit ou en son nom, une rémunération matérielle nettement supérieure à celle qui est promise ou payée à des combattants ayant un rang et une fonction analogues dans les forces armées de cette Partie ;

d) qui n’est ni ressortissant d’une Partie au conflit, ni résident du territoire contrôlé par une Partie au conflit ;

e) qui n’est pas membre des forces armées d’une Partie au conflit ; et

f) qui n’a pas été envoyée par un état autre qu’une Partie au conflit en mission officielle en tant que membre des forces armées dudit état.


En clair, les mercenaires sont considérés comme des hommes travaillant pour leur compte, souvent au profit d'une puissance étrangère, et qui ne bénéficient donc pas des régimes de protection qui sont accordés aux combattants blessés ou détenus. Le souci étant que par défaut, les mercenaires sont soumis aux protections accordées aux civils qui sont nettement plus avantageuses. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas par ce que des Etats en déstabilisent d'autres au moyen de mercenaires, qu'ils peuvent se dédouaner de leurs responsabilités. Qui paye ordonne, qui reçoit exécute. Les ordres qui sont donnés aux mercenaires qui sévissent actuellement en Irak et en Syrie, ne sont manifestement pas de se conformer à la Convention de Genève, mais bien de semer le chaos générant notamment des réfugiés. Ce qui en dit long sur les valeurs qui animent les donneurs d'ordre...

Pour décourager certains pays quant à employer des mercenaires à des fins de déstabilisation d'Etats tiers, 32 Nations ont adopté la Convention internationale contre le recrutement, l'utilisation, le financement et l'instruction de mercenaires

Malheureusement, aucun président Français n'a ratifié ce texte, donc nous ne sommes pas soumis à une interdiction par traité, de financer et soutenir des mercenaires dans des Etats que nos "représentants" souhaitent agresser. Il semble que François Hollande a largement expliqué son point de vue sur le conflit en Syrie. Il soutient et finance les hordes barbares qui égorgent et brûlent tout ce qui bouge en vue de faire tomber le Gouvernement Syrien, et puisqu'il fait de facto de notre pays un Etats-Partie d'un conflit, il doit se conformer à la Convention de Genève et veiller à ce que la France assiste les populations civiles en souffrance dont il est co-responsable. Il devra aussi répondre un jour en justice (tout comme son prédécesseur) de ses actes.

Ainsi les articles 55 et 59 de la IVème Convention de Genève, imposent pour les puissances occupantes sur un territoire conquis de garantir aux populations civiles l'accès aux vivres et médicaments. Les articles 56 et 57 portent sur les devoirs qui incombent à la puissance occupante de garantir l'accès aux hôpitaux et infrastructures sanitaires, les populations.

Le premier alinéa de l'article 64 à lui seul mérite d'être cité :

"La législation pénale du territoire occupé demeurera en vigueur, sauf dans la mesure où elle pourra être abrogée ou suspendue par la Puissance occupante si cette législation constitue une menace pour la sécurité de cette Puissance ou un obstacle à l'application de la présente Convention. Sous réserve de cette dernière considération et de la nécessité d'assurer l'administration effective de la justice, les tribunaux du territoire occupé continueront à fonctionner pour toutes les infractions prévues par cette législation".

Ce qui signifie que si Hollande souhaitait appliquer à la lettre les dispositions de cet article, il ne laisserait pas des mercenaires installer la charia en Syrie et en Libye par les mercenaires qu'il paye avec nos impôts. Il respecterait et ferait respecter le droit pénal de ces Etats attaqués - entre autres - par la France.

En fait, seul l'article 44 la IVème Convention de Genève établit les devoirs des Etats belligérants vis à vis des réfugiés de guerre qu'ils génèrent :

En prenant les mesures de contrôle prévues par la présente Convention, la Puissance détentrice ne traitera pas comme étrangers ennemis, exclusivement sur la base de leur appartenance juridique à un Etat ennemi, les réfugiés qui ne jouissent en fait de la protection d'aucun gouvernement.

Cet article n'impose donc pas pour autant à la France d'accueillir un réfugié de guerre.

Si la France comme tous les Etats du Monde, n'a pas l'obligation d'accueillir des réfugiés, ces derniers ont tout de même un droit opposé qui leur est consacré par les articles 13 et 14 de la Convention relative au statut des réfugiés

1)Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État. 
2) Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.


1) Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays. 
2) Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations unies.

Vient alors à ex aequo avec le droit international dans la hiérarchie des normes, les lois nationales que l'on trouve dans des Codes. En France, c'est donc le Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile qui organise ces questions. L'article L711-1 de ce code se réfère à la définition portée par la Convention relative au statut des réfugiés dans son article premier :

Est un réfugié, toute personne craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. Dans le cas d’une personne qui a plus d’une nationalité, l’expression “du pays dont elle a la nationalité” vise chacun des pays dont cette personne a la nationalité. Ne sera pas considérée comme privée de la protection du pays dont elle a la nationalité, toute personne qui, sans raison valable fondée sur une crainte justifiée, ne s’est pas réclamée de la protection de l’un des pays dont elle a la nationalité.

Il me semble que face à des égorgeurs fous soutenus par François Hollande, bien des personnes peuvent vouloir fuir la Syrie et l'Irak pour échapper à des persécutions. C'est donc ce qui permet à certains de ces réfugiés de pouvoir prétendre demander une autorisation de séjour en France.

Mais le point de départ d'une demande d'asile dans des conditions aussi extrêmes est toujours le même : les personnes affluent par tous moyens de transport disponibles qu'ils soient maritimes, aériens, routiers ou ferroviaires. Et c'est donc à l'entrée sur le territoire que l'article L 221 - 1 organise "l'accueil" :
"L'étranger qui arrive en France par la voie ferroviaire, maritime ou aérienne et qui, soit n'est pas autorisé à entrer sur le territoire français, soit demande son admission au titre de l'asile, peut être maintenu dans une zone d'attente [...] pendant le temps strictement nécessaire à son départ et, s'il est demandeur d'asile, à un examen tendant à déterminer si sa demande n'est pas manifestement infondée".
Effectivement, si dans un "boat-people" se cachent quelques mercenaires takfiristes, il n'est pas inutile de relever les identités des personnes et examiner leurs requêtes pour disposer d'un premier filtre. 
A partir de là, soit les autorités acceptent le séjour sur le territoire d'un migrant entré illégalement (quand bien même réfugié), soit elles refusent. L'article L213-9 du Code de l'entrée et le séjour des étrangers et le droit d'asile précise tout de même :
L'étranger qui a fait l'objet d'un refus d'entrée sur le territoire français au titre de l'asile peut, dans les quarante-huit heures suivant la notification de cette décision, en demander l'annulation, par requête motivée, au président du tribunal administratif.
C'est d'ailleurs précisément ce qui fait le scandale des centres de rétention : La France est un pays d'accueil, mais nous sommes aussi un Etat de droit un tant soit peu organisé. Cela exige donc de gros moyens humains à mettre en oeuvre pour traiter dans des délais raisonnables des demandes d'asile, et ainsi éviter des attentes qui se prolongent dans des conditions souvent indignes dans les centres de rétention. Peu importe qu'une demande soit acceptée ou rejetée, la première nécessité humaine dans ces circonstances est d'examiner rapidement chaque requête. Nous avons à faire à des êtres humains, qui sont souvent épuisés moralement et physiquement par les épreuves et périls extrêmes qu'ils ont traversé. Nous n'aimerions pas être à leur place.
Cette première partie que je souhaitais axer sur l'aspect légal et géopolitique qui encadre la question des réfugiés de guerre, me paraissait essentielle à aborder en avant propos. Elle témoigne en effet qu'aucune disposition constitutionnelle, de droit international ou national, n'oblige la France à accueillir des réfugiés politiques. C'est une norme implacable, et elle est heureuse pour peu que l'on raisonne sur la base de réalités objectives et multiples. Nous devons rester maîtres de la gestion des flux de personnes, de marchandises et de capitaux à nos frontières pour préserver les intérêts fondamentaux de la nation.
Cependant, nombre de lois tant nationales qu'internationales, interdisent la propagande de guerre, les intelligences avec des puissances étrangères, ou le financement du terrorisme. Des lois qui ont pour vocation en premier lieu, de prévenir toutes les manœuvres de déstabilisation d'Etats Souverains par des puissances mal intentionnées. C'est la première façon d'éviter des flux de réfugiés : ne pas les générer. En cela, Hollande se conduit comme un pompier pyromane à l'image de son prédécesseur, et mériterait d'être traduit devant la Cour Internationale de Lahaye pour ses crimes.
Une fois le problème de fond sous-jacent à ces flux migratoires bien entendu, il me parait évident que la France se doit moralement d'accueillir à égale proportion des membres de la coalition organisant et finançant la guerre en Syrie - soit les Etats-Unis d'Amérique ; le Royaume-uni ; la Turquie ; Israël ; l'Arabie Saoudite et le Qatar - les réfugiés provenant de cette zone du monde cherchant un pays d'accueil.
Evidemment, certains belligérants énoncés plus haut se garderont bien d'assumer leur part de responsabilité, mais cela ne retire pas au peuple Français de savoir exercer la sienne. A moins de nous-mêmes nous défaire de la tyrannie qu'exerce François Hollande et son Gouvernement sur le peuple Français et d'autres Nations dans le Monde, notre inertie populaire crédite l'actuel président de la République du droit de faire ce que bon lui semble, y compris participer à des guerres dans lesquelles des puissances étrangères hostiles à la France, souhaitent mobiliser nos armées. Nous devons donc, plus encore que si nous avions signifié une radicale objection aux U.S.A quant à pratiquer des crimes d'ingérences dans les affaires intérieures de la Syrie ; nous imposer d'accueillir une partie des réfugiés Syriens. Nous sommes responsables collectivement des malheurs du peuple Syrien, ne nous en déplaise...
De façon plus générale, si l'extrême gauche nourrit une haine irrationnelle contre la patrie dont elle issue, cela au point d'adopter une vision plus qu'édulcorée et angélique de l'immigration, le point de vue de l'extrême droite n'est pas non plus de nature à nous rapprocher d'une gestion des flux migratoires qui réponde à des normes humanistes, même lorsque la nécessité impose de ne pas pouvoir accorder le droit de séjour à toute la misère du Monde. 
La question se pose donc en amont et en aval de l'immigration illégale. Ces flux migratoires ne sont pas liés à des choix non contraints pour les personnes. Mais bien à des périls économiques, sociaux, écologiques, voir militaires qui imposent les exodes des populations opprimées. 
La France a donc tout intérêt à mener une politique étrangère qui prévienne ou résorbe autant que possible ces contraintes qui conditionnent la nécessité de l'exil pour n'importe quel être humain. Mais de la même façon, lorsque la France refuse le droit de séjour à un migrant, nous devons disposer de programmes s'inscrivant dans des démarches de coopération avec les pays sources des flux migratoires, permettant à la personne expulsée du territoire de trouver des opportunités d'emploi et d'accès à une existence digne dans son propre pays. On ne convaincra pas la force vive d'une Nation tierce à enrichir son propre pays de sa force et sa cervelle collective, si on ne lui donne aucune perspective.
Je ne m'étendrais pas plus sur ce sujet. Il est complexe et ne nourrit que des polémiques - souvent exacerbées et inutiles - lorsqu'il s'agit d'aborder tôt ou tard la question de l'identité nationale et de l'intégration, qui sont des problématiques intrinsèques à la question plus générale de l'immigration, et pourtant fondamentales.
Pour le moment, le débat médiatique porte sur des réfugiés de guerre et il me semble que chaque Français défendrait correctement nos valeurs, si chacun souhaitait que nous portions secours à la hauteur de nos moyens, à des personnes ayant échappé à la barbarie.  Nous devons moralement accueillir une partie de ces réfugiés, nous sommes responsables de ce que nous laissons faire. Il en va de même pour nos S.D.F à la base...

Je conclue ce billet en vous rappelant que si vous souhaitez mettre un terme aux ingérences franco-américaines en Syrie, vous pouvez réserver votre week-end du 10 Octobre sur Paris et participer avec nous au Jubilé des peuples. S'inscrire sur le lien ci-après : https://www.facebook.com/events/908971612509524/





mercredi 9 septembre 2015

Il est temps de soutenir les Décrocheurs !

Décrocheur en Île et Vilaine

Lorsque le 5 septembre 2014, je décrochais mon premier torchon, je savais que l'émergence d'un Mouvement de résistance prendrait du temps, mais que cela fonctionnerait. Car lorsqu'il devient trop complexe d'énumérer l'ensemble des mécanismes et personnes qui affaiblissent notre pays jusqu'à menacer très sérieusement les intérêts fondamentaux de la nation, les symboles deviennent naturellement les moyens les plus simples de désigner l'ennemi, ou au contraire de rappeler ce qui fait notre unité. 

Aujourd'hui, le combat va enfin entrer dans sa phase judiciaire avec quatre procès à venir. 

Premier procès à Bordeaux le 21 septembre
Second procès à Bordeaux le 25 novembre
Troisième procès à Paris le 4 décembre
Quatrième procès à Strasbourg, date encore inconnue.

Les politiciens vous demandent de financer leurs campagnes électorales pour ne rien changer, les Décrocheurs quant à eux vous demandent de financer leurs campagnes de décrochages pour provoquer le débat public qui semble interdit en France.

Nous avons besoin de beaucoup d'argent, soyons clair. Il faut considérer que notre lutte se chiffrera à terme à plusieurs dizaines de milliers d'euros qui seront majoritairement dépensés dans des frais d'avocat, de procédures de justice, de paiement des amendes, frais d'assurance et une infime partie sur des nécessités plus techniques.

Mais si la campagne judiciaire des Décrocheurs commence sur la question d'un Symbole à terrasser, vous savez que je souhaite aussi que nous nous montrions plus agressifs au sens juridique avec l'actuel président de la République et bon nombre de ses ministres. Mais il faut déjà déstabiliser l'establishment en l'attaquant par les côtés avant de mettre toute notre puissance de feu sur notre cœur de cible.

L'avocat qui accepte de nous suivre ne m'autorise pas à communiquer les honoraires qu'il réclame, ni dans quelle stratégie de défense il compte mener cette partie d'échec judiciaire. C'est cependant un très bon avocat ayant d'un côté une solide culture politique générale de par son parcours étudiant originel. Il s'est formé au droit et est devenu avocat par la suite. Il comprend donc parfaitement les débats qui nous animent, mais évidemment se tient à distance de toutes considérations politiques personnelles dans cette affaire.

C'est donc très difficile pour le moment de faire preuve de transparence, mais tout ce que je peux vous dire, c'est que si nous réussissons à gagner sur un certain plan ce procès, les conséquences seront absolument incommensurables et réellement visibles tant sur l'espace public que médiatique. Bien mieux que n'importe quel parti politique, le Mouvement des Décrocheurs aura réussi ce qu'aucun des partis eurolucides n'a jamais réussi jusque là : briser le plafond de verre médiatique et inquiéter réellement les tenants de l'idéologie européïste qui sont prêts à s'asseoir sur tous les référendums pour imposer leur doctrine.

Je vous appelle donc à abonder le fonds de soutien qui financera essentiellement cette campagne judiciaire pour l'ensemble des Décrocheurs.


Que vous soyez sympathisant d'un parti eurolucide ou simplement un citoyen éveillé et révolté par cette inertie ambiante, il est temps de jouer une autre carte que les habituelles formes de résistance politique qui ne débouchent jamais sur rien.

J'appelle en outre tous les Décrocheurs ou leurs soutiens, à adhérer à l'association qui supervise notre action, en envoyant sur papier libre, votre nom, prénom et coordonnées en plus d'une cotisation minimale annuelle de 5 €. Nous allons commencer à créer le fichier des adhérents dans l'attente que nous ayons enfin réglé les difficultés administratives (excessivement kafkaïennes à mon goût) qui nous empêchent d'ouvrir un compte bancaire rapidement. Ce fichier servira essentiellement à rapprocher les Décrocheurs qui se cherchent dans un même département, et justifier de nos soutiens devant la presse. Quoi qu'il en soit, l'ensemble de vos versements n'ira pas autre part que dans le futur compte bancaire des Décrocheurs, et j'insiste, ces dons et cotisations serviront essentiellement à financer le combat judiciaire sous-jacent à nos activités.

Adresse de l'association pour vos adhésions et dons :

Association "Les Décrocheurs"
16 rue Carnot
94270 Le Kremlin Bicêtre

J'aimerais remercier à ce titre les nombreuses personnes qui soutiennent notre action que soit par leur aide financière, les partages de publications ou tout simplement en décrochant directement du torchon. Il serait trop long de toutes les énumérer, mais qu'elles sachent à quel point je suis à titre personnel touché par leur soutien, et que je sais que cela compte beaucoup aussi pour tous ceux qui franchissent le pas en décrochant les emblèmes de la Tyrannie ostensiblement érigés sur notre territoire national.

Pour terminer ce billet, je publie ici la traditionnelle mise à jour de la Carte des Décrocheurs où j'ai le plaisir de vous annoncer que le seuil des 500 torchons décrochés a enfin été franchi. Pelle-mêle, notons tout d'abord la formidable activité qui règne actuellement sur la région Parisienne, avec un Décrocheur qui a lui tout seul, a redressé significativement les comptes sur l'Essonne, les Hauts de Seine et Paris.

Un autre torchon a été décroché en Charente Maritime et deux torchons sont tombés en Belgique. Il semble que deux autres soient tombés en Martinique, mais je n'ai pas encore de confirmation, donc j'attends d'en savoir plus pour les notifier. Enfin, l'on m'a soufflé qu'il est fort probable que le Nord de la France se réveille très prochainement. Nous le verrons bien à la prochaine mise à jour...


vendredi 4 septembre 2015

Vous êtes d'extrême droite !

Il est huit heure et demi du matin lorsque je m'engouffre dans la rame de R.E.R qui me mènera de Versailles à Paris. La mission du jour :
  • Imprimer des tracts destinés aux agriculteurs qui manifestent ce jour, place de la Nation
  • Rejoindre ensuite leur délégation s'étant rendue à l'Assemblée Nationale pour obtenir l'attention des députés (ils seront moins d'une dizaine de parlementaires – ou plus souvent leurs attachés – à venir discuter avec eux)
  • Puis tracer ensuite vers la place de la Nation pour tracter et converser avec les agriculteurs. J'ai avec moi un torchon étoilé et espère qu'ils voudront bien faire la nique à ce Symbole.
Je suis rejoins chez l'imprimeur à deux pas de la gare Montparnasse, par deux irréductibles, Cricri et Pascal, pour récupérer des tracts. Armés de 200 feuillets payés sur leurs propres deniers, Pascal et Cricri partent directement à Nation pour rejoindre d'autres irréductibles et commencer à faire un énorme boulot de sensibilisation sur le terrain. De mon côté, je vais me frotter à la délégation et aux élus réunis à la place Herriot que je connais bien, armé de 100 feuillets. J'aurai l'occasion d’interpeller Henri Guaino, conseiller de Sarkozy prétendu Gaulliste, et lui faire savoir gentiment qu'une cocotte minute est en ébullition sur les réseaux sociaux, et qu'il serait temps que les députés comprennent que les choses allaient bientôt leur échapper à force de dépecer notre Souveraineté par morceaux tout entiers. Il me confia – ce que je crois vrai – que le problème véritable, était que les Gaullistes qu'ils soient de « gauche » ou de « droite » étaient minoritaires au Parlement. C'est une façon polie de dire que les ¾ de nos élus trahissent littéralement les intérêts fondamentaux du peuple Français au sein de l'hémicycle. Le petit quart qui vote contre les directives les plus libérales ou les traités scélérats n'a absolument aucune influence sur une majorité œuvrant contre les acquis sociaux et démocratiques du peuple Français. Une telle majorité ne peut émaner du peuple et il faut que nous l’empêchions de nous nuire, par la pression populaire réelle.

Je vous confierai les échanges que j'ai eu avec les agriculteurs en dernière partie de ce débriefing, mais je souhaite m'attarder sur le dialogue qui m'a le plus marqué ce jour. Quelques journalistes viennent interroger les agriculteurs et capter le petit laïus de Xavier Beulin qui fleurait bon la vaseline à mon sens mais il ne mérite pas que je m'y attarde. Je profite donc de la présence de nos médias pour interpeller des journalistes et leur évoquer les milliers de personnes qui ont défilé le 14 Juillet à Paris et j'essaye de traduire notre sentiment sur ce rassemblement de la FNSEA. 

Je suis aidé en cela par quatre irréductibles, venus en renfort et qui sensibilisent des agriculteurs, élus et journalistes eux aussi de leur côté. Avec les gendarmes mobiles, nous sommes bien 200 personnes (merci à eux pour leur mobilisation constante à toutes nos manifs) et nous ne sommes pas de trop pour couvrir le maximum de personnes grâce à quelques tracts à distribuer pour engager la discussion. D'ailleurs, nous tracterons les flics et gendarmes aussi, comme à notre habitude.

C'est dans ce petit concentré d'intérêts croisés et divergents que mon regard s'arrête sur un homme un peu à l'écart au centre de la place Herriot. Il est équipé d'un appareil photographique, pianote sur son téléphone mobile un message et a étrangement le portrait type que je me fais du journaliste bobo et suintant la bien-pensence : blanc, les cheveux bruns coiffés sur le côté, ni trop courts, ni trop longs, des lunettes épaisses, et un petit sourire en coin quasi imperceptible, mais qui éveille vos sens tant ce léger sourire reste omniprésent sur sa tronche de petit bobo parisien enfoncé dans ses certitudes. Je pars à sa rencontre en espérant sincèrement me tromper sur son état d'esprit, mais pour le coup, je vais tomber sur le plus monumental concentré de connerie qu'est capable d'excréter nos écoles de journalisme.

La discussion s'engage donc à partir de la présentation du Mouvement du 14 Juillet dont il a entendu parler. Je lui précise que nous sommes une galaxie de courants politiques et alternatifs qui se réunissent grâce à la magie des réseaux sociaux. J'ajoute que nous ne faisons plus confiance aux partis politiques pour nous sortir de cette tyrannie qui s'installe, nous sommes environs 150.000 sur les réseaux sociaux, nous souhaitons destituer Hollande et toute la clique dont il est issu, sortir de l'U.E et l'euro, et entamer un processus constituant. 

Il me surprend alors en me demandant ce que je pense de la discussion récente entre Nicolas Dupont-Aignan et Pierre Chevènement, tout en insinuant vaguement que N.D.A serait un bon gros racho. Or, je n'ai absolument pas suivi leurs échanges, car il est vrai que je me fous complètement de la pièce de théâtre qui se joue entre nos politicards sans que cela résolve quoi que ce soit en France et que j'avais surtout d'autres choses à faire que m'intéresser à ces zozios là ces derniers temps. C'est ce que je répond honnêtement au brave bobo qui semble vouloir scruter en mon âme de quel bord je suis. Son petit sourire persistant s'élargit alors signalant une illumination naissante. Et c'est alors que le plongeon vertigineux commença. Bobo prononça doctement :
  • Ne pas vouloir faire la différence entre la gauche et la droite, c'est confus cela. C'est d'extrême droite ! Vous êtes d'extrême droite !
J'avoue que durant une seconde, je fus tétanisé par la puissance et la spontanéité de sa connerie. Son absolutisme insondable me sidérait littéralement. Mais Bobo n'avait pas fini, il pouvait aller encore plus loin :
  • Vous souhaitez quitter l'Union européenne, ça aussi c'est d'extrême droite, vous êtes d'extrême droite !
L'instant de saisissement s'étant un peu éteint, je tente quelques cartes pour l'aider à s'en sortir : « les référendums violés » ; « le droit à l'auto-détermination des peuples piétiné en Europe » ; « la junte néo-nazie Ukrainienne soutenue sans réserve par l'Union européenne » et même une petite citation de Jaurès sur le patriotisme pour lui expliquer avec des mots simple le problème : « un peu d'internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène », mais Bobo a réponse à tout :
  • Mais Jaurès, ça a 100 ans ! Éructe t-il.
Les idéaux de la Gauche d'hier ne permettent plus de « définir » la Gauche d'aujourd'hui, seraient désormais des pensées d'extrême droite. Je regarde ce grand dadais en me demandant s'il est conscient que pour le coup, le seul type qui a les idées confuses sous ce platane, c'est bien lui. Comprenant que le pauvre nunuche est irrécupérable, j'essaye de l'inviter à jouer la carte de l'éthique professionnelle : « Charte de Munich » ; « nécessité de donner la parole à tous pour un journaliste intègre » , mais Bobo dresse fièrement le menton et tonne :
  • Je connais mon métier, j'ai pas de leçons à recevoir. Et jamais je ne donnerais la parole à l'extrême droite !
N'y tenant plus, je tente de le secouer :
  • Vous êtes d'extrême droite !

Ce à quoi Bobo répond, l'air outré :
  • Mais je ne vous permet pas de m'insulter, je ne suis pas d'extrême droite !
Le désespoir me gagne pour le salut de l'intelligence d'homo sapiens journalistus en constatant sa mémoire de poisson rouge quant à l'insulte qu'il venait de me balancer à la gueule quelques secondes plus tôt. Lui peut se permettre de m'insulter, et moi pas ? Je reprends alors la carte pédagogique pour tenter de définir ce qu'est l'extrême droite d'aujourd'hui :
  • Vous soutenez un délire ultra-nationaliste européen fondé sur du vent et des référendums violés, joujou institutionnel du capitalisme le plus effréné, soutenant un régime nazi en Ukraine et contribuant à la déstabilisation du Moyen-Orient en totale collaboration avec l'Empire U.S. Vous êtes d'extrême droite, Monsieur.
Bobo semble un peu perdu et l'envie de fuir le prend. Il s'empresse de prendre congé, je ne saurais jamais pour quel média il roulait, même si j'ai un doute...

Je ne crache pas sur tous les journalistes. Beaucoup d'entre eux, surtout les plus jeunes faisant leurs armes, sont un peu plus ouverts d'esprit et ne semblent pas nous étiqueter dans un clivage aussi manichéen et fondé sur aucune valeur historique faisant définition. Je pense en fait que si nous devions absolument définir le trait de divergence politique principal entre les êtres humains, ce serait le conservatisme s'opposant au libertarisme qui ferait sens. La plupart d'entre nous disposons d'un équilibre naturel entre ces deux tendances, nous permettant d'accepter les évolutions sociétales, technologiques et politiques, tout en maintenant un conservatisme garantissant notre sentiment de survie collective et par conséquent, individuel(le). Certains parmi nous, pour une myriade de bonnes et mauvaises raisons, sont plus sensibles à des valeurs morales sur les rapports entre les êtres humains jusqu'à véhiculer une aura malsaine que ce soit par l'excès de libertarisme ou de conservatisme à même de s'introduire dans la loi (ou l'absence de loi) sur nos interactions humaines. Que ce soit pour créer artificiellement un peuple européen ou introduire le droit d'adoption au couples homosexuels, nous avons à faire à des conceptions profondément sociétales qui ont un lien extrême avec l'avenir dessiné pour les générations futures de notre pays. Les décisions d'aujourd'hui seront les normes de demain. Et s'il eu des extrêmes conservateurs et des extrêmes libertaires pour se déchirer sur ces questions au Parlement, jamais ce ne fut une représentation fidèle du Peuple qui s'empara des débats tout en laissant le Référendum les trancher définitivement.

Voila une pensée qui paraîtra trop « confusionniste » à Bobo et à l'ensemble des piètres auteurs « antifa » lui ayant certainement livré sa pâtée quotidienne d'endoctrinement pour atteindre un tel degré de sectarisme débilitant. 

Après avoir regardé un instant Bobo cavaler à grandes enjambées en direction des quais d'Orsay, je m'engouffrais dans le métro pour rejoindre la place de la Nation. Là-bas je retrouvais pratiquement tout le noyau dur des irréductibles, et qu'ils me pardonnent de ne pas énumérer tous leurs prénoms, alors que j'espère qu'ils seront un jour gravés sur une stèle en mémoire pour ce qu'ils auront fait. Car à part nous, personne d'autre n'étaient là pour leur demander leur sentiment s'agissant de l'Union européenne et du dumping social promu par cette institution. Nous fûmes une quinzaine d'irréductibles à œuvrer en ce sens, loin des écrans de ceux qui s'indignent sur des photos d'enfants morts et des traités iniques.

Et ces discussions furent intéressantes. Une éleveuse de poulets de batterie plutôt bien informée sur la façon que nos « représentants » avaient d'appliquer les normes européennes, m'expliquait que ce qui avait valeur de recommandations dans certains textes de Bruxelles, devenaient obligation en France. Les eurocrates Français sont à ce point zélés qu'ils vont bien au-delà de la lettre et l'esprit des directives et règlements européens. Le résultat étant que les agriculteurs et éleveurs ne cessaient pas d'emprunter pour mettre continuellement leurs exploitations aux nouvelles normes nationales qui se succèdent sans cesse.

Parfois, les autorités Françaises pouvaient par principe de précaution, verser dans des interdictions totalement irrationnelles. Ainsi, reprenait l'éleveuse, un pesticide qui était dédié à un ravageur du colza, était interdit en France, du fait que l'AFSA soupçonnait ce produit d'être cancérigène. Cependant, il semble que les autres États-membres de l'U.E ne partagent pas le même point de vue puisqu'il est autorisé dans leur pays et que les études tendent à démontrer qu'il n'est pas aussi cancérigène que le prétendent les autorités Françaises (ce dont je doute).

La solution de remplacement était un autre pesticide autorisé, mais qui demandait trois pulvérisations au lieu d'une seule, ce qui signifiait plus de produit chimique dans la nature, plus de carburant brûlé pour le tracteur, et plus de temps perdu pour l'exploitant.

Quand je lui demandais si l'insecte avait un prédateur naturel, elle me rétorqua que non, ce dont je continue aussi de douter. J'embrayais sur la possibilité qu'en dehors de l'U.E, nous pourrions tout à fait garantir que la production des matières premières agricoles pouvait rester constante, mais que l'on pouvait aisément doubler voir quadrupler le nombre d'exploitants en France pour se partager cette production, et garantir des prix élevés d'achat permettant à tous les agriculteurs et éleveurs de vivre dignement tout en améliorant considérablement la qualité de leur travail. Et c'est sur ce postulat qui ne tient rien d'autre qu'à un peu de volontarisme politique, que la totalité des agriculteurs avec qui j'ai discuté, faisaient preuve d'une apathie consternante.

Leur raisonnement s'appuie sur l'idée que la faiblesse des prix n'est imputable qu'au prix proposés par les centrales d'achat des supermarchés, les marges prises par les intermédiaires qui se contentent d'acheter la marchandise et la revendre aux centrales d'achat, et enfin au fait que le consommateur final n'a ni le pouvoir d'achat, ni même le désir de payer le véritable coût d'une agriculture de qualité.

C'est pourtant sur ce dernier point que repose le prix « des marchés », qu'importe les intermédiaires et distributeurs finaux en action. La question du pouvoir d'achat mais aussi des priorités budgétaires des consommateurs finaux peut être influencé par des décisions politiques multiples :
  • La première serait évidemment de sortir des traités européens et de l'OMC pour reprendre le contrôle total sur les flux de marchandises aux frontières et encourager ou décourager fiscalement et réglementairement les importations et exportations en fonction des intérêts de la France concernant notre indépendance alimentaire.
  • La seconde serait de veiller à ce qu'un organisme composé essentiellement d'agriculteurs et éleveurs, à partir des normes les plus élevées en matière environnementale, sociale et sanitaire, établissent eux-mêmes les cours des matières premières agricoles produites en France. Ce qui signifierait, que ce ne serait plus les clients des agriculteurs qui décideraient du prix, mais bien les exploitants agricoles eux-mêmes.
  • La question du pouvoir d'achat se règle en grande partie par un taux d'emploi très élevé qui mécaniquement, provoque la hausse continue des salaires. Or, un Commissariat au plan développant de grands chantiers d'avenir comme ce fut le cas durant les 30 glorieuses, doublé d'une politique monétaire légèrement inflationniste, peut en grande partie régler le problème de chômage de masse, et intrinsèquement de pouvoir d'achat.
  • Enfin la fiscalité interne, en particulier le principe de TVA sociale et environnementale, peut permettre d'orienter nos priorités de consommation. Un produit sain essentiel à nos besoins physiologiques essentiels, efficient écologiquement, fabriqué localement peut se voir absout de TVA, là où un produit n'étant ni essentiel à nos nécessités de survie et de dignité, plus encore s'il est conçus loin de son lieu d'achat et ne répond pas à toutes les normes les plus élevées que nous pouvons concevoir en matière de lutte contre la prédation contre l'environnement et les droits sociaux des travailleurs Français comme étrangers, peut voir les prélèvements de l’État se renforcer très fortement. La T.V.A étant le principal poste de recettes du budget de la Nation, elle peut être aussi le meilleur vecteur à même d'orienter notre consommation.
Mais il est vrai que la majorité des agriculteurs travaillent plus de 50 heures par semaine, et ce n'est certainement pas Xavier Beulin qui défendra des positions syndicales ou de politique générale qui seront favorables aux intérêts des agriculteurs. Ce qui fait que nos agriculteurs semblent peu informés sur l'économie, la monnaie et d'autres paramètres plus géopolitiques. Cependant, je note qu'un bon tiers des agriculteurs avec qui j'ai pu discuter, m'ont spontanément parlé du projet TAFTA qu'ils craignent à juste titre. Ce qui reste un bon signe que notre travail d'alerte porte ses fruits progressivement et que les consciences s'éveillent. Cela malgré le fait que la majorité d'entre eux pensent que l'on peut « changer d'Europe », là où l'article 48 du Traité sur l'Union européenne édicte exactement ce qui rend la chose illusoire. Il faut en effet obtenir l'unanimité de 28 pays très différents pour modifier en profondeur la teneur des traités, ce qui est évidemment impossible. Mais là encore, pas d'étude de la littérature juridique européenne dans les délégations départementales de la FNSEA pour désendoctriner les esprits.

Ce qui était perceptible, c'était donc une connaissance profondément technique et normative que les agriculteurs et éleveurs ont de leur métier, mais une difficulté à appréhender que leur niveau de vie et la qualité de leur travail, dépend en grande partie d'une situation économique et géopolitique générale maîtrisée et régulée par l’État. Tous s'accordaient à dire que les revendications floues et misérabilistes de la direction de la FNSEA, ne pourraient que maintenir le statut-co, jusqu'à les obliger à revenir à nouveau sitôt que les quelques centimes grattés sur le prix de leur production, n'auraient plus aucun effet. La revendication qui me choquera le plus et entendue à l'Assemblée Nationale, sera celle de dédommager les agriculteurs subissant les mesures de rétorsion douanières de la Russie, du fait des sanctions votées par la France contre ce pays. J'avais alors envie de hurler qu'il suffisait de mettre un terme aux sanctions pour que nos agriculteurs retrouvent le droit d'exporter en Russie, plutôt qu'exiger des compensations pour une politique qui détruisait leurs propres débouchés commerciaux. Cette revendication misérabiliste me scandalisait par ailleurs, car elle créditait François Hollande d'avoir raison de se montrer agressif vis à vis de la Russie, sans tenir compte des considérations militaires en jeu.

Je termine ce billet sur une déception. Lorsque je suis parti rejoindre les agriculteurs, place de la Nation, j'avais en tête les opérations de déversement de lisier sur des façades de préfecture ou devant des supermarchés. Je me disais qu'à minima, brûler un torchon de l'Union européenne leur ferait plaisir pour le symbole que cela peut susciter. J'étais ainsi venu avec un gigantesque drapeau de deux mètres sur trois décroché à Créteil quelques mois plus tôt.

Aucun des agriculteurs que j'interpellerais pour leur proposer de souiller un peu ce symbole, ne voudra laisser son esprit de résistance l'emporter. D'ailleurs, une fois la prise de parole de Xavier Beulin terminée, quelques responsables de la FNSEA demanderont aux agriculteurs de rentrer bien gentiment chez eux et de ne pas faire de vagues.

Plus de 48 heures de route pour les conducteurs des tracteurs, cela pour se rassembler quelques heures sur Paris et repartir, si cela n'est pas une trahison de la part des organisateurs de l'événement, qu'est-ce donc ? D'autant que nombres d'agriculteurs étaient prêts à engager leurs véhicules dans un cortège qui les conduirait à l'Assemblée Nationale. Et autant les forces de l'ordre que les politiciens savent qu'il n'est pas possible d'empêcher de tels engins de poursuivre leur progression lorsque les agriculteurs sont décidés d'agir. Pourtant, nos agriculteurs repartiront, et je suppose que nous les reverrons dans quelques mois à nouveau...