Les "bongs" caverneux se succèdent aux
clapotis qui chantent leur paisible musique le long de la coque du
bateau. Les amarres grincent et crissent comme si elles voulaient témoigner de la volonté du voilier que j'observe à
prendre la mer. Le navire ne paye pas de mine, mais il tire encore sur les
cordages malgré l'absence de courant et de vent sur le port de Bordeaux. Je
pourrais presque entendre son appel à embarquer au plus vite, pour le libérer
de la bite d'amarrage qui l'oppresse et hisser les voiles sitôt à bord.
Le pont du navire mériterait un bon sablage pour
évacuer la rouille qui le dévore peu à peu, ainsi que la coque après une
observation plus attentive du canot. Il y'aurait évidemment un coup de peinture
à passer, une bonne couche de gel-coat pour le protéger du milieu marin,
certainement quelques voiles à changer, mais n’y a-t-il pas un certain plaisir
à rendre sa dignité à un bateau ? A son bateau, je veux dire…
En ce jeudi 18 octobre, je traine ma solitude
sur le bassin à flot, le temps que les 45 minutes de coupure imposée par la
réglementation européenne du transport routier, s’inscrivent sur ma carte de
conducteur (le disque a quasiment disparu depuis quelques années). Alors j’en
profite pour regarder les voiliers, et ressasser par la même occasion ce rêve
jamais accompli d’en posséder un.
Il y’a en effet quelques années, alors que je
vivais encore en appartement, je me suis mis en tête de devenir propriétaire.
Un voilier habitable d’occasion en bon état peut se trouver à partir de 30.000
€ pour qui sait chercher. J’avais à l’époque jeté mon dévolu sur « l’Amphora »
de Wauquiez avec sa magnifique cabine arrière. Il faut dire qu’à l’époque, nous
étions deux à nous projeter la grande aventure, et nous souhaitions un minimum
de confort. Nous nous sommes donc renseignés. En quelques semaines, le monde du
nautisme n’avait plus de secrets pour nous. Nous connaissions l’argus des
bateaux, leurs qualités et leurs défauts, les difficultés de vie en mer et au
port, mais aussi la douceur nonchalante d'une vie à rencontrer d’autres voyageurs en escale pour se conter des
histoires de baroudeurs des mers. Notre idée était d’acheter un bateau à bon prix et dans un
état correct, le rembourser sur trois ou cinq ans en vivant dedans (donc plus
de loyer à payer), en profiter pour apprendre sur le long terme à naviguer, savoir se positionner
sur une carte, affronter une houle venant s’écraser sur le pont à l’occasion de
quelques sorties sur le golfe de Gascogne, bref devenir de bons marins.
Pour l’occasion, je m’étais même formé à la
stratification, afin de pouvoir réparer une coque plastique abîmée dans n’importe
quel port du monde. Nous voulions bouffer de l’océan, accoster sur des continents
nouveaux et des îles enchanteresses, explorer de nouveaux territoires,
fraterniser avec le Monde durant quelques dizaines d’années, tant que notre
jeune âge nous le permettait.
Puis vint le moment de contacter des banques et
ce fut alors la grande désillusion. Les organismes spécialisés dans le
crédit-bateau, ne prêtaient de l’argent que pour les occasions récentes où les
bateaux neufs. Sachant que ces derniers se négocient au moins à 100.000 € l’unité,
il était hors de question pour nous de nous ruiner durant 20 ou 30 ans de notre
vie, pour ne jamais réaliser notre rêve de globe trotter au final. Il en fut
évidemment de même auprès des autres banquiers qui voyaient d’un mauvais œil notre
manque de stabilité professionnelle, cela malgré des revenus constants et bien
au-dessus de 2000 €/mensuels pour nous deux. La plupart des plaisanciers préférant
vendre cash leur navire pour en acheter un plus gros, nous étions bloqués.
Bloqués non par manque de revenus réguliers à faire valoir, mais par ce que d’un
côté, le système aimerait dézinguer le C.D.I dans le but de permettre aux
entreprises de licencier plus facilement et ajouter ainsi de la « flexibilité »
à l’économie, et de l’autre, ce même système refuse de faire confiance à qui n’est
pas cadre-fonctionnaire depuis 30 ans au moins pour accorder un crédit, un
bail, un peu de droit au rêve.
De guerre lasse, après une année à vivre dans un
minuscule 25 mètre² sans au moins le plaisir de boire le café à Reykjavik ou à
Bora-Bora le matin, nous avons opté pour une vie plus banale et avons trouvé
une petite maison de campagne avec un loyer qui était encore acceptable pour
notre budget à l’époque. Les circonstances ont fait que notre histoire s’est
tarie avec le temps, mais que nous sommes aujourd’hui obligés de continuer notre
collocation forcée, faute de moyens pour reprendre chacun notre envol.
Alors aujourd’hui, errant sur le quai du
bassin à flot, je regarde avec envie ces bateaux pour la plupart à l’abandon,
pour un bon nombre cherchant acquéreur et je mets en parallèle le temps de ma
vie qui s’écoule inexorablement, sans que je puisse avoir le droit de réaliser
mon rêve car le Système n’est pas conçu pour les rêveurs. Combien d’idées
ingénieuses, de projets d’entreprise, de maisons de campagne, de bateaux, de
corps de ferme et que sais-je encore, n’ont jamais trouvé leur financement car
le Système n’accepte de nous que notre consentement au travail pour payer son
usure légalisée, rémunérer ses riches actionnaires, entretenir la spéculation
sur nos vies, mais ne surtout pas générer de la richesse réelle et accorder un
peu d’espoir à chacun ?
Le Système est si bien conçu, qu’il a su acheter
le politique, lui imposer ses ordres, se débarrasser de nos Souverainetés
Nationales si gênantes pour lui et même faire croire au plus grand nombre grâce
à des médias tout aussi achetés, que les Etats-Nations étaient forcément des
concepts dépassés qui ne pouvaient qu’évoquer le « repli sur soi », « le
dangereux retour au nationalisme », etc, etc.
Pour notre plus grand malheur, mais aussi peut
être notre seule chance de libération, cette économie de la cupidité arrive en
fin de cycle sur une gigantesque pyramide de Ponzi monétaire. Avant le grand
Krach, nos politicards s’affolent pour rembourser les dettes qu’ils se croient
justement obligés de rembourser en notre nom et prévoient de grandes cures d’austérité
ce qui n’a d’autres conséquences qu’accélérer la chute. Par ailleurs, ces fous
n’hésitent plus à piétiner des Référendums, imposer leur fédéralisation à
marche forcée et placer leurs pions Goldman Sachs à
la tête des Etats et institutions
européennes. Ce que les peuples commencent à comprendre et percevoir
malgré la propagande européïste. Nous savons désormais dans quelle
nouvelle
U.R.S.S nous vivons. Cette dernière n’est pas soviétique, mais libérale
et
atlantiste.
Un appel a été lancé depuis l’Espagne dans le but d'organiser
une grande grève générale au sein de l’Union Européenne le 14 Novembre
prochain. Je ne puis que soutenir cette action, car elle peut précipiter les
choses et mettre au pas ceux qui prétendent nous gouverner.
Mais une véritable
grève correctement planifiée doit cependant trouver son organisation autrement
que par la simple question de l’abandon du travail. Par exemple, il serait
nécessaire que les cheminots puissent organiser du transport gratuit à destination
des grandes villes de France et d'Europe pour les manifestants qui le souhaitent. Que les
fonctionnaires du Trésor Public fassent la grève de la collecte d’impôts. Que
les palais de justice ajournent les liquidations judiciaires ou les expulsions
de locataires en défauts de paiement. Que les employés de banque refusent l’encaissement
de liquidités mais proposent à chacun de vider ses comptes. Que les employés de
l’E.D.F remettent le courant aux foyers qui en sont privés du fait de factures
impayées, etc. etc.
Enfin vient le mot d’ordre et pour moi il est
très clair :
-Exigence de démantèlement de l’Union Européenne
au moyen de l’article 50 du Traité sur l’Union Européenne saisi par chacun des
gouvernements.
-Nationalisation de toutes les banques.
-Tenue de nouvelles élections en toute
transparence, et sans limitations (type 500 signatures ou censure médiatique)
-Récupération des prérogatives de nos banques
centrales de financement de l’Etat et des collectivités territoriales.
-Interdiction de création monétaire pour les
banques privées.
-Refus de l’austérité.
Il y-a beaucoup d’autres urgences en vérité, mais
les dernières citées ont un lien fort avec la Démocratie, soit le socle de la
Souveraineté des Peuples à gérer leurs affaires.
Toute autre revendication qui ne tiendrait pas
compte des éléments pré-cités ne seraient que pure fumisterie de la part des
syndicats, qui sont je vous le rappelle, largement financés par la
Confédération Européenne des Syndicats (soit l’U.E).
Il faut donc que la Base se saisisse de cet événement
et impose aux dirigeants syndicaux l’organisation d’une grève générale avec ces
revendications, et une volonté de servir les peuples par le biais d’une grève
générale.
Et vous, que ferez vous le 14 Novembre ?
Donnerez vous encore votre sueur à des briseurs de rêve ?
Pour comprendre les revendications, rien ne vaut une bonne conférence sur le sujet Européen.