mardi 9 octobre 2012

Nuit de colère



Il est 4 heure du matin et je ne parviens toujours pas à trouver le sommeil. A quoi bon insister, cela fait des années que pour ne pas remuer toute l'angoisse du monde sur mon avenir, je m'adonne au même rituel :

Repousser les draps de cette couche qui fait mauvais accueil à mon corps, allumer une cigarette et l'ordinateur, puis écrire.

Sur le bureau de ma vie, un loyer en retard, des factures qui s'amoncellent et deux nouveaux P.V pour avoir été flashé par les appareils de racket numérique de la mafia étatique. Je ne suis pourtant pas un cow-boy sur la route. Je suis même plutôt prudent et ne dépasse jamais les 110 Km/h sur autoroute pour économiser du carburant. 

Dans deux heures, je vais devoir demander à mon organisme de nier l'épuisement de ma nuit blanche pour travailler. Il s'agira pour moi de livrer des marchandises diverses à une trentaine de clients. Une journée de travail de 10 h environ. Une forme d'esclavage moderne pour maintenir à flot un compte constamment dans le rouge, régler ce fichu loyer en retard, soit une somme de 690 € qui s'ajoute au loyer de ce mois-ci, régler un PV, peut être une facture si je parviens à tirer sur la corde du déficit consenti par ma banque moyennant agios, et quelques timbres à coller sur le courrier à destination de mes différents créanciers (principalement le Trésor Public au final). Quelques courriers pour expliquer que non, je ne suis pas en mesure de payer les impôts que l'on me réclame, ni le énième P.V récolté du fait que je ne suis pas un robot conditionné à une attention toujours accrue à une signalisation très changeante, pas plus que ce trop perçu des assedics qui traîne depuis quelques mois maintenant.

Mon intérim parvient à me faire travailler à temps plein trois semaines sur quatre. Je parviens à cumuler péniblement un salaire mensuel de 1400 € net puisque je fais beaucoup d'heures. Mais quand bien même ce salaire reste un revenu élevé par rapport aux bêtes de somme qui n'ont pas vu leur usine fermer pour le moment ; aux étudiants qui passent 25 heures par semaine à jeter des sandwichs invendus dans un Mc Do ; ou à un Rmiste qui s'organise administrativement pour survivre ; au final, ce salaire arraché à l'adrénaline de mon corps reste misérable face au coût global de la vie.

Il fut un temps où je me remettais en question, me culpabilisais de gérer aussi mal mon budget. Mais cela fait désormais quelques années que je ne culpabilise plus. Car autour de moi, je constate trop de gens qui se crèvent à la tâche, et me font part de cette même oppression fiscale. La classe moyenne qu'elle soit composée de salariés du privé gagnant jusqu'à 2500 €, de petits entrepreneurs qui se battent pour ne pas couler et de fonctionnaires qui pensaient que la sécurité et les primes de la fonction publique les préserveraient ; cette classe moyenne est aujourd'hui aussi pauvre que les Français qui ont abandonné l'idée de travailler. Ce que ces derniers économisent sur les allocations, les factures E.D.F au tarif social, les aides au transport et l'absence d'impôts à régler pour survivre avec moins de 700 € par mois, la classe moyenne dispose d'autant, voir moins de revenus nets après paiement des loyers sans A.P.L, de leur crédit, du carburant, de leurs factures et impôts.

Il ne s'agit pas d'opposer les uns et les autres. Si j'ai un besoin vital de travailler du fait d'un socle moral qui finalement m'opprime, je suis conscient que l'économie se dégrade à très grande vitesse et que tout le monde ne pourra pas trouver un emploi. J'en suis d'autant plus conscient par ce que mon métier m'expose au coeur de l'économie. Quant à ceux qui pourraient travailler mais ne le veulent pas, je les admire en vérité. Ils ont raison, il est plus difficile pour l'Etat de les opprimer fiscalement et il est plus facile de vivre à l'économie quand il n'y a nul besoin de dépenser du carburant pour aller travailler. 

Je ne culpabilise plus et je ne porte aucun jugement de valeur sur mes contemporains qui vivent au crochet de l'Etat. Quand on y réfléchit jusqu'au bout, ceux qui assument ce choix de vie font la nique au Système, et particulièrement aux marchés qui endettent le pays. L'oligarchie politique se fait graisser la patte par les financiers afin d'esclavagiser notre peuple à la dette. Et le Rmiste qui s'assume, extorque aux banksters cette fausse monnaie que ces gredins prêtent à la France et qu'un jour nous ne leur rembourserons plus. Le Rmiste qui s'assume est un héros à mes yeux.

Quant au salarié qui se crève à payer la dette immonde, c'est un autre genre de héros. Plein de bravoure, de volonté d'exister par sa capacité à servir une entreprise, une économie et un pacte social, il trime croyant pouvoir courir plus vite que son endettement qui le devancera toujours, mais une forme de rage désespérée l'empêche de renoncer. Il rêve encore d'un mieux. Même lorsqu'il sait que tout s'effondre.

Je ne culpabilise plus et comme ces millions de héros imbéciles qui se crèvent à la tâche pour maintenir ce pays à flot, ma colère va grandissante.

Qu'on me donne un fusil et je vous jure que j'en tuerai un, deux... Tous si je peux !

Pas des innocents, des héros ordinaires ou même ces pauvres abrutis qui ont décidé de haïr l'autre pour expliquer leur misère. Non, ces gens là, avec leurs qualités et leurs défauts sont mon peuple.

Ceux qui subiraient toute la puissance de ma colère, ce sont les traîtres !
Ces salauds en col blanc qui assassinent la Nation en la déshabillant de sa Souveraineté et en la prostituant à des Banksters ! Ces espèces d'ordures qui ont voté toutes les lois dérégulant la finance et l'économie pour faire de nous des stupides consommateurs écervelés et des défricheurs inconscients de forêts. Ces fripouilles au sourire carnassier, qui dupent le peuple sur des promesses vides pour conserver leur siège de député ou de ministre, tandis que des trillons d'euros sont vampirisés par de cupides connards qui se rient des 870 Millions d'êtres humains qui crèvent de faim dans le Monde.

Non je ne culpabilise plus !

Mais je ne dors plus de voir mon peuple ne pas se réveiller et prendre conscience qu'on a fait de lui un esclave consentant ! Je ne dors plus de me dire que très bientôt, nos enfants verront des adultes s’entre-tuer pour un quignon de pain ou une boite de conserve à peine entamée. Je ne dors plus de me sentir si seul à désirer tant la Révolution jusqu'à tenter de l'initier par des projets sans avenir puisque bon dieu, je suis seul !

Même ces imbéciles de dissidents ne font pas mieux que s'indigner des nouvelles trahisons que chaque jour l'actualité nous rapporte, mais refusent d'imprimer du papier, coller des affiches sur les murs, jouer de leurs compétences pour aider les quelques abrutis dans mon genre qui proposent des projets qui pourraient réveiller le peuple. Des abrutis avec leurs projets nourris à la colère et au désespoir qui ne rempliraient pas un bus tant ils sont peux. Autour d'eux, quelques dizaines de milliers de dissidents tétanisés par ce déclin démocratique et économique qui les angoissent, en espérant que leur messie politique vaincra les dissensions des uns et des autres, en plus de grappiller quelques minutes dans une émission de radio.

Je poursuis mon utopique et si lent combat. Aujourd'hui, je vais renvoyer un courrier à Erick pour qu'il signe les documents cerfa visant à créer l'association qui pourrait porter l'un des projets que je défend. Le retour prendra du temps. La publication obligatoire au journal officiel m'arrachera de l'argent que je n'ai plus tandis que les méandres administratifs ralentiront la procédure. Il s'agira ensuite d'ouvrir un compte dans une banque, si possible à l'étranger. Cela prendra du temps encore une fois. Puis il faudra convaincre des gens d'adhérer, contribuer au projet alors qu'aujourd'hui même, personne ne m'aide de ses compétences pour bâtir le site internet que j'ai hébergé sur un serveur québécois  Personne ne m'aide à monter l'étude de marché et le business plan du projet commercial nécessaire à la révolte monétaire que je souhaite engager. Tout comme les dessinateurs que j'ai contacté pour obtenir quelques caricatures visant à illustrer un journal que je voudrais monter, n'ont finalement jamais donné suite. Même le courriel que j'ai adressé à plusieurs personnes et institutions politiques pour m'aider à organiser une conférence d'un type ayant trouvé une méthode de révolte monétaire fonctionnelle est resté sans réponse.

Je brasse du vent car la Dissidence ne veut pas donner un peu de son temps et de sa sueur pour éveiller ce peuple et éviter qu'un jour l'un d'entre nous, trouve un fusil et se retrouve menottes aux poignets devant un tribunal, sous les flashs de journalistes qui tenteront d'expliquer ce geste "fou".

La France dort et moi je ne trouve plus le sommeil.

A vous qui me lisez, je vous supplie de la réveiller avant qu'il ne soit trop tard...

Sylvain Baron


















1 commentaire:

  1. Merci Sylvain pour ton texte. J'ai un peu le même état d'esprit que le tiens mais patience , la domination du monde Anglo saxon va bientôt se terminer , il a mis le monde en faillite et donc par conséquence cours à sa propre perte.

    Les gens vont cherché de l'information et s'éveiller que quand l'individualisme ne pourra plus fonctionné avec le changement de contexte.

    Et là nous pourrons leur dire moi je sais ! rassemblons nous je vais vous expliquez !

    Fred Santerne

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