Ceci n'est qu'un billet défouloir. Le genre de papier que l'on écrit pour exulter sa peine, et tenter au fil des mots qui s'ajoutent les uns par dessus les autres, d'intellectualiser tant et si bien sa détresse intime, que l'on espère égarer ses sentiments dans une jungle de lettres et de ponctuation. Ça ne soulage jamais vraiment et cela ne règle rien. Mais c'est une trace laissée à la postérité numérique, un ensemble de questions intimes, un besoin d'envoyer se faire foutre ses émotions et avouer une faiblesse. Car oui je dois le confesser, c'est aujourd'hui l'orgueil qui me tiraille.
J'ai mille et une raisons d'admettre que bien des idées et initiatives que je défends, seront toujours bien mieux exécutées par d'autres que moi. Parce que je n'ai pas les moyens financiers d'assumer les plus essentielles. Parce que suis fatigué mentalement, parce que je n'aime ni communiquer, ni solliciter les gens qu'il faut, ni m'accrocher envers et contre tout lorsque je ne parviens pas à susciter une quelconque émulation sur une initiative. Par dépit, je procrastine sur du travail physique personnel, j'ouvre mon cœur à ma guitare et je chante comme je pleure, et j'écris. Aussi donc, je peux comprendre que tôt ou tard, des points longtemps analysés, défendus et travaillés ne trouvant guère de concrétisation suffisamment forte, il se trouvera d'autres que moi pour s'engouffrer dans la brèche. Et c'est tant mieux, les idées comptent plus que ma personne. Il faut que certains travaux avancent de toute façon. Mais pourtant, j'ai de l'orgueil...
Un orgueil que je ravale pourtant constamment. J'ai soutenu des personnes plutôt connues et estimées de notre dissidence de bien des façons, et j'ai eu en retour des coups de couteau dans le dos. Le simple fait de défendre par exemple la logique de plébiscite d'un gouvernement de transition, c'est en soi porter reconnaissance à d'autres que moi, qu'ils ont des talents, de la vision, de l'expertise, et qu'il me parait à la fois salutaire politiquement, et sain moralement, de réhabiliter la logique d'incarnation de la réflexion politique. J'ai organisé des conférences pour permettre à certains de mieux faire connaître leurs travaux ; je renvoie constamment vers certains penseurs le quidam qui m'interroge sur des questions que je ne maîtrise pas suffisamment ; je ne rentre jamais dans les polémiques assassines sur nos leaders d'opinion, j'essaye de rester à la fois critique mais protecteur.
Bien des notoriétés de notre dissidence me citent parfois dans leurs allocutions, mais lorsque je les sollicite pour nous aider à donner un peu de visibilité à une manif organisée devant les médias ou toute autre initiative qui rendrait leur présence pertinente, rien ne se passe...
Si j'ai une méfiance ou pour le moins beaucoup de retenue face à celles et ceux qui ont des propos trop élogieux à mon égard, je demande à ce que mon travail soit connu et reconnu. Aucun éditeur dans nos propres réseaux ne considère que l'essai que j'ai rédigé sur le droit de résistance et les moyens d'organiser cette dernière, mérite d'être publié. Et je suis pourtant certain que c'est du bon travail. Lorsque j'aurais pu être invité à expliquer quelques points de philosophie du droit sur la résistance à l'oppression, et en profiter pour inviter un grand nombre d'auditeurs à nous rejoindre dans nos manifestations, on écarta cette idée sciemment et en toute connaissance de cause. Alors que j'avais obtenu avec quelques camarades une couverture médiatique pour une personne à laquelle je pense. Cela à force justement d'assiéger les médias.
C'est assez étrange de se savoir connu et même cité par certains penseurs ou acteurs notables de notre dissidence, tout en étant écarté d'initiatives où je pourrais apporter une petite pierre à un vaste édifice. C'est même douloureux en vérité sur le plan moral d'avoir le sentiment d'être négligé, ou tenu à l'écart lorsque l'on a quelques raisons de penser que ce que l'on fait n'est pas inutile, et est pour le moins considéré par des gens qui pour leur part, ne jouissent d'aucune notoriété particulière. Je n'ai pas d'ambitions excessives, mais un tant soit peu de reconnaissance ou simplement d'aide me ferait tellement de bien moralement. Cela fait tout de même dix années que je me bats - cela dans une misère absolue - pour qu'une révolution advienne dans ce pays. Et si justement ces "notoriétés" de la dissidence me connaissent bien et savent bien que je reste un penseur et activiste à la fois iconoclaste et dans la droite lignée de tous les révolutionnaires qui ont planifié et réussi des révolutions en leur temps sur des considérations pratiques, pourquoi refuser de m'apporter un peu de soutien ?
Est-ce un crime que de le penser ? Est-ce immoral ? Est-ce que ma peine est mal placée ? Pourquoi ma façon de considérer le combat révolutionnaire semble compter pour quelques milliers d'illustres inconnus, mais que je ne peux jouir d'un peu plus de reconnaissance de la part d'intellectuels qui pourtant disent estimer le travail que je fais sans jamais oser m'apporter un peu plus de soutien que cela ? Alors certes, je reconnais qu'il y a des penseurs, des écrivains, des analystes politiques et sans doute des activistes plus performants, talentueux, subtils ou singuliers que je ne le serais jamais. D'ailleurs je me nourris intellectuellement de leur propre grille d'analyse. Pour autant, n'ai-je pas une pensée et un travail militant qui mérite un peu plus de promotion par ceux qui jouissent déjà d'un auditoire plus étendu que le mien ? Est-ce que les camarades qui me font confiance malgré tant de déconvenues, ne méritent pas que laborieux travail intellectuel et militant de plusieurs années, jouisse d'un un peu plus de soutien. ? Est-ce que j'ai tort de vouloir organiser le plébiscite d'un gouvernement de transition ? Organiser des tribunaux populaires pour juger les traîtres à la nation ? Assiéger les médias pour reprendre le contrôle de ces derniers puisqu'ils nous censurent ? De solliciter le soutien des armées pour faire aboutir la chute du régime politique ? De m'attaquer aux symboles de l'U.E que sont les drapeaux européens et l'euro ? Est-ce que le problème est ma pensée ou ma personnalité ? Est-ce que j'ai tort parce que pratiquement personne d'autre ne prend le parti de défendre mes propres axiomes de travail ?
Aujourd'hui, la question de la constitution d'un gouvernement de transition est revenue sur la table, par l'entremise d'une initiative alternative à celle que je défends, animée par des gens que je connais bien et qui me connaissent bien. Parce que l'idée compte bien au-delà des considérations techniques (et démocratiques) qui sous-tendent cette nécessité, je m'en suis tout de même fait l'écho. Mais à part réclamer mon partage sur les réseaux sociaux de cette initiative, on a pas pensé judicieux de me mêler à ce travail ou pour le moins réclamer un retour d'expérience ou quelques avis utiles. L'idée compte plus que tout, j'insiste, mais j'ai le sentiment d'être indésirable pour contribuer à sa promotion et son institution. Tant d'années à défendre cette nécessité, de textes rédigés pour l'expliquer, un site créé et un autre en cours de montage, pour au final voir des projets "concurrents" se monter sans que l'on trouvât pertinent de me solliciter pour contribuer ou faire converger des travaux déjà en cours, avec des textes, outils et réseaux militants déjà impliqués dans une telle logique de travail.
Je ne peux m'empêcher de me sentir affecté, et je suis bien conscient que cela relève de l'orgueil d'une certaine façon. Mais il n'en reste pas moins que je me sens inutile, canard boiteux, tout juste bon à relayer et soutenir ce que d'autres font, sans que mon propre travail méritât lui aussi un peu de mise en lumière. J'ai le sentiment que tout ce que je fais permet à d'autres de "s'accaparer" un peu de ce que je pense pour le remodeler à leur sauce, le travestir à leur goût, tout en veillant bien à ce que mes propres considérations restent planquées sous le tapis. Bien sûr, les idées sont universelles et l'on ne m'attend pas pour méditer la question du gouvernement provisoire. Mais de mémoire quant à notre époque contemporaine, je fus le premier à formaliser la nécessité de constituer un gouvernement de transition il y a déjà plus de cinq ans. Je me dois par honnêteté intellectuelle de signifier qu'Eric Fiorile pour lequel je n'ai aucune affinité, y réfléchissait aussi à la même époque que moi mais avec beaucoup d'escroquerie conceptuelle cependant. Quoi qu'il en soit, j'ai l'indécence de penser que je méritais qu'on me sollicite un peu et que l'on tentât si les accommodements restaient possibles, que l'on cherche à jouir de ce qui avait déjà été débroussaillé, tant sur le plan de la réflexion constitutionnelle, des outils existants et des réseaux déjà constitués sur le plan militant. Tel n'a pas été le parti pris des initiateurs de ce nouveau projet, qui me connaissent et me sollicitent quand leur propre travail est globalement achevé, et je ne peux en déduire que pour une raison qui m'échappe, il était préférable de m'écarter.
Certes, ces derniers ne font pas le choix d'organiser un plébiscite et préfèrent des candidatures ou désigner pour nous leur gouvernement idéal. Certes comme le faisait remarquer un commentateur, leur volonté d'une "parité" parfaite pour faire gouvernement, est une logique "gauchisante" qui me parait plus marketing qu'efficience sur le fond. Ce sont des points que j'aurais évidemment soulevé si l'on avait cru bon de me consulter, et c'est sans doute pour s'éviter de telles objections, qu'il était nécessaire de me tenir à l'écart. A moins que ce soit mon côté un peu "trublion" qui s'avère gênant quand on verse dans le "marketing" politique. L'un dans l'autre, on a pas jugé utile de me mêler à une telle initiative que je défends pourtant depuis plus de cinq longues années, et je reconnais me sentir profondément affecté. Car cela s'ajoute à d'autres antécédents que j'ai dû digérer alors que pour ma part, j'insiste sur le fait que je ne crache jamais sur les miens.
Je ne peux m'empêcher de me sentir affecté, et je suis bien conscient que cela relève de l'orgueil d'une certaine façon. Mais il n'en reste pas moins que je me sens inutile, canard boiteux, tout juste bon à relayer et soutenir ce que d'autres font, sans que mon propre travail méritât lui aussi un peu de mise en lumière. J'ai le sentiment que tout ce que je fais permet à d'autres de "s'accaparer" un peu de ce que je pense pour le remodeler à leur sauce, le travestir à leur goût, tout en veillant bien à ce que mes propres considérations restent planquées sous le tapis. Bien sûr, les idées sont universelles et l'on ne m'attend pas pour méditer la question du gouvernement provisoire. Mais de mémoire quant à notre époque contemporaine, je fus le premier à formaliser la nécessité de constituer un gouvernement de transition il y a déjà plus de cinq ans. Je me dois par honnêteté intellectuelle de signifier qu'Eric Fiorile pour lequel je n'ai aucune affinité, y réfléchissait aussi à la même époque que moi mais avec beaucoup d'escroquerie conceptuelle cependant. Quoi qu'il en soit, j'ai l'indécence de penser que je méritais qu'on me sollicite un peu et que l'on tentât si les accommodements restaient possibles, que l'on cherche à jouir de ce qui avait déjà été débroussaillé, tant sur le plan de la réflexion constitutionnelle, des outils existants et des réseaux déjà constitués sur le plan militant. Tel n'a pas été le parti pris des initiateurs de ce nouveau projet, qui me connaissent et me sollicitent quand leur propre travail est globalement achevé, et je ne peux en déduire que pour une raison qui m'échappe, il était préférable de m'écarter.
Certes, ces derniers ne font pas le choix d'organiser un plébiscite et préfèrent des candidatures ou désigner pour nous leur gouvernement idéal. Certes comme le faisait remarquer un commentateur, leur volonté d'une "parité" parfaite pour faire gouvernement, est une logique "gauchisante" qui me parait plus marketing qu'efficience sur le fond. Ce sont des points que j'aurais évidemment soulevé si l'on avait cru bon de me consulter, et c'est sans doute pour s'éviter de telles objections, qu'il était nécessaire de me tenir à l'écart. A moins que ce soit mon côté un peu "trublion" qui s'avère gênant quand on verse dans le "marketing" politique. L'un dans l'autre, on a pas jugé utile de me mêler à une telle initiative que je défends pourtant depuis plus de cinq longues années, et je reconnais me sentir profondément affecté. Car cela s'ajoute à d'autres antécédents que j'ai dû digérer alors que pour ma part, j'insiste sur le fait que je ne crache jamais sur les miens.
Cela au final ne fait qu'ajouter du plomb à ma propre fatigue mentale en appuyant mon sentiment de me battre contre des moulins à vent. Si je gène, si ce que j'écris ou fais est sans intérêt dès lors que j'en suis à l'origine, mais que c'est forcément mieux lorsque c'est d'autres qui reprennent à leur compte une idée générale, alors à quoi bon poursuivre ? Un énorme sentiment d'inutilité m'envahit, et plus encore le fait d'être quelque part rejeté des miens. On peut me citer et dire que ce que je fais est intéressant, mais cela reste hypocrite si l'on se refuse à m'approcher de trop près ou m'apporter quelques encouragements en prenant part à une des initiatives que je promeus avec mon propre logiciel de pensée. Bien évidemment mon sentiment de peine me fait sans doute exagérer les raisons qui expliquent une telle mise à l'écart, mais les faits sont là. Et ma peine aussi impudente soit-elle, est sincère...
Faut-il vraiment continuer le combat puisque d'autres sont convaincus de faire mieux que moi ? Quel intérêt de diluer une idée sous différentes formes en sachant que cela nuit de toute façon à la visibilité de toutes les possibilités ? Il est certain que je ruminerai encore la question demain en martelant rageusement la terre de ma pioche pour épuiser mon sentiment d'inutilité. Je me sens coupable de ressentir de l'orgueil et pourtant quelque part, j'aimerais crier "eh oh, je suis là !"
Que l'on me pardonne de vouloir m'accorder un tant soit peu d'importance, je pensais être utile...