samedi 18 juillet 2015

Entre doutes et exultation...

Je ne peux pas entamer la rédaction de ce billet, sans d'abord rendre hommage aux insurgés qui avec foi et bravoure, veillent actuellement sous une bâche sous les nuages de Paris. Je les imagine partageant des idées pour améliorer notre organisation, autant que des proposition de lois constitutionnelles, où à même d'abolir l'état de pauvreté en France et dans une bonne partie du monde.

Je n'ai pas encore dormi avec eux et je me le reproche, et qu'ils sachent que je serais là quand nous aurons atteint la masse critique... 

Il s'agira désormais d'entamer la seconde phase du Siège de Paris. Les mots deviendront alors totalement accessoires, et régnera durant quelques jours la toute puissance du peuple. Je fais partie de ce peuple quoi qu'on pense de moi, et je ne veux pas perdre un seul instant de cette nouvelle écriture de l'histoire de la France, à laquelle les véritables héros de cette Résistance s'attellent à créer actuellement sous cet abri de fortune.. 

Il manque simplement des Millions de Français pour les soutenir !

Désormais des provinciaux vont devoir repartir pour reprendre leur travail, leur vie de famille ou la gestion de leur entreprise. D'autres, environ 150 personnes, restent et attendent à l'abri des gîtes offerts par des parisiens solidaires, ou sous des tentes et des bâches. Que ceux qui ont compris que nous ne plaisantions pas, cessent de perdre du temps à répondre aux jacasseries de ceux qui nous moquent. Qu'ils nous rejoignent dès que possible, et s'attendent à de nouveaux sit-in devant de grands médias à partir de jeudi prochain, ainsi que des cortèges dans Paris.

Certains commentateurs me reprochent ma volonté de nous comporter de la façon la plus apaisée que possible avec les forces de l'ordre dans ce combat. Mais ils ignorent que ce désir est partagé non seulement par les principaux organisateurs avec lesquels nous discutons régulièrement pour établir nos opérations de façon unitaire, mais aussi et surtout par l'écrasante majorité des citoyens qui ont déjà entamé le Siège du Paris.

Est-ce nécessairement un tort que de vouloir éviter autant que possible les coups de matraques et les lacrymogènes ? Certains prétendent que oui, pour ma part je refuse de voir une jeune femme la gueule en sang, par ce que quelques excités n'auraient pas compris contre qui nous jouons réellement une partie d'échec ! A raison, on me critique sur beaucoup de choses, mais je tiens à revendiquer quelques raisons de relativiser ce dont on m'accuse :

- La manifestation que j'ai déclarée à l'Assemblée Nationale s'est déroulée impeccablement, sans bavure militaire, mais au contraire dans un grand moment de fraternité entre le peuple et ses gendarmes. C'est ce dont nous avons besoin plus que tout : aucun gouvernement ne peut être destitué par un peuple, sans la neutralité pro-active de l'Armée en ce sens...

- Les personnes qui étaient coincées dans deux boulevards riverains du lieu de manifestation déclaré, ont pu être escortées par les gendarmes jusqu'à nous, par ce que je n'ai pas cessé d’interagir avec les autorités pour que l'on puisse leur ouvrir les rues nécessaires afin qu'ils nous rejoignent. Certains considèrent cela comme étant une attitude de bisounours avec la maréchaussée, je les laisse méditer sur leur immense part de bêtise à ce sujet. 

- Les sit-in d'une cinquantaine de personnes devant des grands médias, ont tous permis de discuter avec des journalistes, devant des caméras des alter-médias, afin de pouvoir faire enfler une base de données prouvant que toute une dissidence populaire et interconnectée par les réseaux sociaux, est en train de s'extraire de l'emprise de la Toile, pour occuper les studios de nos grands médias nationaux. Ces journalistes qui refusent de parler de nous, ne pourront pas geindre leur incompréhension lorsque nous serons des dizaines de milliers de personnes à les assiéger. Pour le moment, nos sit-in improvisés sont notre façon de nous montrer prévenants. Mais il y-aura un moment où le temps d'antenne ne se négociera plus...

- Le dernier rassemblement, déclaré cette fois-ci en préfecture a permis de réunir près de 300 personnes au plus fort moment de la journée. Il a ainsi été possible de discuter avec le directeur éditorial du journal de 20 h de France 2 (nous signifiant clairement son désaccord avec nous), ainsi qu'avec les unités de gendarmes mobiles, les C.R.S et leurs autorités. Ces derniers doivent pour partie nous prendre pour des gentils gauchistes, d'autres comprennent notre résolution et partagent loin des caméras quelques confidences et conseils utiles pour nous aider.

Alors oui, il y a eu la dispersion de nos appels à converger sur Paris, mes propres imperfections humaines et la part d'inconnue que je représente suffisant à alimenter nombre de polémiques stériles. Mais au jour d'aujourd'hui, ce qui compte est notre capacité à nous organiser le mieux que possible et croyez moi que je suis nettement plus sensible aux critiques que l'on me fait directement à ce sujet durant les Assemblées Citoyennes, que celles qu'on m'expose sur les réseaux sociaux.

Mon problème étant que malgré le fait que je sois le plus résolu des démocrates, je ne crois aucunement qu'une insurrection pacifique puisse réussir, sans une forme de discipline qui n'existe que dans l'état militaire. Le système pyramidal - lorsqu'utilisé à bon escient - est nettement plus efficace que l'horizontalité de toutes les décisions pour gérer un état de crise. Cela ne prédispose pas de tous les leviers de contrôle populaire - à commencer par la révocabilité des décideurs - mais c'est un fait. Une personne seule décide plus vite qu'un ensemble de personnes sur des mesures à prendre.

Je suis parti ainsi immensément déçu ce soir des Assemblées citoyennes, car j'espérais que nous parviendrions à édifier un planning des opérations à venir pour la semaine prochaine, afin de disposer enfin du temps pour proposer des idées et désigner des personnes utiles à notre organisation globale.

Nous avons bien accouché de quelques propositions, mais elles furent bien peu nombreuses malgré la centaine de personnes pour en débattre. La raison en est simple, nous ne parvenons pour le moment pas à nous auto-discipliner suffisamment pour rester concentrés sur les nécessités à trancher le plus rapidement que possible. Certains me font part que des Assemblées citoyennes ont vu parfois 2000 personnes réussir à proposer et adopter des décisions en quelques heures. J'espère qu'à notre échelle nous y parviendrons, j'ai un grand besoin de relativiser fortement ma pensée sur l'efficience du système pyramidal. 

Certains comptent sur moi, j'en suis conscient mais je suis mal à l'aise à l'idée de prendre des engagements qui seraient de nature à créer des divisions inutiles, et activer des polémiques qui pour le coup me blesseraient réellement. Pour anecdote, je me souviens ainsi ma petite sœur m'engueuler au soir du 14 Juillet, de n'avoir pas osé m'affirmer en déclarant que le seul plan à suivre était celui que je préconisais. Autant pour la confusion que cela suscita, que par ce qu'elle croyait en moi. De mon côté, je considérais qu'il revenait à chacun de choisir ce qu'il voulait faire. Je ne regrette en rien que la majorité d'entre nous soit partie fanfaronner dans les rues de la capitale, mais il y a des moments où j'aimerais jouir d'assez de confiance en moi pour me permettre d'assumer un costume que je ne veux pas prendre, alors que je suis intimement convaincu qu'il nous mènerait à la victoire très vite. Nous aurions dû être 3000 sous les fenêtres de BFM...

Certains seront encore assez stupides pour y voir de la mégalomanie, la vérité est que j'en manque furieusement au point d'espérer avec une intensité folle, que les assemblées citoyennes permettront de planifier nos actions en ne visant que l'efficacité à moyen terme (une semaine environ).

Si je l'espère si ardemment, c'est par ce que plutôt que de chercher à revendiquer une quelconque responsabilité de l'organisation de nos actions, je préférerais me retirer si la démocratie que nous tentons maladroitement de mettre en place à notre échelle, ne devait nous condamner qu'à une certaine forme d'inertie. Je rentrerais dans ce cas à Bordeaux, pour terminer la préparation du prochain numéro de "Poil à Gratter !" et décrocher de nouveaux torchons européens, jusqu'à ce que l'ensemble de la Gironde soit nettoyée de l'emblème de la Dictature réelle.

En définitive, ce que je peux dire de mon ressenti personnel de ces premières journées du Siège de Paris, c'est que mes états d'âme vont de la plus grande exultation au plus profond désarroi, notamment pour ce qui concerne des dilemmes intimes qui me tiraillent plus que jamais. Mais c'est parfois un tout petit quelque chose qui nous oblige à ne rien lâcher et rester patient. Alors que j'allais quitter une rame de métro pour récupérer une correspondance, une jeune femme me regarda puis me sourit. Elle me confia alors qu'elle était présente le 14 Juillet dans la manifestation et qu'elle me reconnaissait. Parmi les parisiens et touristes indifférents aux braises qui couvent dans nos cœurs, il y avait une petite lumière de résistance pour me faire oublier ma déception de la soirée. A cette petite lumière, je te remercie du fond du cœur d'avoir été avec nous, je sais ce que nous avons tous partagé grâce à ta présence.

Sylvain B.

7 commentaires:

  1. Ne te laisse pas envahir par le doute, ne lache rien, sans avoir besoin d'un chef on a besoin d'un guide qui nous mène sans nous commander!
    Courage! Tout vient à point à qui sait attendre!

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  2. Voilà une mise au point nécessaire, claire et très bien rédigée, qui empêchera les détracteurs de toutes sortes de dénigrer un homme pour défaut d’expression, car dans ce combat, les coups bas de la classe politique sont les plus vils.
    D’autres parts, il était également nécessaire de rappeler les intentions pacifiques du mouvement du 14 juillet 2015, tout en n’ignorant pas les bases mêmes d’un soulèvement par la violence ; L’histoire, et pas uniquement celle de la Révolution française, nous prouve que la force, comme celle de la nature, efface tout, pour reconstruire une société meilleure, mais ce ne sont pas pour le moment les intentions de ce mouvement, il était juste de le rappeler pour calmer les esprits grégaires qui ne réalisent pas encore que la paix apportera davantage que la haine, même si le mépris des autorités et des organes de presse est flagrant, et la colère de certains participants compréhensible.

    En lisant ce texte, je constate avec bonheur la lucidité de son auteur, mais surtout son humilité, sa capacité d’effacement au profit d’une cause, celle de tout un peuple. Cette sagesse est forcément louable, et je sais que nombre de sympathisants l’ont compris, d’autres sont peut-être trop impatients, on les comprend, mais la patience est mère de toutes les réussites, et un tel mouvement ne peut se réaliser en trois jours.

    Ce n’est pas la prise de la Bastille dont il est question, ici, un bâtiment quasiment vide et sans la moindre résistance, mais il s’agit de toute une société, d’un pouvoir économique et financier puissant, aux ramifications sordides, qui est mis au défi par ce petit homme, ce jeune David face à ce Goliath suffisant qu’est l’Etat, pourtant, il n’a fallut qu’une pierre pour le faire vaciller.

    Sylvain Baron n’est pas seul, il y a cette force vive qui l’accompagne en la personne d’une partie de la population, et puis, cette force passive qui diffuse l’information sur les réseaux sociaux, qui est aussi puissante, car silencieuse et dévouée.

    Dans un combat, il faut des soldats de toutes sortes, comme dans une fourmilière, c’est l’organisation d’une micro société à l’échelle humaine.

    Dans cette déclaration, nous comprenons qu’il a compris le fonctionnement d’une société, et qu’il fait appel à toutes les bonnes volontés citoyennes, mais il faut pour cela être capable de mettre son Ego de côté pour permettre à la volonté commune de triompher face à une oligarchie perverse qui ne cesse de diviser.

    À touts prix, il faut rester unis dans un combat qui semble perdu d’avance, mais qui ne l’est pas, il l’est pour les autorité, mais pas pour les citoyens, j’en ai l’intime conviction.

    Il ne faut à aucun moment baisser les bras, même dans les moments de désespoir, même sous le feu de la critique, il faut devenir un, uni avec les mêmes intentions celles d’affirmer sa volonté pour le bien commun, une volonté qui aboutira à un changement radical de la société.

    Merci Sylvain pour votre volonté et votre courage, il existe des citoyens silencieux qui ne cherchent pas la lumière des projecteurs, les coups de matraque ou la bise sur un visage perdu dans un défilé collégial, mais ces citoyens vous soutiennent par des actions, en apparence ridicules, mais chaque miette, chaque grain de sable contribue à monter l’édifice de la pensée, qui de germe deviendra un arbre que personne ne pourra déraciner.

    Continuez en dépit des critiques ou des mauvais sentiments, il n’y a que celui qui fait qui est critiquable, celui qui ne fait rien, passe sa vie dans le silence et la médiocrité, mais vous avez déjà un pied dans l’histoire, avancez et mettez le second, nous vous accompagnerons.

    Philippe A. Jandrok

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  3. voila qui continue ici

    http://mouvement-des-liberes.fr/2015/07/un-parfum-de-revolution-regne-en-france/

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    1. Bonjour,

      ne croyez vous pas qu'en divisant les bonnes volontés, personne ne s'y retrouvera ? Le conseil national de transition, puis un parfum de révolution, et puis ....

      cordialement

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  4. Bonjour . je retiens que malgré que cet "élan populaire" soit avant tout véhiculé par le net , que les "critiques" sont différemment prises en compte , selon que l'on soit présent ou non .......paradoxe surprenant quand on défend mettre en place une démocratie "participative"....... Cordialement

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  5. PS. commentaire laissé par serge dollé , je n'arrive pas a me connecter par mon compte google , et n'ai pas a etre anonyme pour laisser message

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  6. Je crois qu'il n'est pas nécessaire d'ajouter à ce que dit très bien Philippe A. Jandrok.

    Sylvain, j'ai juste 1 remarque et 1 question :

    La communication des lieux de RDV et déplacement devrait être plus fluide et plus précise, j'ai passé 2 heures aux Tuileries Samedi à vous chercher avant de comprendre que vous étiez à Invalides.

    Supposons que la situation financière internationale connaisse d'ici quelques semaines ou quelques mois un dévissage incontrôlé et que la société verse dans la guerre civile.
    La situation est envisagée ?

    Fraternellement.

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