mercredi 8 juillet 2015

La question de l'impunité dans la désobéïssance


Parmi les objections que l'on recueille sur le fait de transgresser les lois lorsqu'il s'agit de résister, il y a toujours la crainte que si les infractions ou les délits commis à des fins insurrectionnelles ne débouchent sur rien de concret en terme de transition politique espérée - c'est là tout l'objectif d'une révolution - ils devront finalement être assumés, souvent par le paiement d'une amende.

En effet, si le régime scélérat se maintient en place, cela signifie qu'aucune autorité politique transitoire ne pourra faire appliquer une loi d'amnistie générale sur un certains nombre d'infractions et délits mineurs ayant permis à l'insurrection réelle de s'établir.


Cependant, il convient de relativiser la dimension de la période avec laquelle un système administratif et judiciaire saturé peut agir contre nous. Il faut désormais au moins deux années avant qu'une amende de radar ou de transport public puisse aboutir à un avis à tiers détenteur (saisie sur compte). Il en va de même pour des délits mineurs comme des drapeaux décrochés ou de l'affichage sauvage, ou même du traitement des délits plus sérieux comme l'occupation d'une propriété privée par des personnes cherchant un abri inoccupé. Et si l'on conteste y compris de mauvaise foi une amende ou une décision de justice, la procédure s'éternise et sature encore et toujours plus le Système. Car il y a derrière cette procédure des femmes et des hommes en sous-effectifs qui doivent juger et faire appliquer les jugements de l'ensemble des infractions et délits commis sur tout le territoire. Nos fonctionnaires, magistrats et policiers le savent avec désespoir, et des hordes barbares sévissant dans les grandes agglomérations le savent elles aussi...

L'Etat de droit n'existe plus pour des portions de la population Française, et il convient d'observer que les chiens fous qui tyrannisent les quartiers populaires, savent que la machine judiciaire applique de quasi lois d'amnistie qui établissent leur propre impunité. Lorsque la toute puissance de l'Etat est incapable de répondre rapidement et efficacement à la tyrannie qui sévit dans les quartiers, croyez-vous sincèrement que votre histoire de drapeau européen décroché, d'affiche placardée sur l'entrée d'une banque ou votre amende S.N.C.F, sera traitée plus sévèrement et rapidement que d'innombrables délits bien plus graves ?


L'état de droit a d'hors et déjà été aboli dans de nombreuses cités-dortoirs en France. Sans ici m'attarder à préconiser mes propres réflexions sur ce qu'il conviendrait de faire pour résoudre notre droit à la sûreté bafoué, je me borne essentiellement à faire reconnaître que si les pires méfaits contre les biens publics et les personnes ne trouvent aucune réponse efficace et rapide de la Justice, c'est qu'il n'y a pas de raisons d'attendre plus de célérité et de nuisance de la part de cette même administration pour des faits de résistance.

Mieux encore, tous les activistes qui ont été entendue par les autorités s'agissant de leurs faits de résistance pacifique, peuvent témoigner de la bienveillance passive ou même orale de la majorité des fonctionnaires de police ou gendarmes avec qui ils ont interagit.

Pour une fois dans le cadre de leur travail, ce ne sont pas des "racailles" agressives, quelques zadistes avinés, ou des soulards boxant leur femme qu'ils doivent traiter. Ce ne sont pas non plus des politiciens véreux, qui se rendent coupables de crime de haute trahison, de corruption, ou de détournements de fonds publics, et fragilisent encore l'Etat de droit, puisque l'impunité règne aussi pour eux. Ce sont des individus absolument tranquilles et intégrés socialement, généralement bien éduqués politiquement, souvent en état d'indigence, et ne commettant que des infractions et délits qui ne relèvent que de ce leur propre état d'indigence conditionne comme manquements, soit de faits de résistance dont l'objet est d'éveiller la population à s'insurger contre le Gouvernement actuel. Notre sociologie trouve sa source dans la jeunesse issue des classes moyennes de la population, qui rejette le déclin social dans lequel l'enfonce le pouvoir, et que n'a pas connu la dernière génération ayant pu s'établir durant la fin des trente glorieuses (au début des années 1980 en France). Ainsi, des jeunes adolescents d'une quinzaine d'années qui voient leurs grands frères ou leurs jeunes tantes d'une trentaine d'années coller des affiches la nuit, et leur parler de monnaie et de démocratie le soir ; jusqu'aux quadra et quinquagénaires déjà au chômage ou voyant leur situation professionnelle et financière se précariser toujours plus, les forces de vive de la Nation voient dans leurs rangs des Cellules insurrectionnelles émerger.

La finalité de cette désagrégation du respect des lois censées normaliser les interactions entre les êtres humains et organiser la Société pour le mieux, est le symptôme le plus évident que l'ordre constitutionnel lui-même est en cours d'effondrement.

Il y a donc la part d'impunité qui a un rapport structurel et humain sur la gestion des malveillances et crimes découlant d'un barbarie s'installant dans un terreau social et judiciaire dégradé, et la part d'impunité qui découle de la nécessité à rétablir justement l'efficience du système judiciaire et le bien-être social et démocratique de la population.

Les lois d'amnistie sont ainsi toujours votées après que les insurgés d'un pays soient parvenus à prendre le pouvoir, et aient proclamé les régimes d'impunité ou de nullité de certaines sanctions judiciaires et administratives qui faisaient peser leur fardeau financier et parfois carcéral sur le peuple.

Le Droit de Résistance à l'oppression tel que "codifié" pour le moment dans le droit positif, les textes constitutionnels et le Code pénal, ne permet pratiquement pas, de porter en nullité les infractions ou délits commis par un dissident politique. Et du fait que le Magistrat comme le politicien dédaignent s'y risquer, seules les premières lignes de l'autorité judiciaire ont la charge de déterminer la valeur morale d'une infraction, et autant que faire se peut, garantir son impunité. 

Ainsi, si un policier ou un gendarme peut agir avec violence contre un criminel surpris en train d'agresser au couteau une jeune femme, ce n'est pas seulement la fonction qui fera couler l'adrénaline dans son corps, mais bien la colère de constater sur le visage de la victime, les marques d'effroi et d'incompréhension par rapport à la violence qu'elle subit.  Au-delà de ce que dit la loi sur la gravité d'un délit ou d'un crime, c'est bien la morale sociale et l'empathie des fonctionnaires ou militaires qui jugent et s'indignent bien avant que Justice soit rendue. Loin des cas les plus graves où nos forces d'ordre sont amenées à intervenir, il y a une toute une gamme de sentiments qui peuvent passer par le mépris, la sidération ou la totale indifférence s'agissant de certaines infractions et délits traités dans les consciences de nos policiers. Ainsi, si un conducteur est surpris en état d'ivresse par la maréchaussée, le jugement moral de l'autorité du moment est forcément dégradé. Mais s'il s'agit d'installer des radars sur une autoroute pour faire tourner "la machine à fric", le conducteur flashé à 140 Km/h suscitera une relative indifférence pour le gendarme relevant l'infraction. La lettre de la loi le rend irresponsable quant à la pertinence et la moralité de capter l'argent des Français sur leurs inattentions les plus mineures.

Derrière chaque policier ou gendarme, il y donc bien un être moral, qui malgré la neutralité et l'impartialité qu'imposent sa fonction, ne peut s'empêcher de ressentir de l'indignation par rapport à certains délits mais aussi de l'indifférence.

Et si les jugements moraux de nos policiers peuvent ainsi passer par plusieurs gradients entre le "territoire négatif" et "la neutralité pure", ils peuvent tout à fait basculer en "territoire positif" dans le cadre d'une constatation d'un "viol de la loi". Si le flagrant délit constaté ou l'audition de son auteur amène le citoyen-policier à considérer que l'infraction vise à rétablir la puissance et l'autorité de l'Etat, le droit pourra dire tout ce qu'il voudra, la conscience de l'agent de police ou du gendarme ne répond pas des lois votées ni des décisions de justice. Ainsi peut s'expliquer la bienveillance affichée et constatée de policiers qui sont parfois appelés à traiter des faits de résistance de quelques activistes en maraude. 

Il y a alors collusion entre les intérêts politiques et sociaux des citoyens-agents des forces de l'ordre, et les considérations politiques des activistes interpellés ou auditionnés. Tout simplement par ce qu'une personne, même fardée d'un uniforme et un pouvoir de police, reste un être politique et moral une fois mis à nu de ses attributions professionnelles. 

Ainsi, lorsqu'une infraction ou un délit n'est plus constaté par voie d'interpellation et d'audition immédiate, cela alors que la maréchaussée n'ignore pas les "déprédations" commises par des Cellules résistantes locales, nous assistons en fait à un renversement de la neutralité professionnelle de nos forces de l'ordre par la résurgence de leur sentiment de citoyenneté. 

La citoyenneté implique des droits et des devoirs supérieurs à ceux qui s'appliquent à son propre corps professionnel. mais elle n'est cependant pas un conditionnement mental nous faisant répéter des articles de constitution qui sont sans intérêt dans notre vie quotidienne ou notre travail. La citoyenneté, c'est la conscience très profonde d'appartenir à un corps social et politique, et que défendre les intérêts de tous et cela par tous les moyens, est de l'ordre de la nécessité vitale pour que la communauté toute entière (et donc le soi intriqué à cette communauté) survive. La citoyenneté est donc le sentiment d'appartenir à une nation, d'en être interdépendant et que sa propre survie est conditionnée à la survie de tous. Les activistes et êtres fortement politisés sont très sensibles à ce sentiment, tout comme les personnes travaillant pour un organe régalien de l'Etat. Les uns et les autres ne cessant de restaurer un Etat de droit dans l'Etat qui se défait quotidiennement sous l'action de forces internes et externes.

La passivité relative des forces de l'ordre traduit l'intensité de l'oppression ressentie par les citoyens qui les composent, et la proportion de la réponse à cette oppression est donnée avec le seul pouvoir et responsabilité personnelle dont ils disposent dans le cadre de leur travail : le laisser faire.

C'est ainsi que les forces de police et de gendarmerie peuvent souvent laisser le soin aux élus et autorités administratives de poursuivre en justice ou non pour les "méfaits" commis par des activistes. Là où un policier n'interfère pas, ou se contente de constater une infraction avec un simple rappel à la loi adressée à son auteur, il y a l'amorce d'une codification des exclusions et proportionnalités du droit de résistance à l'oppression par le citoyen-policier lui-même. 

Si nombreux de juristes trouveraient mille et une raison à ce qu'une notion aussi complexe que le droit de résistance à l'oppression, ne soit pas codifiée afin d'exclure toutes les possibilités pour le peuple d'aller au-delà du droit pour entamer sa légitime insurrection, la vérité est que nous pouvons en définir à minima de grands contours qui n'excluent rien, mais abolissent des ambiguïtés rendant difficile l’interprétation des magistrats.

La première forme de classification de ce droit de résistance à l'oppression est objective, puisqu'elle tire sa source sur la classification des faits en terme de gravité pénale. De l'infraction au crime, il y a une échelle de gravité. Et si aucun activiste ne considère que l'assassinat politique relève du droit de résistance à l'oppression à un moment T de l'histoire de son pays, c'est que seuls des infractions ou délits seront au maximum nécessaires pour disposer de tout le panel des options légales et illégales permettant de résister à la dite-oppression. 

Nous pourrions encore aller plus loin et prendre le problème par chaque bout, mais nous n'en avons pas le temps pour le moment. Constatez simplement, que l'état de droit en France est aboli en fonction des territoires et des réseaux de pouvoir qui ont la main-mise sur les institutions de l'Etat, et que là où vos propres infractions et délits sont de nature à rétablir la force de l'Etat de droit dans le futur, il n'y a alors plus d'infraction, ni de délit, il y a résistance à l'oppression.

Raison pour laquelle si un politicien véreux ou des hordes barbares bénéficient d'un régime d'impunité tout à fait factuel dans leurs basses œuvres, il est temps que les Français les plus enclins à restaurer l'autorité de l'Etat cessent de craindre cette même autorité qui n'existe plus concrètement s'agissant de méfaits bien réels, ou tout simplement des nécessités qu'imposent nos luttes.

Vous pouvez frauder tous les trains et décrocher tous les drapeaux qui vous siéront, vous le ferez pour restaurer la puissance de la France, non pour nuire à quiconque. Et ce n'est pas la maréchaussée qui manquera de compréhension s'agissant de votre action, ni la Justice qui vous causera du tort le temps que les premières lois d'amnistie soient votées par nos futurs mandataires.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Quelque chose à ajouter ?