Je t'écris car tu viens de défrayer la chronique en expliquant à la chaîne britannique BBC lors de ton déplacement à Davos, que tu maintiendrais en France l'état d'urgence « jusqu’à ce que nous nous soyons débarrassés de l’Etat islamique ».
Je souhaitais te féliciter et t'apporter tout mon soutien dans ton propos ! Néanmoins, craignant que que ta petite guerrounette contre les cinglés de "l'Etat islamique" puisse prendre encore quelques mois, voir quelques années, je me suis dis que ta responsabilité de garantir le plus haut niveau de liberté d'expression et de rassemblement en France, ne pouvait qu'imposer une réflexion de fond sur ta politique étrangère, et celle du boucher François Hollande.
En effet, dans un entretien accordé au journal « Le Monde » le 20 Août 2014, le chien-chien d'Obama confirmait, pour la première fois, que la France soutenait la « rébellion syrienne démocratique » en lui livrant des armes. Celui-ci justifiait cette décision de la façon suivante :
« La communauté internationale porte une responsabilité très grave dans ce qui se passe en Syrie […] Si, il y a un an, il y avait eu une réaction des grandes puissances à la hauteur de l'utilisation [par Bachar Al-Assad] des armes chimiques, nous n'aurions pas été face à ce choix terrible entre un dictateur et un groupe terroriste, alors que les rebelles méritent tout notre soutien. »
Utilisation des armes chimiques par l'armée régulière Syrienne contestée tant par les accusés, que par les experts de l'ONU qui après analyses tant des armes que du produit chimique utilisé, rejetaient cette accusation fondée uniquement sur des nécessités de propagande de guerre des Etats belligérants, et certainement pas sur des réalités objectives.
Donc, tu as autorisé (puisque tu te dois de contre-signer tous les décrets du président de la République) la livraison d'armes à parait-il d'aimables rebelles Syriens, dont on voit effectivement dans l'actualité toute leur considération pour la démocratie et le respect des conventions de Genève s'agissant de la protection des civils. Je suppose cependant que tu restes en osmose avec l'autre boucher du Gouvernement qu'est Laurent Fabius, lorsque celui-ci s'insurgeait en 2012 lors de la quatrième réunion « des amis de la Syrie » à Marrakech, de la décision des États-Unis d'Amérique de classer le front Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes, allant jusqu'à dire que ces derniers en compagnie de toutes les factions rebelles, faisaient du « bon boulot » comme le rapportait le journal « Le Monde » daté du 13 décembre 2012 :
« En revanche, la décision des États-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que“tous les Arabes étaient vent debout” contre la position américaine, “parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot”. “C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne”, a ajouté le ministre ».
Sans doute évoquait-il les égorgements des populations civiles « soutenant » le régime de Bachar el Assad ou encore la destruction de la ville antique de la Palmyre comme étant du « bon boulot ».
Alors évidemment, à force de soutenir avec un peu trop d'ardeur ces aimables mercenaires djihadistes jusqu'à leur offrir des armes létales, cela peut impliquer un retour de bâton. Car faute de vouloir reconnaître comme 181 Etats sur les 193 qui composent l'ONU, la légitimité du Gouvernement de Bachar Al Assad pour lui préférer un "Conseil National de Transition" fantoche, majoritairement composé de frères musulmans et agents d'influence Américains, Qataris, Saoudiens et Turcs, il devient évident qu'un tel crime d'ingérence étrangère, ne peut que maintenir un état de guerre dans un pays qui ne nous a jamais agressé et ne mérite aucunement nos ingérences. Du coup, des flots de "réfugiés" convergent vers l'Europe de l'ouest (plutôt que vers les Etats Arabes voisins très étrangement), et ça n'est sans doute pas sans raison que l'ensemble des terroristes ayant frappé la capitale le 13 Novembre dernier, étaient tous passés par la Syrie, avant de revenir en France, certains en se mêlant dans flot de réfugiés.
Donc en clair, je ne puis que te conseiller dans un premier temps de cesser de te rendre complice de crimes contre l'humanité en Syrie en soutenant et armant ces pseudos "rebelles", et de t'inspirer de nos voisins et amis Suisses qui en pratiquant une sage politique de neutralité, n'ont aucun problème de terrorisme et n'ont par conséquent aucune nécessité de proclamer l'état d'urgence sur leur territoire. D'ailleurs, la majorité des pays du Monde préférant ne pas soutenir les joyeux coupeurs de tête que ton Gouvernement apprécie tant, n'ont pas non plus de problème de terrorisme.
Par ailleurs, puisque tu as foutu le bordel sur place avec l'agent d'influence Américain qu'est François Hollande, il y a donc une "crise migratoire" dont tu t’émeus régulièrement, mais pour autant, sans suspendre les accords de Schengen et rétablir des contrôles aux frontières. A quoi bon t'émouvoir si tu ne prends pas les mesures qui s'imposent ? Il faut bien que tu comprennes que les Français se foutent totalement de tes petites émotions et tes déclarations médiatiques. Nous attendons de toi des actes concrets ou à l'inverse, une certaine prudence dans ta façon de gérer notre posture diplomatique. Crois-moi, soutenir les égorgeurs fous en Syrie, les actes de barbarie de l'Etat terroriste d'Israël, ou encore faire des mamours un peu trop appuyés au Qatar et à l'Arabie Saoudite, cela ne pouvait que susciter le courroux des takfiristes les plus excités, contre notre pays à terme. A moins que c'était votre objectif ? Non, quand même pas ?
Cher Manuel, la France n'est pas en guerre. Pas notre peuple en tout cas. Seul toi, le psychopathe qui crèche à l'Elysée et le fou furieux qui siège au Ministère des Affaires étrangères, êtes en guerre contre les peuples Souverains de Syrie ou encore de Libye. Nous n'avons donc absolument pas besoin que l'état d'urgence soit décrété en France. Je te concède qu'une petite semaine après les attentats du 13 Novembre sur la petite couronne de Paris, allez, pourquoi pas, ça ne mangeait pas de pain. Mais plusieurs mois d'affilée sur tout le territoire Français, voir ad vitaem eternam à t'écouter, cela a comme un arrière goût de déjà vu qui ne peut qu'inquiéter les troubles-fêtes qui ne se considèrent pas comme très "Charlie" dans notre pays. Ces derniers se rappellent en effet que :
Deux jours à peine après avoir pris le pouvoir (avec le plein soutien de nos gentils alliés Américains), Augusto Pinochet avait décrété l'état d'urgence au Chili le 13 septembre 1973 et ça n'est que que 15 années plus tard, le 27 août 1988 que cette mesure d'exception fut enfin levée.
En Egypte, l'état d'urgence a duré 21 ans avec la Junte militaire au pouvoir. C'était pas très démocratique, mais il est vrai que personne ne contestait la dictature d'Hosni Moubarak en occident, tant que le peuple Egyptien avait la gentillesse de bien vouloir accepter son sort et fermer sa gueule.
En Syrie, c'est ton ennemi juré Bachar al Assad, qui a levé l'état d'urgence dès sa prise de pouvoir en 2007, que son père (le vrai dictateur de la Syrie) avait instauré en 1963. Soit 44 années d'état d'urgence, de quoi te laisser rêveur, je n'en doute pas !
Cependant, j'aimerai tout de même te rappeler deux-trois petites choses existantes dans le droit Français. D'une part, la prorogation de l'état d'urgence, ça n'est pas toi qui la décide mais le parlement. Bon, nous ne doutons pas que la majorité de nos députés et sénateurs sont comme la coconne de service Cécile Duflot, c'est à dire "très émus", et qu'ils souhaiteront appuyer d'un grand bras d'honneur commun fait au peuple Français, votre délire sécuritaire. Mais tout de même, c'est au pouvoir législatif de décider, pas à toi, ne t'en déplaise.
D'autre part, l'article 3 de la loi sur l'état d'urgence est très clair. Il dispose en effet que :
"La loi autorisant la prorogation au-delà de douze jours de l'état d'urgence fixe sa durée définitive".
En clair, même si je sais que ça t'emmerde un tout petit peu - et cela à moins de définir une date à laquelle vous souhaiteriez toi et tes copains criminels du Gouvernement cesser votre "guerre contre l'état islamique" - tu ne peux laisser entendre au peuple Français que l'état d'urgence pourrait ne jamais se terminer. Il nous faut une date de fin, c'est la loi. Que ta petite guéguerre contre "l'état islamique" (ou plus honnêtement Bachar al Assad) soit remportée ou non.
Et tu aurais raison Manuel d'y mettre un terme dès maintenant à cet état d'urgence. Car même si nous savons tous deux que la France ne ressemble en rien à une Démocratie authentique comme peut l'être la Suisse, le régime de Tyrannie que toi et ta bande de mafieux imposez à notre peuple, ça commence à se voir. Tant au Conseil de l'Europe qu'à l'ONU, les experts sur la question des droits de l'homme ne cessent de dénoncer l'arbitraire de l'état d'urgence que vous avez instauré.
Par ailleurs, je peux te dire que personne n'est dupe dans les réseaux politiques alternatifs, que votre état d'urgence ne vise en rien un problème de terrorisme qui restera toujours exceptionnel malgré vos grandes conneries à l'international, mais s'intéresse d'avantage aux activistes de tous poils qui vous résistent en France, en usant de ce qui leur reste de leur liberté d'expression et de rassemblement pacifique.
En sachant que tu ne tiendras compte de mes quelques conseils pour faire ton job correctement, je t'envoie par conséquent mes plus vifs vœux de maladie douloureuse et létale, de mort violente ou autres joyeusetés qui pourraient t'atteindre, au bénéfice du peuple Français pour cette année 2016 qui démarre.
Avec mon éternel mépris,
Quand même,
Sylvain Baron