samedi 12 novembre 2016

Que la Haute Cour soit réunie pour de vrais crimes de trahison !

Le 13 Octobre 2016, les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publient le livre "Un président ne devrait jamais dire ça". Ce livre résume des entretiens au long cours entre François Hollande et les journalistes, où un certain nombre d'informations sensibles seront révélées par l'actuel président de la République. Durant la période de promotion de l'ouvrage, les auteurs publient le 24 Août 2016 dans le journal "Le Monde" un article reprenant des extraits de leur livre, et notamment un mémo datant du 29 Août 2013 rédigé par le chef d'état-major du président de la République, sur des frappes envisagées en Syrie, et fort logiquement classifié "confidentiel défense".

Le 24 Août 2016, le député Eric Ciotti, sans doute en mal d'actualité médiatique, s'indigne alors que de tels documents puissent fuiter du palais présidentiel. Il écrit au Ministère de la Défense le 26 août 2016 pour exiger des explications qui ne lui seront d'ailleurs jamais fournies. Après avoir réitéré l'initiative le 21 Octobre 2016 sans plus de succès, il fait saisine du procureur de la République de Paris, François Molins le 4 Novembre 2016, afin de dénoncer le crime de violation du secret défense de la part de François Hollande. Dans le même temps, le 10 Novembre 2016, assisté de Christian Jacob et de quelques autres députés du groupe "Les Républicains", Pierre Lellouche transmet au président de l'Assemblée Nationale, Claude Bartolone, la proposition d'institution de la Haute Cour de la République en vue de destituer François Hollande. Pour anecdote, je note la bouffonnerie de Bruno Lemaire, qui a justifié ne pas souhaiter soutenir cette procédure, car "il appartiendrait au peuple de destituer le président". Oserais-je lui signifier qu'un peuple ne destitue son chef d'Etat que par la Révolution si la Justice ou le Parlement n'agissent pas en tant que contre-pouvoir ?

Bien que je n'ai pas encore eu accès au livre en question, ni au document confidentiel défense attisant une telle polémique, les informations que j'ai pu compulser permettent de mettre en doute la sincérité et le bien-fondé de la procédure engagée par les députés de "l'opposition" contre François Hollande. 

Commençons par traiter du fond de l'affaire :

Il est reproché à François Hollande d'avoir livré à des journalistes un document classifié sur une opération militaire à venir. Formellement, il est vrai que cela est bien réprimé par la loi et pourrait valoir au traître siégeant à l'Elysée, jusqu'à 7 années de prison.

Cependant, le dit-document n'est révélé que le 24 Août 2016, soit près de trois années après sa rédaction. Il ne portait pas sur un secret d'Etat au long cours, mais sur la planification d'une opération militaire, qui une fois aboutie, n'aurait eu aucun intérêt à être maintenue sous le régime du secret-défense, à moins que les informations communiquées portent sur des cibles encore traquées aujourd'hui. Il se trouve que l'opération en elle-même n'a jamais eu lieu, ce qui en soi, témoigne de l'absence de faits sur lesquels instruire une procédure correctement circonstanciée. Aucun secret militaire n'a été révélé à l'ennemi au moment où l'opération a été envisagée, aucun soldat n'a perdu la vie du fait des fuites de ces informations plusieurs années après les faits. 

Le régime de classification liée à une opération militaire, doit d'avantage garantir son succès et la sécurité des soldats mobilisés sur le moment, qu'être une mesure définitive dans le seul but de camoufler ce que tout le monde sait déjà : la France est pro-active en Syrie du point de vue de la mobilisation de ses armées. On peut même dire - sauf si nous devions apprendre que cette opération visait des militaires de l'armée régulière syrienne - que la révélation de ces informations, serait de nature à dédouaner François Hollande de se borner à soutenir le terrorisme international en prouvant qu'il le combat factuellement dans le sens espéré pour la paix en Syrie. Un plan com qui loin de desservir Hollande, lui redonne une assise présidentielle.

Par ailleurs, notons que le président de la République est finalement responsable de ce qui doit être classifié ou au contraire déclassifié comme information sensible. Il est en outre le chef des armées, et bien que le droit international sanctionne ce qui peut s'apparenter à des assassinats hors contexte militaire bien défini (état de guerre reconnu), rien n'est plus légitime et nécessaire que l'institution qu'est le président de la République, puisse décider de l'exécution d'assassinats ciblés, s'ils sont de nature à préserver la vie de milliers de gens, en particulier sur le territoire français.

Il suffit d'un peu de logique pour comprendre qu'une réponse défensive immédiate à une agression militaire de la France ou l'exécution d'une mesure offensive sensible mais nécessaire, ne peut être soumise à l'assentiment du parlement, voire du peuple tout entier par référendum pour des raisons évidentes :

- Célérité et confidentialité de l’exécution d'une opération militaire
- Réduction au chef suprême des Armées, à son état-major, au premier ministre et au ministre de la défense, de la réflexion éthique concernant la légitimité de l'opération militaire envisagée.

Notamment lorsqu'il s'agit d'opérations dites "homos" qui correspondent à des assassinats ciblés. La logique institutionnelle veut que l'ensemble des forces engagées dans une opération aussi sensible, soient totalement déresponsabilisées de ce débat éthique en tant qu'exécutantes. Voila pourquoi l'Armée exige un fonctionnement strictement pyramidal, avec un chef suprême à sa tête pour décider de ce qui admissible et légitime en matière de défense nationale. Néanmoins, il revient à l'état-major et aux ministres concernés, d'être les garde-fous de toute dérive de la part du président de la République. Les militaires et civils qui sont directement sous les ordres du président de la République, sont aussi ses conseillers, et le cas échéant ceux qui doivent empêcher un ordre manifestement illégal d'être exécuté, comme en dispose l'article 122-4 sur le commandement de l'autorité légitime.

Ce n'est donc pas sur le fait que François Hollande ait pu décider d'opérations militaires, y compris des assassinats ciblés qu'il y a lieu de juger, à moins que ses décisions aient pu porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, ou que ces opérations visaient des fonctionnaires, militaires ou responsables politiques d'Etats Souverains ne nous ayant jamais agressé en aucune façon.

A ce titre, je ne peux m'empêcher d'y voir une tempête dans un verre d'eau visant d'avantage à nuire à l'institution présidentielle, qu'en la personne de François Hollande. Il s'agit de remettre en cause le bien-fondé de la chaîne de commandement militaire dont le président de la République est le dernier maillon, plus qu'à mettre en cause de vrais crimes de haute trahison que l'on peut reprocher au citoyen François Hollande.

Ainsi, les mesures de classification qui protègent au long cours des discussions diplomatiques, ont été violées par les Etats-Unis d'Amérique, lorsque l'on appris que nos diplomates de l'ONU ont vu leurs communications espionnées. De même, on peut considérer que l'inaction du président de la République face aux écoutes répétées de la NSA et la CIA, notamment de nos diplomates, parlementaires, ministres, le président lui-même, généraux ou grands patrons d'entreprises, s'apparente à de la livraison d'informations à l'ennemi, même de façon passive. Il est par exemple un secret de Polichinelle que sur le toit de l'ambassade des USA à Paris (à proximité directe de l'Elysée ; l'Assemblée Nationale et certains ministères sensibles), se trouve un appareil d'écoute capable de capter l'essentiel des conversations téléphoniques des parisiens sur un rayon de près d'un kilomètre.

Y-a t'il eu une réaction du président de la République à ce sujet ? Nos députés si sensibles au respect de la confidentialité des communications d'Etat, sont-ils vent-debout contre cette ingérence grave des Etats-Unis en France ?

Quant aux communications des citoyens français, dont plus de 70 Millions de données ont été livrées à la N.S.A sous l'autorité de Nicolas Sarkozy fin 2011, ne méritent-elles pas comme la loi en dispose, d'être protégées ? 

Un autre scandale qui méritait que la Haute Cour soit réunie, est celui de la livraison des troupes et matériels militaires de la France aux Etats-Unis le 2 Juillet 2013, lorsque l'avion du président de la République plurinationale de Bolivie, s'est vu contraint d'atterrir en urgence en Autriche, du fait que la France et d'autres pays vassalisés aux intérêts américains, ont fermé leur espace aérien à celui-ci. Le motif d'une telle violation du droit international (dont le président de la République est pourtant garant du respect de part l'article 5 de la Constitution), était le soupçon des autorités américaines, sur le fait qu'Evo Morales tentait d'exfiltrer Edward Snowden de la Russie. 

La France, qui grâce à ce jeune lanceur d'alerte a pu découvrir quantité d'aliénations de nos intérêts fondamentaux et de la sécurité de nos infrastructures de télécommunication par une puissance étrangère manifestement HOSTILE (les Etats-Unis d'Amérique), aurait dû accorder l'asile politique à Edward Snowden, ou pour le moins, ne rien faire qui puisse l'empêcher depuis un autre Etat, de continuer de produire des révélations intéressant au premier chef la défense nationale. En accordant aux USA nos moyens militaires pour contraindre une ambassade volante à ne pas survoler notre territoire (radars de surveillance ; avions de chasse prêts à décoller pour intercepter l'avion d'Evo Morales ; personnel militaire dédié à l'exécution de cette procédure), François Hollande s'est rendu coupable d'intelligences avec l'ennemi. Les articles 411-3 à 5 qui répriment ce type de trahison, portent sur 30 années de prison, jusqu'à la perpétuité. 

Mais aucun député ne s'est ému de cette trahison.

Mieux, le parlement a carrément avalisé par vote une autre trahison de François Hollande heurtant très sévèrement nos intérêts diplomatiques, militaires et économiques au profit des Etats-Unis d'Amérique : l'annulation de vente des navires Mistral à la Russie.

Que ce soit la passivité de François Hollande, chef des Armées et garant de notre intégrité territoriale et de notre indépendance nationale, dans la protection des données de télécommunication des citoyens et diplomates français, ou ses intelligences avec l'ennemi plus pro-actives, il ne fut jamais question de le destituer. Ces crimes étaient sans doute moins graves aux yeux de "l'opposition" qu'une fuite d'un mémo classifié, sur une opération militaire n'ayant jamais eu lieu, trois ans après les faits.

De même, lorsque François Hollande disait soutenir "la rébellion modérée" en Syrie par la livraison d'armes de guerre, on ne trouva personne pour se scandaliser d'un tel financement du terrorisme contre un Etat Souverain, laïc et dont le régime politique disposait au moins d'une légitimité électorale à faire valoir, si ce n'est du droit international consacrant l'auto-détermination des peuples. Aucun député ne fit la relation entre ce financement du terrorisme tant en Syrie qu'en Libye, sur les flots de réfugiés que cela entraîna en France, ni même sur les attentats subis par la France, notamment au Bataclan. Il y avait pourtant matière à exiger la destitution de François Hollande. Mais non, les crimes de papier semblent plus graves contre nos intérêts d'Etat, que les crimes de sang de François Hollande.

En conclusion donc, je note que cette procédure de destitution se fonde sur des faits qui sans être pleinement licites, n'ont en rien affecté les intérêts fondamentaux de la nation, ni même la bonne exécution d'une opération militaire, et que les protagonistes de cette actualité, disent eux-mêmes que la procédure n'ira pas jusqu'à son terme. Ces mêmes protagonistes plus ou moins liés à Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, seraient tout à fait incapables de dénoncer les crimes de livraison de données de télécommunication des français, violation du secret des correspondances, financement du terrorisme, violation du droit international et même les crimes contre l'humanité commis par les deux affreux cités, qui étaient aux responsabilités entre 2007 et 2012. Et pourtant, nul doute que tout comme les lanceurs d'alerte en France sur ces sujets, ils ont pu compulser les mails envoyés ou reçus par Hillary Clinton sur Wikileaks, qui prouvent à minima, que l'agression contre la Libye poursuivait des objectifs très éloignés de ceux qui furent cités dans la presse par M. Sarkozy et M. Juppé. Et les preuves sont d'une très grande qualité et parfaitement circonstanciées pour faire leur effet dans un tribunal.

Utiliser à des fins électoralistes et médiatiques la procédure de destitution du président de la République, marque le mépris affiché des institutions de M. Ciotti et consort, pourvu qu'elles servent leur "carrière" (si tenté qu'un mandat politique puisse être considéré comme un "emploi").

La procédure de destitution a peu de chance d'être menée jusqu'à son terme, et je suppose qu'à aucun moment, les vrais sujets seront énumérés dans les charges retenues contre François Hollande. A toute fin utile, je laisse ici un lien vers le réquisitoire contre l'actuel président de la République que j'ai rédigé de telle façon à ce que les faits que je dénonce et les lois qui les répriment, puissent être connus des députés à l'initiative de cette procédure. Vous pouvez comme moi, leur envoyer un courriel pour exiger qu'ils aillent plus loin, en tout cas s'ils sont sincères dans leur démarche, et non partisans.

Sylvain Baron

Pour écrire aux députés soutenant la procédure de destitution :

Eric Ciotti : eciotti@assemblee-nationale.fr
François Fillon : ffillon@assemblee-nationale.fr
Nathalie Koscuskio Morizet : nkosciusko-morizet@assemblee-nationale.fr
François Copé : jfcope@assemblee-nationale.fr
Pierre Lelouche : plellouche@assemblee-nationale.fr
Laurent Wauquiez : lwauquiez@assemblee-nationale.fr
Jean-Frédéric Poisson : jfpoisson@assemblee-nationale.fr
Christian Jacob : cjacob@assemblee-nationale.fr

dimanche 6 novembre 2016

La page blanche

Elle me toise et semble se rire de moi. Je suis face à elle et déjà, je lui inflige la première salve. Je n'ai pourtant aucun argument à répondre à sa silencieuse provocation. Je n'ai même d'ailleurs aucune envie de danser avec elle sur de nouvelles colères ou d'éternels espoirs qu'elle me sait cultiver. Non, cette fois-ci, nous ferons les choses à l'ancienne. Je dégainerais bien volontiers ma guitare pour égrainer quelques arpèges à même de m'inspirer quelques vers. Il y aurait bien là un merveilleux prétexte pour clouer le bec à cette vieille maîtresse. Mais elle est désormais bien loin ma mélancolie adolescente. Et aucune ode à la joie n'est venue prendre sa place. 

Alors j'écris pour le seul plaisir d'écrire, sans même trop savoir où cela me mène. J'entends les tambours appelant à la bataille résonner de façon sourde en moi. Je ne peux leur résister. Mais aujourd'hui, la guerre est technologique, et même le plus pauvre des soldats se bat désormais avec un clavier plutôt qu'une plume. Mais toujours rien. Aucun adversaire n'est désigné, aucune mission de reconnaissance ne m'est assignée, j'erre seul sur cette maudite page blanche.

Pourtant, l'appel n'a jamais été aussi fort. Bien sûr, je pourrais me replonger dans n'importe quel travail littéraire attendant que de nouveaux chapitres s'écrivent, mais j'aspire à la Liberté. Je refuse délibérément toute recherche utile à mes rédactions habituelles, toute pensée canalisée et ordonnancée dans le spectre étroit d'une réflexion philosophique ou politique. Mon esprit survole une plaine ou chaque brin d'herbe est un territoire cognitif à explorer. Le vent souffle une cacophonie de sujets derrière lesquels un seul doit être trouvé. Je le sais, je le sens parfaitement. Quelque chose veut sortir, mais reste désespérément enclavé en mon cœur.

Au-devant de cette confusion dissonante, j'accorde un peu d'attention à mon pote Bertrand qui me suggère de faire confiance à mon étoile. Sa voix chaleureuse, les violons de Tiersen, la puissance de ses mots, rien n'y fait. Seule une ambiance reste et demeure. Mais le monstre tapi dans les moindres cellules de mon corps, continue de tourner en rond sans trouver l'issue que je lui cherche du bout de mes doigts. Ô bien sur, je pourrais arbitrairement décider que cet état d'âme fait suite à différentes formes de stress qui pèsent sur ma vie en ce moment-même. Je pourrais écrire en l'honneur de José, puisque sa disparition me hante et que je ne me défais pas encore du poids des reproches que je me porte sur ce que je valais en tant qu'ami pour lui, et pour d'autres encore aujourd'hui. Mais les larmes ont déjà coulé et risqueront bien de couler à nouveau dans les prochains jours. Je ne compte donc pas échanger la pureté de mes émotions contre du verbe. Ce ne serait pas rendre honneur à José.

Est-ce mon aspiration à m'extraire d'une dissidence qui défie sans cesse l'idée que l'espoir mérite d'être cultivé ? Est-ce ma tentative d'épuration administrative et financière faisant que je me secoue plus fortement qu'habituellement sur ces problèmes, qui pèserait sur mon esprit en ce moment ? Non. Ce ne sont que des symptômes de quelque chose de plus profond. J'ai écris sur le temps qui passe, sur l'amour, la mort, la spiritualité, la solitude, la politique, l'économie, la géopolitique et tant d'autres sujets que je ne pourrais être exhaustif de mes fulgurances passées. Mais aujourd'hui, triste innovation, j'écris pour ne rien raconter. Juste noircir cette vieille amie, qui déjà, se montre un peu moins arrogante à force d'être souillée de mes mots.

A quelques mètres derrière moi, c'est désormais ma guitare qui se propose de me consoler. Si je ne trouve les mots, elle sait que je trouverai au moins les bonnes harmonies. Mais elle ne se suffira pas à me faire exulter ce qui me ronge. J'essaye de procéder par élimination, pourvu que cela sorte. Ce démon serait-il en moi en ce moment-même si j'étais accompagné plutôt que seul ? Je n'en doute pas un instant, quoi qu'il serait sans doute parasité. Ai-je besoin d'être réconforté par des bras aimants ? Je suis à peu près certain que mon esprit poursuivrait malgré tout ses divagations, c'est donc tout autre chose. Je regarde autour de moi pour tenter de m'observer avec l’œil d'un quelconque anthropologue. Une tasse de café vide posée sur l'imprimante ; quelques papiers jonchant le sol ; des classeurs chargés de documents juridiques et de documentation utile sur une étagère ; des chemises suspendues à une penderie, que je me refuse à porter le plus souvent ; des accessoires de vie pour l'essentiel strictement utilitaires, ternes, froids, dépourvus de toute recherche esthétique ; un savant mélange de bordel et d'organisation strictement fonctionnelle de ma vie ; tout cela manque de moi profond. Les apparences ne peuvent que laisser entrevoir un esprit brouillon pataugeant néanmoins dans des réalités bien concrètes de la vie. Pas de babioles laissant à deviner une part de légèreté ou d'intérêt pour quelque chose de plus transcendant. Pas de photo dans un cadre, je les range dans ma mémoire s'agissant de ceux que j'aime. Les choses brillent par leur absence plutôt que par leur trop plein dans ma vie.

Certains disent que je suis un type bien, et heureusement, une partie de ces gens sont bien des proches qui n'hésitent pas à me sermonner lorsque je me montre faible d'une façon ou d'une autre. Je ne pense pas ces gens capables de me mentir sur mon propre compte puisqu'ils ne craignent pas de me faire savoir quand je suis con. D'autres, sont convaincus que je suis la pire des ordures existant sur Terre. Peu m'ont rencontré ne serait-ce qu'une fois, et je ne me reconnais jamais dans la description qu'ils aiment à faire de moi. Et pourtant, dans le juste équilibre séparant l'amour propre de la nécessaire remise en question, je tends le plus souvent vers le côté obscur de la force :

Je suis marginal, avare d'émotions, autiste trop souvent dès lors que je suis pénétré par une idée ou un problème à résoudre, je donne peu de moi à quiconque, laisse peu de gens pénétrer ma bulle, je me sens mal à l'aise à chaque parole gentille sur mon compte et reste interdit face aux présents que l'on peut m'offrir. La plupart des femmes qui m'ont fréquenté, à quelques rares exceptions près, savent que je crains particulièrement leur amour et suis fuyant. Si je m'estime limité dans ma puissance intellectuelle et ma culture propre, je n'en reste pas moins rationnel avec mon environnement social et politique. Aussi, j'agace quand je revendique ne pas être le moins stupide et inculte au sein des masses anonymes dégustant avec plaisir leur propre part d'abrutissement, et qu'à ce titre, j'accorde plus de crédit aux fruits de ma pensée, qu'aux hystéries et passions fugaces d'une grande partie de mes contemporains, y compris au sein de la dissidence. Je n'ai toujours pas réussi à canaliser mes moments de colère autrement qu'en fielleuse arrogance, ni mes moments de désespoir en autre chose qu'une profonde apathie de tout. Je ne bâtis pas, je plante ici et là des idées en espérant leur germination sans que je n'ai à les entretenir. Je n'assume pas vraiment, je préfère marcher sur les côtés. L'être que je suis est autrement plus misérable que ceux qui m'aiment acceptent de le concéder.

Je ne suis certes pas doté d'un désir de malveillance à l'égard d'autrui, mais je suis un véritable handicapé social, ne sachant pas gérer normalement mes relations humaines. Je ne sais pas recevoir, et par conséquent, je rend très mal. Le prisme des réseaux sociaux est un miroir sacrément déformant. Il est de plus en plus régulier que l'on me félicite pour ma visibilité sur ces canaux, mais des centaines, si ce n'est des milliers de gens ont une visibilité comparable à la mienne en France. Une visibilité qui ne correspond à rien de réellement sérieux et notable. De la même façon, on me témoigne trop souvent des remarques sympathiques sur mes analyses ou mes initiatives militantes, et certains voudraient même me placer dans un rôle de leader. Je ne sais jamais quoi répondre tant je suis convaincu qu'il y a erreur sur la personne, et que je suis tout, sauf ce qui est espéré par certains.

Alors bien sûr, je ne peux que me reprocher d'appeler mes contemporains à la révolution, proposer une méthode, un plan de route pour la débuter, la réussir et la terminer. J'aurai été plus malin de me contenter du travail intellectuel pour le remettre à un meilleur communicant que moi. Confier ce travail à quelqu'un qui aspire de toute façon à être aimé ou diriger les hommes. Mais ces gens là ne s'inspirent pas du travail des autres qu'ils estiment forcément comme "concurrents". Alors ils s'agitent, publient compulsivement vidéos et vues d'esprit, pour peu que des centaines de clics si galvanisants en découlent. Pendant ce temps là, j'entretiens ma grève de toute interaction avec mon "public", ne revenant vers ma propre fenêtre sur le reste du monde, que pour y publier des informations nouvelles, répondre à quelques commentaires, avant de retourner à ma solitude tant chérie. Si j'ai foi en l'humanité, les êtres humains me font peur. Bien sur, il y a de vrais moments de plaisirs partagés, des discussions passionnantes et passionnées, des éclats de rire qui n'ont rien d'artificiels et forcés. Confrontez-moi à cette humanité, et je redeviens naturellement sociable et spontané. Mais je sais qu'au-delà de quelques heures de ressociabilisation, il me faudra fuir et rester planqué quelques jours dans ma tanière, pour récupérer l'énergie donnée à être quelqu'un comme les autres. Je n'ai jamais rien forcé, mais cela m'a toujours coûté. Si j'étais un autre que moi, et que je me rencontrais, je pense que je ne trouverais pas l'homme que je suis, sympathique et attrayant. Et ne pouvant me défaire de mes idéaux, je ne puis que composer avec ce que j’exècre pour les défendre. Je dois communiquer, et parfois même, me positionner en tant que décideur. Une psychothérapie au long cours ou du masochisme qu'il serait temps de faire cesser ?

Les tambours continuent de marteler en moi, mais rien n'est vraiment sorti. Quelque chose sonne l'alarme, et cela semble répondre à un appel que je ne perçois pas. Quelque chose qui est hors de moi. J'ai fais le tour de mon âme par les bords, et même en sondant un peu les bas-fonds, mais je n'ai fais qu'exciter le monstre sans pouvoir  écarter les barreaux de sa cage. Je n'ai cependant pas laissé la page blanche se rire de moi. J'ai relevé son défi, aiguisé quelques mots et tatoué ces derniers sur le corps de ma vieille complice. Ne reste plus qu'à céder à ma guitare, et si cela ne me suffit pas, je trouverais bien quelque chose à frapper de mes poings quelques minutes pour épuiser cette tension qui me malmène. 

Il y aura forcément une autre page blanche à noircir dans les jours à venir, et je l'espère, une pesanteur qui se sera effacée...

Sylvain

mercredi 2 novembre 2016

Lettre ouverte aux policiers en colère

Mesdames, Messieurs les policiers,


C'est en tant qu'activiste, simple citoyen et révolutionnaire parfaitement en phase avec mes convictions, que je souhaite vous faire parvenir ce mémorandum. Celui-ci vise à vous faire connaître, ce qui selon moi, pourrait à la foi garantir le soutien des réseaux alternatifs dans votre mobilisation, mais aussi sur le long terme, redessiner les contours d'une politique de sécurité publique qui satisfasse autant vos exigences professionnelles, que le soucis de meilleur contrôle de votre institution que réclame un très grand nombre de nos concitoyens.

Vous le savez, différentes études autant que votre quotidien, témoignent que les Français sont globalement méfiants vis-à-vis de la police nationale. Paradoxalement, tel n'est pas le cas de l'Armée qui continue malgré l'usage politique qui est fait de celle-ci (et violant expressément nos principes constitutionnels et le droit international en la matière), de bénéficier d'un capital sympathie très important au sein de la population.

Le problème peut paraître insoluble du fait de la spécificité de vos missions, et pourtant il ne l'est pas, si tant est que vos revendications s'élargissent, ou à minima, tiennent compte des observations que je souhaite faire valoir dans ce document. En voici les principaux points :

I - LES FRANÇAIS NE SOUTIENNENT JAMAIS DES REVENDICATIONS CORPORATIVES

Nombre de manifestations ces dernières années, ont mobilisé des fonctionnaires et travailleurs de différents secteurs d'activité, sans que jamais les Français dans leur écrasante majorité, ne s'y soient intéressés suffisamment.

Pour la bonne et simple raison que les revendications corporatives sont considérées comme particulières, n'ayant aucune influence sur l'ensemble des politiques publiques du pays, ni même de quoi inquiéter une « représentation » politique largement contestée. Elles ignorent le reste des citoyens et ne changent en pratique, absolument rien à leur quotidien. A ce titre, bien qu'une partie de vos revendications soient sensées intéresser tous nos compatriotes car touchant de près à la gestion publique de leur sécurité individuelle, la mobilisation citoyenne restera timide sans un élargissement de vos exigences sur des questions d'intérêt général. Sans cette mobilisation citoyenne attendue, le Gouvernement se sentira suffisamment tranquillisé pour se jouer de vos mobilisations par les artifices habituels (promesses sans lendemain ; audition de porte-paroles syndicaux contestés et illégitimes ; censure ou diffamation médiatique ; sanctions administratives ; etc.) 

C'est donc le premier élément de réflexion qu'il convient de tenir pour vous : quelles revendications plus généralistes seraient de nature à ne pas briser votre unité ; rester raccord même indirectement avec votre mission de maintien de l'ordre public ; et donner le sentiment à tous les citoyens politisés (partisans ou non) qui suivent votre mouvement sur les réseaux sociaux, que la police nationale reste constituée de citoyens en colère, avant même de parler de professionnels de la sécurité publique ?

Connaissant parfaitement les sujets politiques qui agitent sans cesse nos réseaux - tout de même constitués de plusieurs millions de personnes (tous partis, collectifs ou associations confondus) – je me bornerai à les citer par ordre d'importance pour que vous puissiez les méditer :

- Renverser l'oligarchie (à commencer par le chef d’État et son gouvernement)
- Sortir de l'Union européenne, l'euro et l'OTAN
- Établir un processus constituant

Ces revendications portant sur l'intérêt général, ne sont absolument pas distinctes de la question des politiques de sécurité publique, à bien observer les choses :

Il va de soi que les responsables de l’aggravation d'un climat social et politique favorisant la criminalité en France, sont nos mandataires. Nous pouvons affirmer et démontrer que François Hollande, ainsi que certains de ses ministres, portent une très lourde responsabilité quant aux vagues de terrorisme qu'a connu la France ces deux dernières années. Pensez aux passeports des meurtriers du Bataclan, et le soutien diplomatique et militaire très appuyé de M. Hollande, aux « rebelles modérés » qui sévissent en Syrie. Je puis affirmer que M. Hollande, dans un État de droit qui se respecte, devrait logiquement être traduit en Justice pour financement du terrorisme ; intelligences avec des puissances étrangères et crimes contre l'humanité. La Haute Cour de la République (constituée de députés, sénateurs et magistrats) aurait dûe depuis longtemps être instituée pour juger ces crimes et voter sa destitution (nous pourrions en dire autant de son prédécesseur). 

A l'égal de tous les citoyens, vous observez les graves manquements, pour ne pas dire les trahisons répétées de notre oligarchie politique, quant à garantir la sûreté intérieure de notre territoire, ainsi que notre indépendance et notre neutralité sur les conflits menés dans certains pays par des puissances étrangères réellement malveillantes (Qatar ; Arabie Saoudite ; Jordanie ; Turquie ; USA ; Royaume-Uni ; Israël). Outre les attentats, les vagues de réfugiés et de migrants que la France se doit d'assumer en plus de sa diversité déjà fort mal intégrée dans les ghettos, ne sont qu'un des symptômes de l'abandon de notre pays par le gouvernement et le parlement. Si vous n'entendez pas le cri du peuple à ce sujet, ou que celui-ci vous paraisse trop sensible pour que vous puissiez le relayer d'une façon ou d'une autre, l'on observera que vous refuserez comme tous les autres manifestants avant vous, d'attaquer le mal, à la racine. 

Je tiens à signaler ici, que la contestation et l'éviction du gouvernement, ne sont pas de nature à fragiliser l’État. En cas de vacance de la présidence de la République, c'est le président du Sénat qui reprend la main provisoirement. Les questions plus politiques devront se résoudre à la faveur d'une élection anticipée. 

La sortie de l'Union européenne et de l'euro couvrent deux aspects des intérêts fondamentaux de la nation : La démocratie (la souveraineté nationale est réputée une et indivisible, imprescriptible et inaliénable) et le bien-être social. Ce mémorandum n'ayant pas vocation à devenir un cours magistral sur l'économie politique et la philosophie du droit, je m'en remets simplement à votre bon sens de citoyens : dans quelles conditions l'intégration européenne s'est déroulée jusque-là ? (Dans le respect des référendums ou non) ? Est-ce que les promesses sur l'intérêt des traités ratifiés et de l'euro ont été tenues ? La France est-elle le seul pays en déclin économique en Europe ou une majorité d'autres peuples sont actuellement en souffrance ? Existe-t-il un peuple européen unifié sous un même socle culturel, linguistique, historique, géographique et économique ? Qui sont les réels bénéficiaires des traités actuellement ratifiés ? De quelle légitimité démocratique l'U.E bénéficie-t-elle ? Quel est l'impact des dérégulations financières et sur le commerce international inscrites dans le Traité de Lisbonne, y'a t'il sur l'emploi et par voie de conséquence sur le climat social ? Quid de la Suisse et de la Norvège qui sont hors de l'U.E et l'euro ? 

L'autre grand débat qui agite nos réseaux politiques (toutes tendances confondues) porte sur l'organisation d'une Constituante. Globalement, il s'agit de redessiner le contour de l'ensemble de nos institutions et conquérir de nouveaux droits pour les citoyens tels que : 

- Le Référendum d'Initiative Populaire Révocatoire
- Le Référendum d'Initiative Populaire Législatif
- La séparation définitive des pouvoirs et la reconnaissance de certains autres (comme les médias, la police ou l'armée)
- La réforme du mode de désignation de notre représentation politique

Pour les policiers, cette revendication n'est absolument pas anecdotique et sans conséquences. Cela signifie d'abord que tant votre institution, que la gendarmerie nationale (et plus globalement l'ensemble des armées), mais aussi l'autorité judiciaire, verront les principes constitutionnels qui les régissent, changer profondément, cela au service du peuple. Il y a donc énormément de débats entre professionnels et citoyens à tenir pour chacune des institutions du pays, pour que nos services publics s'améliorent considérablement dans leur fonctionnement au profit de tous. Un des nombreux débats qui pourrait par exemple s'imposer à votre corps professionnel, est celui de l'autorité politique la plus à même de superviser la police, et des modes d'évolution de carrière des policiers.

II - LES FRANÇAIS ONT TOUJOURS PEUR DE LA POLICE !

Les revendications exprimées par les policiers (telles que je les ai lues ou entendues), sont à mon sens, parfaitement légitimes, bien que certaines méritent un débat public plus intense. Ces revendications portent sur :

- La redéfinition du régime de légitime défense pour un policier dans l'exercice de ses fonctions.
- Les moyens nécessaires pour que la police dispose d'équipements et matériels en qualité et en quantité suffisante, ainsi que la salubrité des locaux.
- La culture plutôt laxiste d'un trop grand nombre de magistrats, qui se doit d'être entravée par des régimes de peines minimales à faire appliquer pour un certain type de délinquance ou encore la récidive.
- Que la hiérarchie administrative des policiers, soit liée à des évolutions de carrière des policiers de terrain, et non liée à des placements plus politiques.
- Fin de la politique du chiffre au bénéfice de la qualité du service rendu à la nation.
- Simplification des procédures administratives préalables à l'instruction judiciaire.

Ajoutons que nombre de policiers n'hésitent pas à scander (à juste titre) dans vos rassemblements, la volonté que Jean-Marc Falcone (directeur de la police nationale) et Bernard Cazeneuve (Ministre de l'Intérieur) remettent leur démission au Gouvernement.

Je souhaite ici faire remarquer que ces revendications sont pour les trois premières d'entre-elles, de nature à susciter des polémiques auxquelles il est indispensable de répondre et rassurer.

Certains policiers m'ont évoqué les procédures auxquelles étaient renvoyées les gendarmes, lorsque ces derniers eurent l'obligation dans le cadre d'un péril imminent, de faire usage de leur arme. Ces procédures seraient moins contraignantes et accusatoires, et rendraient caduques l'automaticité d'une mise en examen, voire une mise à pied, le temps que les investigations nécessaires soient produites. 

Il faudrait donc préciser quelles sont la nature de ces procédures, démontrer en quoi elles ne préjugent pas des poursuites judiciaires en cas de réel abus de l'usage de l'arme de service, tout en maintenant à l'équilibre, le devoir pour un fonctionnaire de protéger sa vie, celle de ses collègues et du public, en cas de nécessité ultime. 

Par ailleurs, les questions du recrutement et de la formation des officiers de police, ont un corollaire évident sur la proportion de l'usage de la force et plus particulièrement des armes de service, et doivent donc impérativement être abordées à ce titre, là aussi pour que des propositions concrètes soient adressées au peuple, tendant à la fois à le rassurer sur la responsabilité pénale des agents en cas de graves manquements, et garantir à tous les fonctionnaires de police que leur droit légitime de se défendre face à un péril manifestement grave et imminent, sera respecté. 

Ce point d'équilibre entre responsabilité pénale des agents et nécessité de l'usage des armes de service dans des contextes opérationnels particuliers sans que cela n'entraîne des poursuites dévastatrices sur le plan moral et professionnel, est un débat profond et sensible. Les policiers doivent à la foi démontrer les raisons qui exigent des assouplissements législatifs à ce sujet, mais aussi leur responsabilité assumée quant aux risques judiciaires qui resteront les leurs, en cas d'abus ayant entraîné des blessures létales ou non, à un individu.

J'ajoute que les « bavures » volontiers médiatisées, alimentent un discrédit réel de l'institution auprès de la population. Ce n'est pas seulement le problème de l'arme de service et de son usage qui suscitera des polémiques, mais aussi de la pertinence de certaines armes non létales (notamment pour réprimer des manifestations) ; les procédures de légitime défense proportionnées (blesser pour désarmer quand c'est possible plutôt que tuer) ; les procédures d'immobilisation d'un individu réfractaire (quelques cas d'étouffement involontaire suffisent à interroger la population sur les méthodes et abus de celles-ci) ; ou encore la relation au quotidien entre la population et la police (contrôles d'identité répétés ; politesse ; tonalité des échanges lorsque l'individu n'est manifestement pas vindicatif ou violent, redéploiement des îlotiers dans les quartiers ; rappel à la loi privilégié au détriment de la politique du chiffre avec les citoyens de bonne volonté, etc.). C'est précisément sur ce terrain de réflexion, que la plupart des Français attendent des propositions de leurs policiers. J'ajoute en outre, que si l'esprit de corps est indispensable au fonctionnement même de votre institution et garantit la sécurité des équipiers entre eux, il ne saurait être question d'abuser de cette culture institutionnelle, lorsque des agents face à leurs collègues, démontrent manifestement leur manque de professionnalisme. C'est l'image de la police nationale toute entière qui repose sur chacun de ses membres. Le moindre abus (sérieux) de la part d'un policier qui ne trouve aucune réponse de la part de ses équipiers, et c'est l'ensemble de vos collègues qui verront leur image entachée indirectement. Le métier de policier, plus que tout autre, est extrêmement exigeant, et implique des dispositions psychiques rares (contrôle de soi face à des situations de stress intense). Par conséquent, l'amélioration progressive de l'image de l'institution passera entre autres, par votre volonté mutuelle d'écarter des missions de sécurité publique les collègues les plus dangereux pour leurs équipiers et la population, et l'image même de la police nationale. De la même façon, le recadrage constant et mutuel des comportements les plus inacceptables, doit motiver les policiers ayant des difficultés à gérer leur stress, à se reposer un peu sur ses collègues.

Ces questions tant ressassées sont difficiles à aborder pour chacun d'entre-vous, mais elles sont directement liées à la nature du service public que vous rendez, et à l'équilibre exact entre l'assujettissement de la police nationale à la volonté du peuple, et les pouvoirs qui sont conférés à chaque membre de votre institution pour mener à bien ses missions.

2) La question des moyens ne saurait être abordée, sans faire un détour par quelques thématiques importantes pour les citoyens. Deux me semblent pertinentes à soulever. Je constate dans un premier temps, que la police du Royaume de Belgique, préfère utiliser des canons à eau plutôt que d'autres types d'armes non létales pour disperser des manifestations non autorisées. Sans doute, d'autres moyens peuvent permettre l'aboutissement de telles missions, sans avoir à déplorer un œil crevé au flashball ou un individu tué par une grenade dispersante ayant atterrit au mauvais endroit et au mauvais moment. Toujours est-il, que les équipements et méthodes permettant de disperser des foules récalcitrantes, doivent totalement être revus. Certes, c'est à la base par la prévention que l'on est sensé éviter ce dernier recours, notamment par l'interpellation des casseurs et groupuscules violents lorsqu'ils sont repérés et suivis avant leur arrivée dans un rassemblement. En soit, l'autorité du Commissaire (ou tout autre fonctionnaire) détaché à l'organisation de la sûreté des cortèges et rassemblements, doit prévaloir sur les consignes du préfet, forcément liées à des décisions politiques. Les mêmes mesures de prévention, doivent porter encore une fois sur le professionnalisme et la gestion du stress des agents recrutés et formés à ces missions précises, mais aussi sur le dialogue qui reste souvent le grand absent dans les interactions entre manifestants et police nationale. Par exemple, qu'est-ce qui empêche une autorité policière, d'apporter des consignes simples aux manifestants quant aux horaires à respecter ; le civisme espéré ; et les mesures de sécurité (et de dégagement) à prendre en cas de présence de casseurs dans les cortèges ? Cela devrait être une logique préventive allant de soi, et qui n'est pourtant jamais mise en œuvre sur le terrain.

Une fois ces mesures de prévention déclinées, il reste manifestement un énorme travail à produire sur le choix et l'usage des armes non létales à des fins répressives manifestement indépassables. Autant que possible, c'est bien le fait de repousser sans violence les manifestants vers différentes issues qui doit être la norme. Lorsqu'il s'agit de gérer des casseurs ou individus violents, la dispersion n'a alors plus beaucoup de sens face à la nécessité d'interpeller les délinquants. C'est donc des méthodes de pénétration des foules, de sécurisation des agents et d'interpellation maîtrisées et justifiées qu'il convient de méditer. L'usage des armes non létales doit être privilégié uniquement lorsqu'il est possible de distinguer les délinquants des foules pacifiques. Les dommages collatéraux ne peuvent être la norme consentie, lorsque la prévention et la proportion de la force, peuvent jouer à plein dans de telles missions. Bien entendu, cela ne préjuge pas des difficultés rencontrées sur le terrain dans des circonstances très particulières. Mais il me semble nécessaire que les policiers, et en particulier ceux officiant pour le corps des Compagnies Républicaines de Sécurité, doivent impérativement réfléchir à ces considérations, mêlant gestion du matériel adéquat, prévention, et répression ciblée.

Un autre point à soulever, rentre parfaitement dans vos récriminations sur l'insalubrité de vos locaux. Tout citoyen ayant un jour eu à subir une garde à vue, sait que les pièces réservées à ces fins sont totalement indignes d'un pays comme le notre. Les couchettes sont dures, étroites et ne permettent aucun repos. Les pièces sont sales et oppressantes. Il n'y a rien à perdre à faire savoir aux citoyens, que ce n'est pas seulement la condition des policiers qui entre en ligne de compte dans de telles revendications, mais bien aussi celles des prévenus (présumés innocents) qui peuvent un jour avoir à connaître une procédure de mise en garde à vue.

3) La question du traitement judiciaire de la criminalité mérite une réflexion engageant tous les citoyens. Il n'est pas normal que la récidive, et plus globalement les faits de grande délinquance ou de « criminalité ordinaire » ne trouvent aucun traitement judiciaire et politique à même d'obtenir des résultats de long terme, qui bénéficient à tous.

Il y a donc des débats à ouvrir (voire des revendications claires à ajouter) pour améliorer ce qui peut l'être. En premier lieu, la prévention de la délinquance doit rester le maître-mot d'une politique de sécurité publique. Celle-ci peut se diviser factuellement en plusieurs axiomes que je laisse à votre réflexion :

- La restauration du service militaire
- La légalisation et la réglementation de la vente de cannabis
- La démolition des ghettos et une politique d'urbanisme pertinente et sociale
- La fin du logement social au bénéfice du logement public (diversification des populations au sein d'un même quartier dit « populaire » par l'absence de plafond de revenus pour les ayant droit)
- La régulation drastique de l'immigration illégale
- La prévention de celle-ci dans le cadre de notre politique internationale
- Le plein emploi (c'est réellement possible en dehors des traités européens)
- L'éducation
- Le redéploiement d'une police de proximité

Une fois ces pistes dégagées quant à ce qui permet de prévenir la délinquance, reste le régime des peines pour les délits et crimes constatés.

- L'impunité totale pour les crimes graves et les faits de violence.
- La création de centres disciplinaires au sein de l'Armée pour certains faits de délinquance
- La construction de centres de détention à taille humaine, réduisant drastiquement la promiscuité et les violences en leur sein, et la destruction progressive des usines à criminalité que sont les centres pénitentiaires d'aujourd'hui.
- La restauration des peines plancher en cas de récidive.
- L'expulsion automatique des étrangers s'étant rendus coupables d'un délit ou un crime en France, une fois leur peine terminée
- Des moyens humains et matériels accordés à la Justice qui satisfassent la nécessité de décisions judiciaires promptes et efficientes.
- Des droits supplémentaires accordés aux victimes pour mieux se défendre face au laxisme d'un magistrat.
- Une meilleure formation des juges et des procureurs de la République.
- Une réforme complète de l'autorité judiciaire (liée à des travaux constituants) pour garantir à la foi son indépendance, et son contrôle clair par des autorités mandatées directement par le peuple..

Certains débats comme la légalisation et la réglementation de la vente de cannabis sont sensibles, mais ne peuvent être médités sous l'unique aspect moral de la question. Notons pour commencer que le cannabis reste un produit aux conséquences sanitaires et psychiques nettement moins sérieuses que des produits stupéfiants telles que la cocaïne, l’héroïne, le crack, mais aussi des produits parfaitement légaux comme l'alcool. Ajoutons que la politique de prohibition de l'alcool aux USA au début du siècle dernier, a eu strictement les mêmes effets en terme de violence et de réseaux de criminalité organisés, qu'en France aujourd'hui avec la prohibition du cannabis. Ajoutons pour conclure, que rien ne permet de contrôler la qualité sanitaire des produits vendus, ni même s'assurer que l'argent récolté n'ira pas entretenir d'autres formes de criminalité. La légalisation peut permettre une reconversion d'une partie des revendeurs actuels dans un cadre licite de leur activité. Elle aura pour conséquence la baisse sensible de la criminalité liée, et la réaffectation des missions de police vers la répression d'activités criminelles autrement plus graves que la vente ou la simple consommation de cannabis. En outre, à l'égal de tous les citoyens, les policiers et leurs familles sont sensibles à diverses maladies graves, qui ne trouvent pas un panel pharmacologique plus diversifié du fait d'une prohibition qui a été largement influencée dans l'histoire, par les lobbies pharmaceutiques eux-mêmes. Le T.H.C et son corollaire le C.B.D sont pourtant des molécules qui ont impact réel sur certains cancers, la sclérose en plaque, les problèmes de sommeil, de traitement de la douleur ou de la dépression, pour ne citer que les aspects médicaux les plus connus. La légalisation du cannabis dans le pays champion d'Europe en terme de consommation (et de répression), ne peut-être l'alpha et l'oméga d'une politique de sécurité et de santé publique. Mais accompagné d'autres mesures indispensables, cela peut jouer à plein. Raison pour laquelle, la considération morale ou les consignes habituelles sur la répression liée à ce produit, doivent être totalement distinguées d'une réflexion d'ensemble.

III – LES NÉCESSITES DE COMMUNICATION ET D’INDÉPENDANCE

Les deux premières parties de ce document, se sont concentrées sur les considérations politiques quant aux revendications policières, vues sous le prisme du citoyen lambda qui s'interroge, voire s'effarouche de certaines thématiques sensibles abordées à cette occasion. L'objectif étant évidemment de permettre à la foi aux revendications strictement corporatives des policiers de pouvoir devenir audibles et bien reçues, cela en les maintenant telles quelles, et en ajoutant de nouvelles plus propres aux espérances du contribuable afin que le lien soit définitivement tissé entre la police et les citoyens.

Une autre dimension de votre mouvement porte sur son organisation et les formes de sa communication. Elles dépendent étroitement de vos objectifs et de votre radicalité sur ceux-ci, mais aussi de votre attention particulière des craintes des citoyens qui accordent leur attention à votre mouvement. 

Je compte proposer ici, différentes tâches militantes, qui pourraient de très loin jouer en faveur d'un rassemblement toujours plus large

1 - Désignation des portes-parole.

Tout corps social, association, ou collectif, nécessite qu'une subdivision des tâches soit bien organisée pour gagner en efficience. La question du porte-parole est sensible, et dans le cadre d'une indépendance de votre mouvement par rapport aux syndicats, exige un peu d'auto-organisation.

Tout d'abord, chaque commissariat doit pouvoir trouver un référent, soit en raison de son grade (par défaut), soit en raison des qualités que l'ensemble de ses collègues lui reconnaissent en terme de communication et de culture générale (toujours utile dans les débats politiques). Le plébiscite est la forme la plus simple et la plus démocratique de désigner un mandataire. Cela exige l'absence de candidature de quiconque, mais simplement des propositions et votes pour qu'une personnalité se distingue parmi tant d'autres.

Ces référents doivent pouvoir eux-mêmes récolter ou faire remonter de l'information à des référents départementaux. A moins que tous les policiers dans un même département, soient capables de plébisciter un seul collègue connu de tous dans le département, le plus simple restera de procéder à un tirage au sort parmi tous les référents nominés dans les commissariats du département.

La même procédure peut être adoptée au niveau régional.

S'agissant du niveau national, trois porte-paroles permettront largement de dégager assez de temps pour communiquer avec les médias et les policiers, sans mobiliser une seule personne à plein temps. Le plébiscite est là encore une bonne solution. Certains policiers (ou gendarmes) à la retraite sont un peu connus pour leurs publications, livres, ou vidéos de la part de leurs collègues. Ajoutons, que même au sein des syndicats, il se trouvent des policiers encore assujettis à la défense des intérêts de leurs collègues, et non d'intérêts politiques particuliers.

Ces communicants doivent être irréprochables sur certains aspects, pour éviter des polémiques inutiles. Ils doivent notamment :

- N'être encartés ou réputés soutien actif à aucun parti politique.
- Disposer d'une solide culture générale et politique
- Maîtriser correctement la langue française
- Être habiles pour évoquer des sujets sensibles avec justesse et mesure
- Révocables par vote dans chaque commissariat en cas de dérive

Dans l'idéal, je pense que trois porte-parole au cursus différent peuvent contribuer très fortement à l'amplification de la contestation. L'un (au-moins) devrait évidemment faire partie du corps de la police nationale. Un autre, devrait faire partie du corps de la gendarmerie (et je ne peux m'empêcher de penser au Général Bertrand Soubelet). Un troisième serait un atout indéniable s'il n'est ni policier, ni gendarme, mais représentatif des attentes des citoyens. Un excellent magistrat ou un associatif doué sur les débats institutionnels vous aiderait sans nul doute à cette tâche.

Un plébiscite suivi d'un vote organisé dans tous les commissariats de France, peut en quelques jours, vous permettre de désigner de tels mandataires.

La rédaction d'un mandat précisant les limites de leur liberté de ton et les revendications indispensables à communiquer peut être utile au bon contrôle de ces mandataires.

2 - Tous les policiers sont des portes-parole.

A l'ère des réseaux sociaux, communiquer n'a jamais été aussi simple et à la portée de tous. Encore faut-il s'essayer à l'exercice pour chacun. Le support vidéo est à ce titre le meilleur qui soit sur internet. Une vidéo directement publiée sur Facebook, fera automatiquement plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de vues en moins d'une heure. Une vidéo publiée sur Youtube aura un impact équivalent avec un peu plus de temps. Un site internet dédié au « Collectif Policiers en Colère » et permettant de publier des témoignages vidéo et écrits de policiers, ainsi que les dates et lieux d'événements, sera un excellent outil pour communiquer à l'attention expresse des citoyens.

L'idéal, du fait que beaucoup de policiers préfèrent maintenir leur anonymat, est de disposer de monteurs vidéos dans les commissariats sachant flouter des visages, ou à défaut, témoigner avec un masque. A ce sujet, notons que le masque « Anonymous », est immédiatement évocateur pour tous les cercles militants. N'hésitez pas à vous équiper de quelques-uns de ces masques dans vos rassemblements, et vous filmer mutuellement pour apporter vos témoignages

Quelques questions mériteront d'être abordées pour réduire les passions au sujet de la police. Celles qui portent notamment sur tous les sujets polémiques (violences policières ; utilisation politique de l'institution ; légitime défense, etc.). Le fait d'engager des témoignages sur ces questions sensibles, est un moyen simple de rassurer, ré-humaniser votre travail aux yeux des citoyens et expliquer par différents exemples et un grand nombre de témoignages différents, ce qui reste incompris ou contesté par la population. Elles ne préjugent pas des autres thèmes abordés.

L'objectif étant d'inonder les réseaux sociaux de telles vidéos, pour que plus aucun internaute (notamment sur Facebook) ne puisse ignorer la puissance de votre mouvement.

De la même façon, les citoyens qui se déplacent pour vous soutenir, s'interrogeront sur vos revendications (notamment et encore une fois, sur les plus polémiques), et il est essentiel d'engager la discussion avec eux, avec le sourire chaque fois que c'est possible. Beaucoup ne pourront s'empêcher de rentrer dans des débats plus politiques. Ne craignez pas ceux-ci, mais restez méfiants sur vos déclarations, lorsqu'elles touchent à vos opinions partisanes ou à des sujets qu'il convient de traiter avec délicatesse. Il restera que cela sera toujours bien vu pour un citoyen, d'entendre un policier parler de sujets relativement éloignés de son métier, mais touchant à l'intérêt général.

3 – Des rassemblements organisés pour attirer le plus grand monde

La plupart des Français, restent indisponibles à toute mobilisation en semaine. Beaucoup, doivent s'organiser suffisamment tôt à l'avance pour se déplacer à un lieu de rendez-vous. A ce titre, il convient de déclarer des rassemblements chaque week-end dans les grandes villes, si possible dans l'après-midi. Ce sont ces périodes qui auront la plus grande capacité à mobiliser les masses. Si la préfecture de Paris réclame au moins trois jours de battement pour qu'une place soit réservée dans de bonnes conditions, il en va de même pour les citoyens qui organisent leur agenda en fonction de vos mobilisations.

Bien entendu, cela ne retire pas le fait qu'organiser chaque soir des « coups de pression » soit utile à un plan de communication d'ensemble. Sachez juste, que seuls les gens sans activité, et notamment dans les réseaux militants, seront à même de se déplacer dans ce cas pour vous rejoindre.

Raison pour laquelle, une communication largement exprimée à l'attention de ces réseaux associatifs et des précaires de façon générale, peut vous permettre d'obtenir un soutien plus élevé chaque soir, entre chaque grand rassemblement du week-end.

4- Restez maîtres de vos rassemblements

Vous êtes des professionnels de la sécurité, et même s'il faut s'attendre à ce que le gouvernement cherche le moyen de diriger vers vos cortèges et rassemblement quelques groupuscules missionnés pour semer la zizanie, la plupart des casseurs, antifas, blackbloc, etc. ne seront pas assez fous pour prendre le risque de vous défier directement.

Ce qui n'empêche pas dans les événements les plus importants, d'assurer un minimum de service d'ordre et d'adresser quelques consignes sommaires de civisme à l'ensemble des personnes présentes.

Le gouvernement se trouve aussi empêché d'exiger une répression de vos rassemblements spontanés et non déclarés, notamment par les forces de gendarmerie. Non seulement parce que le moindre coup de sang entre policiers et gendarmes pourrait dégénérer gravement entre différents hommes armés, mais aussi tout bêtement du fait que les gendarmes sont naturellement en osmose avec vos revendications. A ce titre, les citoyens qui viendront vers vous, le feront dans l'idée qu'il n'y aura logiquement pas de risque de se retrouver dans une confrontation les exposant à des gaz lacrymogènes, des coups de tonfa ou autres moyens répressifs. Respectez cette nécessité de sécurité, et communiquez à l'attention des gendarmes pour obtenir leur adhésion plus directe et sur le long terme de vos initiatives. Ce dernier point m'amène à une conclusion de ce document que je me dois de vous livrer et qui portera sur une question extrêmement sensible.

IV - LA POLICE ET L’ARMÉE SONT LES SEULES INSTITUTIONS A DÉCIDER DU SORT D'UNE RÉVOLUTION

Sans m'étendre sur mon cursus personnel, j'ai passé près de six années de ma vie à étudier les processus révolutionnaires, écrire à ce sujet et initier des projets militants en ce sens.

Un aspect que le commun des mortels n'a pas loisir de comprendre ou étudier sur les révolutions, c'est qu'elles ne sont jamais le fait du peuple dans l'aspect concret de la réalisation de leur premier objectif, mais le plus souvent celui de l'Armée, et par extension, celui de la police.

Une révolution, est le strict moment, où sous l'impulsion d'un mouvement populaire (pouvant être généré par un mouvement plus corporatif au départ), l'une des deux institutions régaliennes du pays (l'armée ou la police) retire son allégeance au chef d’État et à son gouvernement.

Deux épisodes très différents et relativement proches en témoignent, chacun à leur façon. La révolution tunisienne a vu l'éviction de Ben Ali aux commandes de la Tunisie, le jour même où l'Armée lui a laissé quelques minutes pour faire ses valises. Pourtant, jamais le peuple tunisien n'a pénétré le palais présidentiel. La révolution des Œillets est en vérité un putsch militaire, mais ayant conduit à ce qu'un gouvernement civil soit institué en guise de transition. Il en va de même pour le putsch d'Alger, auquel d'ailleurs une compagnie de C.R.S a contribué en faisant défection alors qu'elle était missionnée pour entraver les militaires qui débarquaient en Corse depuis l'Algérie.

Dans tous les cas, ce n'est jamais par la pénétration d'un bâtiment présidentiel par des foules en colère, qu'un dirigeant est destitué, particulièrement dans les pays les plus solidement organisés institutionnellement. 

Voila pourquoi votre colère inquiète réellement en haut lieu, qu'elle ravit une poignée de dissidents, et génère des espérances qui paraissaient totalement improbables il y a quelques semaines encore.

Habituellement, les forces de police sont utilisées pour réprimer les mouvements de contestation. De façon assez rare, c'est l'Armée qui lassée des reniements d'une classe politique totalement corrompue, fait table rase de celle-ci pour le meilleur ou pour le pire. Je n'ai observé dans aucune de mes recherches, un épisode révolutionnaire dû à un mouvement policier. Cependant, nous avons observé des moments de fraternité réelle entre des foules en colère contre un gouvernement, et sa police nationale (dépose des casques et boucliers ; marche en parallèle des manifestants). Lorsque un mouvement populaire et durable remet en cause la légitimité d'un gouvernement, c'est souvent la nécessité de restaurer l'ordre public et la continuité de l’État, qui motive les militaires à agir, par la désobéissance revendiquée au chef suprême des Armées (soit le chef d’État).

Dans ce contexte, il y a une dimension historique absolument incommensurable pour les policiers, à être les premiers moteurs d'une révolution. Et bien des raisons objectivent cette nécessité :

Je réaffirme ici, que François Hollande devrait depuis longtemps être poursuivi dans les tribunaux pour crimes de haute trahison, financement du terrorisme et crimes contre l'humanité. Je peux justifier en faits et en droit, ce qui rend légitime son éviction par les corps constitués de son mandat. Mais d'autres (et innombrables) personnalités politiques ne cessent de se distinguer pour des crimes similaires, ou des faits de corruption, malversations, détournements de fonds publics, etc. Nous en sommes tous conscients. C'est bien une oligarchie parfaitement mafieuse qui contrôle le gouvernement et le parlement. La Justice est impuissante quand elle n'est pas collaboratrice. La police et l'armée, sont les deux dernières portes de secours institutionnelles des Français face à ce délitement de notre appareil d’État.

La gestion des foules occupant l'espace public, si elle se fait en bonne intelligence entre les citoyens et sa police, évitera des bains de sang et des confrontations inutiles. Si c'est la police ou l'armée qui est à l'initiative d'un sursaut citoyen, alors il y a tout à parier que l'effort de mobilisation restera globalement pacifique et discipliné, et court dans le temps. Car le peuple n'aura pas à se confronter à une institution aux ordres d'un gouvernement aux abois, mais au contraire, pourra trouver le soutien passif de ses institutions régaliennes.

Contrairement aux cercles militants qui sont souvent perdus dans des désirs d'organisation horizontale de leur contestation, les corps régaliens sont nettement plus efficients du fait de leur organisation pyramidale. Le pragmatisme et la bonne gestion des foules reste l'objectif pour aller vite et avec le moins de difficultés que possible. Cette culture professionnelle peut s'avérer être un atout, pour faciliter un certain nombre d'initiatives complétant une mobilisation populaire. 

Ce qu'il faut comprendre ici, c'est que personne ne vous demande de destituer le président de la République. Il y a une différence nette entre ne plus reconnaître l'autorité du chef d’État (attitude passive) et le contraindre à démissionner par la force. 

En revanche, exiger sa destitution dans vos cortèges serait la marque d'une radicalité et d'une conscience politique (et de justice) des policiers qui serait immédiatement mobilisatrice. Le fait que la police et la gendarmerie soient d'une certaine façon, en étroite relation, jette un pont à l'attention de l'institution militaire, qui est la plus à même de faire pression en ce sens au profit du peuple.

La question de la transition politique ne doit pas se poser. L'article 7 de la Constitution règle déjà cette question. Par ailleurs, c'est durant le moment de mobilisation du peuple le plus intense, que des personnalités émergent. Elles pourront soient être plébiscitées à différents postes ministériels avant d'être légitimées par référendum, soit être soumises au jeu électoral. Les policiers à ce titre, doivent méditer à qui pourrait fédérer l'ensemble de leur corps professionnel, pour tenir les rênes de votre ministère de tutelle. De la même façon qu'il nous faudra trouver un bon économiste pour le ministère dédié, un excellent agronome pour le ministère de l'agriculture, un brillant géopolitologue pour les affaires étrangères, etc.

Des personnalités sont déjà très écoutées sur ces différents sujets par les cercles dissidents, ceux-là même qui en dehors de toutes attaches partisanes (la plupart préfèrent s'abstenir de voter), discutent sur les réseaux sociaux de la pertinence qu'il y aurait à soutenir votre contestation ou non.

Je puis assurer que ces citoyens sont des centaines de milliers pour leur partie la plus éduquée à la chose politique, et sauront proposer des noms au bon moment, tout en se joignant à vous dans une attitude profondément pacifique. 

Notre culture politique et militante peut s'avérer un atout important pour les policiers, il suffit simplement d'entamer un dialogue.

Dans l'attente, pour que la voie reste ouverte à de tels débats, j'invite tous les policiers à poursuivre leur mobilisation ; à maintenir et amplifier votre volonté de pousser à la démission votre ministre de tutelle (cela remet en cause l'autorité même de François Hollande et de Manuel Valls) ; à recevoir les plaintes et dénonciations dans tous les commissariats, concernant les agissements (réellement répréhensibles) du chef de l’État et de certains de ses ministres (zèle procédurier jouant sur le moral du gouvernement et rapprochant clairement les citoyens de la police nationale) ; et à méditer les quelques observations que j'ai souhaité vous faire parvenir, pour qu'au-delà de vos légitimes attentes corporatives, ce soit bien le peuple tout entier qui gagne à vous suivre.

Je ne saurais trop faire remarquer que si par bonheur, les jeunes Français d'aujourd'hui pouvaient un jour raconter à leurs petits enfants, que c'est sur l'impulsion de la police nationale qu'ils destituèrent un gouvernement félon et produisirent les changements nécessaires pour que la France reste et demeure un pays où il fasse bon vivre, les relations entre la police et le peuple s'amélioreraient considérablement, au point sans doute, que votre institution jouisse pour de longues années, du même capital sympathie dont dispose l'Armée ou encore le corps des sapeurs-pompiers.

Dans l'espoir de votre aimable attention,

Bien cordialement,

Sylvain Baron