Mickaël et moi-mêmes sommes arrivés dans la ville de Mont de Marsan par le train près de trois heures avant que ne débute son procès, au sein du Tribunal de Grande Instance de la Cité. Il faut dire que depuis Bordeaux comme depuis Toulouse ou Bayonne, la ville est bien peu desservie par les transports, tout chef-lieu du département Landais qu'elle puisse être. Pas d'autocar assurant la liaison depuis la vieille Burdigala mais quelques trains épars dont les services se terminent autour de 19 h
Après avoir quitté le quai de gare, nous descendîmes la colline surplombant les arènes de Mont de Marsan, avant de nous engouffrer dans les ruelles de la ville. Il était alors près de midi, nous en profitâmes pour nous restaurer et revoir les quelques éléments de défense les plus essentiels à exposer à la Cour : l'intention de restituer les drapeaux européens collectés des façades des écoles et mairies de la région ; l'acte politique comme forme de Liberté d'expression ; un Référendum violé en 2005 au mépris de notre Constitution et des grands principes qui sous-tendent la Démocratie.
Car Mickaël, à l'égal de quelques dizaines d'autres de nos compatriotes en France est un "Décrocheur". Lorsque l'occasion fait le larron, qu'une bannière étoilée orne ostensiblement le porche d'entrée d'un collège ou d'une mairie, un désir aussi violent qu’irrépressible de décrocher cet emblème d'une dictature s'étant progressivement installée sur la France, traverse le cœur et l'esprit de Mickaël. Depuis que le mouvement a débuté fin 2014, ce sont ainsi plus de 1000 "drapeaux européens" 'aussi appelés "torchons" qui ont été décrochés en France.
Peu avant 14 h, nous nous présentons au pied du tribunal, ou plutôt l'ombre de celui-ci. Une vieille conduite de gaz court sur son mur pour aller ceinturer ensuite un pan de toiture. Les murs sont décrépis, et même la salle d'assise où se dérouleront les procès du jour, ne paye pas de mine. Encore quelques années, et c'est encore un tribunal de province qui fermera. On arguera les nécessaires économies à produire au sein de la Justice, la vétusté des bâtiments, le regroupement régional des infrastructures et services publics pour des raisons de rationalisation des moyens...
Un couple de dissidents suivant l'actualité du mouvement et récemment installé dans le Gers, ainsi qu'un sympathisant bordelais nous ont rejoint pour soutenir Mickaël dans cette épreuve de patience. Car le justiciable doit composer avec le petit nombre de magistrats en charge d'instruire et juger des centaines de procédures chaque mois. Nous ne sommes pas parvenus à collecter suffisamment de fonds pour obtenir le déplacement d'un avocat (et par conséquent une priorité accordée dans l'ordre des affaires traitées), donc sagement, nous attendons. Nous ne sommes pas les seuls toutefois à patienter que le Juge appelle Mickaël à la barre. La veille, France Bleu Gascogne nous avait contacté, et a délivré dans son édition du journal de 7 h et de midi, les quelques arguments que nous soutenons par rapport à cette forme de résistance aussi symbolique qu'essentielle. L'Europe n'est pas notre ennemie, mais l'Union européenne l'est en revanche très clairement. Nous pensons même très fermement que cette institution représente un péril très sérieux pour l'auto-détermination des peuples européens, et à ce titre, nous sommes résolus à nous battre contre elle, ainsi que ses promoteurs que l'on peut aisément qualifier de traîtres à la patrie.
Peu avant 14 h, nous nous présentons au pied du tribunal, ou plutôt l'ombre de celui-ci. Une vieille conduite de gaz court sur son mur pour aller ceinturer ensuite un pan de toiture. Les murs sont décrépis, et même la salle d'assise où se dérouleront les procès du jour, ne paye pas de mine. Encore quelques années, et c'est encore un tribunal de province qui fermera. On arguera les nécessaires économies à produire au sein de la Justice, la vétusté des bâtiments, le regroupement régional des infrastructures et services publics pour des raisons de rationalisation des moyens...
Un couple de dissidents suivant l'actualité du mouvement et récemment installé dans le Gers, ainsi qu'un sympathisant bordelais nous ont rejoint pour soutenir Mickaël dans cette épreuve de patience. Car le justiciable doit composer avec le petit nombre de magistrats en charge d'instruire et juger des centaines de procédures chaque mois. Nous ne sommes pas parvenus à collecter suffisamment de fonds pour obtenir le déplacement d'un avocat (et par conséquent une priorité accordée dans l'ordre des affaires traitées), donc sagement, nous attendons. Nous ne sommes pas les seuls toutefois à patienter que le Juge appelle Mickaël à la barre. La veille, France Bleu Gascogne nous avait contacté, et a délivré dans son édition du journal de 7 h et de midi, les quelques arguments que nous soutenons par rapport à cette forme de résistance aussi symbolique qu'essentielle. L'Europe n'est pas notre ennemie, mais l'Union européenne l'est en revanche très clairement. Nous pensons même très fermement que cette institution représente un péril très sérieux pour l'auto-détermination des peuples européens, et à ce titre, nous sommes résolus à nous battre contre elle, ainsi que ses promoteurs que l'on peut aisément qualifier de traîtres à la patrie.
Dans la salle du tribunal, il y a aussi une jeune journaliste de Sud-Ouest, qui a fait un passage. Mais apprenant que Mickaël serait sans doute parmi les derniers à être jugés de la journée, la voila repartie, nous la retrouverons quelques heures plus tard sur un banc, à patienter à nouveau avec tous ceux présents pour connaître le fin-mot de notre affaire. Il y'a un dernier personnage intéressé à ce que Justice soit rendue. Il s'agit d'un policier municipal, dépêché par le Maire de Grenade sur l'Adour, Pierre Dufourcq afin de relater tout le scandale intime et civique que ces décrochages de drapeaux européens ont représenté pour lui. Il faut dire que c'est ce maire qui a fait voter un budget pour leur pavoisement. Il siège à la tête de la Municipalité depuis 1989. Citoyen modèle, il a été condamné en 2014 par le même tribunal ayant à juger Mickaël, d'une peine de 7500 € d’amende pour prise illégale d'intérêts, dans le cadre d'un contrat de fournitures informatiques ayant profité à son propre fils. Cet élu modèle donc, s'est dit sur France Bleu Gascogne, outré que des agitateurs puissent porter atteinte à un drapeau évoquant un patriotisme nécessaire, celui dévolu à l'Union européenne en clair. Je me chargerais donc de remettre au jeune policier municipal qui (me confiera t'il) aurait préféré venir au Tribunal pour une réelle affaire de malveillance contre le bien public, le mémoire que nous rendrons à la Justice un peu plus tard dans la journée, rappelant entre autre, le caractère aussi factice qu'illicite de l'emblème européen sur l'espace public. Au moins, M. Pierre Dufourcq, pourra apprendre à distinguer ce qui relève du patriotisme et ce qui relève de la trahison.
Tout ce petit monde attend donc. Les premières affaires traitées sont des histoires de recels ou de violences en milieu carcéral. C'est à la fois un paradoxe qu'assister au travail d'une louable Justice qui maintient sa prétention à préserver même le dernier des criminels, de tout arbitraire face à la condamnation de ses fautes ; et se dire qu'une sanction plus administrative de l'établissement pénitentiaire où un détenu a violé la loi, aurait permis à ce dernier d'éviter un supplément de temps de privation de liberté à sa peine en cours, tout en lui passant le goût de recommencer à violer ce qui relève désormais d'un règlement intérieur au sein d'une prison. Une fois ces affaires illustrant l'incapacité du Système carcéral à instaurer une certaine discipline parmi les détenus qui sont à sa charge, vient le moment où des violences conjugales, des vols à l'étalage, des menaces et violences diverses produits par des petites gens, seront déballées sur la place publique. Les personnes accusées sont la plupart du temps angoissées, penaudes et humbles face à la solennité exigible pour exposer le requisitoire de leurs fautes et décider du châtiment qui convient. Même pour ces personnes qui ne sont pas au fait de leur gloire personnelle en ce jour, je ne peux m'empêcher d'avoir de l'empathie. Etre jugé publiquement est toujours humiliant. Une part de notre vie, de nos petits travers et comportements les plus stupides sont exposés au grand jour à des dizaines d'inconnus. Tout notre être est réduit à une faute. Ce qui fait de nous UNE personne autrement plus complexe, riche et pas forcément malveillante au quotidien, est provisoirement aboli. En tout cas dans l'assistance, personne n'en saura jamais rien et on ne retiendra que la faute... Néanmoins, la procureur nous donne le sentiment d'être une honnête femme, qui quand bien même en charge de représenter le Ministère Public, essaye de tempérer au mieux ses réquisitions. Le juge, au centre d'un grand bureau que partagent de chaque côté une greffière et le Procureur, est un homme ayant sans doute une soixantaine d'années, le dos un peu vouté, aux gestes lents et à la voix légèrement chevrotante. L'homme est austère, mais empreint d'une certaine douceur dans sa façon de parler. On l'imagine difficilement audacieux, peut-être que le futur invalidera ce préjugé.
Tout ce petit monde attend donc. Les premières affaires traitées sont des histoires de recels ou de violences en milieu carcéral. C'est à la fois un paradoxe qu'assister au travail d'une louable Justice qui maintient sa prétention à préserver même le dernier des criminels, de tout arbitraire face à la condamnation de ses fautes ; et se dire qu'une sanction plus administrative de l'établissement pénitentiaire où un détenu a violé la loi, aurait permis à ce dernier d'éviter un supplément de temps de privation de liberté à sa peine en cours, tout en lui passant le goût de recommencer à violer ce qui relève désormais d'un règlement intérieur au sein d'une prison. Une fois ces affaires illustrant l'incapacité du Système carcéral à instaurer une certaine discipline parmi les détenus qui sont à sa charge, vient le moment où des violences conjugales, des vols à l'étalage, des menaces et violences diverses produits par des petites gens, seront déballées sur la place publique. Les personnes accusées sont la plupart du temps angoissées, penaudes et humbles face à la solennité exigible pour exposer le requisitoire de leurs fautes et décider du châtiment qui convient. Même pour ces personnes qui ne sont pas au fait de leur gloire personnelle en ce jour, je ne peux m'empêcher d'avoir de l'empathie. Etre jugé publiquement est toujours humiliant. Une part de notre vie, de nos petits travers et comportements les plus stupides sont exposés au grand jour à des dizaines d'inconnus. Tout notre être est réduit à une faute. Ce qui fait de nous UNE personne autrement plus complexe, riche et pas forcément malveillante au quotidien, est provisoirement aboli. En tout cas dans l'assistance, personne n'en saura jamais rien et on ne retiendra que la faute... Néanmoins, la procureur nous donne le sentiment d'être une honnête femme, qui quand bien même en charge de représenter le Ministère Public, essaye de tempérer au mieux ses réquisitions. Le juge, au centre d'un grand bureau que partagent de chaque côté une greffière et le Procureur, est un homme ayant sans doute une soixantaine d'années, le dos un peu vouté, aux gestes lents et à la voix légèrement chevrotante. L'homme est austère, mais empreint d'une certaine douceur dans sa façon de parler. On l'imagine difficilement audacieux, peut-être que le futur invalidera ce préjugé.
Si pour l'essentiel des affaires traitées, nous considérons Mickaël et moi-même les réquisitions et arrêts rendus comme justes et proportionnés, sur au moins deux affaires dont nous rediscuterons par la suite, tantôt nous considérons que la sanction ne fut pas assez sévère, tantôt nous trouvons qu'elle le fut un peu trop. Mais globalement, tant le Procureur que le Juge semblent privilégier, même face à des récidivistes, des peines relativement clémentes. Ce n'est de toute façon pas une peine d'emprisonnement que nous craignons pour Mickaël, aussi notre combat judiciaire est en vérité plus offensif que défensif.
Vers 18h00, la jeune journaliste de Sud-Ouest installée à quelques mètres de nous manifeste sa fatigue en soupirant, dessine machinalement sur son bloc-note où elle a pu inscrire quelques informations sur les faits divers jugés de la journée, mais manifestement, il faudra encore patienter au moins une bonne heure avant que Mickaël puisse être entendu par la Cour. Finalement, elle me laisse sa carte pour que je puisse lui faire parvenir les conclusions rendues par le tribunal avant de s'éclipser. De notre côté, notre dernier train pour rentrer à Bordeaux va quitter Mont de Marsan dans quelques minutes, et nous commençons à chronométrer mentalement le temps qu'il nous semble possible à patienter avant de devoir prendre une décision. Finalement, après qu'une affaire soit enfin jugée, Mickaël se lève et explique au Juge nos difficultés de transport et demande à ce que le procès soit renvoyé à une date ultérieure. Assez amusés, nous constatons que le Procureur et le Juge, tout en se montrant compréhensifs de nos difficultés, se désolent de ne pouvoir juger les actes de Mickaël le soir même. De concert, les voila qui disent : "votre affaire est pourtant si simple" !
C'est vrai, en apparence, tout est simple dans cette affaire. Mickaël n'est pas un délinquant ou un voleur, c'est un activiste politique. Il a décroché un "drapeau européen", non pas dans l'intention d'en faire "une soustraction frauduleuse", mais bien pour exprimer sa colère contre ces politiciens qui se permettent de trahir le titre premier de notre constitution, et nous asservir à des traités et une monnaie abolissant la Souveraineté de la nation. Mais pourtant, les faits sont qualifiés de vol, et à ceux qui auront la curiosité de faire lecture du mémoire laissé en lien plus haut, peut-être se diront-ils que distinguer le vol d'un acte politique relevant du droit de résistance à l'oppression comme de la Liberté d'expression, n'est peut être pas une affaire si simple. Mais de bon cœur, le procureur ne s'oppose pas à ce qu'une nouvelle date de procès nous soit proposée, et le Juge après entretien avec la greffière, renvoie le jugement au 14 Février prochain.
Il n'y a donc pas eu de décision rendue hier à Mont de Marsan, et quelque part, c'est une bonne nouvelle pour nous. Cela nous laisse plus de temps encore pour récolter des soutiens politiques utiles, récolter des fonds pour financer les honoraires d'avocats (dont nous aurons toujours besoin), et préparer plus fermement encore notre défense. En outre, les pièces livrées au tribunal le 15 Novembre, exigent un peu de temps pour être lues, et c'est bien sur ces documents que nous jouons l'essentiel de notre plaidoirie. Le Procureur comme le Juge auront donc tout le loisir d'apprécier avant la St Valentin prochaine, à quel point décrocher des emblèmes européens, et justifier en droit de l'absence d'illicité d'une telle action, n'est pas chose si aisée que cela. Car il faut tout de même concéder s'écarter un peu du droit pénal pour revenir aux méandres difficiles du droit positif et constitutionnel, afin de qualifier correctement les faits.
Nous appelons donc chacun d'entre vous à nous soutenir avant le 14 Février prochain, mais aussi le 26 Mars 2019, ou un autre Décrocheur sera jugé cette fois-ci au Tribunal de Libourne en Gironde. Votre soutien, même d'un euro symbolique - mais multiplié par un grand nombre de patriotes agissants - peut nous permettre d'aller bien au-delà des seules procédures judiciaires entourant la question des "drapeaux européens". Je me tiens prêt à titre personnel, à engager les procédures nécessaires pour que Messieurs Sarkozy, Hollande et certains de leurs ministres, soient inquiétés par la Justice pour leurs crimes contre l'humanité, de financement du terrorisme et d'intelligences avec des puissances étrangères. Ce ne sont ni les faits, ni les lois, ni l'envie de m'attaquer à ceux qui nous ont trahi qui manquent. C'est le soutien financier et militant pour porter de telles batailles qui font défaut.
Vous êtes donc en grande partie ce qui peut nous permettre de finaliser et ouvrir de nouvelles batailles. Aussi les Décrocheurs s'en remettent à votre générosité, et peut être à votre audace lorsque vous serez face à un "torchon", pour qu'à force de ténacité et de solidarité commune, nous parvenions à détruire l'Union européenne par ses flancs, et ruiner définitivement la carrière politique de celles et ceux qui auront promu l'arbitraire de cette institution et les guerres de l'OTAN, contre la dignité du peuple français.
Vous êtes donc en grande partie ce qui peut nous permettre de finaliser et ouvrir de nouvelles batailles. Aussi les Décrocheurs s'en remettent à votre générosité, et peut être à votre audace lorsque vous serez face à un "torchon", pour qu'à force de ténacité et de solidarité commune, nous parvenions à détruire l'Union européenne par ses flancs, et ruiner définitivement la carrière politique de celles et ceux qui auront promu l'arbitraire de cette institution et les guerres de l'OTAN, contre la dignité du peuple français.
Sylvain Baron
Pour aider les Décrocheurs : www.lepotcommun.fr/pot/8ui89h0p
Pour me soutenir personnellement dans mes projets de retour à la terre et initiatives militantes (je suis au RSA) :
Bonne continuation , superbe blog!
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