mardi 8 septembre 2020

Le 12 septembre et le 3 octobre qui arrivent

 

C'était durant l'été 2016. J'étais avec mon camarade Sylvain Nisole dans la ville de Montluçon et nous interrogions les habitants sur ce qu'ils pensaient de François Hollande, des médias, de l'UE et de la démocratie en général. Plus de 500 témoignages ont ainsi été enregistrés parmi des milliers de discussions échangées. Comme celle avec cette vieille dame de plus 80 ans. Je lui demandais ce qu'elle pensait des manifestations (nous étions encore à l'époque de "Nuit Debout"). Toute à sa fragilité de vieille dame, elle me répondit qu'elle n'y viendrait pas parce que la violence qu'elle y entrevoyait lui faisait peur. Chaque fois que l'on me reproche mon "pacifisme" et surtout mon intransigeance sur la sécurité des personnes, je repense à cette vieille dame de Montluçon. Et je ne doute pas du bien fondé de ma stratégie.

Pourtant j'ai participé à l'occupation de péages ou encore de voies d'accès à des dépôts de carburant, et cela en acceptant le fait qu'il est difficile de jouer le jeu d'une procédure et de pacifisme puisqu'il s'agit de conduire un bras de fer en interrompant les flux économiques du pays. Si l'on veut faire capituler la représentation politique sous la férule de la colère sociale mais aussi celle des féodalités industrielles et financières voyant leurs échanges et routines logistiques entravés, certaines infrastructures doivent être considérées comme des cibles prioritaires à cloisonner du réseau routier général. Un port, un dépôt de carburant ou une centrale d'achat de supermarché, ça ne se tient pas avec de la pensée bisounours et de la paperasse, mais avec du courage et l'abnégation des plus déterminés.

Je ne suis pas pacifiste, je m'inscris juste dans un courant de pensée humaniste qui suppose qu'il y a dans le droit et sa philosophie, des outils pour régler les problèmes de Société, y compris lorsqu'on parle de guerres ou de révolutions. Et dans ce vaste foutoir à niaiseries intellectuelles pour certains, se trouvent tout de même quelques réflexions sur le droit de résistance à l'oppression, mais aussi des proportionnalités qu'on puisse poser en jalons avant le déchaînement de violence final. Quels sont autrement-dit les moyens légaux qu'il nous reste pour faire sauter Al Macrone et sa bande de mafieux si l'on dispose de la contribution du plus grand nombre ?

Un livre à paraître cet automne explique quels sont les axes d'attaque qui doivent être les premiers sujets de préoccupation des insurgés. L'intégrité intellectuelle consiste à ne pas renverser sa représentation si manifestement elle ne viole aucune loi, que ses mandats ne sont pas usurpés et qu'elle agit concrètement dans l'intérêt national. Le juge de paix sur cette intégrité, c'est à minima le respect de la constitution, des lois pénales et du droit international par nos dirigeants. C'est leur responsabilité, pas la notre. Or, on peut reprocher au moins trois crimes à Emmanuel Macron qui relèvent de la trahison (art. 411-3 CP) sur l'affaire Alstom ; de l'agression militaire illégale sur le territoire syrien en avril 2018, au sens de l'article 8 bis des Statuts de Rome sur la Cour Pénale Internationale et de l'article 2 de la Charte des nations-unies, et si l'on ajoute la répression féroce qu'il a ordonné contre les Gilets Jaunes, nous touchons directement au crime contre l'humanité (art. 211-1 CP). Emmanuel Macron comme ses prédécesseurs et nombre de leurs ministres respectifs ont des responsabilités pénales dans un grand nombre d'affaires d’État pour le moins. 

Leur place est en prison.

Ce qui signifie qu'il faut pouvoir produire ce que nos institutions judiciaires comme le parlement ne font pas : leur procès. Et l'on commence toujours par le premier domino institutionnel en période révolutionnaire. Les autres tomberont ensuite. Non seulement nous devons pouvoir porter publiquement nos accusations avec la caisse de résonance des médias publics (d'où en partie l'idée de les occuper) ; nous devons pouvoir jouer le procès "extra-judiciaire" de sa jupitérienne micronie dans les places et salles municipales pour expliquer les lois à la population autant que les faits dont on devra se faire une idée s'ils relèvent de "la politique" ou du crime organisé. Si l'on est rigoureux intellectuellement, on ne peut invoquer les lois qui remettent en cause la légitimité d'un chef d'Etat à gouverner, et s'affranchir de vouloir ignorer toutes les autres qui codifient la vie publique pour nous montrer le chemin de l'exemplarité civique. Aussi lorsque j'organise une manifestation, tout à mes propres imperfections morales et facultés physiques, je veille autant que possible à ce que l'ensemble des troupes retourne chez soi ou chez l'ami, pour se tenir prêt à revenir le lendemain avec toute la vaillance nécessaire. Les blessés sont encore une fois inutiles s'il s'agit de revenir chaque jour et cela tout à fait légalement, sur les mêmes sites à occuper.

La procédure a du bon quoi qu'on en pense. Elle débute à peu près de cette façon depuis ma boite courriel : "bonjour, j'informe vos services que nous déclarons organiser une série de rassemblements et cortèges en tous points précédents aux derniers". Cela fait 5 années que la préfecture de la Seine est habituée à ce petit manège pour quelques clampins au départ, puis quelques dizaines, et chaque fois un peu plus. Tous ceux qui reviennent régulièrement, puis les nouveaux qui s'y ajoutent. De fil en aiguille avec un répertoire téléphonique qui lui aussi se complète, on finit par faire progresser les chiffres de mobilisation. Ce qui compte, c'est la régularité. Toujours le premier samedi du mois. C'est à ce moment-là que les comptes bancaires des plus pauvres sont remplis. Ils peuvent consacrer un petit budget pour monter sur Paris, avant que les factures et le loyer n'aient tout bouffé. Ils se démerderont encore avec les miettes au retour. Je ne connais ça que trop bien.

La cible première, ce sont nos médias publics. France Inter en particulier puisqu'avec les dirigeants de la Maison de la Radio, il faudra bien qu'on s'entende un jour sur le fait que de toute façon, nous reprendrons le contrôle éditorial et humain de cette chaîne de radio publique payée et écoutée par des millions d'automobilistes chaque matin. Si personne n'informe la population qu'Emmanuel Macron dans un État de droit qui se respecterait, devrait normalement croupir en prison, il ne peut y avoir un début de légitimité pour les révolutionnaires quant à le renverser. Que Macron soit "libéral" (il ne l'est pas), "gayfriendly" ou encore très arrogant avec les "gens qui ne sont rien", ça ne justifie pas sa destitution. Qu'il ait violé la Loi en revanche, cela mérite un débat public sur sa légitimité à conserver son mandat. 

La reprise de contrôle d'une large plage de diffusion radiophonique sur le service public de l'information, peut par ailleurs permettre d'envoyer une adresse aux armées pour qu'elles se soumettent à l'article 7 de la constitution sur la vacance de la présidence de la République et transfèrent de facto leur commandement ultime au Président du Sénat qui aura à charge d'organiser des élections présidentielles anticipées. Cela avec un gouvernement de transition que l'on peut faire connaître via le service public de l'information encore une fois. J'insiste sur ce point. Si BFM a quelque chose de symbolique dans la critique que nous faisons des médias, ce qui nous appartient : c'est Radio France et France Télévisions. Nous pouvons nous mettre d'accord en peu de temps sur des visionnaires, experts et intellectuels incorruptibles pouvant aisément prendre la charge de certains  ministères. Ils ne seront là que pour moins de trois mois de toute façon. Mais comme le RIC n'est pas une idée magique qui peut apparaître spontanément et qu'il faut nécessairement qu'un gouvernement soit à la manœuvre pour que cette disposition comme bien d'autres, puisse advenir concrètement, nous devons faire entendre nos idées plutôt que forger inutilement des gueules cassées. Ce qui suppose des cortèges et rassemblements qui se passent désespérément bien pour les grands médias que l'on occupe. Pas de violences, pas de poubelles ou voitures brûlées, une énorme solidarité des gens présents et un civisme exemplaire entre eux, mais tout cela dirigé contre le gouvernement et les éditocrates qui assurent la propagande de ce dernier. Les policiers ne pouvant constater que le caractère paisible, régulier et fort civique dans l'attitude des personnes mobilisées, les procédures préalables ayant été par ailleurs réglées, nous pouvons de cette façon tenir le siège durablement. En 5 années, le préfet n'a pas eu un incident suffisamment grave ayant justifié l'interdiction de nos manifestations devant les médias. Si nous pouvons être sous les fenêtres de BFM et France Télévisions chaque jour, de façon tout à fait légale et sans heurts avec la police ou entre nous, dans ce je préfère prendre le temps de construire la qualité et la régularité opérationnelle que de céder à la quantité promotionnelle, visiblement peu regardante sur des réalités tactiques, stratégiques juridiques, et pour le moins de sécurité des personnes.

Sur le fait de déclarer un cortège, plusieurs choses sont à savoir. D'une part, la règle n'est pas si stupide que cela si l'on considère la question de la circulation routière à faire cesser ou dévier durant la progression de la marche. Mais surtout puisqu'elle est de toute façon la règle en vigueur et que l'enfreindre est considéré par la loi comme une incitation et/ou une participation à un attroupement pouvant créer  "un trouble à l'ordre public". On peut se douter raisonnablement que la réponse du préfet pour n'importe quel rassemblement libre et spontané, consistera en une répression sauvage pour blesser et affecter moralement les participants. Il faut absolument les décourager de revenir. Puisque la loi est de "son côté" il a toute latitude pour fournir des images de dégradations commises par des casseurs incontrôlables sur BFM et Cnews. Quelques cadrages supplémentaires sur des manifestants piétinés, matraqués et gazés lorsqu'ils n'ont pas un crâne brisé par un tir de LBD pour bien prévenir le peuple que jouer avec les nerfs de l'ado attardé qui est au sommet de l'Etat, c'est prendre des risques réels avec sa propre vie. Quant à nos revendications politiques sur la destitution de Macron et le RIC, les médias n'en parleront pas. L'image de la voiture renversée qui brûle, c'est tellement mieux pour compléter le "storytelling" sur les Gilets Jaunes ou tout autre groupe de gueux criards qui dans leurs indignations de fainéants, de jojos, de riens, ne savent pas se conduire autrement qu'en parfaits voyous. Les dégradations et violences sont essentielles à la propagande du gouvernement.

Si à la fin d'une journée de grosse manif symbolique, c'est toujours le même constat : soit des femmes et enfants inquiets aux urgences lorsqu'un père de famille va se faire opérer pour retirer un morceau d'os dans son cerveau ; des Français asphyxiés aux gaz lacrymogènes qui reviennent écœurés chez eux en constatant leur impuissance : ils n'ont jamais vaincu la maréchaussée. Elle est équipée, formée pour cela. Pour disperser de grands attroupements de personnes, le gouvernement a les moyens de le faire faire, que cela plaise ou non. C'est certainement pas la grand-mère de Montluçon qui rejoindra une manifestation qu'elle sait ne pas être déclarée en préfecture pour au moins avoir la certitude de participer à quelque chose d'un tant soit peu organisé avec les autorités de police. 

La volonté inexpugnable des organisateurs du 12 septembre de ne rien déclarer en préfecture sur Paris, et cela au nom des grandes valeurs sur la Liberté (que je partage), m'amène à me faire une idée des conséquences qui pourront en découler, même si j'espère que la préfecture choisira d'accompagner plutôt que de réprimer de façon imbécile.  Cependant, Didier Lallement ne s'est jamais fait remarquer pour être spécialement scrupuleux sur les droits de l'Homme. Il s'arrange aisément avec les grandes valeurs et principes des manifestants. D'ailleurs, on lui a même fourni les voyous de la BRAV-M pour terroriser les contestataires politiques. Pourquoi s'en priver quand la loi est de son côté ? 

Il y aura une personnalité avec vous me dit-on ? Oui et alors ? Les consignes seront de la repérer pour éviter un incident qui soit fâcheux pour la communication médiatique de la Macronie. Un gueux blessé, c'est limite pas grave, y'a même une tolérance jusqu'à quelques morts. Un "people", c'est ennuyeux, alors on le quitte pas des yeux les gars et on fait attention à ne pas l'amocher. Pour les autres en face, c'est la charge !

Ceux qui viendront ne peuvent raisonnablement pas écarter la possibilité de finir en garde à vue s'ils ont de la chance, voire éborgnés ou estropiés pour quelques dommages collatéraux qui feront des martyres nécessaires pour les uns, des avertissements sanglants pour les autres. Si cela n'a aucune importance pour vous, que vous vous estimez prêt(e) à assumer les risques qui en découlent, alors allez-y en conscience, je comprends votre besoin d'exulter sur les Champs Élysées toute votre colère et je vous soutiens avec le cœur.

Si en revanche, vous souhaitez participer au 12 septembre dans des conditions plus sécurisantes, revenez sur les ronds-points où nous avons émergé en 2018. Vous pouvez aussi aller sensibiliser les soldats et chefs de corps au-devant des bases et régiments militaires. Vous pouvez aller au-devant de vos médias publics et privés régionaux. Il y a des choses que l'on peut organiser légalement et de façon sécurisée pour tout le monde. Quoi qu'il arrive, que chacun agisse, je serais de mon côté sur un rond-point à Châteauroux le jour-dit.

J'espère que le 12 septembre sera l'occasion d'une grande mobilisation des Gilets Jaunes sur l'ensemble du territoire national et que les semaines suivantes marqueront la reconquête finale.

De mon côté, je vous redonne rendez-vous avec nos camarades devant la Maison de la Radio, à partir de 13h30, samedi 3 octobre prochain, pour repartir assiéger les médias de masse avec l'éthique de travail militant que je vous ai décrite plus haut.

Entre ces deux dates, notre insurrection ne doit jamais faiblir.







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