J'ébauche cet article tout en étant incertain d'être capable de l'achever. Voilà des années que j'ai emprunté les sentiers de la Révolution. Un aller sans retour pour tout esprit ayant fait le tour de la question politique et désormais irrémédiablement convaincu que le Salut de la nation ne viendra jamais d'une élection. Entre 2011 et aujourd'hui, que de chemin parcouru. Mais aussi tant de désillusion et de fatigue mentale contre lesquelles il faut trouver, au plus profond de son être, les ressorts de sa propre résilience. La Révolution ne peut être réduite à un Grand Soir tant attendu. C'est une guerre. Une réelle guerre au long cours qui avalera son contingent de martyrs pour la cause. Une guerre d'usure entre la tyrannie régnante et la dissidence d'un pays.
On m'a fait le reproche (justifié) d'être devenu quasi invisible sur les réseaux sociaux comme sur ce blog. De ne plus tenir de conférences ; ne plus faire œuvre de pédagogie populaire ; de ne plus publier de vidéos où je puisse faire valoir mon opinion sur tel ou tel sujet. Il y a deux raisons à cela :
1) Ce qui me reste de force psychique, je la consacre au réel. Je suis toujours et plus que jamais actif sur des considérations plus opérationnelles qu'intellectuelles et certains parmi vous ne le savez que trop bien. Il faut pour écrire, et à plus forte raison lorsqu'il s'agit de sourcer ses propres analyses, une certaine capacité de concentration. Mais aussi un feu d'espérances intime qui reste vif par-delà le glacis de l'inertie des masses. Il faut, d'une certaine façon, y croire toujours et considérer l'actualité comme l'occasion de redémontrer la pertinence de ses convictions. En mon cœur, rien n'a changé sauf une grande part de ma combativité. Je ne suis pas moins faible humainement que beaucoup d'autres. Surtout si rien de réellement positif ne vient raviver mes espérances.
2) Si je ne souffre ni d'un trop plein de modestie, ni d'un orgueil ou d'un narcissisme débridé, je n'ai jamais été à l'aise avec la communication. Et plus encore lorsqu'il s'agit de répéter (radoter) de mêmes idées et concepts durant des années. Non que je sois excessivement mauvais à l'exercice, mais plutôt désintéressé et mal à l'aise là où je me sens bien plus dans mon élément dans l'organisation d'opérations militantes ou de recherches documentaires me permettant de cerner une problématique particulière de la façon la plus exhaustive que possible. Je suis un bon activiste. Je ferais un très bon politicien (au sens noble du terme), mais je resterai à jamais un faiseur plutôt qu'un communicant.
Au final, des vidéos synthétisant ma pensée existent. Sur ce blog, je crois avoir pratiquement tout dit de la vision que je défends. Et puis mon premier essai (un autre est en cours de rédaction) est une synthèse complète et exhaustive de tout ce qui a pu être consigné sur ce blog. Certes, je ne fais la promotion de rien de tout cela, mais je n'ai pas le cœur à le faire. Néanmoins, je dois bien admettre que l'ère macronienne aura permis de jeter de nouvelles forces insurrectionnelles dans la bataille. Que ce soit au-travers des Gilets Jaunes ou plus récemment des défenseurs de nos libertés fondamentales en matière de choix de santé. De nouvelles forces vives de la nation s'ajoutant à celles s'étant déjà constituées un peu plus tôt. Parmi ces nouveaux entrants, certains me connaissent déjà. Beaucoup ignorent les thèses et initiatives que je défends. Raison pour laquelle je me propose (peut-être pour me remettre le pied à l'étrier) de redéployer ici quelques concepts théoriques et pratiques à la source de mon travail. Ce sera toujours de la substance utile pour qui voudra s'en nourrir.
Reprenons d'abord la thèse de départ, soit la légitimité de l'insurrection puisqu'elle suppose tout le reste.
Cassons d'abord et à nouveau l'image d'Epinal : non, la Révolution n'est pas nécessairement "violente". Elle est d'avantage un fait politique et, dans sa continuité, un fait juridique :
- La constitution par avance d'un gouvernement de salut public ayant pour rôle de reprendre la main, le Grand Soir venu, est impérieuse pour parler au nom des insurgés en direction du peuple ou des corps régaliens de la nation. Ce gouvernement, à mes yeux, ne trouvera sa légitimité que par l'organisation d'un plébiscite pour chacun des ministres dont nous aurons besoin. En revanche, nous n'avons pas de "Président" à trouver, mais plutôt un Premier ministre. En effet, toutes les révolutions débouchent constamment sur un épineux problème constitutionnel puisque c'est un fait politique qui s'impose sur les normes permettant de constituer régulièrement un gouvernement. Cela a toujours obligé les révolutionnaires qui réussirent leur "coup d'Etat civique", à composer avec la Constitution de leur pays voire de se légitimer et même "légaliser" leur gouvernement après coup. Il y a bien une faille constitutionnelle à exploiter, à savoir l'article 7 de la Constitution qui prévoit qu'en cas de vacance de la présidence de la République, le Président du Sénat assure l'intérim et organise des élections présidentielles anticipées. Ce même article est cependant totalement silencieux sur "la vacance du gouvernement" expressément constatée. A supposer que si nous renversions Emmanuel Macron dans l'année, il serait évident que les révolutionnaires refuseraient au gouvernement actuel de continuer à siéger. Et si l'on renverse un chef d'Etat, c'est que le rapport de force nous est bien favorable. En symétrique, le gouvernement macronien serait pour sa part plus que fragilisé et il est même certain que la plupart des ministres et secrétaires d'Etat prendraient la poudre d'escampette à leur tour. C'est ici que tout se joue : ne pas se mettre à dos les corps régaliens de la nation et les institutions en général en respectant à la lettre les termes de la Constitution. Le Président du Sénat (lui-même fragilisé) reprendrait donc bien la main provisoirement (le temps d'organiser les élections présidentielles anticipées) quoi qu'on pense de ce dernier. Mais nous lui imposerions notre gouvernement puisque la Constitution est, encore une fois silencieuse à ce sujet. Ajoutons ici que nul révolutionnaire ne s'inscrira dans une logique de confrontation stérile avec la maréchaussée jusqu'au Grand Soir venu. Bien au contraire, à l'expérience, les révolutions qui ont abouti, sont uniquement celles qui ont vu le soutien passif ou pro-actif des corps régaliens de la nation (en particulier l'Armée) envers les insurgés. A ce titre, je revendique le fait que les individus encagoulés passant leur temps sur certains rassemblements à caillasser des flics et gendarmes sont en réalité des contre-révolutionnaires. Ce sont des briseurs de révolution et les idiots utiles de l'oligarchie au pouvoir. Ces gens-là doivent obligatoirement être exclus de tout réel mouvement révolutionnaire puisqu'ils sont incapables d'une quelconque auto-discipline et de réflexion profonde sur la réalité du fait insurrectionnel. Ces gens-là sont les ennemis du peuple. Cela autant que la Macronie elle-même.
- Une fois le cadre politique, juridique et même stratégique défini, restent les considérations plus opérationnelles capables de faire fuir un despote. De très nombreuses actions, particulièrement lorsqu'elles sont menées en synergie entre elles, sont de nature à mettre en difficulté un régime politique contesté. Cependant, certaines sont plus efficientes que d'autres. La première que je ne cesse de défendre, car elle est de loin la plus prometteuse, est le fait d'assiéger les grands médias nationaux. Après tout, ces derniers donnent le tempo de la doxa. Ils décident des politiciens ayant droit de cité et ceux qu'ils convient de censurer ou diffamer. Contrairement aux médias alternatifs qui n'ont d'influence que sur des communautés politiques restreintes, le "mainstream" atteint l'ensemble des "cerveaux disponibles". Il permet de communiquer à l'attention du peuple, mais aussi des armées et autres institutions de la République. Imaginez quelques minutes des insurgés pénétrant les locaux de France Inter et déroulant, sur de longues minutes, un réquisitoire implacable contre Emmanuel Macron en proclamant sa destitution de fait. Imaginez un appel au peuple à venir renforcer les milliers de gens assiégeant déjà le média concerné. Imaginez un appel aux armées et à tous les fonctionnaires à ne plus obéir au gouvernement. Imaginez enfin, que ce temps d'antenne ne soit pas de quelques minutes, mais soit occupé 24h/24, 365 jours par an par une ligne éditoriale, des invités et des journalistes délibérément choisis par les insurgés eux-mêmes. Voila l'enjeu, Ceausescu n'a pas été renversé autrement en Roumanie. Hugo Chavez n'a pas débuté sa révolution bolivarienne sur une banale place publique de Caracas. Non, il a pris le contrôle d'une chaîne de télévision publique pour exposer au peuple ses griefs et ses propositions pour l'avenir.
Bien d'autres lieux de pouvoir méritent d'être assiégés voire conquis par les insurgés. L'Assemblée nationale, en particulier, puisqu'on proclame sa légitimité à gouverner le plus souvent au sein d'un parlement que l'on a arraché aux traîtres qui y siégeaient. Je pourrais étayer bien plus encore de propositions opérationnelles (et légales), mais pour ces dernières : des recherches de l'internaute ou la commande de mon livre chez un libraire permettront de trouver la voie militante la plus pertinente par rapport à ses propres capacités et contraintes personnelles. Beaucoup de choses peuvent être faites à distance, pacifiquement, légalement et, pour ainsi dire, gratuitement. Des solutions qui ont aussi le bon goût de porter un grave préjudice à la légitimité de nos gouvernants. Pêle-mêle et sans plus d'explications : constituer des tribunaux populaires pour juger publiquement les traîtres ; attaquer les symboles politiques de l'oligarchie comme le drapeau européen (en les décrochant de tous leurs supports sur l'espace public) ; l'envoi en masse de courrier aux institutions ; la diffusion de publications politiques au grand public ; la reprise de contrôle effective de la monnaie fiduciaire (franciser les billets de banque avec un simple stylo par exemple) et j'en passe encore.
Au final, après plus de dix années dans le marigot révolutionnaire, quel retour d'expérience je puis en faire ?
4) Savoir se ménager ! La Révolution n'est pas une course de vitesse mais bien une course de fond. Que de solides résistants nous avons perdu en route, parce qu'ils ont livré toute leur énergie à coeur et à corps perdus à toutes les initiatives possibles et imaginables. Cela jusqu'à l'épuisement total. N'ayez jamais aucune honte ou le moindre scrupule à vous retirer provisoirement pour souffler. Limitez vos contributions à la cause en évitant de vous disperser. D'autres feront bien ce que vous ne ferez pas vous-mêmes. Ne vous épuisez pas économiquement et ne vous marginalisez pas sous prétexte d'avoir la rage au cœur dans ce combat. Restez vivants, soucieux de vous, ne faites jamais rien de stupide ou d'illégal (un résistant en prison n'est nullement utile à la cause), je n'ai pas d'autres conseils d'un vieux "routard" de la Révolution désormais : ménagez vous !
5) Où sont les petites rivières monétaires pour financer la Révolution ? Oui, le fait de donner un banal euro, aussi symbolique qu'il soit, à une bonne cause ou une personne (morale ou physique) que vous jugerez fiable dans ce contexte révolutionnaire, aide beaucoup. Nous n'avons pas de Georges Soros plein de ferveur patriotique pour subventionner celle-ci. Nous n'avons que nos propres ressources financières. Et si l'on ne s'active pas soi-même sur "le terrain", rien n'empêche de contribuer financièrement à la Révolution. Il ne s'agit pas nécessairement de verser de fortes sommes d'argent à une bonne cause, mais plutôt de disposer de milliers voire de millions de contributeurs qui apportent chacun quelques subsides utiles sans pour autant s'appauvrir eux-mêmes. Les tracts, banderoles, sono, locations de salles, outillages militants, frais de déplacements, etc exigent quelques ressources monétaires. De même que l'on peut aisément payer des honoraires d'avocat (des compétences précieuses pour la Résistance) avec du financement.
Voila en synthèse les difficultés que nous avons à résoudre. Rien n'est insurmontable, mais l'on comprendra bien que la Révolution n'est nullement un phénomène qui arrive spontanément et de nulle part. C'est un projet, une organisation ainsi qu'une démarche intellectuelle extrêmement rigoureuse accompagnant une inexpugnable volonté de la dissidence quant à aboutir avec le moins de dommages collatéraux. Cela nous oblige à nous transcender humainement et politiquement mais c'est aussi la possibilité de donner beaucoup de sens à sa propre vie et s'enrichir d'énormément de compétences, de méthodologie, de liens sociaux et de culture politique.
Pour conclure, je pensais ne pas pouvoir finaliser ce billet, mais finalement, je me satisfaits de constater que l'inspiration revient en écrivant. Je continue mon travail d'activiste loin de ce blog et des réseaux sociaux, mais vous pouvez toujours m'aider par différents moyens que je laisse à votre disposition ici :
Commander mon livre en librairie, ce qui vous permettra d'accéder à une pensée et des informations bien plus exhaustives que la synthèse livrée ici même tout en donnant de la visibilité à mon ouvrage.
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Soutenir les actions de VIGIMEDIAS, collectif qui organise régulièrement, en partie sous mon égide, des mobilisations devant les grands médias de propagande français. Nous avons besoin de votre présence et votre soutien en général. Bientôt, VIGIMEDIAS sera une association à laquelle vous pourrez d'ailleurs adhérer.
Dans l'espoir que ce billet permettra à certains de mieux orienter leur combat, je vous engage à rejoindre tous ceux qui sont déjà dans la bataille.
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