dimanche 23 août 2015

L'antériorité ne prédispose pas de l'avenir

Je ne crois pas pouvoir revendiquer être le plus sage de chacun d'entre nous, mais je constate quelque chose qui n'en finit pas de m'étonner au-travers de nombreuses discussions, et me laissant à penser que le logos est bien malmené face au pathos chez nombre de nos concitoyens.

En effet, pour chaque pensée positive ou constructiviste que je peux émettre tant sur la question de l'insurrection ou des formes que pourraient prendre la démocratie dans l'avenir, on m'objecte très souvent des propos renvoyant aux vicissitudes actuelles. 

Untel dira : "les influences d'argent ont le pouvoir, donc nous ne pouvons pas prendre le pouvoir"
Un autre dira : "Il faut du tirage au sort partout, le système électoral ne promeut que les oligarchies"

Ce sont des arguments récurrents (pour ne pas dire constants) qui encore une fois, sont supposés former une objection à des propos qui :

- éludent l'influence des intérêts privés ou étrangers sur nos institutions, puisqu'il s'agit de parler d'insurrection. 

Que peut le pouvoir de l'argent face au pouvoir des masses ? Absolument rien, même le plus rôdé des C.R.S pourrait en témoigner : il y a un seuil de foules contre lequel il est strictement impossible de maintenir l'ordre, quand bien même un Ministre aboierait à un préfet de trouver une solution.

- éludent la forme actuelle des institutions, puisqu'il s'agit de les repenser complètement. 

Comment peut-on dire par exemple que l'élection doit être évincée totalement des différents modes de désignation de nos mandataires, si l'on considère qu'il faudra que le référendum d'initiative populaire et révocatoire soit un droit acquis dans notre prochaine constitution ? Dans un tel cas, l'élection perd beaucoup de ses contraintes connues actuelles (non pas toutes), et retrouve sa pertinence à partir d'un cadre parfaitement réfléchi et en fonction de certains mandats.

Nous pourrions évoquer aussi les lois déjà écrites, les traités auxquels nous sommes assujettis, les révolutions passées rattrapées par des influences d'argent et nombre d'autres sujets qui, dès lors qu'ils sont conscientisés comme "systémiques", sont considérés comme inamovibles.

C'est pourtant le propre des civilisations (et pour le moins une vieille habitude Française) que d'envoyer valdinguer ce qui durant quelques décennies semblait inamovible, pour générer des progrès sociaux et démocratiques brutalement et toujours rapidement.

Ce qui existait avant ou du moins, ce qui est actuellement, ne peut donc en aucun cas être considéré comme ce qui sera dans l'avenir. Dès lors, à quoi bon s'enfermer dans ce qui est ou ce qui a été, puisque nous pensons et dessinons un futur tout autre ? J'en arrive même à trouver plus agréable de partager des discussions avec des gens avec qui je suis en profond désaccord, mais qui pour autant ne se réfèrent jamais au passé ou au temps présent pour imaginer les avenirs possibles, sauf lorsqu'ils y trouvent des leçons utiles pour construire une pensée positive.

Car les objections consistant à réduire l'arborescence des futurs possibles à des schémas déjà usités témoignent à mon sens de ressorts de la psyché bien plus que de l'analyse politique réelle. En verrouillant l'avenir aux desseins de notre oligarchie mondialiste, ou encore aux dysfonctionnements actuels ou passés tant des révolutions que de la salubrité de nos institutions, c'est un sentiment individuel et presque charnel qui parle, non une certaine logique d'esprit se moquant de nos états d'âme.

L'on pourrait parler d'apathie, de défaitisme, voir d'une pensée morbide. Certes, cet interlocuteur pourra être tout à fait renseigné sur les réalités géopolitiques, économiques ou institutionnelles qui nous asservissent mais il ne proposera pas de solutions immédiates et plus pérennes qui en découlent. Enfin si, mais je n'appelle pas cela une solution, mais là encore une marque du pathos : 

L'insurrection violente.

Ce sont en effet bien souvent ceux qui restent en cycle fermé sur les aspects sombres de notre histoire ou de notre actualité, qui appellent le plus souvent à la révolte violente. On envoie la raison à la poubelle, et l'on se sent prêt à mourir du point de vue charnel comme si le corps devait être en adéquation avec un esprit souffrant lui-même d'une petite mort. En effet, l'insurrection violente comme motivation suppose que son promoteur tienne compte qu'il pourrait lui-même être sacrifié dans un bain de sang. C'est un désir individuel qui exclut la réflexion collective. La majorité d'entre nous ne souhaitons pas mourir ou être blessé(e) dans des affrontements violents avec la maréchaussée, et les idées insurrectionnelles qui en découlent, tiennent souvent compte de cette logique de survie, mais aussi de respect de l'intégrité corporelle de l'autre. Car les défenseurs d'une quelconque action visant à nuire au Système, sont co-responsables de leurs agissements et de leur organisation, et ont tendance à veiller les uns sur les autres par nécessité autant que par fraternité dans leur combat collectif. Voila pourquoi celui qui défend l'insurrection violente est non seulement dans le pathos à mes yeux, mais aussi profondément individualiste puisqu'il refuse d'inclure dans sa réponse, la responsabilité de son propos et de ses actes face à la collectivité. Il n'en a cure, seul le sang des salauds ou le sien propre s'écoule dans son esprit, au point de jeter un voile écarlate sur ce qui devrait être le fil conducteur d'une résistance pacifique et organisée :

La Raison

C'est ainsi une forme d'incohérence d'esprit à mes yeux que se référer constamment à des désastres démocratiques et sociaux passés ou actuels pour justifier l'inertie mortifère d'une situation donnée, puisqu'il s'agit justement d'épurer notre mental de ces réalités pour imaginer les solutions rationnelles qui en découlent. L'imagination est avec la curiosité la plus puissante des armes de l'esprit humain. Imaginer, c'est créer de toute pièce à partir de peu d'éléments existants, un monde parfait et provisoirement immatérialisé. C'est anticiper et créer ce qui devra advenir. Bien sûr, notre imagination doit se confronter à des contraintes particulières pour dissocier ce qui relève de l'utopie de ce qui est réalisable objectivement. Mais c'est justement par ce que la situation politique dans notre pays est excessivement dégradée que même en tenant compte de ces contraintes, notre imagination peut nous permettre de créer ce qui aurait relevé de l'utopie pour nos aïeux ayant vécu il y a moins de deux siècles.

Par exemple, aurait-on pu imaginer il y a deux cent ans, que l'on parlerait de revenu universel, de démocratie participative, ou d'une volonté de co-existence harmonieuse entre l'homme et la nature en ce début de nouveau millénaire ? Au début du XIXème siècle, où un tout petit nombre de Français avaient le droit de vote, où l'on travaillait plus de dix heures par jour, où la traite négrière comme le travail des enfants étaient conscientisés comme "systémiques", nous pouvons raisonnablement supposer que les animateurs des luttes sociales et démocratiques de l'époque, n'espéraient même pas aboutir à ce que nous connaissons actuellement comme modèle social et institutionnel. Cela alors même que notre génération considère le système actuel comme obsolète et profondément anti-démocratique. 

Ainsi, il y a deux façons de se référer à l'histoire. Soit nous tenons compte uniquement des actes manqués pour justifier l'impossibilité de changer le système - sinon par la violence - soit nous tenons compte des progrès obtenus dans la douleur certes, mais qui ont parfois changé intégralement la nature de notre système social et démocratique.

Et il n'y a strictement aucune raison objective qui devrait nous laisser croire que notre génération serait condamnée à l'inertie et l'asservissement car empêtrée dans des normes "systémiques" et gouvernée par des personnes qui nous sembleraient inamovibles. Rien n'est plus faux. Nous sommes précisément une génération qui du fait des grandes mutations technologiques et sociétales intervenues durant les trente dernières années - cela sur un terreau politique et social excessivement dégradé - a toutes les chances comme toutes celles ayant connu des situations analogues, de renverser la table brutalement et définitivement.

La question n'est donc plus de savoir quand cela interviendra-t-il, mais comment nous pouvons garder le contrôle sur ce qui adviendra nécessairement ? Cela afin de ne pas laisser des intérêts étrangers ou privés, s’immiscer dans notre prochaine révolution justement.

L'antériorité ne prédispose pas de l'avenir, mais nous permet juste de tenir compte des écueils à ne pas renouveler, et des raisons cycliques qui doivent nous rendre confiants sur le fait que nous allons bien reprendre notre destinée en main.

C'est pour cette raison que je m'insurge contre le défaitisme ambiant de gens qui sont contre-révolutionnaires bien malgré eux, et que je manifeste une confiance forte sur notre capacité à tout changer pour le mieux. Mais cela nous impose de nous en remettre à la raison, tant sur les nécessités insurrectionnelles (donc organisationnelles et pour des dates proches) que sur nos réflexions plus intellectuelles sur la meilleure façon de pérenniser un futur système social et démocratique espéré.

Il revient à chacun de considérer ainsi comment sont structurés ses propres réseaux militants, et d'accorder un crédit nettement supérieur à qui formulera des propositions claires et dénuées de défaitisme, de celui qui nous invitera à le rejoindre dans sa petite mort...

C'est ainsi que des personnes partageant un état d'esprit similaire au mien, ont tendance à se reconnaître et fraterniser plus aisément pour organiser nos luttes. Nous n'avons plus de temps à perdre !  


15 commentaires:

  1. Le fort intéressant constat que vous faites, je l'ai fait également il y a quelques temps et c'est souvent assez déprimant : ça s'appelle la résignation. Mélange d'égoïsme et de lâcheté qui, même devant les raisonnements les plus solides, se réfugie dans un « c'est comme ça, on ne peut pas faire autrement ». Imaginez une foule nombreuse sur une place, devant cette foule une petite tribune avec un seul type armé d'un révolver menaçant chacun : qui va bouger pour le désarmer ? Le plus souvent, personne ne lèvera le petit doigt, chacun ayant la trouille pour sa propre peau, se foutant de la moitié comme du quart de la vie des ses contemporains. Et pourtant le voyou n'a au mieux que six balles à sa disposition dans son révolver, peut-être 9 si c'est un pistolet automatique, en tous cas il n'aurait jamais assez de balles pour contenir la foule complète.
    Or finalement, ce que nous cherchons tous, c'est un guide, quelqu'un ayant le courage qui nous manque singulièrement pour montrer le chemin, quelqu'un qui agirait pour le bénéfice de tous et non seulement du sien propre.

    La difficulté à mon sens est alors d'amener le lecteur à ouvrir son esprit et à réfléchir de sa propre initiative au lieu de recracher en vrac les idées toutes faites issues de la télévisions et des médias de masse. Pour ma part, je n'ai pas trouvé la solution, et je continue à la chercher.

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  2. "Comment peut-on dire par exemple que l'élection doit être évincée totalement des différents modes de désignation de nos mandataires, si l'on considère qu'il faudra que le référendum d'initiative populaire et révocatoire soit un droit acquis dans notre prochaine constitution ? Dans un tel cas, l'élection perd beaucoup de ses contraintes connues actuelles (non pas toutes), et retrouve sa pertinence à partir d'un cadre parfaitement réfléchi et en fonction de certains mandats."

    Il est impératif de supprimer les élections car elles attirent les canailles assoiffées de pouvoir. Les personnes souhaitant exercer une fonction politique devront soumettre leur candidature sur dossier à un jury constitué de citoyens tirés au sort et devront également passer un entretien devant ce jury. Ensuite un tirage au sort permettra de déterminer à qui reviendra d'exercer la fonction politique. Ce processus permet en outre aux citoyens de participer à la vie politique.

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    1. Combien de temps se passera-t-il à votre avis avant que ces comités de citoyens soient intégralement noyautés par les voyous qui trouveraient un moyen de truquer les tirages au sort ? Ce ne sont pas les élections qui sont mauvaises, ce sont les candidats. Aucune candidature spontanée ne devrait être autorisée, il appartient aux citoyens de désigner eux-même leur représentant, que celui-ci soit intéressé ou pas d'ailleurs.

      Il y aurait lieu de s'interroger sur le réel besoin du citoyen : sûrement pas de gouvernants, on se gouverne très bien nous-même. Le citoyen a besoin de gestionnaires des choses publiques, il a besoin de pouvoir se fier à des gens dont il ne saurait être question de mettre en doute la probité et l'honnêteté. On a pas besoin de rhéteurs passés maitre dans l'art de la manipulation, on a besoin de gens dotés d'un solide bon sens et d'un sens de l'analyse plus élevé que la moyenne capables de synthétiser les avis de tous pour proposer une solution commune satisfaisant tout le monde. On doit se baser sur des valeurs morales pour choisir un représentant, pas sur les promesses qu'il pourrait faire. Or si on parle de candidats, on ouvre de toutes façons la porte aux petits malins de toutes sortes, des plus incompétents aux plus dangereux.
      Mais tout ceci passe au départ par un dialogue entre les citoyens eux-même dans des échanges et des débats non partisans sur la base de valeurs morales partagées par tous. C'est loin d'être gagné, mais est-ce totalement impossible ?

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  3. En accord avec Jean Molinier. Les citoyens doivent pouvoir désigner eux-mêmes les personnalités qu'ils souhaitent voir occuper un mandat politique important (notamment s'agissant de l'exécutif), sachant qu'encore une fois, si le Réferendum révocatoire d'initiative populaire est introduit dans la Constitution, que nous avons pouvoir de choisir chacun de nos ministres, que nous disposons de médias publics réellement sous contrôle, s'obstiner à mettre du tirage au sort partout perd totalement de son sens et devient une position dogmatique et même nuisible à la Démocratie.

    Seuls les mandats parlementaires qu'ils locaux ou nationaux méritent que ce soit le tirage au sort qui détermine les mandataires à mon sens

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    1. « Molliné » monsieur Baron, et non « Molinier » ;)

      Ceci étant je rejoins tout à fait cette idée. Le schéma général selon moi pourrait être le suivant : l'assemblée nationale des représentants élus, mais la présidence de la république et les ministres nommés, et de ce fait, je verrais d'un fort bon œil la suppression de l'élection du président : ce n'est pas d'un président de la république qu'on a besoin, c'est un directeur général de l'administration des affaires publiques, devant rendre compte à l'assemblée auprès de laquelle il solliciterait son budget et dont il recevrait son mandat et ses instructions, et surtout révocable par l'assemblée : si on fait le parallèle avec l'entreprise, le PDG est nommé par les actionnaires et ces derniers peuvent en assemblée décider du limogeage du PDG si ce dernier ne remplit pas son mandat à la satisfaction des actionnaires : là, nous avons des citoyens, « actionnaires » de ce pays qui nomment un PDG, mais ce dernier est assis sur un siège éjectable dont la mèche risque fort de se raccourcir dramatiquement si le PDG nommé s'écarte de son mandat.
      Et surtout, en absolument aucun cas la présidence n'aurait à se mêler de légiférer sur quoi que ce soit, ce rôle étant exclusivement dévolu à l'assemblée. Grosso modo, ce serait revenir sur un des changements majeurs apportés par la 5ième république, et on replace le citoyen par le biais de son représentant au cœur de la politique du pays. Et à ce niveau là, il y aurait un travail assez conséquent à faire à commencer par exclure les partis politiques du débat. Un des pires effets des partis depuis des années, c'est le parachutage d'un candidat dans une circonscription donnée alors qu'un représentant devrait être choisi parmi les citoyens qui résident déjà dans ladite circonscription et sont reconnus au moins à ce titre.

      Mais bon, ceci n'est qu'un élément d'un vaste ensemble pour former un tout cohérent et durable et il y aurait encore beaucoup de choses à dire.

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  4. "Seuls les mandats parlementaires qu'ils soient locaux ou nationaux méritent que ce soit le tirage au sort qui détermine les mandataires à mon sens."

    Je rappelle que dans une démocratie il n'y a ni Parlement ni partis politiques car ce sont les citoyens qui sont souverains et non les élus et les nommés. Un élu est un représentant, c'est-à-dire un voleur de souveraineté, contrairement à un tiré au sort qui est un commissaire (le terme vient de Rousseau), c'est-à-dire un citoyen chargé d'une mission temporaire qui ne prend aucune décision importante à la place de ses concitoyens. Dans une république il y a des représentants et des commissaires dans une démocratie.

    Eric Dubois (sur Facebook)

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    1. Pas de parti, on est bien d'accord. Pour ce qui est du parlement, ce n'est qu'une question sémantique et une convention pour donner un nom aux représentants.

      Attention à ne pas confondre ce qui est avec ce qui devrait être. Le parlementaire est un représentant, point barre, on est bien d'accord là-dessus, donc il n'a aucune décision à prendre de sa propre initiative. Je crois par ailleurs qu'un parlement reste indispensable, on ne peut pas établir d'assemblée de plusieurs millions de personnes, ce serait totalement ingérable. Il faut donc que chaque groupe local mandate un représentant parlementaire pour porter leur parole et la défendre.

      J'avais déjà écrit ailleurs quelque chose ressemblant à ceci : qu'un représentant parlementaire ait des idées, c'est fort bien, c'est sa liberté de penser. Mais le citoyen se moque éperdument de l'avis personnel du représentant qu'il mandate pour porter l'avis de ceux qu'il représente. Et s'il refuse de défendre un avis général qu'il ne partage pas, on l'éjecte et on trouve un autre représentant disposé et capable de remplir ce rôle.

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  5. Désolé Jean d'avoir écorché ton nom.

    En fait, je ne suis pas d'accord avec vous deux :

    Si l'on considère la Démocratie du point de vue de la séparation des pouvoirs et non de la simple réflexion philosophique, alors je préfère voir les choses avec 7 pouvoirs qui co-existent indépendamment les uns des autres et se contrôlent mutuellement :

    1) L'Assemblée Municipale : Il est de nature législative. C'est tout simplement le peuple qui peut lui-même légiférer indépendamment du parlement et qui est aussi le premier organe de contrôle de l'ensemble des autres pouvoirs. Cela suppose la décentralisation extrême (au niveau municipal) de tous les outils permettant au peuple de tenir des assemblées citoyennes, produire des textes de loi et établir leur forme juridique, notamment avec un Conseil d'Etat décentralisé.

    2) Le Parlement : Il est aussi de nature législative et constitue la plus fidèle représentation populaire que possible par le tirage au sort de la diversité du peuple. Il peut créer des lois, nommer tous les hauts fonctionnaires, proposer des amendements sur les projets de loi gouvernementaux, sans pour autant imposer ces derniers si un projet de loi gouvernemental découle de son mandat impératif. Il est incapable de renverser le Gouvernement, sa n'est pas sa fonction.

    3) Le Gouvernement : Il est de nature semi-législative et administrative. Tous les ministres sont d'abord pré-sélectionnés par une désignation populaire, puis élus indépendamment les uns des autres au suffrage universel. Ils ont alors moins de trois mois pour établir collectivement leur programme (mandat impératif) et le faire approuver par référendum. Le mandat impératif doit être précis tant dans son agenda, que les chiffres et le texte. L'Assemblée nationale peut contribuer à l'amender, mais les ministres sont élus en tant que spécialistes et restent tenus de pouvoir accepter ou refuser les amendements proposés en fonction des difficultés qu'ils poseraient à l'exécution de leur mandat. Le Gouvernement ayant la capacité d'agir par décret et ordonnance, il a la capacité d'agir rapidement à toutes situation de crise, mais aussi dans sa part législative.

    4) La Justice. Depuis la Cour Constitutionnelle jusqu'au moindre tribunal d'une petite ville de province, en passant par le Conseil d'Etat, le pouvoir judiciaire est chargé de l'application des lois, non de les établir, sauf lorsque "le droit est aveugle", cela par la jurisprudence. Il reste le seul à pouvoir juger n'importe quel citoyen, peut importe s'il devait être Ministre, et de fait il doit être définitivement détaché de l'influence du pouvoir exécutif constitutionnellement.

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  6. 5) L'Armée. De nature militaire, son indépendance ne peut être en fait être assurée que si le pouvoir populaire, le pouvoir exécutif, le parlement et le pouvoir judiciaire sont chacun les donneurs d'ordre de l'Armée. L'Armée ne peut être utilisée en tant que force de répression intérieure constitutionnellement. Elle doit être une armée de milice pour que le peuple en ait le contrôle, l'Etat Major doit être désigné sur propositions de l'ensemble des officiers par le parlement. Tout militaire violant les lois restant assujetti au pouvoir judiciaire.

    6) Les Médias : De nature informative, sa fonction est de garantir par son indépendance, l'information du peuple. Cela signifie que les organes de presse privés ne peuvent être sous contrôle de puissances financières, mais établis en coopératives et une limite doit être donnée aux nombres de titres d'entreprises qui peuvent être vendus sur le marché. Les médias publics de leur côté, voient leurs dirigeants nommés par le parlement, et les citoyens doivent pouvoir disposer d'un C.S.A coercitif dans ses capacités, qu'ils peuvent saisir pour exiger un meilleur fonctionnement. Ce C.S.A doit être une institution liée au pouvoir judiciaire, avec quelques journalistes et citoyens tirés au sort pour compléter sa Cour avec des magistrats.

    7) Le Souverain : Il est populaire, exécutif, judiciaire et militaire. Il est incarné par une seule personne qui est élue à vie à son mandat, toujours via une pré-sélection par désignation populaire. Il n'a aucun pouvoir législatif ou politique mais est redouté par les ministres. Il est en effet le seul à pouvoir destituer ces derniers sur la base d'un Référendum d'Initiative Populaire en ce sens, et cela après consultation de la Cour Constitutionnelle pour vérifier que le Référendum fait bien suite à une réelle transgression de la Constitution ou de son mandat impératif et si ce n'est le cas, le Souverain est dans ce cas le seul juge des tensions internes à la communauté nationale que produit toute ou partie du Gouvernement. Si le Souverain s'oppose au résultat d'un Référendum révocatoire, il doit s'en expliquer et un nouveau référendum doit être organisé dans les plus bref délais. Du fait qu'il est élu sur la base de sa sagesse et sa capacité à transcender par son mandat illimité les Gouvernements qui se succèdent, il est censé être celui qui protège les intérêts du peuple autant qu'il protège l'Etat de la vindicte populaire exacerbée. Si le peuple maintient son désir de révoquer toute ou partie du Gouvernement, le Souverain est lui aussi révoqué. Il dispose aussi du commandement militaire suprême qui lui permet d'empêcher une déclaration de guerre injustifiée du Gouvernement, ou au contraire mettre en branle l'armée si le premier ministre ou le ministre de la défense ne réagissent que trop mollement à une agression d'un Etat tiers. Enfin, il est le seul à disposer d'un droit de grâce pour les prisonniers. Il règle la question de notre propension à nous choisir des maîtres en incarnant les qualités morales que nous souhaitons trouver dans ceux que nous élisons, tout en étant dans l'incapacité de nous assujettir à ses propres considérations politiques. Il est aussi le lien spirituel et institutionnel avec l'histoire de France.

    Tous les ministres, les parlementaires, élus territoriaux ainsi que le Souverain peuvent être révoqués par Référendum d'initiative populaire.

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  7. S'agissant des Commissaires, ils sont plus proches à mon sens dans la sémantique, du pouvoir exécutif que législatif. Ils font appliquer des lois déjà écrites, et ne sont pas sensés rédiger eux mêmes des lois, ce qui contrevient au rôle d'un député et même d'un ministre qui chacun dans leurs prérogatives (étendues pour un député et limitées pour un ministre), doivent pouvoir rédiger du texte.

    Enfin, je ne vois pas en quoi le tirage au sort se dissocie d'une fonction représentative, puisqu'un personne élue par le sort, reste mandatée au nom de tous sans pouvoir à elle seule incarner l'ensemble des opinions du peuple. Le seul mécanisme assurant au peuple sa propre participation, indépendamment de personnes élues par le sort ou par le choix, c'est le droit qu'on lui donne de légiférer directement depuis sa municipalité, de discuter des lois, et les voter cela par processus référendaire.

    Le parlement et le gouvernement n'étant que des courroies de transmission permettant d'accélérer les process législatifs (le processus populaire étant plus sensible à l'inertie du fait du nombre de participants pouvant se chiffrant à plusieurs millions de personnes) et qui travaillent indépendamment les uns des autres.

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    1. J'ai pris un peu de temps et je rumine tout ça depuis ce matin : je ne partage pas tout, loin s'en faut. J'y trouve surtout beaucoup trop de législatif. Je serais fort intéressé par l'analyse qui a pu conduire à ce schéma.

      Plus globalement, ce qui serait à mon sens important à prendre en compte n'est pas tant le « comment » que le « pourquoi », et à ce chapitre, certains point m'échappent totalement. J'y vois trop de place à de la dérive sur le moyen/long terme.
      J'ajoute quand même un autre élément : ce schéma est beaucoup trop compliqué et enferme le citoyen dans un système administratif qui deviendra rapidement incompréhensible dont on a surtout pas besoin. Ce n'est pas à l'état et à ses différentes instance de prendre en charge le citoyen, c'est à lui de se prendre en main et s'il a besoin de quelque chose, il lui appartient de l'organiser, ce n,est pas à l'État de tout faire. Il n'y a du reste à mon sens que peu de chapitres où l'État doit intervenir de façon souveraine : Défense, Monnaie, Justice et à la rigueur Affaires Étrangères. Pour le reste, c'est au citoyen de définir et de s'organiser.

      Il serait intéressant de reprendre les modifications successives du système de gouvernement depuis la Révolution de 1789 et d'analyser les dérives successives qui ont abouti au merdier actuel. Je suis absolument convaincu qu'on réaliserait qu'il n'y a pas eu que de mauvaises idées au départ, il conviendrait de trouver la recette pour annuler les dérives et élaborer une parade pour interdire que ça puisse se reproduire.

      Ça reste un vaste débat.

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    2. Jean a écrit : "Je crois par ailleurs qu'un parlement reste indispensable, on ne peut pas établir d'assemblée de plusieurs millions de personnes, ce serait totalement ingérable."

      Voyons, Jean, il va sans sans dire que dans une France démocratique les citoyens se déplaceraient pour aller voter pour ou contre tel ou tel projet de loi et non pour débattre des projets de loi dans des amphithéâtres comme dans l'Athènes antique. Et pour pouvoir voter en connaissance de cause ils devraient préalablement s'informer (chez eux) sur Internet.

      A part ça, le Sénat doit être supprimé et à la place de l'Assemblée nationale nous pourrions instaurer l'Assemblée nationale tournante des législateurs. Dans le cadre de cette institution démocratique, des citoyens volontaires tirés au sort rédigeraient les projets de loi qui devraient ensuite être approuvés lors de votations par la majorité des Français pour devenir des lois. Par exemple, si une carence législative se fait jour dans le domaine de l'agriculture, des agriculteurs seraient tirés au sort parmi tous les agriculteurs de France et ces tirés au sort auraient pour mission de rédiger un projet de loi.

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    3. L'idée générale a certes un intérêt non négligeable.

      Maintenant, il y a deux questions que ça soulève. D'abord, j'aimerais qu'on m'explique ce besoin systématique et irrépressible de légiférer sur tout et n'importe quoi ? On a pas assez de lois comme ça selon vous ? Et si on commençait déjà par faire appliquer l'existant ?
      Second problème, et non des moindre : l'argent. Ça n'a pas l'air d'émouvoir grand monde, mais c'est le nœud du problème. Et avant d'envisager de toutes façons une quelconque forme de gouvernement, il conviendrait d,approfondir les analyses et de mettre certaines barrières. Si on ne règle pas le problème monétaire, on ne règlera rien du tout, ça, je peux vous le garantir. Or pour que ça marche, il faut impérativement que l'État reprenne le contrôle complet et total de la monnaie.

      Enfin, plus globalement, sur les différents point, j'ai tendance à me poser la question : tel élément... pour remplacer tel autre existant. Soit ! la question, c'est pourquoi ? Que reproche-t-on à l'existant ? Attention, je ne dis pas que l'existant est valable, dans bien des cas, je suis généralement d'accord sur beaucoup d'éléments. Mais on ne crée pas un nouveau système sans en justifier chaque virgule. C'est du reste à ça que servent les débats, on échange, on soulève les points d'achoppement, on évoque une ou plusieurs solution qu'on analyse tout aussi profondément pour aboutir à quelque chose qui corrige les défaut de l'élément remplacé. Mais là, je vois des proposition, mais elles ne sont pas argumentées. On ira nulle part avec ça et on ne convaincra personne du bien-fondé des propos avancés.

      il ne faut pas chercher à avoir des citoyens engagés, il faut que ces citoyens s'engagent parce qu'ils comprennent parfaitement les tenants et aboutissants des actions entreprises, parce qu'il comprennent et non seulement par simple conviction partisane, et en tous cas surtout pas par politique du « moins pire ».

      Sur l'assemblée nationale en particulier : le point qui me parais crucial, c'est qu'un représentant parlementaire n'est pas là pour défendre ses idées propres, il est là pour défendre celles de ceux qu'il représente, point barre. Son avis n'a absolument aucune pertinence, son avis personne le regarde, mais son mandat lui interdit de le faire passer devant l'avis des citoyens qu'il représente. Ça veut donc dire que si un projet émerge à l'assemblée, il ne sort pas de l'imagination d'un représentant, mais de la demande des citoyens qui ont mandaté le représentant pour présenter le projet. Ça sous-entend que des assemblées locales débattent et confient au représentant le mandat d'aller présenter et défendre ledit projet au niveau national. Alors on pourra parler de démocratie au sens étymologique du terme.

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  8. Jean, "un représentant parlementaire" défendra forcément ses idées propres car il est par essence un voleur de souveraineté. Un Parlement est une institution antidémocratique.

    « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifié est nulle ; ce n'est point une loi. Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde. »

    Jean-Jacques Rousseau, "Du contrat social" (livre III, chapitre XV).

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    1. Ce raisonnement tient tout à fait la route. Mais c'est aussi pour cette raison que je suis assez hostile aux candidatures spontanées pour des postes d'élus précisément parce que les motivations de certains des candidats peuvent être sujettes à caution. les élus doivent être choisis par les citoyens, désignés par eux, que ça leur plaise ou non. Après, ils peuvent envisager de refuser la charge qu'on souhaite leur confier, mais je ne suis pas convaincu qu'il y aura beaucoup de cas. Et pour éviter les dérives, ils convient de faire le choix de ces représentants avec le plus grand soin en assemblée de citoyens où chacun sera libre d'appuyer ou de rejeter tel ou tel individu pour telle ou telle raison et c'est ensuite l'ensemble des citoyens qui effectuent le choix de celui qu'ils jugent le plus à même de les représenter avec le plus d'honnêteté. Et pour appuyer cette idée, je suis très enclin à penser qu'il faut décentraliser un maximum de choses, ne laissant au gouvernement central que ce qui relève du pouvoir souverain de l'État, à savoir la Défense, la Monnaie, la Justice et les affaires étrangères. Mais l'assemblée doit exister pour garder un contrôle sur l'exécutif qui n'est pas là pour diriger le pays et encore moins ses citoyens mais pour veiller à l'intégrité de la nation et des gens.

      Au niveau du fonctionnement, je ne vois pas vraiment comment procéder autrement. Ceci étant, je reste ouvert aux options et curieux d'entendre les détails du fonctionnement sans représentants.

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