mardi 19 août 2014

Faut-il un chef pour faire une Révolution ?


S'il est un débat que l'on retrouve régulièrement parmi les gens politiquement éduqués appelant de leurs vœux une révolution, c'est celui de savoir si cette dernière peut faire l'économie d'un guide, d'un chef charismatique, ou au contraire si c'est une nécessité.

Je vais tenter de démontrer que la réponse est sans doute à mi-chemin entre ces deux possibilités.

D'abord, qu'appelons nous une personne politiquement éduquée ?

C'est une personne disposant d'une solide culture générale en matière d'histoire, de démocratie, de droit et d'économie. Ainsi, si pour le commun des mortels, évoquer l'anarchie renvoie à quelque chose de chaotique et néfaste, pour l'être éduqué politiquement, il ne s'agit rien de plus qu'une doctrine politique qui considère que les êtres humains peuvent s'organiser spontanément, sans hiérarchie entre eux, sans institutions, et de fait sans nécessité de disposer d'un pays. C'est à ce titre une pensée neutre méritant débat. Et nous allons voir que pour répondre à la question qui fait titre à ce texte, il est nécessaire de faire un détour par ce courant de pensée.

Un anarchiste allant jusqu'au bout de son idée, ne peut que refuser l'idée même que les peuples existent, et plus encore les Nations, puisqu'il ne souhaite pas leur reconnaître un territoire et une organisation sociale et politique. Par défaut, l'anarchie est donc impossible à institutionnaliser dans un pays, puisque la doctrine rejette intrinsèquement la frontière autant que l'institution. L'anarchie ne peut exister qu'au niveau de micro-communautés, puisqu'au delà d'un certain poids démographique, la co-existence intelligente des individus s'effondre, s'il n'existe pas un ordre social et juridique pour définir les règles de société.

C'est aussi ce qui fait que l'anarchie est un courant de pensée minoritaire parmi les citoyens éduqués politiquement. Quiconque pense le fait politique, a souvent tendance à vouloir faire plus qu'analyser les problématiques d'une société. Il y aura toujours un désir de la changer vers le mieux, cela en s'appuyant sur des fondations solides, ainsi que sur une organisation sociale et juridique pré-existante.

Les anarchistes (en tout cas Français), prônent pour leur part le démantèlement de l'ordre juridique et social actuel, et la disparition des frontières de notre pays afin d'atteindre un idéal où seules les petites communautés humaines se constitueraient spontanément, collaboreraient, et cela sans maîtres pour leur dicter leur organisation sociale.

L'idéal des anarchistes n'est pas en soi malsain, il est juste du fait d'une quantité de contraintes sociales, politiques et géopolitiques qui s'opposent à lui, parfaitement inatteignable. Tout au plus, pourrions nous donner comme réponse politique aux anarchistes, la promesse de leur accorder des hameaux et des villages, où ils pourraient s'organiser à leur guise, en dehors des contraintes de l’État, mais avec pour contrepartie de ne plus jouir de ses bénéfices.

Rappelons que l'un des premiers libertaires de France (qui n'était pas anarchiste) s'étonnait en formulant la question suivante :

Comment se peut-il que tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de Nations endurent quelques fois un tyran seul, qui n'a de puissance que celle qui lui donnent ?

Cela fait presque cinq siècles qu'Etienne de la Boëtie a posé cette question dans son mémorable « discours de la servitude volontaire ».

Rousseau, en donnera la réponse près de deux siècles plus tard en rejetant l'idée que l'égalité sociale puisse exister, du fait que l'inégalité naturelle pré-existe chez les êtres humains. Dans son discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Jean Jacques Rousseau décrivait parfaitement le fait que parmi toutes les inégalités qui distinguent les hommes entre eux, il y a les qualités naturelles dont disposent ou non chaque individu. Ainsi, on sait que certaines personnes auront une tendance naturelle à commander, tandis que d'autres auront une tendance naturelle à se montrer soumis. Et cela sans qu'aucune égalité politique et culturelle ne puisse le contraindre. Car ce sont des inégalités qui sont liées à des particularités psychologiques voire biologiques des individus. Et ce n'est point le fait politique qui peut enrayer cette difficulté, mais bien une élévation spirituelle de la société. Pour démontrer cette inégalité naturelle entre les individus, Rousseau expliquait que face à une situation d'agression, les êtres humains en fonction de leur caractère propre, adoptaient des stratégies différentes pour survivre. Les uns affrontent l'agresseur. Les autres se soumettent. D'autres encore fuient.

A l'aube d'une Révolution, nous ne pouvons pas prétendre régler l'ensemble de ces contradictions sociales et politiques existantes depuis des millénaires qui asservissent les hommes. Le fait de vouloir reconquérir le pouvoir politique vise à améliorer la société à ces fins, mais cela restera une quête de plusieurs siècles, voire jamais aboutie.

Et pourtant, une Révolution ne peut pas naître de la seule voix d'un leader charismatique, mais bien en nous appuyant de la réflexion des anarchistes. En effet, seuls ces derniers comprennent qu'il appartient à chaque être humain d'être le maître de sa propre destinée. Qu'il est une absolue nécessité de s'organiser spontanément, et cela sans se fier à une quelconque autorité morale ou politique, pour atteindre l'état de grâce qu'est la Révolution.

Quiconque attend qu'un leader politique lui chuchote à l'oreille de contribuer à une révolution, est condamné à ne rien faire. L'écrasante majorité des messagers politiques, et en tout cas lorsqu'ils animent un parti politique utile à LEUR propre conquête du pouvoir, s’aplatissent à un ordre politique pré-existant, et sont bien trop veules pour appeler leur partisans à s'insurger en dehors du cadre des règles de prise du pouvoir existantes. Cela par prudence excessive. Car ils savent que l'écrasante majorité du peuple n'est pas politiquement éduquée (donc totalement soumise à l'ordre établi), et qu'ils comptent sur cette majorité populaire et du temps long de propagande, pour obtenir le pouvoir.

La Révolution de son côté est une brisure dans le temps. Elle est nécessairement un sursaut non pas populaire, mais provoqué par des êtres éduqués politiquement. Elle est l'émanation de leur désir d'interrompre leur attentisme partisan, au bénéfice d'une organisation spontanée, autant collective qu'individuelle, à seule fin de mettre un terme le plus rapidement que possible, à l'ordre politique existant.

Voilà pourquoi l'anarchie est un courant de pensée utile à la révolution, et d'ailleurs le seul à pouvoir lui donner les armes intellectuelles pour la mettre en œuvre. Paradoxalement, les anarchistes seront toujours les éternels perdants de toute révolution, car l'écrasante majorité du peuple autant que sa dissidence éclairée, ne désire en rien un régime anarchique. La majorité du peuple, éduquée politiquement ou non, souhaitera conserver le cadre protecteur de sa patrie, d'une grande partie de ses institutions, mais fera confiance à qui proposera un ensemble de réformes permettant un mieux démocratique et social à son propre bénéfice.

Ce qui fait que si une dissidence éclairée s'inspire du ferment intellectuel diffusé par les anarchistes pour initier la Révolution, il se trouvera très vite des voix politiques nouvelles ou anciennes, pour inspirer l'aboutissement de celle-ci. Les révolutionnaires se chercheront nécessairement une autorité morale, et accorderont leur confiance à différentes personnalités ou mouvements, leur proposant un programme politique ambitieux et novateur. C'est durant ce fragile moment de la Révolution, que les divisions intestines entre les révolutionnaires seront alors les plus nombreuses, et mettront en péril la possibilité de sortir de ce moment insurrectionnel par le haut. En France, nous avons toutefois une expérience politique dont il faut tenir compte pour réussir une sortie de révolution : le Conseil National de la Résistance. S'il y eut bien un chef charismatique pour le superviser, toute la beauté du C.N.R était son aspect fédérateur. Différents corps politiques s'y joignirent et permirent à toutes les composantes politiques des insurgés de l'époque, de trouver la garantie qu'une personne représenterait leur courant politique, et que leurs idées ne seraient pas terrassées par un courant majoritaire.

En conclusion, je considère que la Révolution doit prendre forme sous le régime de l'anarchie, dans son sens le plus noble du terme, c'est à dire l'organisation intelligente et spontanée des citoyens éduqués politiquement, las d'attendre qu'un changement intervienne au moyen de la tyrannie électorale.

Mais j'affirme aussi que cette Révolution prendra fin par ce qu'une ou plusieurs personnes charismatiques auront émergé durant ce processus révolutionnaire, et auront su s'attirer la confiance de l'écrasante majorité du peuple, au-delà même de sa dissidence politique éclairée.

En clair, n'attendez pas qu'un leader charismatique émerge pour inciter le peuple à faire sa Révolution, soyez vous même des révolutionnaires. Soyez vigilants ensuite sur les propositions des leaders qui émergeront, et la nécessité de ne pas faire de votre pensée politique une religion, mais simplement une pierre à un édifice qui devra être partagé pour fédérer l'ensemble des révolutionnaires.


9 commentaires:

  1. "En clair, n'attendez pas qu'un leader charismatique émerge pour inciter le peuple à faire sa Révolution, soyez vous même des révolutionnaires. Soyez vigilants ensuite sur les propositions des leaders qui émergeront, et la nécessité de ne pas faire de votre pensée politique une religion, mais simplement une pierre à un édifice qui devra être partagé pour fédérer l'ensemble des révolutionnaires." Mais l'humain abreuvé de lait de vache, est souvent un veau (cf. de Gaulle) et cherche quelque taureau pour enfoncer les portes à sa place. Au plaisir de dialoguer en direct, Lio de France > https://histoiresdefrance.wordpress.com

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    1. Totalement d'accord avec Nyamour Mazeltov, plus particulièrement à propos du passage sur Rousseau.

      Les avancées de la science en philosophie comme en politique il faut les prendre en compte, en particulier sur la dichotomie inné/acquis.
      Alors en génétique des populations, on voit qu'il y a une bien plus grande variabilité moyenne intra-populationnelle qu'inter-populationnelle.
      La notion de race n'est pas pertinente c'est celle de culture qui l'est. Et c'est avec une vision innéiste et essentialiste que c'est développé le racisme.
      Si la race (comme celle que l'homme a créé chez les animaux domestiques ou d’élevage en les sélectionnant) est une notion collective, la notion de culture est une notion individuelle.
      Chacun a une culture qui dépend de sa langue de son éducation de son capital symbolique de son histoire de vie de son savoir...
      Chacun est unique, singulier.

      La génétique nous montre ce qui est universel chez les hommes (ou presque) et la psychologie ce qui est singulier. Entre les deux il y a le communautarisme. (La république est une et indivisible)
      La république n'est divisible qu'en individus et c'est pour cela qu'en droit la responsabilité est avant tout individuelle.

      La langue maternelle et la culture dans laquelle on est élevé c'est ça ce qui compte le plus. Les chinois ont eu pendant des siècles une conception de l'élément de la société non pas comme individu mais comme famille. Et ça se voit dans une étude diachronique de la langue chinoise.
      Les aborigènes eux avaient une conception collective de la propriété alors même qu'ils avaient une conception individualiste de la société, et ça se voit dans l'étude du vocable aborigène.

      Au même titre, on pense qu'il est plus facile de développer une pensée à l'encontre du sexisme lorsque l'on parle une langue soit sans genre, soit avec un genre neutre prédominant.



      Aussi les anarchistes ne veulent pas prendre le pouvoir, ils veulent le détruire.


      C'est vrai que mis à part ça le texte est plutôt bien organisé.

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  3. Passage sur Rousseau : la science a démonté cette propension aux dispositions naturelles. Il n'y a pas de gène spécifique du commandement ou de la soumission qui soit présent ou absent chez les individus : il existe chez tout le monde dans la même proportion. C'est le climat social, politique, éducationnel,... qui forgera préalablement le caractère d'un individu dès les 4 premières années de l'enfant.
    Utiliser ce raisonnement de Rousseau est un non sens dans l'argumentation exposée car à contexte équivalent les individus sont bien plus proches qu'on nous le fait croire. Les inégalités se gomment aisément, et elles ne sont pas naturelles, elles sont d'ordre social.
    Plus globalement, les analyses de Rousseau sont dépassées et fausses en grande partie, son intérêt est purement épistémologique.

    Quant à la Révolution, il s'agit d'un acte autoritaire et criminel, il est incompatible avec l'esprit de l'anarchie.
    Sans compter qu'une Révolution n'est rien d'autre qu'une redistribution des cartes, un retour à 0, au point de départ, elle n'efface jamais le pouvoir et l'autorité.
    Un anarchiste crédible avec son idéologie ne parle pas en termes de Révolution, mais d'adaptation, d'évolution.

    Autrement, le texte est bien écrit et bien amené.

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  4. Quand une révolution est dans la merde, alors il faut manger de la merde avec elle, sinon c’est trop facile, c’est facile de mettre les pouces quand arrive le temps de manger de la merde, trop facile de dire, je ne marche plus, ça pue.

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  5. Le fait de signifier que Rousseau aurait eu tort dans sa thèse sur les inégalités naturelles est un parti pris et non une vérité. D'autant que la religion de l'égalitarisme est bien commode pour faire accepter l'idée que si notre système social nous rendait égaux sur la fortune, le milieu social et les fondamentaux culturels, tous les êtres humains disposeraient des mêmes chances d'aller vers le haut. Ce qui sous-entend que ceux qui ne réussiraient pas seraient fautifs.

    Je ne suis pas d'accord avec ce point de vue, car je pense que contrairement à ce qui a été dit en commentaires, la science a plutôt tendance à démontrer que les inégalités naturelles existent, plutôt qu'elles n'existent pas. Non seulement du point de vue de la génétique que de la biologie.

    Le simple fait que nous naissions avec des différences de traitement du point de vue de la génétique, fait que physiquement, nous avons déjà des différences de potentiel, mais pas seulement.

    Une étude amusante qu'il serait long de retrouver (d'autant que je suis au boulot) faisait remarquer que nombre de dirigeants politiques ou économiques secrétaient plus de testostérone que les autres hommes. De même que certaines personnes ont des prédispositions à secréter plus ou moins d'hormones comme le cortisol, ce qui influe sur leur état psychique. De même que l'on constate qu'il existe des différences entre les sexes (tous particularismes mis à part) avec par exemple l'aire de la représentation spatiale plus étendue dans le cerveau des hommes que des femmes de façon générale, ce qu'elles compensent pas d'autres facultés, moindres chez les hommes.

    Les individus ne sont pas biologiquement identiques, et les hormones ou agencement cérébral de chacun d'entre nous influencent tant nos émotions, que nos prédispositions à certaines facultés intellectuelles ou psychiques. Cela en excluant toute notre construction sociale et culturelle qui n'est qu'un ajout à notre individualité.

    Ces différences font que certaines personnes sont naturellement plus faibles ou plus fortes face à l'adversité, quand bien même leur milieu familial et social leur offrirait des atouts.

    Les chantres de l'égalitarisme (véritable religion en France) ne pourraient finalement trouver qu'un soutien auprès de ceux qui croient au cycle des réincarnations (ce qui est paradoxalement mon cas). Car ces derniers considèrent que nos vies passées influencent notre construction mentale et physiologique dans notre vie présente. Le problème étant que ces considérations restent pour le moment strictement d'ordre spirituelles et non démontrées par la science d'une façon ou d'une autre.

    Ce qui nous ramène de toute façon au point de départ : A fortune et climat social égal, nous ne sommes pas égaux face au stress et sans nul doute dans nos capacités intellectuelles et très clairement dans nos centres d'intérêts.

    Cette inégalité est pour moi le point de départ de l'asservissement, puisque je suis convaincu que les êtres les plus éduqués politiquement dans un système médiatique très Orwellien, sont tout bêtement les gens ayant des prédispositions naturelles à une immense curiosité qui les amènent à s'instruire seuls, et rejeter la propagande.

    Alors que l'écrasante majorité de la population qui pourrait tout à fait jouir de ces prédispositions à la curiosité n'en fait visiblement pas usage. Et cela n'est absolument pas lié à un conditionnement social. J'en suis la preuve vivante, j'ai quitté l'école avec seulement un BEPC en pôche, je n'ai pas grandi dans un milieu familial aisé et particulièrement sain. Je pense pourtant être aujourd'hui quelqu'un qui dispose d'une solide culture générale.

    Ce n'est donc pas mon milieu familial, social, culturel ou financier qui m'a aidé à m'émanciper, mais bien une qualité naturelle intrinsèque à ma personne que seule une petite frange de la population possède : la curiosité.

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    1. La génétique dit une chose fondamentale : il n'existe pas de gènes spécifiques au sexe ou à l'ethnie ou...
      Nous avons le même patrimoine génétique, avec des dominances plus ou moins marquées.
      Ensuite, vous parlez de potentiel, c'est-à-dire que vous avez le bon vocabulaire mais la mauvaise conclusion car le potentiel ne s'exprime jamais de manière innée (trouvez moi un bébé sur-testostéroné en dehors des anomalies XYY), toujours à travers l'acquis.
      Certains iront donc plus loin que les autres parce que c'est leur environnement qui le leur permet. Et je vous rappelle donc à votre bon souvenir : vous avez à peu près suivi les mêmes cours de la primaire au collège qu'un riche ou un pauvre (ce n'est pas de l'égalitarisme, c'est de l'équité), or c'est dès la petite enfance que l'on enregistre inconsciemment et donc que l'on intériorise, puis seulement on peut prendre conscience de certaines choses nous constituant, et donc de spécialiser notre conscience, donc nous spécialiser en tant qu'humain, tout simplement.

      Quant aux caractéristiques biologiques, elles sont essentiellement liées au climat, l'alimentation, les rapports de travail,... et ce sur des milliers d'années. Au demeurant, elles ne sont pas indépendantes du patrimoine génétique.

      "Ce n'est donc pas mon milieu familial, social, culturel ou financier qui m'a aidé à m'émanciper, mais bien une qualité naturelle intrinsèque à ma personne que seule une petite frange de la population possède : la curiosité."

      Arrogance et spéculation de votre part : j'ai travaillé plus de 10 ans dans l'enfance et l'adolescence (et je reste autour de l'enseignement aujourd'hui), tout le monde est curieux sauf pathologie, elle ne concerne pas les mêmes sujets.
      Vous êtes loin d'être émancipé. Et c'est le cas pour nous tous, il n'y a pas d'humain plus libre, chacun possède sa prison d'ignorance, prison construite sur nos préférences et nos antipathies.

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  6. Je crois que vous ne souhaitez pas regarder au-delà de ce qui dit la génétique dans ce qui peut influencer les émotions qui nous traversent, et elles même constitutives d'une partie de notre caractère et sans doute d'une partie de notre destinée intellectuelle.

    Encore ce matin, j'entendais sur France Désinfo, le cas d'une étude sur "l'intelligence du ventre" ou grosso merdo, la flore bactériologique présente dans nos intestins joueraient sans doute un rôle dans nos comportement sociaux.

    Quand on croit à l'âme comme moi, on concède que le corps est d'une certaine façon une sorte de prison biologique qui influence l'esprit. Et quand on aime la biologie, on a quand même quelques raisons de penser que tant notre génotype dont on a pas encore compris tous les mécanismes que notre biologie ou notre construction cérébrale du point de vue physiologique, peut avoir une influence sur notre psychisme.

    Je ne me crois donc pas arrogant en considérant que j'ai peut être simplement eu de la chance (et non une pure volonté) en ayant le sentiment d'avoir évolué un peu différemment que la majorité de mes contemporains.

    Ca n'est ni de l'eugénisme, ni du mépris pour les autres, et encore moins un but inavoué de ne pas tendre vers l'égalité sociale entre les êtres humains qui construisent ma pensée. C'est plutôt un postulat sur la base d'un constat. D'ailleurs je rappelle que ma première réflexion sur l'égalitarisme comme dogme, m'amène à penser qu'il peut permettre de cautionner l'échec de ceux, qui tous schémas sociaux égaux aux autres pris en compte, ne réussiraient pas aussi bien leur développement intellectuel et social que le reste de la communauté.

    C'est bien par ce que je suis très méfiant vis à vis de ce dogme sur notre hypothétique égalité intellectuelle et comportementale sur le plan biologique, que je considère que si cela est faux, nous avons d'autant plus raison que de fonder une société qui vise l'entraide sociale mutuelle, en particulier de ceux à qui tout réussi vers ceux qui ont le plus de peine à s'en sortir dans la vie.

    Avoir mon point de vue (sur lequel je ne prétends pas avoir raison ou tort jusqu'à ce que plus de données scientifiques permettent de trancher le débat) est sans doute celui qui peut amener une meilleure reconnaissance du fait qu'un être humain peut échouer malgré lui dans un contexte social qui se veut égalitaire, et qu'il est alors nécessaire de ne pas le laisser tomber.

    J'ajoute que j'ai été une partie de ma vie à la rue, et j'ai un certain regard sociologique qui en découle sur ce qui crée l'échec et la marginalité de certains êtres.

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    1. Vous étiez arrogant dans le sens où vous vous êtes présenté comme une "petite frange", ce qui est parfaitement prétentieux puisque tout le monde est curieux dès la naissance hors anomalie. Cela est du au fait que nous sommes des animaux sensoriels et que nous sommes soumis à un nombre d'informations important.
      Et rien à voir avec la chance. Chance, hasard, coïncidence, ça n'existe pas, il s'agit de mots pour exprimer ce que l'on n'est pas apte à expliquer précisément. Vous avez vécu dans des conditions favorables à votre épanouissement cognitif. Et pour ça, aucun diplôme ou aucun test de QI ne peut attester de votre intelligence, ça ne mesure que votre capacité à imiter des raisonnements et à les intégrer dans vos processus d'action.

      Le ventre est un centre nerveux important, non seulement il y a quantité d'organes qui envoient des informations au cerveau et en effet nous possédons une flore bactérienne qui influe sur nos humeurs. Nous avons aussi une flore bactérienne sur notre peau. Et plus fort, il y a en nous plus de bactéries que nous n'avons de cellules.

      Je ne parle nulle part d'égalitarisme, vous êtes le seul pour le coup. Je dis juste que notre génétique est identique à chaque endroit sur Terre entre humains, autrement le concept de race serait valide. Ce n'est pas le cas, personne n'a su le démontrer et personne ne pourra le démontrer.
      Rousseau a donc tort, il ne s'agit pas de dispositions naturelles spécifiques à un humain par rapport aux autres, c'est tout ce que je soulignais. C'est l'environnement social ou naturel qui conditionne le développement et l'expression de nos capacités génétiques. Et il existe un tas d'environnements favorables ou défavorables, chose que nous sommes capables d'identifier par diverses méthodes plus ou moins scientifiques. Et oui, nous sommes égaux face à ce qui nous conditionne. Dans des conditions quasi identiques nous nous développons presque à l'identique : on peut le voir rien que dans le domaine culturel, un français n'a pas les mêmes perceptions qu'un allemand ou un anglais. Et cela ne vient pas d'une disposition naturelle.

      Quant à l'âme, c'est bien d'y croire, mais désolé de vous décevoir, l'esprit est matière, et il est lié au corps. Sans corps, pas de conscience, sachant que la conscience n'est qu'une illusion neurobiologique.

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