lundi 30 janvier 2017

Un conflit générationnel...

Posons pour commencer un cadre : Antoinette, 67 ans, enseignante à la retraite, électrice P.S devant l'éternel. C'est un peu caricatural, mais ça ne manque pas de fondement social. Plaçons Antoinette dans un contexte propice à la discussion : à l'occasion d'un repas de famille, on écoute presque machinalement le bruit de fond de la télévision :

« Benoît Hamon, le frondeur socialiste a aujourd'hui accusé François Fillon de soutenir un programme de casse sociale inacceptable ». 

Antoinette ne peut s'empêcher de réagir à l'information :

- Il est bien ce Hamon ! Il est jeune et il est de gauche ! Lui au moins n'est pas comme les autres. 


Marie, sa petite fille de 24 ans, sans emploi depuis qu'elle a terminé ses études, lève les yeux vers le ciel et met fin à l'instant de béatitude de sa grand-mère :


- Qu'est ce que tu sais de la personnalité et des idées de Benoît Hamon, mamie ? 

- Tu en poses de drôles de questions ! Ben voyons, il est de gauche et il est si beau garçon ! 

- Je ne trouve pas. En revanche, je suis d'accord avec toi, il est de gauche. Seulement, tu sais d'où vient cette distinction gauche/droite ? Ce qu'est la réalité de la gauche dans l'histoire ? 

- Ça doit remonter à la révolution française tout ça ! 

- Oui, c'est exact, cependant, ce qu'on appelait parfois « la gauche » peu de temps après la Révolution, était le courant bourgeois libéral. Marx n'était pas encore né et la SFIO attendra encore un siècle avant d'être instituée. Au 19ème siècle, on ne parlait pratiquement pas de la gauche, mais des courants anarchistes, socialistes et marxistes qui s'opposaient aux courants conservateurs ou royalistes. 

- Oui bon et alors, qu'est ce que cela à voir avec M. Hamont ? 

- Eh bien Benoît Hamon est tout à fait sincère quand il dit être de gauche puisqu'il est à la fois un libéral et un bourgeois, mais il ment lorsqu'il dit être socialiste. A moins que tu l'ai entendu dire un jour, qu'il souhaitait socialiser les grands moyens de production ou qu'il se revendiquait de la lutte des classes ? Car c'est là le fondement même du socialisme. 

- Tu veux dire nationaliser des entreprises ? Allons voyons ma petite fille, c'est désormais loin ce temps là ! 

- Ah bon Mamie, sous De Gaulle jusqu'à l'ère Mitterrand, il n'y avait pas d'entreprises publiques en France ? 

- Bien sur que si, mais on a plus les moyens de gérer tout ça. 

- Tiens donc, qu'en sais-tu exactement ? 

- Eh bien, s'ils ne cessent de le dire à la télévision, c'est que ça doit être vrai ! 

- Nous avons parfaitement les moyens de nationaliser des entreprises. A ton époque, les gens étaient heureux d'avoir du boulot parce que de grands monopoles industriels publics, donnaient du travail à un très grand nombre de PME. Aujourd'hui, nous n'aurions pas le droit à cela ? 

- Mais à mon époque, n'imagine pas que les choses étaient plus faciles qu'aujourd'hui. 

- Sans doute mamie, mais nous étions encore un peuple souverain et indépendant. Là, ça n'est plus le cas, et tu sais c'est quoi le programme de Hamon ? Il se résume en quatre lettres : 


- Qu'est-ce que c'est que ça encore ? 

- Ce sont l'ensemble des règles économiques que ce soit sur la monnaie, la réglementation, les flux de capitaux ou encore les régulations douanières qu'Hamon refuse de dénoncer. C'est le Traité de Lisbonne si tu préfères. 

- Mais si, je l'ai entendu dire qu'il voulait que... comment ça s'appelle déjà... que la BCE finance le budget de l'Europe. 

- C'est l'Union européenne, mamie, pas l'Europe. La Suisse, la Norvège, l'Islande et désormais le Royaume-Uni ne sont pas dans l'Union européenne. Ensuite, comment il va faire Hamon pour obtenir le consentement des Allemands quant à son projet de faire financer par la BCE le budget de l'U.E ? 

- J'en sais rien moi, tu en poses de drôles de questions ! 

- Justement mamie, t'as déjà entendu des journalistes poser ce genre de questions aux candidats à la présidentielle sur France Inter ou RTL ? 

- Non, y a que toi ma petite fille pour poser ces questions étranges. Tu devrais faire de la politique tiens, vu comment tu es passionnée ! 

- Mamie, je ne suis pas passionnée, je suis en colère. Je n'aspire à rien d'autre que m'intéresser à des choses plus légères que la politique. Je suis obligée de m'y intéresser car je constate que plus le temps passe, plus il y a de guerres, plus notre démocratie recule et plus il y a de clochards qui crèvent dans les rues. Ça ne t'interroge pas qu'un pays aussi riche et puissant que la France se porte aussi mal, contrairement à des plus petits pays comme la Suisse ou l'Islande  ? 

- C'est comme ça, Marie, on ne peut pas y changer grand chose. 

- Pourtant tu sembles prête à voter pour Benoît Hamon. Alors effectivement, dans ce cadre, rien ne changera. 

- Mais pour qui voudrais-tu que je vote ? Marine Le Pen ??? 

- Mamie, je m'en fous de pour qui tu votes. Ce que j'aimerais, c'est que tu éteignes ta télévision, aille consulter les médias alternatifs sur Internet dont je t'ai parlé, et que tu écoutes des gens comme Étienne Chouard, François Asselineau, Jacques Sapir ou encore Magali Pernin, t'expliquer c'est quoi l'Union européenne dans la réalité. Et que tu arrêtes aussi de faire confiance à des carriéristes de la politique qui sont installés depuis plusieurs décennies, ont été ministres, députés, et finalement, lois après lois, année après année, n'ont cessé de détruire un peu plus notre pays. 

- Mais enfin tu m'embêtes avec ton Union européenne ! On peut pas tirer un trait sur tout ça quand même ? 

- Donc tu veux condamner les Grecs à subir encore et toujours des cures d'austérité ? Tu considères que les Espagnols n'ont pas assez souffert ? Que l'Allemagne comme durant la Seconde Guerre Mondiale, peut imposer ses vues politiques et économiques à la France et au reste de l'Europe ? 

- Bien sur que non ma chérie, mais de là à vouloir sortir de l'U.E... 

- Mamie, ça n'est qu'un traité, rien de plus. On va pas arracher la France à la croûte terrestre ou subir une guerre atomique pour ça. Même si dans les médias, tout est fait pour nous faire peur, tu vois bien que le Brexit n'a été suivi d'aucune catastrophe ! 

- Mais si on sort de l'euro, la monnaie va être dévaluée et ça sera pareil pour mes économies ! 

- Oui et non Mamie. La première chose qu'il se passera, c'est la restauration du contrôle des mouvements de capitaux. En gros, lorsque Mital souhaitera fermer une usine en France pour en ouvrir une autre ailleurs, il ne pourra plus le faire aussi simplement. De la même façon, quand les banksters voudront faire fuir leurs capitaux hors de France pour ne pas payer d'impôts, même punition : ça deviendra très compliqué pour eux. Ensuite, nous rétablirons le FRANC à parité avec l'euro. Pas de calculs compliqués au moment du changement de la monnaie comme la première fois, ça sera même très simple : un franc = un euro. Ensuite pour ton épargne Mamie, même si le FRANC devait perdre un peu de valeur, ça sera compensé avec des taux d'intérêts supérieurs, c'est tout. Et puis si ça peut m'aider à enfin trouver du boulot ? 

- C'est trop compliqué pour moi tout ça Marie, mais je vois bien que ça t'inquiète tout ça. Et que penses-tu d'Emmanuel Macron, il est bien lui-aussi ? 

- Qu'on me donne une corde, c'est pas possible...

FIN

2 commentaires:

  1. A 53 ans, votre récit me fait penser à une conversation que j'ai eu (il n'y a pas si longtemps) avec mes parents. Si seulement ils pouvaient se débarrasser de cette fichue télévision.........

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  2. c'est un des scénarios les plus commun...
    l'autre c'est: tu nous gonfle avec tes questions...
    et le dernier tu as cas changer les chose si tu est si malin... ( sauf que pour changer les choses y faut être nombreux et ré-informé)...
    la paresse intellectuelle a envahie notre nation encore plus sûrement que cette fichue télévision...
    25 ans bientôt, que je dit aux gens qu'ils ont renoncés et que "panem et circenses" ne dureront pas...
    le réveil pourrait être plus violent que ce que l'ont crois... peut-être des le 15 mars par exemple...
    hélas tel des papillons les idiots utiles vont continuer a se jeter sur la chandelle...
    pauvre France...

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