mardi 21 mars 2017

Je suis pro "Système"


S'il est une remarque de journaliste que l'on peut entendre vis à vis de certaines personnalités politiques, c'est le fait qu'elles puissent être "anti-système". C'est donc qu'il y a des "pro-Système" par opposition, et encore faut-il savoir de quel "Système" nous parlons.

Pour commencer, tenons-nous en à une définition du mot "Système" donnée par le Larousse, afin d'accorder nos violons : 

Ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout scientifique ou un corps de doctrine : Système philosophique. Ensemble d'éléments considérés dans leurs relations à l'intérieur d'un tout fonctionnant de manière unitaire : Le système nerveux. Les différents systèmes politiques.

Nous noterons qu'un Système en tant que concept philosophique ou "corps de doctrine", est alors un mot qui prend une majuscule comme d'autres termes tels que "Homme", "Dieu" ou "République". A l'inverse, un système purement mécanique répondant aux lois de la science, s'écrit en minuscule.

Un Système façonné uniquement par la pensée de l'Homme est donc un Système représentant un concept général et évolutif. A l'inverse, un système mécanique ou biologique, répond de lois physiques contraignantes et limitatives. 

Un Système, quel qu'il soit, se doit d'être complet. S'il manque un élément répondant du bon fonctionnement, voire du fonctionnement tout court du dit-Système, alors ce dernier ne forme plus "Système". Un Système est cohérent, composé de plusieurs éléments qui répondent les uns des autres de façon harmonieuse. Et lorsque l'on évoque un concept philosophique ou politique, être "anti-Système" signifie littéralement vouloir abolir le corps de doctrine permettant de faire "Système"

Encore faudrait-il savoir de quel concept rattaché à la politique, émane ce mystérieux "Système" ?

Parlons nous du "Système-Etat" par exemple ? C'est à dire l'ensemble formé par l'intrication du peuple, de son territoire et de ses institutions pour revendiquer dans le concert des Nations, sa propre existence collective et ses volontés d'indépendance et de destinée commune préservées dans l'ordre culturel et politique mondial.

Si c'est de ce "Système" dont il serait bon ton de l'abolir, je reconnais sans l'ombre d'un doute ne pas y être favorable. Je trouve ce Système aussi indépassable que perfectible pour garantir aux peuples leur auto-détermination, peut importe le niveau de démocratie et de progrès social accompli dans chaque pays. Un Etat fragilisé ou anéanti par un président "anti-Système" (comme ont pu l'être Sarkozy et Hollande), ne garantit plus la protection de ses citoyens par des institutions régaliennes et des lois. Il livre au contraire ceux-ci au chaos et à l'incertitude. Le "Système-Etat" est le corps de doctrine le plus rassurant et le plus stable pour se donner l'assise collective permettant de tendre vers le progrès dans une collaboration que l'on voudra la plus harmonieuse qui soit. En tant que "pro-Système", je défends l'Etat, et souhaite même contribuer à la rédaction d'une nouvelle Constitution et faire évoluer vers un mieux démocratique l'ensemble de nos institutions. Je ne veux en aucun cas les abolir d'un bloc. Peut-être que certaines administrations ou collectivités territoriales ôtées du "Système" le rendrait plus harmonieux et efficient, mais beaucoup son essentielles à notre organisation collective. Qui voudrait par exemple retirer à l'Etat la gestion des premiers secours et des hôpitaux ? Cette personne-là serait assurément "anti-Système", certainement pas favorable au "Système" qu'elle prétend défendre. Qui voudrait retirer à l'Etat ses armées ou en réduire les capacités défensives face aux périls existants et futurs, serait assurément un "anti-Système", pas un pro-Système. Qui voudrait retirer à l'Etat le contrôle de la monnaie serait tout aussi hostile au respect des institutions et de la démocratie. Ce type là serait assurément un fou ou un traître... 

S'agissant du "Système-Etat", je pourrais donc dresser aisément une liste de noms de personnalités politiques ayant été aux affaires, qui sont assurément "anti-Système". Je crains cependant que la prestigieuse communauté des journalistes français, reste encore trop innocente pour ne pas crier à la "théorie du complot" si une telle liste leur était communiquée.

Un Système politique, est aussi un corps de doctrine agrégé en un ensemble de lois codifiées pour se répondre entre-elles, cela dans une volonté de Justice égale pour tous. Certaines de ses lois répondent de la Justice Sociale lorsqu'elles concernent l'économie et le contrôle qu'a le peuple sur sa monnaie. L'économie n'est pas une Science "dure"  mais un ensemble de corps de doctrine très diversifiés. Le communisme, le socialisme, la décroissance, le capitalisme, le libéralisme, le keynésianisme, ou le colbertisme sont des modèles économiques très différents dans leur aptitude à générer de la Justice Sociale, ou au contraire servir des intérêts particuliers minoritaires au détriment de ceux de la majorité. 

Ainsi, l'on peut être contre le Libéralisme ou le Capitalisme, tout en étant "neutre" vis à vis du terme "économie". Il ne s'agit pas d'être pas d'être pour ou contre l'économie, puisqu'une Société tribale pratiquant le don ou le troc, dispose bien d'un "modèle économique" propre à harmoniser ses échanges. De même que les modèles économiques plus complexes et correspondant à notre civilisation désormais industrielle, aussi différents soient-ils, reconnaissent l'existence d'une "économie de marché". Des agents économiques institutionnels ou indépendants s'échangent des biens et des services aussi bien dans le communisme, la décroissance ou le capitalisme. Simplement, les régulations apportées par les uns et les autres de ces corps de doctrine, entraînent des effets socio-économiques différents. 

Si ce sont donc les "micro-Systèmes" que sont le Libéralisme ou le Capitalisme qu'il convient de dénoncer et remplacer par un autre corps de doctrine politique, alors il n'y pas lieu d'être qualifié "d'anti-Système" car il n'existe aucun modèle économique qui soit imparfait, tant que l'expérience de son application ne l'aura pas démontré dans les faits et le temps long. La structure économique de son pays et les échanges auxquels cette première est intriquée, n'est absolument pas remise en cause. Une doctrine politique "nouvelle" ne fait qu'établir des harmonies différentes pour enrichir la Nation et la porter vers un haut niveau de progrès social. Elle fait bien évoluer un Système économique qui est pré-existant vers une redistribution des richesses dans une philosophie différente de celle d'un ordre révolu qu'elle à vocation à remplacer. Avoir donc des opinions différentes sur les questions économiques, n'est en rien être "anti-Système", puisque chacun aura son idée propre pour faire évoluer des lois de commerce ou relatives à la monnaie afin de tendre vers plus de Justice Sociale. Aucun Système n'est remis en cause, si ce n'est un champs particulier de la philosophique politique et économique. 

Nous pourrions déployer l'arborescence de ce qu'est un "Système politique", avec "l'ordre international", en regardant de plus près le fonctionnement des institutions auquel il répond, et des revendications bellicistes assumées par certaines personnalités politiques.

Ainsi, quand Benoît Hamon fait valoir le 20 Mars 2017 dans un débat sur TF1, son hostilité manifeste au chef d'Etat de la seconde puissance nucléaire mondiale, il démontre qu'il est excessivement hostile au Système. Une diplomatie apaisée entre les grandes puissances militaires étant l'une des clés du maintien de la paix dans le Monde, "l'ordre international" se trouve bouleversé lorsque des irresponsables politiques au sommet de ces Etats, ne savent pas maîtriser leurs hystéries idéologiques ou de connivence. De la même façon que lorsque M. Hollande a révélé qu'il a fait livrer des armes à "une rébellion modérée" en Syrie (ce qui en droit s'appelle du "financement du terrorisme"), on peut dire de lui qu'il est "anti-Système". Il a contribué à générer du chaos, là où pré-existait un "Système-Etat" Social, Laïc et en Paix qui quoi qu'imparfait, n'avait pas vocation à être anéanti par les bombes et du terrorisme à grande échelle. Ce type n'est donc pas seulement "anti-Système" mais carrément un criminel.

C'est avec la prise de distance sur les mots, que l'on se rend compte que leur usage vire souvent à l'absurde. Aujourd'hui, on valorise ou l'on discrédite des personnes parfaitement en phase avec "le Système" en leur attribuant le qualificatif "d'anti-Système". Cela alors qu'elles ne souhaitent que le faire évoluer dans une quête de progrès. L'on se garde bien en revanche de signifier que les personnalités politiques les plus hostiles au Système soient par définition "anti-Système".

Ce qui donc interroge sur la représentation de l'harmonie sociale, économique et géopolitique des journalistes. Car si messieurs Fillon, Hamon et Macron incarnent sans le dire le "Système" alors comment se fait-il qu'ils soient les plus acharnés à vouloir le vulnérabiliser encore et toujours ? Ces gens là sont clairement "anti-Système", mais jamais un journaliste ne se permettra de les qualifier comme tels. 

Pour ma part, c'est donc sans ambiguïté et avec aplomb que je me revendique "pro-Système". 

A chacun de déterminer si sa part de rébellion a besoin d'être drapée de slogans creux et complètement contradictoires, ou si elle trouvera mieux son exultation dans les actes et le respect de ses propres convictions.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Quelque chose à ajouter ?