lundi 31 juillet 2017

La main invisible d'une finance sans noms et sans visages

C'est en cherchant l'évasion de l'esprit dans les sciences, que l'on se trouve parfois frappé par une information recueillie, et qui prend un sens tout à fait équivoque dans des débats politiques très prégnants de notre société.

J'écoutais donc le mathématicien Etienne Ghys tenir une conférence sur certains outils statistiques, lorsque pour illustrer les recherches conduites par Carl Friedrich Gauss et Pierre-Simon de Laplace sur ce sujet, il fit appel à la citation suivante pour conclure sur la loi des probabilités que ces géants du XVIIIème Siècle, déblayaient :

"La valeur scientifique de la théorie des probabilités tient en ceci :

Un grand nombre de phénomènes aléatoires dans leur action collective créent un phénomène qui n'a plus rien d'aléatoire".


Je n'ai alors pu m'empêcher de penser à cette doctrine économique implacable à laquelle nombre d'européens sont complètement enferrés par traités, consistant à énoncer comme une loi infaillible, que la main invisible du marché est en elle-même auto-régulatrice.

Cette pensée héritée d'Adam Smith et qui trouve pourtant ses nuances (ou contradictions) dans son essai sur "la recherche de la nature et des causes de la richesse des nations" a été érigée en dogme par les libéraux qui y trouvent ainsi une absolution académique et un encouragement philosophique à leurs comportements prédateurs. Pourtant, si l'on s'en tient même au paragraphe d'où cette citation est extraite, la conclusion que dresse Adam Smith sur cette main invisible du marché prend toutes les formes d'un avertissement :

"Chaque individu tâche, le plus qu'il peut, premièrement d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et deuxièmement de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. 

A la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. 

Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion n'est pas très commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de longs discours pour les en guérir. »

Effectivement, on ne guérit pas les comportements égoïstes par des longs discours, mais par des lois qui réglementent le commerce, par le contrôle du peuple sur sa monnaie et son taux de change, et une fiscalité privilégiant les monopoles nationaux que n'appréciait guère Adam Smith, tout comme les libéraux d'aujourd'hui.

Ceux d'aujourd'hui en particulier, leur préfèrent les monopoles supra-nationaux. C'est encore la meilleure façon de s'abriter des lois des peuples, voire leur dicter celles qui leur sont les plus favorables. Monsanto et Goldmans Sachs sont des acteurs si anonymes et bienveillants du "marché" contrairement au méchant Etat. Comment imaginer une quelconque loi qui puisse réguler voire entraver leurs activités ? Au fou !

Il faut cependant se replacer dans le contexte du XVIIIème siècle pour comprendre la pensée du quasi inventeur du "libéralisme". Quand Adam Smith écrivait :

"Chaque individu tâche, le plus qu'il peut, premièrement d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et deuxièmement de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société"

; il faisait valoir à la fois un préjugé "bisounours" sur les ressorts mentaux qui prévalent à nos comportements de commerce, autant qu'une réalité de fond s'agissant des choix motivant la majorité des transactions de son époque.

D'une part Adam Smith était Anglais, et les Sujets de sa Majesté ont beaucoup de défauts cultivés depuis plusieurs siècles, mais pas celui de manquer de fibre patriotique. Je crains que cette fibre soit plus inégalement partagée en France que ce soit à l'époque de la Révolution Française qui est plus contemporaine de l'auteur ou que ce soit en notre ère plus actuelle. Il n'y a donc aucun conditionnement autre que celui du pouvoir d'achat qui détermine le comportement de la majorité des consommateurs, cela hier comme aujourd'hui, particulièrement quand les nations sont appauvries volontairement par leurs dirigeants. 

Du reste, en son époque, les économies étaient fortement nationales malgré des relations de commerce importantes avec le reste du monde. Les lignes téléphoniques n'existaient pas encore, les navires de commerce étaient beaucoup plus soumis aux aléas naturels et à la piraterie qu'aujourd'hui, et bien que les lettres de change permettaient déjà les règlements internationaux, les risques étaient plus importants et les délais sensiblement plus longs. De fait, quand Adam Smith rédige l'essai qui enfantera tous les totalitarismes bourgeois bien malgré lui, les régulations sur les importations qu'il dénonce, représentaient effectivement un frein pour l'innovation et les gains de productivité à rechercher, car elles s'additionnaient à une contrainte technologique déjà forte. La première régulation intrinsèque au commerce international d'alors, était l'addition des risques et des délais inhérents à la distance de transport. La motivation était donc plus forte de chercher directement sur le territoire national les biens et services souhaités par un acteur économique local. Cette régulation géographique n'existe plus aujourd'hui du fait de notre environnement technologique actuel, accélérant et sécurisant prodigieusement les flux de capitaux et de marchandises. Notons tout de même qu'à cette époque, Adam Smith observait déjà que : 

"En gênant, par de forts droits [de douane] ou par une prohibition absolue, l'importation des sortes de marchandises qui peuvent être produites dans le pays, on assure plus ou moins à l'industrie nationale qui s'emploie à les produire, un monopole dans le marché intérieur.

Ainsi, la prohibition d'importer ou du bétail en vie, ou des viandes salées de l'étranger, assure aux nourrisseurs de bestiaux, en Angleterre, le monopole du marché intérieur pour la viande de boucherie. Les droits élevés mis sur l'importation du blé, lesquels, dans les temps d'une abondance moyenne, équivalent à une prohibition, donnent un pareil avantage aux producteurs de cette denrée. La prohibition d'importer des lainages étrangers est également favorable à nos fabricants de lainages. La fabrique de soieries, quoiqu'elle travaille sur des matières tirées de l'étranger, vient d'obtenir dernièrement le même avantage".

Il ajoute, et j'attire l'attention de ceux qui cherchent à enrayer le chômage de masse :

"Il n'y a pas de doute que ce monopole dans le marché intérieur ne donne souvent un grand encouragement à l'espèce particulière d'industrie qui en jouit, et que souvent il ne tourne vers ce genre d'emploi une portion du travail et des capitaux du pays, plus grande que celle qui y aurait été employée sans cela".

Il est vrai que si l'on imagine souvent la condition sociale des ouvriers et paysans durant le Moyen-Age ou la Renaissance comme nécessairement plus précaire que ce qui a prévalu à partir du début de l'ère industrielle, la réalité serait sans doute plus nuancée. Par économie de temps, je ne divergerais pas plus sur ce sentier, mais remarquons qu'Adam Smith note qu'on employait volontiers "trop" de ressources humaines et de capitaux pour produire certaines marchandises. Dès lors qu'un marché national obtient en quantité et en qualité les produits dont il a besoin, tout ce qui risque d'être "gaspillé" en ressources humaines et capitalistiques, aura nécessairement une portée sociale satisfaisante. Cela puisque la monnaie circule d'une part (et c'est son unique rôle, fondamentalement) et qu'il y a plus d'emplois que nécessaires de proposés. Ce qui signifie à la fois un déclin de la pauvreté de masse et un temps de travail mieux réparti pour les employés. 

Si telle était notre volonté politique, nous pourrions réduire à presque rien les réglementations et tarifications douanières sur les marchandises que nous ne pouvons produire directement et qui sont essentielles à notre vitalité économique et sociale, tout en nous montrant plus drastiques vis à vis de toutes sortes de produits d'importation qui d'une part entretiennent un différentiel de niveau de vie entre les nations du fait que l'abolition ou la réduction des régulations douanières n'est pas conditionnée à des nivellements sociaux et écologiques en contrepartie ; et du fait d'une autre part, que l'intérêt d'Etat pour toutes les nations, c'est l'auto-suffisance alimentaire et industrielle à conquérir ou maintenir tant pour garantir le plein emploi, que la sûreté sociale et militaire du pays. Voila pourquoi l'économie touche de près les intérêts fondamentaux de la nation, et que le peuple a son mot à dire sur les lois qui régulent ou dérégulent le marché. Et cela transcende complètement les intérêts particuliers des producteurs ou commerçants. C'est aussi pour la même raison que le commerce et la monnaie doivent rester sous contrôle politique de la nation.

Le libre échange et l'abolition progressive du rôle de l'Etat dans la direction économique du pays, sont fondés sur des préjugés, laissant à croire que la somme de nos intérêts individuels, créent de facto une harmonie économique et par conséquent sociale, du fait des ajustements continuellement opérés par les producteurs et commerçants pour performer en terme de productivité, ce qui déboucherait sur l’accroissement de leur activité en l'absence d'"entraves" et créerait se faisant, des emplois grâce aux plus-values obtenues. A ces acteurs économiques de "la main invisible du marché", s'ajoute la volonté supposée naturellement sociale et bienveillante des consommateurs. Et pour cette raison, il serait essentiel de disjoindre l'Etat de l'économie en général, continuent d'exiger en cœur les émissaires du MEDEF et de Goldman Sachs.

Chacun des acteurs économiques (consommateurs, producteurs, négociants, commerçants), correspond à N facteur de probabilités d'une action micro-économique efficiente pour l'économie générale. C'est ce qui est supposé en entretenant l'idée que la somme des intérêts privés conduit à des équilibres économiques rationnels par une auto-régulation du marché. Cependant, le système économique et monétaire mondial n'étant ni incitatif dans les comportements, ni en lui-même générateur d'une conscience sociale pour chacun des individus, la somme de cette action collective dans un "marché libre et non faussé" débouche sur un résultat qui n'a strictement rien de rationnel si l'on juge l'intensité de la misère sociale et des gaspillages produits par cette doctrine totalitaire.

Ce que nous constatons en terme de pauvreté, de montée du totalitarisme en Europe, de guerres de pillage au Moyen-Orient et en Afrique, c'est le résultat d'un grand nombre de phénomènes que l'on a volontairement rendu aléatoires et qui entraînent des comportements prédateurs toujours croissants. Le libéralisme, et plus fondamentalement la doctrine du libre échange, n'apportent strictement aucun progrès social que ce soit dans les faits largement constatés en plusieurs décennies dans notre propre pays ou même dans la solidité philosophique et empirique de la théorie économique défendue par notre oligarchie politico-médiatique. 

Le déclin de la France et des pays du Sud de l'Europe, n'est pas lié à autre chose que l'arbitraire des prédateurs financiers pouvant faire voyager leurs capitaux quand et où bon leur semble, n'ayant de compte à rendre à personne, ni à s’assujettir à aucune réglementation ou taxe de nature à décourager leurs comportements les plus néfastes. C'est à dessein, qu'ils ne sont pas soumis à la suprématie de l'intérêt social du peuple sur les régulations politiques à opérer sur le "marché". Un Etat, un peuple, une famille, un être humain ne sont pas "un marché", encore moins des "marchandises" et n'ont pas à se soumettre à une somme d'intérêts particuliers inclus dans le dit-"marché". Empêcher les peuples de naviguer à vue et de se projeter dans le temps, c'est aussi façonner des comportements irrationnels, au-delà même des effets délétères de l'économie sur leur propre pouvoir d'achat. 

Si le peuple français ne récupère pas sa pleine souveraineté politique sur ses relations de commerce et sa monnaie, il restera soumis à N facteurs aléatoires existant dans le monde, qui combinés, ont pour résultante la désindustrialisation de son pays, l'effondrement de notre paysannerie, le chômage de masse et la misère sociale avec toute la part de violence qu'elle induit.

A l'exact inverse, si notre peuple reprend le plein contrôle de sa boite à outils macro-économique, nous recouvrerons toute la puissance politique nécessaire permettant de contraindre tous les agents économiques les plus irrationnels à beaucoup plus de sagesse s'ils tiennent à poursuivre leur activité, voire ne pas faire échouer leur cupidité jusque dans la cellule d'une prison.

Et quand on évoque des régulations purement monétaires et commerciales, nous ne parlons pas ici d'être nécessairement dans une économie dite "communiste". Jusqu'en 1983 en France, ces régulations existaient pour l'essentiel d'entre elles. Ce fut aussi la même année où l'on actait la fin des 30 Glorieuses commencées dix ans plus tôt, avec les premières dérégulations monétaires ainsi que le premier choc pétrolier opérés durant la même année 1973. Ces trois décennies bénies où l'Etat investissait directement dans son industrie d'avenir (le nucléaire, le rail, l'aéronautique, les télécommunications, etc), régulait son commerce international par voie monétaire, fiscale et réglementaire, et où l'on pouvait "dire merde à un patron" et se faire embaucher par celui d'en face avec un meilleur salaire encore, tout cela, nous refusons obstinément de le restaurer par nos votes ou la Révolution avec les adaptations liées à notre temps. Tous les Français de ma génération ayant discuté avec leurs grands parents, peuvent témoigner que nous avons connu le plein emploi, et que le plan Marshall et la reconstruction d'après guerre, ne suffisaient pas à expliquer le dynamisme de notre économie sous l'aura de Charles de Gaulle.

Il n'y a pourtant qu'une seule explication. Elle est affreusement simple : le peuple, quand bien même par la voie de sa représentation nationale, avait le plein contrôle de sa monnaie et de ses relations de commerce avec l'étranger.

Ces pans de souveraineté qui ont été retirés au peuple, peuvent être compris comme transférés au "Monde de la Finance", puisque ce n'est même plus l'Etat qui édicte ses lois bancaires nationales et sa réglementation économique générale : ce sont les banquiers eux-mêmes. 

Au-travers des accords de Bâle sur la politique monétaire, au-travers du lobbying et la corruption sur les institutions européennes afin d'obtenir des traités abolissant tout droit de contrainte des Etats sur le commerce et la monnaie, ainsi que des réglementations favorables aux industriels et rentiers en général, par le biais de directives et règlements approuvés dans un parlement européen fantoche et concoctés par des Commissaires dégoulinant de conflits d'intérêts manifestes et sans aucune légitimité élective.

Nous n'avons plus le contrôle de notre économie, et pire encore, nous laissons une cohorte de vieillards, de bourgeois et de Français sous-éduqués mais sensibles à tous les artifices marketing, maintenir électoralement jusque dans les plus hautes institutions politiques du pays, les pires traîtres et collaborateurs que la France ait enfanté. 

Le déclin industriel, agricole et social se poursuivra durant ce quinquennat, c'est une absolue certitude. Il ne peut être renversé qu'en renversant Macron lui-même, ainsi que toute la petite oligarchie ayant creusé son trou au parlement, dans la haute administration et jusqu'au sein-même de l'autorité judiciaire. Tous ces gens sont à la fois les idéologues, les larbins complices, et les bourreaux du peuple. Et il ne suffira pas de renverser les félons de la République. Il faudra aussi renverser la table à l'OMC et au Conseil Européen. Sortir de l'euro et du TFUE immédiatement comme mesure d'urgence au rétablissement de la vitalité économique et sociale française, mais aussi menacer de sortir de l'OMC, voire du FMI, si les dogmes en matière de coopération internationale par le commerce et l'investissement, ne sont pas totalement revus pour ne pas dire abattus.

Les Français sont tout à fait enclins à inscrire exclusivement dans leurs pratiques sociales,  les principes de commerce équitable et de production dite "bio" ou "responsable" du point de vue environnemental. Mais en laissant le "Marché" souverain par l'absence de normes contraignantes visant à lui imposer des modes de production et de commerce qui satisfassent le corps social, il s'institue en réalité un marché de classe :

Le plus haut niveau de qualité de service ou de production reviendra à celle ou celui qui a le pouvoir d'achat à même de financer cette qualité. 

La qualité la plus médiocre des biens et services reviendra aux plus déclassés incapables de consommer exclusivement voire même épisodiquement des produits "bio", ou issus du "commerce équitable" et plus encore "made in France"

Une tomate bio, c'est une attention humaine constante sur la qualité du cultivar et de son environnement immédiat, et c'est ce qui garantit ses qualités nutritives et son goût. C'est aussi une tomate qui sera consommée au plus près du producteur. On devrait même retirer le label "bio" à tout produit ayant voyagé plus de 200 km entre le producteur et le consommateur. 

Comment peut-on considérer dès lors qu'il soit acceptable et "rationnel" d'importer des tomates sans goût, cultivées en Andalousie sous serre et en vidant la précieuse nappe phréatique locale, cueillies encore vertes par des ouvriers agricoles gagnant moitié moins que les ouvriers français ; cela comme s'il était une totale imbécillité économique et politique de nous montrer plus exigeants avec la qualité de nos aliments ? 

Que peut dès lors faire un producteur de tomates "bio" en France contre un marché aussi dérégulé qu'ouvertement faussé ? Rien, si ce n'est être assuré qu'il y aura toujours assez de bourgeois au-delà d'une classe moyenne en voie de paupérisation, pour que sa production soit écoulée. Mais le consommateur pauvre, lui, n'a pas les moyens d'envisager la qualité pour son alimentation. Tandis que le producteur "bio", philosophiquement voudrait nourrir le monde entiers de produits sains, et coopérer pour cela avec des millions de petits producteurs de son pays, plutôt que se soumettre aux intérêts d'un petit nombre d'agro-industriels portant un regard strictement capitalistique à leur activité, et disposant de l'essentiel du foncier agricole en France.

Le consommateur pauvre pour sa part, face à son impuissance politique et monétaire, choisira la tomate importée d'Espagne, et c'est donc son potentiel emploi d'ouvrier agricole chez un maraîcher en France, qu'il annihilera se faisant. La pauvreté est croissante car elle engendre elle-même dans la faible valorisation de ses comportements de consommation, le nivellement social et écologique par le bas. Rendez riches tous les pauvres du monde, et ils deviendront les consommateurs les plus vertueux au point que le bio deviendrait la seule norme admissible, comme cela serait le cas avec le commerce équitable. Et encore, l'on constate bien que c'est dans l'hyper-classe financière, que l'on rencontre les comportements les plus prédateurs. Ce qui démontre bien que peut importe par quel préjugé nous souhaitons aborder la question purement humaine de nos comportements, il est de l'ordre du bon sens et de la raison d'anticiper les actions les plus viles et hostiles à l'intérêt social du peuple, par des lois qui n'empêchent nullement le commerce et l'investissement, mais en circonscrivent les abus.

Aussi, refuser depuis des décennies non seulement de criminaliser les montages financiers les plus spéculatifs, de donner les moyens à la Justice de punir au portefeuille les évadés fiscaux, mais pire encore, cet acharnement à démonter tous les mécanismes qui prévenaient en eux-mêmes la majorité des abus constatés aujourd'hui, c'est une véritable trahison.

Car la finalité concrète de cette doctrine économique imposée au peuple, ce sont des morts sous les ponts, des suicidés et de la violence sociale allant toujours croissant. Et ce ne sont pas les bourgeois qui subissent cette violence, mais les pauvres eux-mêmes.

Voila pourquoi la génération politique de Macron se permet d'être arrogante. Ce sont des gens riches, ne fréquentant que des cercles issus de leur classe sociale, et tout à fait imperméables à la violence sociale qu'ils génèrent. Ils ont toujours été à l'abri de cette misère, ne la comprennent pas, et sont même persuadés que les pauvres sont trop stupides pour savoir créer eux-mêmes leurs chances pour rentrer dans leur cercle.

A aucun moment ils n'envisagent que créer ses chances, suppose des partenaires commerciaux à mobiliser à partir de rien, la confiance d'un banquier sur un concept qui peut être très novateur et risqué et un niveau de vie suffisant pour assumer toute la phase de construction et de solidification de son projet entrepreneurial. Ce qui représente souvent plusieurs années pour un individu, où malgré le désintérêt des banquiers et des partenaires commerciaux sollicités et la pesanteur administrative et fiscale sur son activité, il faudra serrer les dents et rester motivé jusqu'au bout.

Combien d'individus en France ont selon M. Macron, les dispositions psychiques et financières à la fois pour innover et entreprendre, et surtout maintenir leur projet dans le temps face à la somme de toutes ces contraintes édictées plus haut ? Quant aux autres, c'est à dire l'écrasante majorité du peuple, que sont-ils ? Des "rien" ? Des "sans-dents" pour paraphraser son parrain politique ? Et dans ce cas qu'en fait-on ?

Si les libéraux avaient réellement souhaité faire la démonstration du comportement préjugé bienveillant de la majorité des acteurs économiques conduisrait de facto à ce que les progrès industriels et technologiques soient eux-mêmes facteurs de progrès sociaux, il leur suffisait de s'assurer que dans un tel modèle, tous les consommateurs de la planète (et pour le moins de notre pays), puissent s'aligner sur le niveau de vie d'un Français gagnant 1500 € en province, cela au moyen d'un revenu universel proportionné. Cela aurait permis qu'à minima, tout le monde puisse accéder à des produits de grande qualité, jusqu'à rendre ces derniers de plus en plus concurrentiels face à des produits industriels plus médiocres ou dont le lieu de production est trop éloigné au point de rendre le prix du transport trop prohibitif dans le coût final. 

Dans un univers fortement libéral, ce qui doit coûter de l'argent à l'opérateur économique et en faire gagner à l'Etat, ce sont les flux de la marchandises et de capitaux. Les gains de productivité sont à chercher en dehors de ces régulations indispensables pour garantir un minimum d'équité entre les nations dans leurs coopérations. Et gageons que si un univers libéral enchanté devait correspondre à une nation d'entrepreneurs, un revenu universel qui fasse concurrence au salaire minimum serait alors un cadre indépassable pour assurer cette liberté d'entreprendre sans entraves. Un entrepreneur doit être libre de son temps pour lancer son activité, et jouir d'une réelle sécurité financière. Un salarié pour sa part, vend son temps de travail à un employeur pour garantir sa sécurité financière. Ce sont deux comportements très différents. La majorité des entreprises qui n'ont pas et ne seront jamais créées, ne doivent rien à un manque de créativité et d'ambition d'une très grande partie de la population, mais doivent tout à la contrainte de survie de cette dernière. Travailler pour avoir un toit au-dessus de la tête et quelque chose à manger le soir suppose de mettre ses ambitions et sa créativité de côté.

Je ne crois pas M. Macron et sa majorité parlementaire totalement inféodée, capables de redonner au peuple le plein contrôle de sa politique commerciale et monétaire. Bien au contraire, la volonté est d'aggraver nos pertes de souveraineté, en témoigne le dépeçage par des fonds étrangers de notre industrie militaire, et la volonté d'européïser notre dispositif de défense.

Quand décision est prise de retirer à un peuple son indépendance jusqu'au sein même de son organe militaire, soit le cœur nucléaire de l'Etat, croyez vous que des traités économiques portant autorité politique au "Marché" soient le soucis de ces félons ? L'ambition est claire, constatée, circonstanciée, étayée par des années de violation du titre premier de la Constitution française par les "élites" politiques : nos dirigeants sont apatrides, haïssent notre pays, notre peuple, et nous livrent à tous les intérêts hostiles. Ils détruisent méthodiquement et pièce par pièce un pays tout entier pour en construire un plus grand.

On accuse ceux qui veulent simplement restaurer la souveraineté du peuple français en son pays d'être des "nationalistes". Mais c'est faire fi du nationalisme encore plus dégueulasse et totalitaire véhiculé par les européïstes. Eux rêvent pour leur part d'un Etat factice à dimension européenne, et ils le bâtissent sans notre consentement. Déconstruire la France en contraignant par la censure ou la diffamation toutes les oppositions, et faire de notre futur ex-pays, une région composite d'un Empire européen pensé par des Allemands et des Américains pour leurs propres intérêts nationaux, voila le projet.

Si depuis des années j'appelle à la Révolution, c'est pour signifier que même pour rétablir notre souveraineté économique en France, il faudra nécessairement épurer nos institutions des collabos et des traîtres qui y sévissent. Que l'on juge ma pensée comme trop radicale ou extrême ne lui retire pas son bon sens et sa raison d'être au regard de l'Histoire.

J'encourage tous ceux qui auront été capables de boire jusqu'à la lie ce diagnostic autant que cet avertissement, et y trouver effectivement un peu de bon sens, à aller jusqu'au bout de leur désir de balayer les années douloureuses en nous rejoignant du 8 au 11 Septembre prochain devant la Maison de la Radio à Paris. Cela afin de réclamer des comptes sur le régime de propagande entretenu depuis plus de deux décennies, mais aussi pour exiger la tenue d'un référendum au printemps prochain introduisant dans la constitution une procédure de référendum d'initiative populaire indépendante de l'aval du parlement ou du gouvernement. Le quatrième alinéa de l'article 11 de notre Constitution, rend caduque toute initiative populaire de la loi par le faisceau de contraintes qu'il oppose, en particulier sur le fait qu'elle nécessite l'initiative d'un cinquième du parlement qui soit favorable à une pétition du dixième du corps électoral (4,5 Millions de Français) pour, par exemple, sortir la France de l'U.E et l'euro ou destituer Emmanuel Macron.

Croyez-vous cela crédible ?

Dès lors que nous aurons accès au droit de légiférer à tous sujets, indépendamment de l'avis des institutions représentatives et avec un pouvoir contraignant sur ces dernières, nous n'aurons plus jamais de raisons de manifester. Notre représentation se saura légitime car révocable, et les Français pourront décider de leurs relations à l'Union européenne ainsi qu'aux autres institutions internationales de façon générale. Dans l'attente, il faut pour cela que le débat politique sous-jacent soit autorisé d'Antenne. C'est à ce titre que je compte sur votre mobilisation, pour que les intellectuels, politiques, associatifs et artistes qui défendent la cause du peuple puissent enfin être entendus, et que les mensonges économiques ou géopolitiques entretenus par la bande à Joffrin et Cohen soient démystifiés. Notre servilité découle de notre consentement à être abêtis par des médias vendus. Refusons cela.

Je compte sur votre courage et votre inquiétude pour l'avenir, mêlés.

Sylvain Baron



1 commentaire:

  1. Le libéralisme économique théorisé par Smith était plein de bon sens à son époque. Il était un fervent défenseur du rôle d'agent régulateur de l'État et nous prévenait déjà du péril des capitalistes dont il était un grand détracteur. Il est injuste de l'accabler des maux d'aujourd'hui parce qu'il ne bénéficiait pas du recul nécessaire. Et c'est d'autant plus injuste que si l'on est ni communiste, ni totalitaire, on est obligatoirement libéral de nos jours. C'est à dire une très large majorité des citoyens. Par exemple, Nathalie Arthaud a présenté un programme qui veux contraindre les entreprises et pas les nationaliser. Elle n'est donc pas foncièrement contre la liberté d'entreprendre et donc pas antilibérale.

    Tout le problème, c'est que c'est devenu un gros mot en 2017 parce que des gens se sont appropriés le concept et l'on totalement dénaturé. Un peu comme le marxisme l'a fait avec le communisme qui évoque plus un commissaire soviétique aviné que Jésus Christ par exemple. Ces gens ce sont notamment les héritiers de l'école de Chigago. Si l'on veut trouver un coupable au désordre économique actuel, il vaut mieux accuser Milton Friedman le minarchiste qu'Adam Smith le libéral.

    C'est bien là tout le problème. Les militants de tout bord ne connaissent pas l'économie. Que ce soit les altermondialistes ou les ultralibéraux (qui n'ont rien de libéral en fait), tout le monde se concentre sur sa propre vision économique parce que c'est à celle-là qu'ils ont été biberonnés sans essayer de prendre la pleine mesure de l'Économie avec un grand É. Et c'est comme ça que certains voit Mélenchon comme un héritier du communisme alors qu'il essaye juste de réitérer la politique de Roosevelt qui avait mis les capitalistes au pas. C'est également comme ça qu'on voit des éditorialistes sur des chaînes de grande écoute citer l'air de rien la pensée de David Friedman l'anarcho-capitaliste qui veut détruire les états (et par extension le droit de vote du coup).

    Tu tombes en fait dans le même travers et si ton analyse de la situation économique actuelle me semble correcte, les causes que tu évoques me semblent totalement biaisées. Et malheureusement, cette vision bipolaire entre révolution et mondialisation est de plus en plus partagée par bon nombre de gens. C'est quelque part du prêt-à-penser bon marché comme le concept de droite et de gauche en politique qui n'a jamais existé mais qui est plus facilement assimilable pour le "bon peuple". Il n'y a pourtant pas plus de "traîtres" chez les élites que chez les alters. Juste des minorités sûr de leur bon droit et totalement hermétiques à l'idée de considérer le camp d'en face comme de bonne foi. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'irresponsabilité et l'incompétence qui auront gagné avec pour seule issue une révolution qui signifira le game over pour tout le monde.

    RépondreSupprimer

Quelque chose à ajouter ?