dimanche 12 août 2018

La proposition politique ou la capacité à se projeter dans le temps

Je constate sur les réseaux sociaux, que l'essentiel des commentaires sur la politique des uns et des autres, concerne la dénonciation d'un fait, d'un événement, d'une loi ou d'une décision. Plus rares sont les commentaires qui sont porteurs d'une proposition politique. A mon sens la raison en est bien simple : la majorité d'entre-nous refuse de se projeter dans l'avenir et plus encore à imaginer que ce dernier pourrait être positif. 

Les rares internautes qui font preuve de projection, sont souvent des apocalyptiques. Parmi ces derniers, un grand nombre adapte leur système de vie pour se prémunir d'un avenir qu'ils considèrent comme dangereux pour leur famille et suggérant la dégradation de l'Etat social et démocratique que n'a de toute façon jamais été la France. Ainsi, le survivalisme a la quotte chez une partie non négligeable d'entre nous, mais sans aller jusque là, il devient autant un mode de vie qu'une proposition politique, de tendre au retour à la terre, ne serait-ce que pour garantir son indépendance alimentaire et énergétique. L'autonomie devient le maître mot des cercles politiques s'opposant au gouvernement. D'une certaine façon, les libéraux ne peuvent que s'en réjouir, car ce n'est point un contrat social qui est proposé, mais bien la consécration de l'individu concentré sur ses propres besoins, au-dessus de l'être politique méditant aux besoins de tous. 

Quant à ceux qui se veulent force de proposition politique en matière sociale, géopolitique ou démocratique, ils sont soit des personnalités politiques aspirant à obtenir ou disposant déjà d'un mandat, soit quelques intellectuels marginaux ayant encore assez d'optimisme pour s'autoriser à imaginer une proposition de réforme. 

Mais l'écrasante majorité d'entre nous pour sa part, se refuse à imaginer que les choses puissent évoluer pour le mieux. De fait, elle passe son temps à critiquer ce qui est, sans pour autant formuler des propositions permettant de dessiner un meilleur monde pour demain. Il fut une époque où l'Etat se projetait dans le temps long. Nous disposions d'un Commissariat au Plan, qui établissait les besoins industriels futurs de la France, cela avec un regard à 30 à 50 ans, et à partir de ses prévisions, permettait à ce que la dépense publique soit pour partie consacrée aux développements technologiques et industriels futurs. Ariane, le TGV, la filière nucléaire et bien d'autres secteurs industriels où la France performe, tout cela n'aurait jamais pu sortir de terre, si notre pays ne s'était pas projeté dans l'avenir pour aller de l'avant. A cette époque donc, où le plein emploi régnait, si un citoyen avait l'audace d'imaginer une proposition politique, cela ne pouvait que faire sens avec son environnement puisque tout l'appareil d'Etat lui susurrait qu'il pouvait s'autoriser à regarder loin dans son avenir. D'ailleurs, toute la génération des baby-boomers et celle qui l'a précédée, a jouit de cette France qui était en plein développement, ne connaissait pas le chômage de masse, et se projetait dans le futur. 

Notre jeunesse pour sa part se trouve face à un mur par rapport à son avenir. Elle ne sait pas de quoi demain sera fait, et les décisions qui sont prises aujourd'hui par notre oligarchie politique, sont décorrélées des réalités physiques de la Terre, autant qu'elle sont aveugles aux réalités géopolitiques qui s'imposent, ainsi qu'à la vérité économique sur ce que produit le libre échange et l'absence de contrôle souverain sur la monnaie. L'horizon du futur est ainsi rendu particulièrement brumeux, et l'on devine au loin la guerre qui approche, ainsi que la misère et le totalitarisme qui promettent de s'installer massivement. Si nous ne changeons rien, nos enfants en bas âge d'aujourd'hui, seront des adultes qui évolueront dans un environnement politique et social qui sera encore pire que celui que nous connaissons maintenant. 

Pourtant, se projeter et imaginer des propositions politiques qui soient positives est une démarche mentale et militante essentielle à notre succès futur. D'une part, parce que supposer que l'avenir soit incertain voire moribond, ne peut que nous rendre apathique et rempli de désillusion. Dans ce cadre, s'autoriser à formuler une proposition politique a quelque chose d'abstrait, voire un peu ridicule. C'est ici que le mental joue. Lorsque tout semble perdu, il devient donc un devoir de se montrer optimiste. Car c'est exactement ce qui peut contrarier les desseins des puissants. Une opposition politique qui croit en elle-même, en son avenir, et qui se permet même de faire des propositions sur celui-ci, car ne tenant plus compte des réalités qui s'imposent à nous pour le moment. Ils nous veulent impuissants et soumis par notre désillusion, et ils s'enragent lorsque nous conservons la tête haute et que nous nous battons avec l'espoir ancré dans nos cœurs, d'un meilleur avenir. 

C'est aussi une démarche militante autrement plus efficace que la critique constante du Système. Si la majorité des Français ne dispose pas des informations que nous connaissons, pratiquement personne dans notre pays n'est inconscient du caractère prédateur de l'oligarchie et de ses politiques publiques. Nous pouvons passer des heures à expliquer les dysfonctionnements produits par l'euro ou le libre échange sans que cela ne suscite beaucoup d'intérêt. Oui, cela ne marche pas, et ensuite ? 

Voila la question que se posent les Français : Et ensuite ? 

C'est à tel point vrai que très souvent, on m'a formulé la même interrogation chaque fois que je parlais de Révolution ou du problème posé par l'Union européenne sur nos vies. Ainsi on me disait : 

« C'est très bien que tu veuilles faire la révolution et chasser l'oligarchie, mais ensuite, que ferions-nous ? ». Une telle question est le symptôme le plus criant du manque de projection des uns et des autres. On préfère consentir à un Système nocif mais que nous connaissons bien et auquel nous sommes adaptés, plutôt qu'imaginer un Système qui nous paraîtrait bien meilleur. 

Dès lors que la revendication commune est de restaurer notre souveraineté et notre indépendance nationale ainsi qu'établir la Démocratie en France, nous devrions pourtant nous autoriser à faire des propositions politiques à tous sujets. Car si nous restaurons l'essentiel et établissons le droit souverain pour chaque citoyen à proposer des lois et les voter directement, dans ce cadre, l'arbre des possibles ne peut que s'élever jusqu'au ciel. 

Ainsi à titre personnel, j'aime donner pour exemple quant au rétablissement du FRANC sur le territoire national, qu'il supposera la nationalisation de l'ensemble du Système bancaire français, et qu'il pourrait en outre s'accompagner du versement de l'équivalent de plusieurs dizaines de milliers d'euros sur les comptes à vue de millions de ménages ou entreprises les plus en difficulté. Simplement parce que nous aurions repris le contrôle sur la monnaie, et que nous aurions une relance économique majeure à produire dans la foulée. Il ne s'agit pas ici d'expliquer les tenants et aboutissants de cette proposition, mais simplement de faire remarquer que je ne m'empêche pas de l'imaginer et de la diffuser lorsque je souhaite donner un exemple sur ce qui serait envisageable de produire à la suite de la sortie de l'euro. 

Je m'autorise donc à me projeter et formuler des propositions politiques. Et quelque part, moi qui m'estime désormais suffisamment bien informé sur les dysfonctionnements du monde, je suis désormais bien plus intéressé par les propositions politiques des uns et des autres. Car proposer une réforme, c'est produire un travail d'imagination permettant d'améliorer l'existant, voire l'abolir pour faire tout autre chose. 

Une dernière raison peut expliquer notre difficulté à établir des propositions politiques : notre méconnaissance des lois. Dès lors que ni l'école, ni les médias, pas plus que les politiciens nous initient au Droit, dans ce cadre, nous ne pouvons comprendre comment une suite de mots rédigés et codifiés en un certain sens, peut produire des conséquences tangibles pour la Société. Pour la majorité d'entre nous, le Droit nous paraît difficile à appréhender. On ne sait pas comment les lois sont organisées, comment chercher celles qui peuvent nous intéresser et le vocabulaire utilisé nous semble parfois inintelligible. En vérité, si en tant qu'amateur j'ai pu apprendre à naviguer dans les lois, c'est parce que ces mystifications n'ont pas de raison d'être. Non seulement les lois ne sont pas incompréhensibles à qui sait lire le français, mais en outre, elles sont désormais très accessibles grâce à internet, et leur organisation est d'une simplicité déconcertante. Par ailleurs, pour avoir lu beaucoup de lois constitutionnelles et pénales étrangères à la France, je suis en mesure de comparer ces éléments d'architecture juridique entre les nations. Et je puis affirmer que bien que la majorité d'entre nous l'ignore, le Droit français est beaucoup plus protecteur pour les libertés publiques et individuelles que celui qui prévaut pour un grand nombre de pays dans le monde. Et çà n'est pas sans raison, nous avons été les précurseurs dans la rédaction des premiers codes civil et pénal à l'ère de Napoléon Bonaparte. 

Toujours est-il que se familiariser au Droit, même en amateur, permet de savoir comment bâtir une proposition politique qui se tienne. D'abord parce qu'avant de formuler quoi que ce soit, il est possible de vérifier que ce que l'on a en tête existe ou non dans le Droit français. Ensuite, parce que la lecture d'un article de loi établissant un dysfonctionnement, nous permet de savoir s'il convient de simplement modifier le texte en question, ou de l'abroger. Enfin, si manifestement aucun texte n'existe concernant la proposition que nous avons en tête, il ne reste rien d'autre à faire que l'écrire. 

En cela, avoir de vagues connaissances en Droit, permet de structurer sa pensée politique, et pour le moins nous faire prendre conscience qu'il suffit souvent de modifier ou abroger une loi pour que tout change. Etre familiarisé au Droit, c'est un moyen mental de ne pas sombrer dans le défaitisme ou la théorie de la fin de l'Histoire. Changer les choses en politique est très simple, c'est une histoire de rédaction des lois. Nous nous imaginons souvent que tout est figé et insoluble, alors que la vérité est bien différente. Rien ne nous est impossible, il suffit de le vouloir. 

Dans l'attente, et cela sans qu'il soit nécessaire de se plonger dans la Constitution ou différentes codes de lois, il serait porteur d'espoir pour le public auquel nous nous adressons, à ce que plutôt que faire part de notre indignation sur les atteintes au peuple produites par l'oligarchie, nous nous concentrions à formuler des propositions politiques. 

Aussi, j'espère que durant les prochains jours, je verrais fleurir sur les pages et sites d'une bonne partie de mes contacts, des idées positives qui permettraient de redessiner l'avenir pour le mieux.

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