Nous ne bénéficierons pas du luxe d'une Révolution tunisienne dont l'effervescence insurrectionnelle n'aura finalement duré qu'un mois avant que les généraux du pays fassent pression sur Ben Ali afin qu'il lâche les commandes, tout en laissant aux civils le soin d'assurer la continuité de l'Etat. La France est un trop grand pays pour se satisfaire de crises politiques qui aussi puissantes et étendues soient-elles, aboliraient la servilité de nos fonctionnaires et militaires face au commandement politique de la nation, quand bien même usurpé. Le renversement du roi exige de longs mois de maturation politique et révolutionnaire en France.
Car il y'a trop à perdre à se rebeller face à toute hiérarchie. Il y'a plus encore tout ce que l'on ignore de la question révolutionnaire tout autant que politique. Et cela est une réalité qui transcende les différentes strates de notre peuple. Enfin que dire des conditionnements, des peurs et petites lâchetés existant chez chacun d'entre nous ? La Révolution est un moment où une minorité agissante se bat contre ses propres limites psychologiques, sociales et idéologiques, afin de se mettre en situation collective de renverser une tyrannie qui se joue de nos travers humains et querelles intestines.
Car il y'a trop à perdre à se rebeller face à toute hiérarchie. Il y'a plus encore tout ce que l'on ignore de la question révolutionnaire tout autant que politique. Et cela est une réalité qui transcende les différentes strates de notre peuple. Enfin que dire des conditionnements, des peurs et petites lâchetés existant chez chacun d'entre nous ? La Révolution est un moment où une minorité agissante se bat contre ses propres limites psychologiques, sociales et idéologiques, afin de se mettre en situation collective de renverser une tyrannie qui se joue de nos travers humains et querelles intestines.
La Révolution est aussi sujette à toutes "les infiltrations". Les plus naturelles sont celles émanant de gens qui y ont cru depuis le début, et se sont astreints à un esprit de Concorde nationale contre les puissants. Mais il y'a aussi celles qui émanent des contre-révolutionnaires, qu'ils agissent sur commande ou en "idiots utiles" du gouvernement. Ainsi et quoi qu'il faudra toujours rappeler que les Gilets Jaunes sont d'abord et en premier lieu des masses dépolitisées, il n'aura échappé à personne que parmi tous celles et ceux qui manifestement depuis le 17 Novembre, il y'a des électeurs et même des militants de partis et officines qualifiées "d'extrême droite". Néanmoins, les débats et revendications des Gilets Jaunes n'ont à aucun moment été abondés par des thématiques chères à la droite conservatrice du pays, telles que l'immigration, l'insécurité dans les banlieues ou la refonte de la laïcité. Pour quelle raison ? La Droite française y compris dans ses couches les plus radicales, est constituée sociologiquement et pour grande partie, de gens attachés à la non violence et à la Liberté d'expression. Cela tient notamment du fait qu'être de droite (ou disons plutôt être "conservateur"), c'est être attaché à l'immanence d'un certain ordre et au respect des us et coutumes de son pays. Mais aussi parce que dès lors que l'on manifeste de telles opinions en France, l'on subit un ensemble de fatwas médiatiques qui abolissent notre sentiment de liberté de penser et de s'exprimer, par l'invective et le déclassement social opéré par des opposants agissant dans des sphères de pouvoir réel. Etre de droite n'est pas un point de vue économique et social, c'est un point de vue moral sur la Société. Il en va de même pour la "gauche". Et la droite du fait de son fort attachement civique et patriotique, sait se montrer discrète sur ses autres thèmes de prédilection, si cela peut éviter des disputes inutiles avec des camarades avec lesquels on marche dans la rue contre le Gouvernement.
Tel n'est malheureusement pas le cas de l'extrême gauche qui est donc arrivée en fanfare dès le début de l'année 2019, alors qu'elle ne cessait de faire entendre par l'entremise des médias, des réseaux sociaux et des syndicats, toute son inquiétude sur le fait qu'il y'ait des gens "d'extrême droite" parmi les Gilets Jaunes. Cela n'inquiétait et n'inquiète toujours pas les Gilets Jaunes pour la bonne et simple raison que l'extrême droite n'est ni prosélyte, ni violente et qu'elle ne se fait donc pas remarquer dans le mauvais sens dans nos cortèges et rassemblements. Et si l'extrême droite se dit tout aussi intéressée que les autres Gilets Jaunes par le Référendum d'Initiative Citoyenne, c'est qu'elle ne peut être pas aussi "extrême" que cela. Elle devrait plutôt être qualifiée de "radicale", tout comme l'on peut dire que des gens comme Adrien Quatennens ; François Ruffin ou Jean-Luc Mélenchon sont de gauche radicale. D'ailleurs qu'est-ce qui distingue l'extrême gauche de la "gauche radicale" du reste, puisque cette dernière était déjà bien présente dans le mouvement dès le 17 Novembre ? L'extrême gauche comme l'extrême droite nourrissent d'abord et avant tout des passions identitaires. L'extrême droite idéalise et sclérose le peuple à des repères culturels, ethniques et religieux très étroits dans l'espoir de préserver sa singularité dans le temps. L'extrême gauche idéalise l'individu libre et cosmopolite, totalement affranchi dès règles et repères culturels de sa propre Société. L'extrême gauche est constituée d'individus qui veulent démolir l'ensemble du cadre culturel et institutionnel de leur pays, pour justifier leur fracture identitaire propre. L'extrême droite tient au contraire à resserrer très fortement le cadre culturel et institutionnel de son pays, pour panser la fracture identitaire de celles et ceux qui se réclament de ce courant de pensée.
Le problème pour les gens d'extrême gauche, c'est qu'ils gouvernent depuis plus de 40 ans. Leur vœux de démolition de tous les conditionnements culturels et étatiques qui font de notre peuple une nation libre, historique et singulière, ont été honorés depuis des décennies par une oligarchie aussi cosmopolite que ses "idiots utiles", aussi haineuse de la France et son Histoire que l'ensemble de notre Lumpen-prolétariat, aussi volontariste à la déstructurer et la communautariser que les militants pro-LGBT ou immigration se disant pourtant "hostiles" au gouvernement. Et si la majorité du peuple n'est pas d'extrême droite et que les Gilets Jaunes incarnent cette majorité habituellement silencieuse parce que dépolitisée, cette même majorité n'est certainement pas d'extrême gauche non plus.
S'il est vrai qu'avant la seconde guerre mondiale et encore quelques années après, l'extrême droite pouvait s'avérer violente et relativement influente, ce n'est plus le cas depuis plus de 40 ans. Elle est devenue minoritaire pour sa composante la plus passionnée, et les agressions sur des opposants politiques ou catégories de la population pour lesquels les plus virulents réactionnaires vouent une haine indicible, sont extrêmement rares. A l'inverse, depuis Mai 68, l'extrême gauche - qui donc n'a rien à voir avec la gauche radicale - s'est installée dans le paysage médiatico-politique et guide le démantèlement de l'Etat et de notre Unité depuis l'arrivée au pouvoir d'un certain nombre d'éditorialistes "soixante-huitards" dans la presse et d'idéologues eurôlatres dans la haute fonction publique et la représentation politique. Pendant que d'un côté, la France se défaisait des moyens de sa Souveraineté sur l'autel de l'U.E, (ainsi que l'Allemagne et les USA en particulier) ; de l'autre, notre oligarchie désormais démunie de tout pouvoir et tout devoir à assumer sur les politiques publiques de la nation, n'a cessé de passer son temps à faire la promotion de cette France à présent "multicuturelle" mais au passé "rance" et dont il s'agirait pourtant de croire aux "valeurs" républicaines qui sont les siennes aujourd'hui. Des termes plein d'abstraction et poussant jusqu'au nihilisme qui sont le propre d'une extrême gauche qui gouverne (pas), fait sa propagande dans la presse écrite et audio-visuelle, tout en terrorisant son opposition populaire avec ses milices politiques, constituées des fameux "idiots utiles" se proclamant "antifascistes" tout en ratonant un Gilet Jaune qui serait réputé être sympathisant "d'extrême droite".
Pour ma propre part et quoi que je me démarque de Messieurs Ruffin, Quatennens et Mélenchon en me disant ostensiblement favorable au Frexit de toute urgence, je suis comme eux de "gauche radicale". Plus précisément un éco-socialiste et même un "décroissant". Le modèle économique et social que j'ai en tête s'inspire de ces courants de pensée qui sont fortement régulateurs en terme de politique monétaire, commerciale et agricole. Ils supposent des nationalisations tout azimut de nos grandes industries stratégiques et services publics perdus, un plan de route à cinquante ans pour convertir notre économie et permettre à la France de supporter la déplétion des matières premières annoncée pour les années futures. Le socialisme, comme le communisme, la décroissance ou le keynésianisme, sont des économies de planification où l'Etat régule, intervient, décide, crée des "distorsions de concurrence" et contraint des acteurs économiques et étrangers très puissants, à ne pas nuire à l'intérêt social du peuple qu'il sert. Nationaliser tout le système bancaire et bien plus encore ne m'effraie pas. Bien au contraire, j'y aspire. De même que transformer par la loi un certain nombre de multinationales en coopératives lorsqu'elles produisent et distribuent des marchandises et services sur le territoire français, est à mon sens imposer aux actionnaires non impliqués dans la marche d'une entreprise, le contre-pouvoir des travailleurs qui la font vivre réellement. Je défends le Salaire de Vie à quelques nuances près sur certains détails, selon les mêmes critères que M. Bernard Friot, notamment en jouant de la cotisation sociale et en redonnant un sens profond au mot "travail".
Quant à mes valeurs morales, elles sont d'avantages libertaires que conservatrices à de nombreux sujets, et comme la majorité des Gilets Jaunes, je ne me reconnais pas dans les passions identitaires des extrêmes droite et gauche de la France. Cependant, j'observe que sur certaines grandes villes de France, là où l'extrême droite ne posait jusque là aucun problème particulier, l'extrême gauche qui nous vilipendait durant les deux premiers mois et restait en retrait, a décidé de semer la zizanie dans nos rangs en s'ingérant dans nos cortèges mais aussi groupes facebook, télégram ou discord où les débats et discussions s'opéraient plus paisiblement les deux premiers mois. Les casseurs qui se réclament de la "stratégie" blackbloc, viennent pourrir plus encore ce que les ordres de Macron, Philippe et Castaner permettaient de générer de chaos dans les rues sans eux. Les "antifas" constituent l'essentiel de leurs troupes, et quelques dizaines de ces illuminés dans nos cortèges pratiquant la chasse au "soralien" ou jetant des pavés contre les forces de police ou de gendarmerie, suffisent à causer un déchaînement de violence affectant sérieusement le moral des Français qui manifestent.
Un grand nombre des Gilets Jaunes de la première heure me témoignent par messagerie ou téléphone de leur fatigue à gérer les dérives humaines des uns et des autres, et se sentir impuissants à créer un semblant d'organisation et de sérénité dans ce combat collectif. Je ne fais pas exception à la règle, et je connais trop bien les pratiques du trotskisme, du lambertisme et des formes d'entrisme de l'extrême gauche plus contemporaines si l'on en juge l'expérience Nuit Debout et finalement ce qui s'opère actuellement, pour ne pas préjuger de ce qui va désormais se passer dans les prochains mois.
Pour ma propre part comme pour d'autres animateurs du mouvement, les choses continuent de s'opérer sur la base de petits et grands événements, de projets et démarches militantes, qui tous réclament du temps pour aboutir. Temps que les plus "suiveurs" du mouvement n'ont guère plus que les "animateurs" pour maintenir l'ardeur insurrectionnelle avec une intensité durable. Économiquement, tout le monde est rincé. La fièvre des Gilets Jaunes je le pense, va s'assoupir en tant que telle durant les prochaines semaines. C'est aussi la façon la plus simple de mettre en déroute les militants d'extrême gauche qui espéraient nous ramener à leurs vues idéologiques et à leurs méthodes. Si nous rentrons à nos foyers, ils n'auront plus rien à détruire.
Cependant, l'éveil politique des Français et le besoin de raviver le sentiment national qui s'est fait écho dans toutes les provinces du pays, est désormais acquis. Le mouvement risque de se recroqueviller dans un premier temps sur ses débats politiques avant sans doute de les élargir, et nous n'avons pour le moment vu que nos plus faibles mobilisations de l'année. D'autres suivront, plus intenses encore, car les réseaux d'affinités et de coordination sont désormais créés. Nous disposons de nos numéros de téléphone et de nos adresses courriels. Des coordinateurs de région très éloignées entre elles, sont pourtant en relation régulière et informelle pour préparer des événements communs. Les Gilets Jaunes ne sont pas un parti politique, mais un mouvement clairement anarchique dans son fonctionnement, capable de produire du contenu politique et de rassembler des foules sur des sites stratégiques. Peu à peu des têtes émergent, d'autres figures apparaîtront encore, mais cela suffit provisoirement à définir des interlocuteurs à présenter à des ambassades, institutions et médias, pour faire adresser des messages politiques communs.
S'il y'a une certaine inertie à faire avancer les stratégies opérationnelles et juridiques les plus efficaces pour défaire Emmanuel Macron et son gouvernement, le temps long reste notre meilleur allié. Sans doute serons nous moins nombreux à manifester au fil du temps, mais tout le monde restera vigilant à ce qui pourra se construire et être proposé par la suite. Nous répondrons encore à bien des appels à nous rassembler. Mais de moins en moins pour subir les violences des pseudo-flics qui déshonorent leur métier sur des parcours sans intérêt opérationnel réel, mais bien des opérations de siège de bâtiments publics et privés, dont nous aurons le sentiment qu'ils contribuent à ne pas agir dans le soucis du service public à rendre à la nation. Les Gilets Jaunes veulent défaire Macron, son gouvernement et toute l'oligarchie avec, ils seront bientôt incarnés par une représentation politique et vont continuer d'user de tous les outils nécessaires à l'inoculation de la Démocratie en France, parce que notre peuple n'a plus rien à perdre.
On nous a volé notre Souveraineté, notre libre-pensée, notre droit au bien être social et à la dignité, et puisque notre avenir et celui de nos enfants est désormais prohibé par les traîtres qui usurpent les institutions politiques de la France, nous ne reculerons plus.
Notre Révolte s'inscrit dans le temps long et sera bien décrite par les historiens comme étant une authentique Révolution, lorsque nous aurons défait Macron et son Gouvernement, et que nous aurons en outre établi notre propre représentation politique au pouvoir. Cela adviendra, l’appétit intellectuel des Gilets Jaunes est réel, il y'a une volonté de se former à des disciplines et connaissances qui n'étaient jamais médiatisées ou enseignées à l'école, et peu à peu, les Français commencent à penser la marche de l'Etat.
Le Mouvement n'est pas terminé, il produit actuellement ses métastases politiques pour excréter ses cellules cancéreuses, mais ce qui se dégagera tendanciellement de cette reconfiguration, c'est la mort définitive de l'extrême gauche et de son influence, cela jusqu'au cœur des instances politiques et syndicales qu'elle infiltrait avec plus d'ancienneté. Les masses dépolitisées qui ne connaissaient pas de près le maccarthysme et la violence des "antifas" et consort, ont pu en respirer le parfum amère autant dans la rue que sur les réseaux sociaux. Les autres instances politiques n'en profiteront pas plus. Je ne crois par exemple pas que le "Rasssemblement National" de Marine Le Pen obtienne des résultats électoraux conséquents dans l'avenir. Pas plus évidemment que les formations politiques centristes comme LRM, LR, MODEM et PS. Les plus petits partis politiques, bien que largement impliqués dans le Mouvement des Gilets Jaunes au-travers de leurs militants, ne tireront guère plus les marrons du feu, car l'UPR ; le PARDEM ; S&P et le PRCF n'ont pas bénéficié d'un supplément de visibilité médiatique durant cette respiration révolutionnaire. Le Mouvement des Gilets Jaunes ne se structurera pas en "parti politique" à ce stade, et les quelques entités créées par Jacline Mouraud et consort, ne susciteront pas l'intérêt de la minorité agissante. Les élections européennes ne laisseront rien apparaître de significatif sauf un fort taux d'abstention, mais qui n'aura rien de nouveau s'agissant de cette échéance. Il n'est cependant pas improbable que le débat sur la question de notre rattachement à l'U.E et l'euro finisse par émerger de plus en plus fortement au cours des prochains mois.
Je ne peux donc préjuger des formes que prendra notre Révolution sur le temps long, mais je sais que certains travaux de fond avancent, et qu'à l'issue, nous reprendrons bien le contrôle de l'Etat.
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