samedi 11 mai 2019

Pendant ce temps-là en Grèce... on crève !

Leonidas Chrysanthopoulos est ancien diplomate grec de haut rang. 

Il a été ambassadeur au Canada, en Pologne et en Arménie. Il fut Consul Général à Istanbul, Ministre Conseiller à Pékin, il a aussi représenté les intérêts de son pays dans l'organisation pour la coopération économique en mer noire. Enfin, il fut l'un des négociateurs grecs ayant discuté les conditions d'entrée de son pays dans l'ex CEE, aujourd'hui devenue "Union européenne".

Inutile donc de signifier que cet homme est ce que l'on appelle dans certains milieux, un "insideur". Si je vous parle de cet homme, c'est parce qu'il m'a transmis récemment par courriel un document qu'il a envoyé à Jean-Claude Juncker, l'actuel Président de la Commission Européenne, (et premier homme sur Terre à souffrir de sciatique éthylique). 

Ce document est en fait une lettre réclamant réparations pour sa propre personne, au titre de l'article 41-3 de la Charte des Droits Fondamentaux de l'Union européenne (à ne pas confondre avec la Convention européenne des droits de l'Homme). Cet article de loi est rédigé comme suit :

"Toute personne a droit à la réparation par l'Union des dommages causés par les institutions, ou par ses agents dans l'exercice de leurs fonctions, conformément aux principes généraux communs aux droits des États membres".

A la lecture de son courrier, vous comprendrez dans quelle logique procédurale (et d'affrontement), s'inscrit la démarche de Leonidas Chrysanthopoulos. Ce courrier est aussi l'occasion de prendre des nouvelles de la Grèce, puisque à peu près tout le monde s'en fout, sauf ceux qui ont à cœur de rétablir l'auto-détermination des peuples en Europe. En France, le débat sur la pertinence et la légitimité politique de l'U.E reste séquestré par des médias collabos ; des politiciens aussi ignares que félons ; et toute une clique de portes-voix qui au lieu de considérer le caractère fascisant de cette technostructure, ne cesse d'invectiver quiconque défend avec raison et force arguments juridiques, économiques et démocratiques, la nécessité de mettre un terme à cette usine à gaz.

Ce sont généralement les mêmes personnes qui la main sur le cœur, nous parlent d'amitié entre les peuples, de paix et de coopération, tout en se foutant de savoir ce qu'il se passe exactement en Europe. Ce sont les mêmes gens encore, qui reprochent aux Anglais d'être un peuple libre et souverain, de même qu'ils ne supportent pas les considérations sociétales qui existent en Pologne, en Hongrie ou ailleurs. Ces staliniens dont les "éléments de communication" s'effondrent sur les réalités qui font la diversité de la civilisation européenne, ne souhaitent qu'une chose :

Faire de l'Europe une hégémonie économique, institutionnelle et culturelle à leurs propres vues. Et à ce titre, on peut affirmer sans problème qu'un européïste est un ultra-nationaliste. Nous ajouterons un crasseux intellectuel (pour l'essentiel du grand parti maastrichtien), ou pour les plus informés : des traîtres, des collabos et des fachos.

Dans l'attente, je vous laisse découvrir le courrier de Leonidas Chrysanthopoulos, que je remercie sincèrement pour le soutien actif qu'il apporte aux Décrocheurs, association que j'administre, et qui encourage tous les Français à décrocher les "drapeaux européens" de l'espace public. 

A M. Le Président de la Commission européenne, H.E. Jean Claude Juncker

Rue de la Loi 200,
1049, Bruxelles, Belgique


Votre Excellence,

Vous trouverez ci-joint une demande de ma part adressée à la Commission européenne invoquant l'article 41.3 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne afin de réclamer l'indemnisation des dommages causés à ma personne par des erreurs commises par l'Union européenne et ses institutions.

En tant que jeune diplomate, j'étais membre de la délégation qui a négocié l'adhésion de la Grèce à la CEE, mais à l'époque il s'agissait d'une organisation différente de l'UE d'aujourd'hui. La CEE donnait la priorité aux citoyens des États membres, à leur prospérité et à leurs droits sociaux. Contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, où la priorité est donnée à la sécurité du secteur bancaire tout en faisant abstraction des intérêts et des droits des citoyens de l’UE. En tant que directeur général des Affaires européennes au ministère grec des Affaires étrangères, en 2004, j'ai participé également aux négociations pour la Constitution de l'UE et aux Conseils des Affaires Générales.


En ce qui concerne la Grèce, la raison officielle de la politique de mémoranda et des programmes d'austérité imposés à mon pays est la soit-disant réduction de la dette publique qui représentait en 2010 environ 120% du PIB. Mais au lieu de la réduire, elle atteint aujourd'hui le 185% du PIB. Cependant, nous savons tous que la véritable raison de l'imposition de ces mesures était de sauver les banques françaises et allemandes de la faillite au cas où la Grèce se déclarait en faillite. Dès le début, il était clair pour beaucoup parmi les spécialistes que les mesures ne seraient pas efficaces mais ceux qui les avaient prévues et qui étaient en charge de leur mise en œuvre, ont refusé de changer les politiques erronées même après avoir reconnu explicitement leurs erreurs.

Les mesures imposées à la Grèce violent les droits de l'homme du peuple grec. De nombreuses informations ont été publiées sur ces violations. Le rapport de l'expert indépendant Cephas Lumina à propos des conséquences de la dette externe et des autres obligations financières internationales des États, concernant la pleine jouissance de tous les droits de l'homme et en particulier des droits économiques, sociaux et culturels (A / HRC / 35/50 Add.1.7.3.2014) ; le rapport de l'expert indépendant des Nations Unies, Pablo Bohoslavsky (A / HRC31 / 60 / add.2, 29.2.2016) et le rapport du Comité de vérité du Parlement hellénique sur la dette publique qui date des mois d'août et octobre 2015. Le Traité de l'Union européenne et la Charte des droits fondamentaux ont également été violés, en particulier l'article 2 concernant le respect de la dignité humaine. Ces violations des droits de l’homme ont entraîné la mort de nombreux Grecs, du fait de l’effondrement du système de santé national (le financement public de la santé a été réduit de 42,5%), de la malnutrition, du manque de chauffage adéquat, etc. Avant 2009, la moyenne annuelle des décès en Grèce était entre 60 et 70 000 personnes. En 2017, ce nombre a atteint 124 832, contre 120 886 en 2018. La responsabilité de ces violations qui ont causé la mort de tant de personnes depuis 2010 est partagée entre les successifs gouvernements grecs, les États membres de la zone euro, l'UE, en tant qu'institution, et le FMI.

En 2017 et 2018, j'ai visité les ministères des Affaires étrangères des pays du Benelux et de l’Allemagne, à Berlin, où lors des réunions avec leurs correspondants responsables des Droits de l’homme, j’ai soulevé le problème des violations des droits de l’homme en Grèce. Ils ont tous reconnu la violation des droits de l’homme et ont attribué le problème à un manque d’intérêt de l'Eurogroupe pour cette question. Problème qu'ils ne savaient pas comment résoudre. Je leur ai répondu qu'il fallait tout simplement suivre les recommandations des experts indépendants de l'ONU qui proposaient ne pas adopter de mesures d'austérité qui violeraient les droits de l'homme. Malheureusement, les violations des droits de l'homme se sont poursuivies malgré une réunion (entre qui et qui ?) avec l'expert indépendant des Nations Unies et la Commission européenne en 2015.

Je suis certain que ma demande d'indemnisation ci-jointe sera rejetée et que les arguments qui seront utilisés par vous pour ce rejet seront les suivants:

1.Vous me direz que les documents du
programme (???) ne font pas partie du droit européen, mais des actes intergouvernementaux et que les MOU (memorandums ???) ne sont pas des actes de l'UE, mais des instruments convenus bilatéralement entre la Grèce et ses prêteurs. Par conséquent, les lois de l'UE ne sont pas applicables dans mon cas et que l'article 41.3 ne peut pas être appliqué. Ma réponse est que l’UE ne doit pas se cacher derrière des détails juridiques dans le but de ne pas mettre en œuvre les articles du traité. Je ne me souviens pas exactement quand cet article avait été discuté, dans le cadre des négociations du traité, mais le représentant de la Commission nous avait assuré que cet article visait à protéger pleinement le citoyen européen contre les erreurs commises par les institutions de l'Union européenne.

2.Vous me direz que, pour trouver une réponse à ma demande, je sois obligé de faire appel à la Cour européenne de justice, qui est l'organe compétent pour de tels cas. Je vous répondrais que je ne dispose pas des moyens financiers pour saisir la Cour de justice et qu'au lieu de cela, je proposerais un règlement à l'amiable avec vous.

3. Pour finir, vous me direz que l'unique responsable pour la réduction de ma pension de 60% est le gouvernement grec. Ma réponse est que si les institutions de l'UE n'avaient pas imposé de telles mesures, le gouvernement grec n'aurait jamais procédé de la sorte.

Bien sûr, vous pouvez trouver d'autres raisons de rejeter ma demande mais ce n'est pas la question.

La question est que les articles du traité qui concernent la protection des citoyens de l'Union européenne contre les erreurs des institutions de l'Union européenne - quand cela est requis - doivent être appliqués en faveur des citoyens et non pas au détriment des citoyens et en faveur des institutions. Cela devrait être sérieusement pris en compte en vue des élections pour le Parlement européen en mai.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le Président, les assurances de ma très haute considération,
Leonidas Chrysanthopoulos
Ambassadeur ad Honorem




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