mercredi 23 septembre 2015

Michel, si tu m'entends...

Te voila répondant dans les colonnes du Monde aux aboiements déchaînés de la meute des chiens de garde. Yann Moix et consort sont bien trop imbus de leurs personnes et trop bouffis des certitudes bien-pensantes de la petite bourgeoisie médiatique, pour réaliser que tes réponses orales à leurs accusations, devraient logiquement les inciter à creuser un trou, s'y engouffrer, et ne plus jamais reparaître. Rares furent les gens de ton calibre à avoir eu l'occasion de les ridiculiser autant, sans même que ces derniers s'en rendent compte...

Comme tous les Français un tant soit peu éduqués sur la chose politique, j'ai donc jubilé de t'écouter écraser les vermisseaux qui se veulent être les flamboyants goupils du sérail médiatique sur O.N.P.C, sans avoir jamais pu dépasser le stade évolutif du cancrelat, avec tout le respect que je dois pour ces bestioles ayant au moins l'intérêt d'avoir un rôle utilitaire dans leur niche écologique particulière.

Plus médiocres encore que nos politiciens sont nos journalistes. Et c'est humain, voir nécessaire, il te faut te justifier face au bal des clowns. De tristes pantins en vérité, qui hier, auraient été les plus ardents soutiens de la puissance occupante nazie dans "Radio Paris" ou "je suis partout", et aujourd'hui le sont s'agissant d'une usine à gaz eurofascisante que nous devrions accepter, légitimer et ne plus jamais remettre en cause sans qu'immédiatement, ces petits laquais braillards du Système, ne hurlent leurs fatwas en "lepenisation des esprits".

La légitimité politique de l'Union européenne n'est qu'un sujet parmi tant d'autres qu'il n'est plus possible de discuter avec le langage de la raison, du droit, des réalités géopolitiques et économiques qui sous-tendent cette institution piétinant rien de moins que le principe d'auto-détermination des peuples.

Cette médiocrité journalistique est telle en France, que du coup, je n'ai jamais pu entendre les bonnes questions. Tout du moins, celles que j'aurai aimé te poser. Celles qui auraient pu à minima t'imposer quelques secondes de réflexion pour peser tes réponses. Car tu aurais immédiatement senti le piège posé. Elles n'offrent en effet que deux issues possibles. La première serait une gymnastique intellectuelle te permettant d'éviter tout radicalisme, mais pour le coup contribuerait à réduire ta superbe, et interrogerait les plus éduqués d'entre nous sur les limites de tes connaissances sur le droit européen ainsi que ta façon de tirer des enseignements de l'Histoire. La seconde façon de répondre serait au contraire d'assumer ce qui est une pensée profondément radicale, décharnée de tous les artifices intellectuels et sémantiques, mais tirant sa force de son apparente simplicité.

Voila donc deux questions que ne t'ont pas posé les chiwawas recrutés par Ruquier :

Tu te réfères régulièrement à Jean-Pierre Chevènement, pour décrire ton positionnement politique actuel. Mais Jean-Pierre Chevènement fait partie du sérail. Il a fait toute sa carrière dans les gras pâturages parlementaires et ministériels, et n'a jamais osé franchir le Rubicon sur nombre de sujets. N'as-tu point constaté de quelle façon tourne-t-il autour de cet euro mystifié, pour nous dire qu'il ne faudrait finalement pas en sortir, ou pas trop... Mais l'euro n'est pas une monnaie, tu le sais bien. C'est un symbole politique matérialisé par des pièces et billets de banque, visant à asseoir la légitimité de l'Union européenne dans les poches et surtout les crânes des honnêtes gens. Qui dit vouloir sortir clairement de l'euro, s'engage tacitement à sortir de l'Union européenne du fait même de l'architecture des traités et de la démystification politique de toute une idéologie. Ce qui m'amène donc à la question suivante :

Es-tu assez radical pour souhaiter le démantèlement de l'Union européenne et de l'euro, sans chichis ni fioritures, contrairement à ton maître à penser politique, Jean-Pierre Chevènement ?

Vient alors une seconde question qui découle de celle-ci. En effet, à maintes reprises, et cela comme beaucoup d'autres intellectuels, tu prédis et souhaites même des sursauts insurrectionnels en Europe, et pour le moins en France. Mais comme la majorité des penseurs ayant acquis la sympathie d'un public dont les intérêts de classe ne sont pas les mêmes que ceux du lectorat traditionnel de Jacques Attali ; tu nous fais le coup de l'allumeuse qui mène sa victime aux limites exactes où le plaisir et la souffrance se croisent, avant d'abandonner ton auditeur juste au moment où il pensait pouvoir exulter enfin. Tu nous parles de révolution, mais tu trouveras mille et une bonnes excuses pour ne pas t'en faire l'animateur.

Alors Michel, serais tu prêt à utiliser tant ton autorité intellectuelle que ta notoriété te permettant d'être entendu par tous, pour nous y emmener à cette révolution ?

Je sais pertinemment que ce n'est pas dans l'activisme ou le militantisme que tu as fais tes principales armes. Mais nous n'allons pas te demander de coller des affiches ou décrocher des drapeaux européens de leurs supports. Nous sommes déjà une petite armée. Pas bien grosse certes, mais pour peu qu'elle trouve ses portes-paroles, ses soutiens, c'est une petite armée citoyenne qui est prête à renverser un Gouvernement, sans armes, ni haine, ni violence. Nous savons faire Michel, et comme toi, nous ne croyons plus à la mascarade du Système électoral, en tout cas pas dans les conditions politico-médiatiques actuelles.

Tu sais Michel, il serait bon que tu t'interroges sur le fait que les militants, les engagés et enragés politiques, les soldats du bitume ; sont toujours les premiers lecteurs et auditeurs des intellectuels comme toi, Frédéric Lordon, Jacques Sapir, Bernard Friot, Etienne Chouard, François Asselineau, Franck Lepage et tant d'autres ; qui étrangement ne s'intéressent jamais à leur auditoire. Quels sont par exemple ses frustrations, ses désirs, ses besoins ? Si tu offrais ainsi ton invitation à parler à la Nation dans les locaux de la Maison de la Radio à l'un de tes lecteurs, que dirait-il à ton avis ?

Reprendrait-il tes analyses ? Voudrait-il seulement faire valoir une quelconque analyse sur les difficultés qui nous écrasent tous ? Ou se dirait-il : "je suis enfin entendu par des millions de gens, c'est le moment ou jamais", avant d'entonner son appel aux auditeurs à faire le siège de la Maison de la Radio et de France Télévisions dans les plus brefs délais ?

Le militant, vois-tu Michel, est souvent un être surprenant dans l'étendue et la profondeur de ses connaissances économiques ou géopolitiques. Mais le militant est aussi une femme ou un homme fatigué(e) d'entendre ses intellectuels préférés, expliquer et ré-expliquer continuellement que tout va mal dans les moindres détails. Car le militant sait déjà, et n'a plus rien à apprendre. Il sait qu'un très grand nombre de Français ne sortiront pas de leur conditionnement mental, si l'armée des colleurs d'affiches, des décrocheurs de drapeaux et des distributeurs de tracts, n'entend pas l'un de ses intellectuels préférés lancer l'appel que nous attendons tous. 

Tes lecteurs Michel, rêvent du Grand Soir. Et beaucoup savent même comment très précisément l'organiser. Et toi, qui nous a évoqué à maintes reprises que le changement ne découlerait pas d'une élection, serais-tu prêt à porter la simplicité de leur message pour bousculer un peu l'Histoire ? Car dès lors que tu as compris que les élections ne changeront rien, il serait peut-être temps d'assumer cette logique et se dire qu'il n'y a plus aucune raison de laisser tant de souffrances perdurer jusqu'à 2017 et encore au-delà, non ?

Tu es une voix entendue comme tous ces intellectuels que j'ai cité. Eux n'osent pas, contrairement à des milliers de Français qui sont pour leur part, fins prêts. Et toi ? Chiche ?

Amitiés militantes,

Sylvain





5 commentaires:

  1. "il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre " ( G BERNANOS )

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  2. Les chaînes sont désormais tendues à craquer : il suffirait, à l'échelle d'un pays comme le nôtre, d'un souffle pour que démarre une nouvelle donne. Il faut seulement que ce souffle soit ressenti, entendu par un maximum de citoyens, afin qu'ils sachent qu'enfin ON Y EST.

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  3. Le renard est dns le poulailler, et les poules courent dans tous les sens.

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  4. Tu n'as pas du tout lire de Michel Onfray, car lui "rêveur de Grand Soir"... cela a du le fare rigoler, puisque depuis quelques années il prêche le contraire dans le magnifique hebdo révolutionnaire qu'est "Le Point" et ailleurs...

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  5. il semble qu'il avait dit comme moi que les frigos ne sont pas vide... donc pas de révolte...

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