Lorsque par-delà le son lugubre du tocsin qui sonne, tout me renvoie à mon impuissance politique ; lorsqu'un oligarque annonce une prochaine mesure dans le cadre de la guerre qui est livrée au peuple ; lorsque je constate que mes frères d'armes geignent et s'indignent tout en se terrant dans leurs chaumières ; lorsque les fanatiques obtiennent toutes les attentions médiatiques pour débiter leur haine de la nation : il m'arrive parfois de vouloir devenir fou.
Oubliées les inhibitions et les conditionnements qui m'assagissent... Me voila libre ! Libre d'agir sans morale et sans lois à même de contenir mon immense colère. Libre de tuer, détruire et recommencer encore et encore, jusqu'à ce que plus un seul traître, ni un seul technocrate bruxellois ne soit en mesure de porter atteinte à la France. Me voila dégagé de toutes les entraves de la civilisation. Je suis l'Homme nouveau, celui qui murmure depuis l'avenir sa présence, dans les décombres que nous lui préparons aujourd'hui. Je suis celui que l'oligarchie encense. L'Homme d'une tribu et centré sur son propre plaisir. L'Homme qui n'écoute que sa haine et ses pulsions, et impose son ordre au reste du Monde. je suis l'Homme jouissant de ses désirs sans que les filins de la Raison ne puissent le retenir. Désormais, l'on me retrouve faisant irruption dans les bureaux de Babel, pour y jeter grenades et cocktails Molotov jusqu'à ce que la fumée et les cendres soit le nouveau décor de ces lieux autrefois ternes et froids. Au diable les innocents, pourvu que les salauds meurent ! Pas une once de pitié en mon fort intérieur, aucun râle d'agonie ne suscitera ma compassion. Me voila déjà ailleurs, quelque part dans Paris. Je suis le tueur à la balle et au couteau, éteignant la lumière des pires félons de notre pays.
Partout, les sirènes hululent, mais je suis rapide, méthodique et organisé dans ma folie. Ils ne m'arrêteront pas. L'Homme ivre de sa toute puissance enfin révélée, suscite les angoisses les plus profondes dans les allées du pouvoir. Les journalistes m'ont déjà affublé d'un surnom, tout en ignorant qu'eux aussi vont subir mon courroux. Je suis l'Homme libre vous dis-je, et plus aucune loi ne me retient. Les sièges sociaux des grands journaux et des grands médias audiovisuels publics et privés ne sont désormais plus que ruines fumantes. J'ai tout plastiqué.
Partout, les sirènes hululent, mais je suis rapide, méthodique et organisé dans ma folie. Ils ne m'arrêteront pas. L'Homme ivre de sa toute puissance enfin révélée, suscite les angoisses les plus profondes dans les allées du pouvoir. Les journalistes m'ont déjà affublé d'un surnom, tout en ignorant qu'eux aussi vont subir mon courroux. Je suis l'Homme libre vous dis-je, et plus aucune loi ne me retient. Les sièges sociaux des grands journaux et des grands médias audiovisuels publics et privés ne sont désormais plus que ruines fumantes. J'ai tout plastiqué.
Dans les quartiers populaires, on me glorifie et l'on imagine que je soutiens les émeutes qui déjà prennent de cours policiers et militaires. La guerre civile est déclarée. Les bobos se terrent dans leurs duplex et pavillons bourgeois. Si j'en croise un, peut-être que lui aussi je le supprimerais. Qu'on ne me parle plus de sa petite communauté et de ses passions hystériques, ou ma lame aiguisée s'enfoncera dans les entrailles du vil collabo qui croyait susciter mon amitié. Rien n'est plus dangereux qu'un Homme libre.
C'est alors que l'on mettra enfin la main sur moi, et qu'une cohorte d'hommes en uniforme et équipés de casques lourds, pointeront leurs armes sur mon front. Je regarderai une ultime fois Paris brûler, savourerai quelques instants l'aube de ce dernier jour, pointerai mon arme vers ces hommes qui me tiennent en joue, et au son du crépitement de leurs fusils d'assaut, je jouirai une dernière fois du bleu du ciel en m'effondrant sur le sol. Enfin je pourrais tirer ma révérence à ce corps qui fut dans l'intensité de ces derniers jours, le vecteur de ma toute puissance politique.
Les traîtres sont morts et moi aussi. Peut-être alors, naîtrais-je à nouveau en France, et grandirais-je dans un pays à nouveau libre.
***
Alors seulement, je ré-ouvre mes yeux, contemple les murs décrépis de mon abri misérable, constate que ma vieille guitare cabossée est toujours là. Elle m'appelle à me calmer sur ses cordes fatiguées. Je l'ignore et reprends mon étude d'une loi, d'un traité ou d'un crime commis par les puissants en investiguant dans les moindres parcelles du cyber-espace. Je bois une gorgée de mon café trop noir, avant de marteler les touches de mon clavier à nouveau.
La Raison doit vaincre les salauds, et les lois autant que les symboles doivent demeurer notre glaive. Nous sommes en enfer, et l'oligarchie est trop veule pour nous défier frontalement avec des armes létales. Ne pas céder à la rage qui noue mes entrailles, rester digne et désespérément raisonnable pour gagner la confiance du peuple et mériter autant que faire se peut, le respect de mes camarades. Si demain la guerre est perdue et que la France disparaît, je ne me sacrifierais pas pour un peuple qui finalement voulait mourir et léguer à ses enfants les abîmes que creusaient les puissants. Je partirais dans un pays qui regarde vers l'avenir et où la Souveraineté n'est pas un mot désuet. Le cœur déchiré et les rides à l'âme, je tenterais d'oublier dans les langueurs tropicales d'un continent si souvent parcouru en songe, la douleur d'une guerre perdue. Comme nos aïeux qui l'ont vécu ici dans d'autres heures si sombres de l'Histoire, je n'en parlerais plus. Je laisserais le soin aux historiens de raconter :
Il était une fois : la France.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Quelque chose à ajouter ?