jeudi 25 août 2016

Alerte antifasciste au Burkistan !

Je ne peux m'empêcher de revenir sur le débat du moment, qui pourtant sort totalement de mon domaine habituel de réflexion, et plus encore d'action. Cela pour une raison bien simple, c'est que je trouve qu'il illustre un malaise identitaire qu'il serait temps de décrisper de tous côtés.

Donc, le grand feuilleton médiatique de l'été, nous l'avons bien compris, c'est le "burkini". Au départ, et cela durant plusieurs jours, j'ai soigneusement évité sur les réseaux sociaux de m'exprimer à ce sujet, en considérant que l'on finirait bien par passer à autre chose et qu'il n'y avait pas lieu d'alimenter une polémique absolument stérile.

Mais non, le feuilleton dure encore et toujours, et chaque jour qui passe nous amène à toujours plus de bouffonnerie. D'un côté, des associations communautaires se saisissent du sujet pour crier tantôt au péril islamophobe, tantôt aux remugles machistes sur ces pauvres petites choupinettes qui se vêtissent d'un burkini ; de l'autre, on va jusqu'à verbaliser les femmes fardées de cet accoutrement, ce qui ne peut que donner du crédit au discours victimisant des premiers.

Comme il est vrai qu'à titre personnel, je considère que ce vêtement représente bien plus un message politique visant à exprimer un rejet des valeurs occidentales et laïques de la France, qu'une nécessité religieuse absolue et historique pour les gens de confession musulmane, je ne suis pas tendre avec celles qui le portent. Cependant, contrairement à Valls, Cazeneuve et leur copain Christian Estrosi, je suis respectueux de la loi et plus encore de notre constitution. A ce titre, je ne vois absolument pas sur quelle base juridique l'on peut interdire à quelques excitées de se farder comme bon leur semble pour aller à la plage. Elles pourraient se déguiser en clown (ce qui est presque du pareil au même à mes yeux) que ça ne changerait rien à l'affaire. L'article 225-1 du Code Pénal dispose que :

"Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques [...] de leur apparence physique, [...] de leurs mœurs, [...] de leurs opinions politique [...] de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée".

Et je n'évoquerais pas ici les grands articles des droits de l'homme ou de notre constitution qui enfoncent le clou. Le Code Pénal en soi suffit parfaitement à donner le cadre (sauf évidemment pour nos politiciens qui se pensent au-dessus des lois). Ce n'est donc pas sur la légalité de cet accoutrement de guignol qu'il y a lieu de débattre. La question qui est débattue est la suivante : Est ce que le burkini, au même titre que la burqa ou la djellaba, représente d'avantage pour celles qui le portent, un moyen de communiquer une revendication politique qui encense un islam politique et rigoriste, cela en opposition aux valeurs laïques et occidentales de la France ? Je note au-demeurant, que nombre de femmes, qui plus est de confession musulmane, sont elles-mêmes vent debout contre cet accoutrement (et souvent nettement plus radicales que moi) en dénonçant une tentative de normaliser la soumission des femmes à l'homme, tel que certains imams radicaux le prônent dans leurs prêches.

Pour ma part, je pense que l'écrasante majorité des femmes qui portent une burqa ou désormais un burkini, le font avec leur plein consentement. Je relève d'ailleurs que les meilleurs arguments contradictoires que j'ai pu entendre au sujet de ce vêtement, est que cela permet aux musulmanes très pieuses, de pouvoir à la foi respecter leurs croyances et s'offrir la possibilité de se baigner comme tout le monde. Cependant, parle-t-on vraiment de pureté spirituelle dans l'affaire, rien n'est aussi sûr. D'abord, que dit le Coran à ce sujet ?

Le verset 31 de la sourate 24 - An Noor (la lumière) édicte que :

31. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines ; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures.

Ce verset recommande aux femmes de cacher leur poitrine (non leur visage) avec un voile. Il s'agit bien des seins puisque (détail amusant) le même verset va jusqu'à préciser qu'il vaut mieux éviter de frapper du pied, ce qui pourrait laisser deviner une poitrine agressive se balançant au gré de ce martèlement fortuit. Cependant, le même verset suggère aussi que le voile était pré-existant à l’avènement de l'islam, autrement, le prophète n'en parlerait pas, ou recommanderait aux femmes d'en tisser dans le but qu'on lui a assigné. Ce qui signifie que le fameux voile islamique est au départ un vêtement traditionnel qui n'a rien à voir avec la religion. On peut supposer qu'il était d'avantage purement utilitaire dans une contrée où la moindre tempête de sable exigeait que l'on se protège le haut du corps et la tête. Il était peut-être aussi le moyen de cacher la beauté des femmes aux autres hommes par des maris tiraillés par la jalousie, cela au sein d'une peuplade qui n'avait pas attendu l’avènement de l'Islam pour adopter des mœurs très patriarcales.

La formulation de ces versets n'utilise pas de termes tel que "oblige" ; "impose" ou encore "contraint". Dire à quelqu'un quelque chose s'apparente plus à une recommandation qu'à une obligation. Il n'est pas fait mention du bas du corps, ni même de vêtements particuliers à porter pour camoufler ces attributs féminins que l'on ne saurait voir, si ce n'est un voile. Le visage n'est absolument pas mentionné.

Lorsque l'on lit un peu l'exégèse du Coran relatif aux versets évoquant la question du voile, l'on retient que ce qui compte n'est pas tant que les femmes cachent leur apparence, mais qu'elles se montrent vertueuses dans leur spiritualité. Ainsi, une femme peut très bien pour la forme adopter des us vestimentaires propres à une peuplade particulière d'une autre époque, mais si sa conduite à l'égard de Dieu n'est pas sincère, ce n'est certainement pas le fait de se voiler qui rachètera ses fautes. En clair, ce qui compte avant tout est la pureté de sa conduite et de sa foi, bien plus que de se farder d'un voile qui n'est qu'un accessoire ne revêtant aucune obligation particulière. En outre, ce vêtement est préconisé pour éviter les offenses de toutes formes que peuvent avoir les hommes à leur égard. Mais l'on peut tout de même admettre qu'en notre époque et en notre pays, les femmes voilées n'ont pas à craindre d'ordinaire que des hommes se conduisent mal à leur égard. Pour enfoncer le clou, en quoi un cinglé ayant décidé de violer une femme, motiverait son choix uniquement sur celles qui ne sont pas voilées ? Les cinglés sont des cinglés, nous n'allons pas commencer à rationaliser leurs comportements ou adapter les nôtres pour ne pas exciter leurs passions.

J'en reviens donc à mes considérations : l'on peut admettre que par tradition "religieuse", des femmes étant nées et ayant grandi en France, tiennent à se couvrir les cheveux et la poitrine pour respecter dans l'à peu-près une recommandation du Coran. L'Islam étant un repère culturel exogène à la France au-départ, il y a une certaine logique à ce que les us et coutumes qui soient relatifs à cette religion, se confondent néanmoins avec les traditions vestimentaires des Françaises. Rappelons que la culture islamique arrive réellement (c'est à dire de façon massive) en France qu'à partir de 1962 après la ratification des accords d'Evian qui permettra à des Français Musulmans d'Algérie de s'installer sur notre territoire et obtenir d'office la citoyenneté française. En à peu près vingt années, ce flux migratoire fera absorber à notre pays plus de 800.000 ressortissants algériens. Phénomène qui se poursuivra avec le rapatriement familial jusqu'à nos jours pour atteindre plus d'un million d'expatriés. Au-delà des primo-arrivants, il y a aussi les enfants qui sont nés en France, à qui les familles ont transmis les repères culturels qui étaient les leurs en Algérie. Ce qui fait que l'on peut évoquer aujourd'hui, sans considération de nationalité, qu'il y a sans doute plus de cinq millions de musulmans en France, pour ne pas dire beaucoup plus. Mais, moi qui fut enfant dans les années 80 et adolescent durant les années 90 dans une banlieue proche de Paris, je peux certifier que si l'on constatait bien que des femmes portaient le voile sur leurs cheveux à cette époque, je ne voyais pratiquement pas de musulmanes porter la burqa, ni d'hommes se vêtir d'une djellaba. Tout simplement parce que les premières générations de musulmans arrivés en France, s'habillaient à l'occidentale pour l'essentiel d'entre elles. 

La burqa (je parle bien du vêtement noir cachant intégralement le visage d'une femme) était étranger aux coutumes des migrants, et bien peu considéraient la djellaba comme un vêtement adapté pour se fondre dans la masse sans être montré du doigt. Les premières générations voyaient souvent les pères de famille trouver un travail tandis que les femmes s'occupaient d'élever les enfants. Ces gens étaient plutôt discrets, humbles et reconnaissants du fait que la France les avait accueilli tout en leur donnant la possibilité de travailler et fonder une famille en toute quiétude. N'oublions pas que beaucoup quittaient l'Algérie pour éviter des représailles car ils avaient soutenu politiquement voire militairement l'Algérie Française. Ce sont les fameux Harkis. 

En clair, le repli identitaire et religieux exacerbé que nous constatons aujourd'hui, n'est pas le fait des premières générations de musulmans arrivés en France, mais bien d'une stricte minorité de leurs enfants et petits enfants. Nous avons assisté ces dernières années à l'implémentation d'imams ultra-rigoristes dans des quartiers sensibles, qui ont profité de la désagrégation sociale largement organisée par nos irresponsables politiques, pour véhiculer un ensemble de foutaises qui ne pouvaient que toucher des gamins en quête d'identité. D'un côté, il y a la ghettoïsation de nos banlieues qui marginalise les descendants des premiers musulmans arrivés sur notre territoire, de l'autre toute une propagande qui vise constamment à culpabiliser les Français d'un passé colonial tout en promouvant le communautarisme au sein même d'une nation qui ne reconnait aucune distinction entre les citoyens qui soit fondée sur des repères ethniques ou confessionnels. Une telle potion ne pouvait que générer à terme des comportements irrationnels chez de jeunes Français issus de l'immigration qui ne savent plus à quel sein identitaire et culturel se vouer.

On les empêche tant par des facteurs sociaux extrêmement dégradés que par un discours stigmatisant constamment notre histoire, de se montrer reconnaissants vis à vis de leur propre pays, celui où ils sont nés et qui leur a octroyé une éducation, une protection sociale et un Etat de droit globalement protecteur de leurs libertés individuelles. Si l'on ajoute la tendance de notre représentation politique à s'engouffrer dans des guerres ignobles contre des populations arabo-musulmanes en Afrique et au Moyen-Orient, et à ne pas s'émouvoir d'une véritable campagne d'islamophobie véhiculée par nos grands médias nationaux depuis quelques années, on peut comprendre que certains de nos compatriotes se sentent stigmatisés et ne trouvent que pour seule réponse, un désir de provocation, voire de confrontation avec des valeurs Françaises dont on leur avait dit qu'elles étaient humanistes, laïques et pacifiques à l'école.

Bien heureusement, la majorité des musulmans en France ne sont pas stupides. D'abord parce que leurs parents et grands parents ne les ont pas éduqués à adopter les préceptes d'un islam rigoriste, mais aussi et surtout, parce que beaucoup ont tout simplement trouver les moyens de s'émanciper de leurs ghettos par les études, le travail, les amis ou en fondant une famille. Par ailleurs, il y a un fossé énorme entre le comportement de nos irresponsables politiques, et les mœurs réelles des Français dits de "souche". S'il se trouvera toujours quelques imbéciles pour succomber aux sirènes du racisme ordinaire, la majorité d'entre nous établissons notre relation avec autrui, non sur des critères ethniques ou confessionnels, mais uniquement sur la base d'un respect mutuel. Au final, l'intégration se fait naturellement malgré la somme des contraintes exposées plus haut, tout simplement parce que le peuple français subit les mêmes difficultés et éprouve les mêmes joies qu'importe les origines de chacun. Dès l'école, nous sommes habitués à vivre ensemble, à parler la même langue, apprendre la même histoire, étudier les mêmes droits de l'homme, et la vie se poursuivant, nous travaillons et nous unissons dans une mixité qui reste soumise à un socle commun. 

Alors pourquoi me montrer dur avec celles et ceux qui font le choix de se farder de djellaba, burqa ou burkini ? Précisément parce que je leur reproche de desservir autant la cause  des musulmans de France par leur comportement, que finalement succomber à une bêtise crasse qui, non contente de ne rien résoudre, ne fait qu'exacerber les tensions communautaires tant souhaitées par les oligarques qui se rient de nos divisions. La majorité des Français de confession musulmane ne sont pas stupides et ont bien compris à quel jeu jouaient les marionnettistes en haut lieu. Loin d'y céder, ils répondent de la meilleure des façons en aimant malgré tout leur propre pays, en étant à l'aise dans le milieu culturel dans lequel ils ont évolué (cela jusque dans leur tenue vestimentaire) et pour certains, en s'investissant politiquement dans une résistance non pas sur revendications communautaires, mais bien sur des revendications sociales et démocratiques, soit d'intérêt général. Je prétends que celles et ceux qui succombent dans le repli religieux exacerbé jusque dans leur accoutrement, sont bien des idiots. Ils adoptent des us et coutumes que leur religion n'impose absolument pas et qui étaient même étrangers à leurs parents et grands parents. Ils excitent la propagande islamophobe des médias et en réponse, le racisme d'une autre catégorie d'imbéciles, cela au détriment de la totalité des musulmans de France.

Evidemment, il se trouvera toujours des gauchistes, des musulmans eux-mêmes victimes de cette fracture identitaire ou simplement des bien-pensants, qui ne pourront s'empêcher de me signifier que traiter de "souillon" qui se farde de ce genre de vêtements, ne peut que prouver le racisme latent qui serait le mien. A ceux là, je ne leur demande même pas de réfléchir à leur courte vue d'esprit sur ma liberté d'opinion à ce sujet. J'entends plus aisément les critiques visant à dire que :

- L'insulte est en soi une autre forme d'idiotie dont je me rends coupable ;
- Qu'alimenter la polémique ne sert en rien les intérêts d'une cause plus grande que je défends ;
- Qu'il y a sans nul doute des musulmanes qui ne véhiculent aucun message politique anti-France lorsqu'elles font usage d'un burkini sur une plage.

Je prends acte de ces critiques et donne raison à celles et ceux qui les émettent. Néanmoins, cela n'altère pas mon opinion générale sur le sujet, et je préfère encore la légèreté de mes critiques sur les réseaux sociaux vis à vis des burkinettes, plutôt que les discours à la foi trop sérieux et victimisant adressés à une toute petite minorité de musulmans qui ne mérite pas mieux que quelques vannes adressées avec sourire. 

A bons entendeurs,

Sylvain Baron


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