Certains de mes lecteurs l'ignorent sans doute, mais je suis "Sans Domicile Fixe". Le fait de m'être engagé dans l'activisme à plein temps mais aussi la perte de mon permis Super Lourd suite à un contrôle de gendarmerie sur le cannabis - le T.H.C reste présent dans les graisses et le sang même plusieurs jours après consommation - dans un pays où le chômage est endémique, explique en grande partie cette condition sociale que j'accepte bon gré, mal gré, tant que je parviens à me débrouiller avec l'allocation de solidarité (A.S.S) du pôle emploi pour survivre.
Cette allocation est équivalente au R.S.A et est donc d'environ de 500 €, ce qui est évidemment trop peu pour trouver un logement en France. Il va sans dire que ma situation peu stable, et je le reconnais, mon manque de suivi des démarches administratives exigées par l'Etat, influe sur mon comportement vis à vis des administrations. J'ai ainsi omis en début d'année, de rendre ma déclaration de ressources aux impôts, sachant que je ne suis de toute façon pas imposable au vu de mes très faibles revenus.
Durant les mois de Juin et Juillet, je marchais à travers la France pour recueillir des témoignages de Français sur ce qu'ils pensent de la situation politique de notre pays, dans le cadre du Collectif "Citoyens Debout" . C'est durant cette période que j'ai reçu un document du pôle emploi dont je n'ai pu prendre connaissance que mi-août me demandant un avis d'impôt sur l'année 2015 pour renouveler mon ASS. Ce n'est que début août que j'ai constaté le problème avec un second courriel m'informant que mon ASS était suspendue faute d'avoir pu livrer ce document dans les temps impartis, bien que cette administration a en mémoire dans sa base de données, la trace des indemnités qu'elle m'a octroyé pour l'année 2015. Je tiens à illustrer ici comment le Système administratif Français détruit les hommes en vous livrant les échanges de courriel que j'ai eu avec les administrations concernées. Voici donc pour commencer le message m'informant de la suspension de l'ASS :
Effectivement, je découvre bien vite que je n'ai reçu que 60 € de la part du pôle emploi sur mon compte bancaire correspondant au restant dû sur quatre jour de l'ASS. Inutile de vous dire ce que cela signifie de vivre durant un mois avec seulement 60 € (dont l'essentiel a été prélevé dans ma facture de téléphone). J'appelle donc le centre des impôts de la région dont je dépendais en 2015 pour expliquer mon problème, où l'on me répond qu'aucun avis d'impôt ne peut être communiqué avant le mois de novembre du fait de contraintes informatiques propres au Trésor Public. Cependant, la dame que j'ai eu au téléphone, accepte de me communiquer par courriel un document approchant, permettant de rendre compte de mes revenus pour l'année 2015 afin que je puisse le transmettre au Pôle Emploi, qui je le rappelle a forcément trace de ces derniers, puisque précisément, l'ensemble de mes revenus pour cette année là m'avaient été versés par cette administration :
Document que je transmets aussitôt au pôle emploi par courrier et courriel avant de recevoir la réponse suivante ce jour :
Je vous livre ici la réponse que j'ai donc communiqué au pôle emploi dans l'espoir de débloquer la situation sur des motifs qui ne soient pas purement administratifs :
"Madame,
En réponse à votre courriel indiquant que le document fourni et tamponné par le centre des impôts pour justifier de mes revenus en 2015, n'est pas suffisant pour que vous puissiez réactualiser mes allocations, je vous informe que l'agent des finances publiques qui a eu la gentillesse de produire ce document et à qui je fais suivre en copie ce courriel, ne peut pour des raisons propres à son administration, fournir un avis fiscal avant le mois de Novembre.
Ce qui signifie que pour une question de zèle procédurier malgré le fait que : le pôle emploi connaisse mes revenus de l'année 2015 sachant qu'il est l'unique organisme à la source de ces derniers ; que je vous ai fourni ce que je pouvais dans les limites qui sont les miennes ; vous affirmez être dans l'incapacité de jauger de mes ressources alors qu'il n'y a pas grand effort de recherche à entreprendre pour débloquer une telle situation.
Madame, je viens de passer un mois absolument stressant SANS AUCUNE RESSOURCE POUR VIVRE
En l'an 2016, j'espère que vous êtes parfaitement consciente que ne pas disposer de monnaie pour survivre, c'est littéralement être condamné à mourir. Je suis déjà dans les faits SDF. Une solution de collocation se dessinait pour moi en région parisienne pour le 15 Septembre, mais vous me dites donc que je serais dans l'incapacité de payer le loyer qui me sera demandé, autant que la nourriture, les factures de téléphone pour rester joignable, bref, d'être au-delà de l'indigence la plus totale car vous ne trouvez aucun moyen de débloquer cette situation ?
Je vous prie Madame, de bien vouloir faire le lien entre cette situation administrative proprement kafkaïenne et la réalité humaine qui en découle, afin de trouver les ressources nécessaires pour débloquer la situation. Vous n'êtes pas sans savoir que la CAF me demandera strictement la même chose que le pôle emploi en terme d'avis fiscal en plus d'un document de vos services justifiant que mes droits à l'ASS sont définitivement terminés. Que le traitement administratif prendra encore du temps avant que quiconque me donne de quoi SURVIVRE (et j'insiste lourdement sur le mot).
Vous me pardonnerez donc d'insister et de vous livrer en image jointe, le retour de courriel du centre des impôts de Bordeaux, où vous trouverez le courriel de Madame Bourbon, qui au mieux pourra vous confirmer que le POLE EMPLOI (votre administration) a bien déclaré aux services fiscaux pour l'année 2015 la somme qui est mentionnée dans le document que je vous ai fait parvenir et qu'il n'est pas possible de livrer d'autres documents avant le mois de Novembre.
Veuillez comprendre qu'entre le mois de Septembre et Novembre, sans ressources, je vais littéralement mourir.
Dans l'espoir que vous trouverez une solution à ce problème (qui en outre s'est déjà posé et résolu avec le même document fiscal il y a deux ans), bien cordialement,
Sylvain Baron"
Je vous prie Madame, de bien vouloir faire le lien entre cette situation administrative proprement kafkaïenne et la réalité humaine qui en découle, afin de trouver les ressources nécessaires pour débloquer la situation. Vous n'êtes pas sans savoir que la CAF me demandera strictement la même chose que le pôle emploi en terme d'avis fiscal en plus d'un document de vos services justifiant que mes droits à l'ASS sont définitivement terminés. Que le traitement administratif prendra encore du temps avant que quiconque me donne de quoi SURVIVRE (et j'insiste lourdement sur le mot).
Vous me pardonnerez donc d'insister et de vous livrer en image jointe, le retour de courriel du centre des impôts de Bordeaux, où vous trouverez le courriel de Madame Bourbon, qui au mieux pourra vous confirmer que le POLE EMPLOI (votre administration) a bien déclaré aux services fiscaux pour l'année 2015 la somme qui est mentionnée dans le document que je vous ai fait parvenir et qu'il n'est pas possible de livrer d'autres documents avant le mois de Novembre.
Veuillez comprendre qu'entre le mois de Septembre et Novembre, sans ressources, je vais littéralement mourir.
Dans l'espoir que vous trouverez une solution à ce problème (qui en outre s'est déjà posé et résolu avec le même document fiscal il y a deux ans), bien cordialement,
Sylvain Baron"
Si je vous fais part de cet aspect de ma vie privée, c'est parce que je sais ne pas être le seul à subir ce genre de difficultés constantes de la part du pôle emploi et qu'il est parfois plus simple d'illustrer le régime kafkaïen de notre système social par la copie des échanges avec les administrations que chercher à expliquer pourquoi et comment l'on peut être totalement sans ressources dans un pays comme la France. Ne vous inquiétez pas pour moi pour autant, si d'ici demain, je n'obtiens pas une réponse satisfaisante, je vais faire ce que j'ai toujours fais en pareil circonstances : le siège de l'administration concernée.
Je suis de ceux qui défendent le principe d'une allocation universelle à vie autant qu'une meilleure communication entre les services administratifs. Je constate en effet que la CAF ou le pôle emploi (ou d'autres entités) n'ont aucun problème pour repérer un trop perçu du fait que les services des impôts ou l'URSSAF communiquent à ces administrations ce qu'elles connaissent de notre situation, mais à l'inverse, lorsqu'il s'agit pour les premières de détecter dans leur propre base de données les revenus que nous percevons, elles se trouvent étrangement dépourvues et incapables de garantir à tout un chacun un minimum de stabilité financière et sociale.
Le zèle procédurier que l'on rencontre en France est un véritable rouleau compresseur à même de briser les hommes. Cette situation n'est plus durable, et je sais que beaucoup de gens ont finit à la rue ou suicidés parce que notre système social faillit à sa mission de lutte contre l'extrême précarité. Vous n'imaginez pas quelle est ma colère actuellement (ni mon niveau de stress), mais à tous ceux qui subissent les mêmes atermoiements, je vous fais part de ma compréhension la plus totale et vous invite à ne rien lâcher.
Sylvain